Ano prit son temps pour expliquer la situation à Trollxul. Non, il n’était pas un envoyé d’Ivaldir. Oui, il avait besoin de lui. Il était venu pour représenter une résistance qui avait besoin de s’agrandir, de devenir plus forte et plus influente, causant de plus en plus de dégâts au Culte du faux Dieu. Pour cela, il fallait plus de membres terroristes. Comme lui.
Cependant, comme le lui avait conseillé Mister x, il préféra ne pas parler du plan qui se préparait en ce moment même. Moins l’on donnait d’informations, plus grande était la sécurité.
Au bout d’une dizaine de minutes, Ano s’arrêta enfin de parler. Il guetta les réactions du troll, qui conservait son visage neutre de stupidité. Etait-il vraiment bête ? Ou étais-ce plutôt un masque ?
Les secondes passèrent entre eux deux, lentement, silencieusement, contrastant avec l’ambiance générale bruyante et excitée du reste de la salle…
Soudain, une bouteille se fracassa sur la tête de Trollxul, le réveillant de sa léthargie. Déboussolé, il ses petits yeux regardèrent autour de lui, puis se fixèrent sur le visage interrogateur d’Ano.
- Ha heu… Oui, je suis d’accord, conclut-il en souriant bêtement. Qu’est-ce que je dois faire ?

De la même façon, Ano rencontra et put convaincre Gamers.jeux, un membre qu’il se souvint avoir déjà rencontré. Cela ne fut pas très difficile de le convaincre non plus, le jeune blondinet qu’il était semblait vouloir appartenir à un groupe, une communauté, n’importe lequel, et Ano se dit qu’il était moyennement fiable mais qu’il pouvait se révéler utile.
Il eut plus de difficultés à convaincre le dernier membre restant : Willrob.
- Et pourquoi j’en ferais parti ? avait-il demandé brutalement. J’arrive à me défendre tout seul et je n’ai pas de problème. Pourquoi je ferais parti d’une organisation terroriste et énerver tout le monde, aussi bien le Culte que les membres ?
- Tu vis dans le refuge depuis quelques temps l’on m’a dit, avait répondu Ano. Tu dois donc t’y plaire… Mais savoir que le Culte oblige les membres à se soumettre ou les lobotomise, est-ce que ça ne te révolte pas ?
- Même si j’ai dû faire semblant de les considérer comme maîtres, je ne vois toujours pas pourquoi je dois me sacrifier pour ceux qui font pareil que moi ou ceux qui ont été assez fou pour résister et se faire ainsi crétiniser par le Culte, avait rétorqué Willrob.
- Est-ce que ça ne serait pas davantage plaisant de ne plus obéir à personne dans ce monde, de ne plus avoir d’obligations envers personne ?
Le membre avait réfléchit.
- Je n’ai pas la fibre héroïque… avait-il hésité. Mais je veux bien essayer. Je commence quand ?
- Tout de suite. Mais avec une pareille réponse, comprend bien que seule une confiance toute minimale t’es acquise.
- Evidemment, et je comprends parfaitement.
- Nous te confierons des missions de moindre importance mais, si tu te découvres tout à coup cette fibre héroïque qui te fait selon toi défaut, et si tu tiens à faire des choses plus dangereuses, fais le nous savoir.
Willrob avait alors tendu la main.
- Je suis tout à fait d’accord. Contacte-moi dès que tu auras besoin de quelque chose.
Ano l’avait serré.
- C’est d’accord…

A présent, Ano déambulait dans les rues du Forum Général, ne sachant quoi faire. Il avait rempli l’objectif qu’on lui avait fixé, maintenant il ne restait plus qu’à attendre…
Soudain, il se souvint du relais qu’il fallait finir. On l’avait déjà dérangé alors qu’il se rendait dans la partie Fiction pour écrire, à présent que tout était fait, il avait du temps devant lui. Autant en profiter…
Pensivement, se remémorant l’histoire, il songea à différentes trames possibles pour aboutir à la fin, puis quelqu’un posa une main ferme sur son épaule. Intrigué, Ano se retourna et découvrit Aldareis, l’air grave. Un visage qui contrastait avec celui de la dernière fois, souriant, ne se tracassant que pour peu de choses. Des cernes noirs le rendaient effrayant.
- Salut Ano, dit-il calmement. Tu seras gentil de me suivre s’il te plaît.
Sa voix trahissait une certaine fatigue mais sa main restait ferme. Ano commença à prendre peur. Aldareis faisait parti de l’Ordre des Modéros, chargé de traquer et d’arrêter les freeposters terroristes… L’avait-on donc repéré ? Quelqu’un l’avait-il trahi ?
Cependant, résolu face à la situation, il préféra obtempérer. Il n’avait pas le choix ! Il avait en face de lui quelqu’un qui avait des pouvoirs capables de le maîtriser facilement… Mieux valait ne pas trop s’attirer les foudres.
- Passe devant, fit sèchement le Modéro. Je te dirai où aller.
Une bonne précaution, ça. Tourner le dos à son ennemi pour ne pas voir où il est ni ce qu’il fait, et donc avoir le moins de chances possibles de se débattre.
Il suivit les ordres et fut donc ainsi conduit jusqu’à un endroit qu’il connaissait pour l’avoir déjà visité : l’église du Culte. Lentement, Ano, le cœur battant, entra à l’intérieur, poussé par le Modéro. Il découvrit à nouveau les nombreux bancs où étaient assis plusieurs membres, priant à la gloire d’Ivaldir. La même décoration que la dernière fois bardait l’intérieur, tout d’or et d’argent. Et la même statuette en or derrière l’autel, vêtu d’une toge rouge, représentait Ivaldir dans une puissance surdimensionnée par rapport à la réalité. Mais cela, Ano le savait déjà.
Il dut passer par une porte derrière la statue, Aldareis derrière lui. Une inscription était gravée sur un rectangle de plastique vert, lui-même collé sur la porte : « Authorized Personal only ».
Lorsqu’il franchit l’entrée, une immense salle s’offrit à son regard. Une pièce impressionnante mais remplie de froideur, et surtout… tellement vide. Le carrelage était dur et les pas d’Ano résonnaient lugubrement. Soudain, il se rendit compte vers où il se dirigeait : Ivaldir lui-même, siégeant sur un trône en or massif. Autour de lui, un demi-cercle de Modéros regardaient arriver le membre dont le visage avait déjà un air coupable et anxieux de son sort. Qu’allait-il se passer ? Allait-on le désintégrer sur le champs ? Le cœur d’Ano, déjà modérément affolé, commençait à s’emballer, empli presque d’une frénésie incontrôlable.
C’était le regard d’Ivaldir qui était le plus effrayant. Des yeux sombres, lançant à eux seuls des éclairs. Le sceptre en or massif qu’il tenait, dont l’extrémité était une main serrée en poing et dont seul le troisième doigt était déplié, inspirait un profond respect lui aussi. Tout était royal, majestueux dans les vêtement, la position ou le visage du « Dieu ».
Lorsqu’Ano fut au pied du trône et regarda Ivaldir d’en bas (puisque le divin siège se trouvait à un mètre de hauteur), celui-ci se leva et contempla le membre semblant craindre pour sa vie.
- Ano ! s’exlama-t-il alors d’une voix imposante et grave, tu es ici car tu as commis l’un des pires crimes qui soit dans notre monde.
Ano déglutit alors difficilement. C’était la fin pour lui…