Les gens dans la rue se mirent soudain à courir dans tous les sens, sans but précis.
- Au secours ! Au secours ! Un attentat au flood ! Prévenez la garde ! criaient-ils partout en tournant en rond.
Ano, ne comprenant pas ce qui se passait, les regardait bouger pour rien avec un calme qui contrastait vraiment avec la situation. Il se tourna vers Galdar, le visage interrogateur.
- C’est heu… en fait la seule tâche sur le paysage, dit celui-ci. L’exception qui confirme la règle, en somme heu…
- Et c’est dangereux ?
- Non, pas vraiment, mais disons que ça traumatise les gens. Ils sont fragiles psychologiquement, en plus d’être facilement manip… il se mordit la lèvre un instant, comme s’il en avait trop dit, puis reprit Enfin je veux dire… Enfin bref, ils n’aiment pas du tout qu’on les malmène avec le flood. Et tiens, tu vois ceux qui se dirigent vers le topic ? Heu, ils sont chargés de maintenir l’ordre et de soutenir psychologiquement les membres du refuges.
En effet, plusieurs personnes se dirigeaient vers le topic du débat, tandis que d’autres membres en sortaient. Ano reconnut là quelques membres qu’il avait déjà rencontré.
- On les appelle « L’Equipe des Modéros », conclut Galdar. Mais certains préfèrent dire « La Garde ».
Les Modéros se postèrent devant la porte puis, après quelques secondes, entrèrent à l’intérieur ensemble. Il y eut un silence, puis des sons aigus se firent entendre. Les Modéros ressortirent.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Ano.
Ils n’ont trouvé personne s’ils ressortent bredouille. Celui qui a posé cette bombe au freepost a dû partir juste après l’avoir posé.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? fit soudain une voix derrière Ano.
Le garçon se retourna et vit un autre membre du refuge, petit, une fine moustache blonde et un casque en fer muni de deux longues ailes d’oiseaux sur chaque côté. Il semblait essoufflé et pressé d’aller quelque part.
- Il y a eu une autre bombe au freepost, lui répondit Galdar.
- Ok.
Et il repartit en courant.
- Qui étais-ce ? demanda Ano.
- Il s’appelle Boy of life. Oublie-le, celui-là. Hé Aldareis !
L’un des Modéro se retourna et vit la main que secouait le vieillard. Il s’approcha alors d’eux. Ano remarqua alors que c’était un jeune homme tout ce qu’il y avait de plus normal, des cheveux verts en bataille et des lunettes de soleil rondes, beaucoup moins larges que celles de Galdar.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il en fronçant ses sourcils.
- Alors, vous avez réussi à le chopper ? demanda Galdar sans cesser jamais de sourire.
- Non, répondit Aldareis. Ça fait maintenant trois attentats avec celui-ci, ça commence à bien faire. Ivaldir dit qu’il a de plus en plus de mal à calmer les foules.
- Ça ne m’étonne pas. Il a pris quelques mesures tout de même ?
- Il a promis plus de petits carrés, mais apparemment, ça doit faire longtemps qu’il ne tient plus de promesses. Tout le monde est en colère et veut des explications.
C’est alors qu’il sembla remarquer Ano.
- Tu me présentes ? demanda-t-il à Galdar.
- Oui, fit celui-ci indifféremment. Voici Ano. Ano, voici Aldareis. C’est le frère cadet d’Ivaldir.
- Haaaa ! J’ai compris ! s’exclama alors Ano, la mine réjouie.
- Tu… Tu as compris quoi ? demanda Aldareis, intrigué.
- Ivaldir, c’est le nom du Dieu de ce monde ! C’est Ivaldir, pas « il va le dire » !
Galdar se frappa le front dans un grand son creux. Aldareis préféra rire de la situation.
- Ha ha ha ! Il est vraiment trop drôle ! Je t’aime bien, petit.
Il lui ébouriffa les cheveux tout en riant allégrement. Soudain, Ano entendit un grand éclat de tambour, comme si quelqu’un frappait de toutes ses forces sur l’instrument. Il se retourna et découvrit alors quelque chose d’incroyable. Juste devant le topic où avait eu lieu l’attentat se dressait un grand tas de sable aux formes grossièrement humaines, tenant d’une main un tambour et le tapant avec un épais bâton de l’autre. Il criait alors une phrase, que Ano put aisément comprendre par « LA FIN DU MONDE ! », puis il frappait l’instrument. Et sans arrêt, il disait la même chose, puis faisait le même geste. Il récitait la phrase, puis gratifiait le tambour d’un nouveau coup, comme ceci :
- LA FIN DU MONDE !
BONG !
- LA FIN DU MONDE !
BONG !
- LA FIN DU MONDE !
BONG !
Et ainsi de suite, sans s’arrêter no se fatiguer.
- Et Bashar qui en rajoute un couche… soupira Aldareis. Bon, je dois vous laisser, j’ai du boulot, fit-il en adressant des signes de la main tandis qu’il s’éloignait.
- Allez viens, suis-moi, dit Galdar lorsqu’ils se retrouvèrent à nouveaux seuls tous les deux.
Il s’était déjà retourné quand Ano lui demanda où ils allaient.
- Je vais te montrer la maison de notre Seigneur Ivaldir.
Ano n’en revenait pas.
- Ouaaaaah ! On va lui rendre visite chez lui ?
- Oui mais heu… Non ! On va aller visiter sa Grande Maison. A savoir l’Eglise, là où se tient la messe que doivent écouter tous les membres du refuge.
- Mais… Tout le monde est obligé d’aller l’écouter ? demanda Ano, perplexe.
- Exactement, répondit Galdar, satisfait.
Mais lorsqu’il se retourna et qu’il vit la mine abasourdie du garçon, il comprit son erreur.
- Enfin non ! En fait, personne n’oblige les autres à y aller, c’est juste qu’ils y vont tous pour le plaisir…
- Haaaa, d’accord ! fit Ano, satisfait à son tour.
Il crut voir, pendant une fraction de seconde, le vieillard rire silencieusement… Il devait se tromper, pourquoi rirait-il ?
Alors qu’ils marchaient, ils finirent par arriver devant une grande bâtisse impressionnante, sûrement la plus grande de toutes celles de ce monde. De grands vitraux multicolores contrastaient avec le blanc laiteux des murs. Une porte immense divisée en deux, semblant être faite pour des géants, gardaient l’entrée de l’église.
- Ouaaaah ! fit Ano, impressionné. Il faut être fort pour arriver à un truc pareil !
- Hé oui, le pouvoir de Ivaldir est sans limite…
Puis Galdar entra, Ano sur ses talons…