La demeure de Tea-Time s’imposait devant nos héros comme un paon de feu éblouissant et lumineux.
« Mon Dieu, quelle demeure magnifique ! », lança Sophie d’un ton jovial.
- Elle a appartenu au grand père du Commissaire. Mais depuis qu’il est devenu Commissaire, personne ne sait comment le Commissaire s’apelle, alors il peut pas avoir la maison, tu vois.
- Ouais, ouais, je vois.
- Tout est une question d’impôt à la source, et tout, tu vois, d’interaction entre les intérêts, tu vois.
- Ouais, ouais, je vois, fit Sophie en enclenchant son répondeur automatique.
- Donc le Commissaire il peut pas ouvrir un compte si il a pas de nom, et lui-même ne se souvient pas de son nom, tu vois.
- Ouais, ouais, je vois.
C’est alors que Tea-Time regarda par la fenêtre (ce qu’il ne faisait jamais d’habitude, mais faut bien faire avancer l’histoire, non ?) et se rendit compte que deux jeunes personne faisaient du sur-place devant sa demeure. Il se munit alors d’un fusil de chasse et mit Sophie en joue.
« On ne joue pas à ça avec moi ! », lança Sophie, sans que Tea-Time puisse le rattraper.
- Qui êtes vous ? Que faites-vous près de ma demeure ?
Berro accusa alors un léger sourire, et prit plaisir à aborder son vieil ami d’université :
« Tea-Time, vous ne me reconnaissez pas ? Nous avons été professeur à Wilbletown ! Je suis Berro Lardon, l’auteur de la thèse sur la reproduction des grand-père dans les romans à succès ! »
Apparemment, le vieil homme n’avait pas daigné se débarasser de son fusil. Accoudé à sa fenêtre, il maintenant sa position, et tenait ses deux futurs hôtes prisonniers.
- Si vous êtes celui que vous prétendez être, ce que je ne prétends pas que vous êtes que nous sommes qu’ils sont, vous devez résoudre mes trois énigmes, comme dans le vrai livre.
- J’ai vu le film trois fois, mieux que « Happy Days », vous ne m’aurez pas.
Le vieil homme, toujours muni de son arme, sortit du derrière de son pantalon un parchemin mi-brûlé.
« Première énigme :
Mon premier est mon deuxième.
Mon deuxième est mon premier.
Mon premier est le deuxième du premier de mon premier.
Mon quatrième est le premier du troisième du deuxième.
Mon tout te dit « zut » !
Qui suis-je ? »
Berro fit un grimace, tellement qu’il en perdit son sourire habituel.
« Hé bien, je dois avouer, Tea-Time, que votre énigme me laisse coi. »
- Quoi ?
- Oui, coi.
- Quoi quoi ?
- Quoi quoi quoi ?
- Quoi ?, rajoute Sophie, pour foutre la merde.
- Oh !, fit Tea-Time, comme ça tu sais qui parle et après tu peux lire la suite.
« Alors ? », jetta le vieil homme. « Aucune idée ? »
- Je crois que je viens de trouver la solution. Il s’agit de Christophe Colomb.
- En effet, c’est la bonne réponse.
Deuxième énigme :
« Je suis con. Je me lave jamais. J’aime les jeux vidéos. Je ne fous rien à part dormir, manger, regarder la télé ».
- PPDA !, proposa Sophie d’un ton enjoué.
- Pourquoi PPDA ?
- Pourquoi PPAS ?
- ... Non, c’est juste que ça ne corresponds pas du tout.
- Car vous, vous savez peut-être ce qui corresponds ou pas ? Vous, monsieur Lardon, vous, le célèbre rechercheur, hein ? Vous vous croyez au dessus de tout avec vos grands airs de spécialistes ? Mais QUI ETES VOUS POUR ME JUGER ?
De son côté, Tea-Time se mit à danser sur « I will survive ».
- Sophie, je ne voulais pas vous offenser ...
- Non, Berro, non. Il est trop tard. Vous avez blessé mon moi intérieur profond. Je décide de quitter l’aventure.
- Vous ne pouvez pas. Je me suis attaché à vous. J’ai appris tellement de choses à vos côtés ...
- Je ... non, je ne peux pas fermer les yeux sur votre trahison, Berro.
« GENERIQUE DES FEUX DE L’AMOUR »
- Non, il m’est impossible de tirer un trait.
- Mais pourquoi ?
- Je ne peux pas vous pardonner. Il m’est impossible de tirer un trait.
- Vous ne pouvez pas me pardonner ?
- Il m’est impossible de vous pardonner, je ne peux pas tirer un trait.
- Vous ne pouvez pas tirer un trait ?
- Je ... pardonner ... je ne peux pas.
- Vous ne pouvez pas tirer un trait de me pardonner de pouvoir que je ne ?
« GENERIQUE DES FEUX DE L’AMOUR »
Soudain, Tea-Time arriva.
- Sophie, vous ne pouvez pas le pardonner ! Après ce qu’il vous a fait !
- Je ne peux tirer un trait, ajouta Sophie.
- Non.
- ...
- Bon, je crois qu’on a fait le tour, là, lança Tea-Time. Rentrons chez moi pour parler tranquillement.
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Le vieil anglais avait paré sa demeure d’une centaine de représentations culinaires, toutes associées d’une manière ou d’une autre au
flan
. Chaque meuble, chaque bibelot, chaque parure semblait voués à ce culte chrétien.
- Installez vous donc, je vous ai préparé un peu de
flan
.
- Le contraire m’eut étonné, fit Berro en souriant. Bref, je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps, je suppose que vous brûlez d’impatience de savoir pourquoi nous sommes ici.
- Non.
- ... Herm, heu, herm, donc, nous sommes ici à cause du meurtre de Jacques Salière, le célèbre grand père de Sophie.
- Ok.
L’indifférence du vieil homme mettait nos deux héros dans une situation plutôt embarassante, qui poussa Sophie à sortir l’une de ses répliques qui tue :
« Pam, t’es mort ! ».
- Pardon ?, fit Tea-time, l’air déconcerté.
- Nan, rien.
- Bien, voilà le problème, continua Berro, : je pense que Jacques Salière est lié aux poulets dans le frigo, et puisque vous avez écrit bon nombre d’ouvrage sur le sujet, nous avons jugé bon de vous consulter.
Pour la première fois depuis quelques minutes, Tea-Time retrouve son sourire habituel, et invita les deux jeunes gens à déverser encore un peu de
flan
dans leurs tasses déjà pleines à raz bords (ça s’écrit comment ce machin ?).
- Quel est exactement le problème ?
- Hé bien, tout commençe au National
Flan
Museum, un jour d’été comme tu n’en a jamais vu.
- Jamais vu, jamais vu, chanta Sophie.
- Tu sais, je n’ai jamais été aussi heureux que ce matin là.
- Nous marchions sur une plage.
- Un peu comme celle-ci.
« Tadadam »
- C’était l’automne.
- Un automne ou il faisait beau.
- Une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique.
- Là bas on l’apelle l’été indien, mais c’était tout simplement ...
« Le nôtre ! ».
- Avec ta robe longue, tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin (que c’est une peintre qu’elle est bien).
- Et je me souviens. Je me souviens très bien de ce que je t’ai dit ce matin là.
- Il y a un an.
- Il y a un siècle.
- Il y a une éternité !
- Ta sœur !
On ira, où tu voudras quand tu voudras, chanta Tea-Time !
- Et on s’aimera encore, même quand l’amouuuur sera mooooort !!!!
- Toute la vie, sera pareille à ce matin, aux couleurs de l’été indien.
- Padadadada, padadadadada. * Musique * Padada. Padadadadada. Padadadaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa Padadada.
* Musique * Padadada. Padadadadada * Musique * Padadada. Padadadada * Musique * Padadadadada * Musique, musique, musique * Padadadadada ...
C’était l’instant musical Carrefour.
- Oui, donc, je disais ... Tout a commencé au Musée. Jacques Salière a été assassiné, laissant derrière lui quelques indices, dont la célèbre phrase « Il y a du poulet dans le frigo ».
- Mmmmmh.
- Ca vous dit quelque chose ?
- Non. Je faisais « Mmmmmh » car je trouve que ça fait bien.
- ... Et sinon ?
- Sinon je ne vois pas du tout ce que ça peut signifier. Autre chose ?
- Un coffre, qu’il avait pris soin de cacher dans une banque privée, renferme du poulet au frigo. Nous pensons qu’il y a un lien entre les deux événements.
A suivre ...