Raoul était maudit. Il en était arrivé à cette conclusion le jour où sa tartine tomba du coté du pain. « C’est l’exception qui confirme la règle ». De toute façon, les preuves ne manquaient pas. Il avait échoué au bac deux fois d’affilée et au permis de conduire trois fois avant d’abandonner, écrasé par la fatalité. A chaque fois qu’il faisait une blague, soit elle ne faisait rire personne, soit elle tournait mal. Quand il se présentait à un entretien d’embauche, il n’avait jamais le poste. Il avait même essayé en se munissant d’un curriculum vitae, même résultat. Quand il prenait un instrument pour en jouer, il ne parvenait pas à produire la moindre des musiques, seulement des notes sans suite. Et quand il vérifiait son compte en banque, il s’y trouvait toujours moins d’argent que la fois précédente. Comment vous appelleriez-vous une poisse pareille ? C’était une malédiction, aussi sûr que deux et deux font le double du chiffre seul. Il se disait « je vais me faire désenvoûter par un type d’Afrique ou d’Asie ». Seulement il n’avait pas réussit à prendre de billet d’avion. « En plus je connais personne ni en Afrique ni en Asie, quelle poisse ! ».
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