Vous l'aurez compris, avec mes récentes critiques des nouveaux opus de
séries comme Starcraft
ou bien encore
le reboot de la licence XCOM
et avec
ma déclaration d'amour aux gros pixels
, je cultive une identité de joueur rétro.
Toutefois, j'ai découvert que tenter de se plonger dans de vieux jeux que l'on avait manqué à leur époque n'est pas forcément judicieux. Comme le dit très justement le titre, si vous les aviez manqués à l'époque, il y a une raison. Alors certes, une raison valable peut être un manque de temps, un manque d'argent ou simplement un manque d'information sur leur existence. J'ai découvert une autre raison un peu plus amère celle-là : ces jeux ne vous auraient déjà pas intéressé à leur époque. Leurs chances de vous captiver 10 ans après deviennent dès lors infinitésimales.
Jusque là, mon expérience sur
GOG.com
(Good Old Games), site spécialisé dans la vente de vieux jeux est assez mitigée :
- je n'ai osé installer qu'un seul des jeux proposés gratuitement à l'inscription ;
- je me suis retenu d'acheter tous les jeux du catalogue auxquels j'avais joué à un point dans ma vie ;
- j'ai découvert avec bonheur la série
Flatout
(article à venir) dont j'ai ensuite acheté le pack complet sur Steam ;
- j'ai acheté les deux jeux de la série
Crusader
d'après les suggestions du Bashar mais ça n'a pas été très concluant ;
Enfin, je me suis récemment procuré, lors d'une promo TopWare Interactive,
Earth 2160
et
Knights and Merchants: The Peasant Rebellion
. C'est de ces deux jeux que je vais vous parler brièvement.
Earth 2160
J'avais découvert le deuxième jeu de la série nommé
Earth 2150
comme jeu complet dans le hors-série JoyStick DVD de Mars 2002. C'est l'un des premiers jeux de stratégie en temps réel dont la 3D ne me faisait pas vomir avec
Warzone 2100
. Comme ce dernier, il propose au joueur la possibilité de créer des unités personnalisées à partir d'un ensemble de pièces détachées. Châssis, blindage, armement, capacités spéciales, vous choisissez la composition de vos colonnes. Cependant, si Warzone propose un arsenal conventionnel bien que fourni,
Earth 2150
a la bonne idée de proposer, outre les mitrailleuses et les lance-roquettes pour chacune des trois factions engagées, une arme unique ayant un comportement réellement différent. Par exemple, le Laser de la Dynastie Eurasienne ne prend pas en compte les points de vie de sa cible. A la place, il la chauffe jusqu'à faire exploser les munitions ce qui détruit instantanément l'unité. C'est évidemment beaucoup plus efficace contre les unités blindées mais il faut arriver à maintenir un feu soutenu, sinon l'unité refroidit et tout est à recommencer.
Earth 2160
en est la suite directe. On retrouve, outre la Dynastie Eurasienne calquée sur la Russie soviétique (le nombre fait la force), les Etats Civilisés Unis basés sur les Etats-Unis (prédisant la guerre via robots avant l'heure), et la Corporation Lunaire, conglomérat futuriste implanté sur la Lune.
Cependant, au bout de quelques missions, j'ai instantanément retrouvé mes réflexes du jeu précédent : les véhicules terrestres prenant beaucoup de place, les cartes étant souvent étroites et le pathfinding peu coopératif, il était toujours plus intéressant de fabriquer des hordes d'hélicos de combat, une version anti-aérienne et anti-infanterie équipée de mitrailleuses et une version de siège équipée de lance-roquettes lourds. Là, même combat. Ce ne sont plus des hélicos, ce ne sont plus des mitrailleuses, mais il n'y a toujours pas de défense anti-aérienne assez puissante pour repousser une force combinée d'une quarantaine d'aéronefs pouvant de plus traverser rapidement la carte.
Behold the flying ball of death!
Si encore cela valait le coup de suivre l'histoire, mais malheureusement je ne suis pas tombé amoureux du Major Falkner dont l'on suit et dirige les aventures. Ce stéréotype de macho militaire bienveillant plongé dans un conflit qui le dépasse mais dont il parvient toujours à s'en sortir ne m'a pas convaincu. Quand à la continuité après l'épisode précédent, mes souvenirs de l'histoire suivie il y a 10 ans sont bien vagues.
Au final,
Earth 2160
n'est pas un mauvais jeu, il n'est pas moche non plus, mais actuellement il ne fait pas le poids comparé à un
Starcraft II
bien plus poli et équilibré, malgré sa richesse supplémentaire liée à la conception d'unités.
Knights and Merchants: The Peasant Rebellion
J'ai vaguement vu ce nom cité plusieurs fois quand je cherchais à jouer à
tous les jeux de gestion possibles et imaginables
que j'achetais encore en boîtes carton.
La série des
Settlers
,
la série des
Civilization
,
la série des Anno
, tous les jeux en
Sim-
, tous les jeux Bullfrog (
Theme Hospital
,
Dungeon Keeper
...), bref. Je n'avais cependant jamais eu l'occasion ni son souvenir pour m'y intéresser avant. Malheureusement, la découverte a fait long feu. Car
Knights and Merchants: The Peasant Rebellion
est une resucée complète de
The Settlers 2,5
.
On retrouve donc le principe de comptabilisation transparente, de transport des ressources et les même chaînes de production de
The Settlers II
. Le système de routes moins restrictif que celui de
The Settlers II
et le côté militaire plus libre le rapprochent directement de
The Settlers 3
. Vous allez me dire que certains studios ont sortis des jeux similaires dans la même fenêtre temporelle et que ça ne constitue pas forcément du plagiat. Le problème est que
Knights and Merchants
date de
2001
, alors que
The Settlers II
et
III
sont sortis respectivement en
1996
et
1998
.
Knights and Merchants
a donc entre 3 et 5 ans (voir plus) de retard selon les domaines du jeu. La partie militaire a été clairement favorisée sur la partie gestion, il est ainsi possible de contrôler l'orientation et la formation de ses troupes, chose étrangère à la série des Settlers. Mais sinon, le nombre de types d'unités reste faible (lancier, homme d'arme, cavalier et archer) bien qu'on puisse les améliorer en fabriquant des armes en métal plutôt qu'en bois et cuir.
Knights and Merchants (2001)
Du côté gestion, c'est très pauvre. Le dallage hexagonal de
The Settlers II
affiné dans
The Settlers III
est oublié, retour au bon vieux carré même pas isométrique. En outre, vos serfs qui transportent vos marchandises peuvent se gêner sur les routes, et ils leur faudra une bonne seconde d'arrêt à chaque fois pour décider d'exécuter une manoeuvre audacieuse, celle d'échanger leur place en s'évitant soigneusement. Etant donné que chaque bonhomme prend 1 carré et qu'il ne bouge pas tant qu'il n'a pas d'ordres, ça peut devenir très vite rageant, sauf si vous avez pensé à faire des routes de plusieurs cases de large, qui consomment des quantité astronomiques de pierre, qu'il faut de toute façon transporter sur un réseau non encore développé. Rhaaa.
EDIT
: Je viens de découvrir la fonction d'accélération du temps dans le manuel qui diminue de beaucoup la frustration de la lenteur de la partie gestion. Cependant vos troupes militaires ont besoin d'être nourries manuellement, et en vitesse accélérée vous pouvez facilement oublier une unité qui périra de faim.
Une nouvelle fois,
Knights and Merchants: The Peasants Rebellion
n'est pas un mauvais jeu en soi non plus, mais il semble avoir été obsolète dès sa sortie en 2001, ce qui rend sa découverte en 2013 encore plus décevante.
Bonus
Le manuel de Knights and Merchants: The Peasant Rebellion comporte l'avertissement légal sur l'épilepsie reproduit ci-contre le plus drôle que je n'ai jamais lu. Je ne sais même pas comment il a pu passer la validation du service juridique de TopWare Interactive, à moins qu'il n'y en ait pas, ce qui aurait l'avantage d'expliquer la présence de cet OVNI dans un manuel officiel.
Conclusion
Je le dis tout de suite, pour le prix auquel j'ai payé ces deux jeux, je ne regrette pas leur achat. Mais comme le dit le titre de cet article, je me suis rendu compte qu'il devait y avoir beaucoup moins de vieux bons jeux que j'ai manqué que ce que je ne supposais. De plus, même les bons jeux auxquels j'aurais joué avec plaisir à l'époque de leur sortie (ou mettons deux ans plus tard, je suis un joueur tardif) ne peuvent pas toujours soutenir l'épreuve du temps.
Cela donne à réfléchir à la tendance rétro actuelle : peut-on être sensible aujourd'hui à un vieux jeu auquel on n'aurait pas joué à son époque ? Pour le site GOG.com qui propose à ses membres d'écrire des commentaires sur des jeux souvent vieux de 10 ans, comment savoir si le commentaire n'a pas été écrit dans l'état d'esprit du joueur de l'époque qui découvrait ce jeu ? Certains jeux auraient-ils d'aussi bonnes notes si on retirait toutes les notes des joueurs qui avaient déjà joué à ces jeux avant de les re-découvrir sur GOG.com ?