Paris (France), Nuit du 4 Mai 1817
Le pavillon paraissait invisible dans les ténèbres de cette heure avancée, au cœur de la ville de Paris, sur une avenue proche du palais du Louvre. La nuit était sombre quand John sortit enfin de la demeure de sa fiancée, Elisia. Ils avaient passé la soirée à lire les nouvelles, puis avaient bavardé un petit moment de politique, avant qu’il ne la demande en mariage. Elle semblait très heureuse et avait accepté avec joie. Ils décidèrent d’annoncer la nouvelle à leurs parents le lendemain. Après avoir encore discuté un bon moment, il prit congé. Il faisait froid dans la rue, et John pressa le pas. Il entreprit de traverser la ruelle sombre et sale qui le mènerait chez lui, un nouvel appartement construit l’année précédente. Soudainement, une ombre se jeta sur lui et l’entraîna à terre. Il repoussa son agresseur et se remit debout. Une étrange créature lui faisait face, ayant la forme d’un homme mais un visage étrange, avec des canines anormalement longues.
«Mais qu’est-ce que c’est que cette chose ? »
« Ca te gênerais de me parler en face ? » lui répondit le vampire.
Celui-ci se jeta violemment sur John et le mordit au cou, ce qui le fit s’effondrer.
La créature prit le corps de John puis l’emmena dans une crypte, sous la ville. Il posa le corps et attendit patiemment qu’il se réveille. Tout sentiment d’agressivité avait disparu, et son visage était celui de quelqu’un de normal.
« Tu es enfin réveillé ! »
« Qui êtes-vous ? Et que m’avez-vous fait ? »
Il se semblait différent : plus fort, plus agressif et étrangement plus calme.
« Tu es désormais comme moi. »
« Que voulez-vous dire ? »
« Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je ne suis pas un humain. »
Devant le silence éloquent de John, le vampire continua.
« Je suis un vampire. »
« D’où venez-vous ? »
« D’ailleurs… »
« C’est-à-dire ? »
« Ne me parles pas sur ce ton ! Tu sembles oublier quelque chose : tu es désormais comme moi, et tu crains la lumière du soleil ainsi que tous les signes religieux et les objets pointus. Tu es plus vulnérable que jamais ! C’est pour cette raison que tu vas m’aider. »
« Peu importe vos mensonges, laissez-moi en paix ! De toute manière, vous êtes fou ! Et puis, pourquoi vous aiderai-je ? »
« Car je t’ai crée ! Mais fait comme tu voudras. Tu me reverras bien assez tôt. »
Il s’éloigna.
« Au fait, je m’appelle Kellios. »
John rentra dans son appartement, après avoir passé une bonne partie de la nuit à retrouver son chemin dans les catacombes. Encore choqué par ces évènements, il s’endormit de suite et fit un rêve agité : une voix profonde martelait que tout ceci était la vérité.
Il se réveilla le lendemain, très en forme et ayant oublié tout ce qui c’était passé la nuit précédente. Il s’approcha de la fenêtre mais un réflexe le fit reculer, comme s’il avait peur de la lumière.
« Ce fou aurait raison ? » murmura-t-il. Cette révélation le plongea dans le plus profond désarroi.
Il décida d’attendre la nuit pour sortir et aller voir Elisia. Elle avait toujours aimé les sciences occultes. Peut-être pourrait-elle l’aider ?
En même temps que ces pensées lui venaient, il prenait soudain conscience qu’il avait faim. Il avait envie de sang. Cette idée le dégoûta, et il réalisa enfin que sa vie avait changé. Mais il ne se laisserait pas entraîner par ce Kellios. Ce fut sa dernière pensée avant de sombrer à nouveau dans le sommeil.
Il sortit de son immeuble à la tombée de la nuit et se faufila dans les ruelles sombres et malodorantes, de couleur rouge sale. Des détritus traînaient au sol. Il arriva enfin devant la demeure d’Elisia. Alors qu’il s’approchait, il vit la porte ouverte et la servante allongée sur le seuil. Morte. Il entra rapidement et aperçut les corps des parents d’Elisia, morts eux aussi dans mare de sang. John entendit des cris et des bruits de meubles renversés. Il se rua à l’étage et entra dans la chambre. Ce qu’il vit le stupéfia : au beau milieu de la pièce se tenait Kellios sous son aspect vampirique. De l’autre côté, Elisia, le visage déformé par la colère et la peur lança un rayon d’énergie sur la créature qui l’esquiva.
« Tu vas crever, sale sorcière ! »
« Mais je te tuerais auparavant ! »
Kellios se jeta soudain en avant et attrapa Elisia par le cou.
« C’est en fini de toi, ensorceleuse de pacotille ! »
Et avec un sourire mauvais, il lui asséna un coup de poing qui lui brisa les côtes.
« Noooooon ! » cria John.
Le vampire se tourna alors vers lui :
« Comme on se retrouve ! »
John sentit alors sa colère affluer en lui, transformant son visage et développant ses canines, et augmentant sa force.
« Tu as appris à te transformer ? Tu es doué mais un parfait imbécile pour oser me défier ! »
« Vous l’avez tuée ! »
« Elle m’encombrait. Et puis, ce n’est pas la seule fille de la ville, tu en trouveras bien une autre ! Le bordel est à deux rues d’ici. »
« Vous me le paierez ! »
John se jeta sur Kellios. Celui-ci encaissa le choc sans broncher puis asséna un violent uppercut à sa création.
« Tu me dois obéissance ! »
« Allez vous faire voir ! »
John traversa alors la pièce en l’air et alla s’écraser contre le mur. Il se leva, encore assommé, et essaya de frapper Kellios. Mais celui-ci esquiva et envoya un meuble sur John, ce qui le cloua au sol.
« Adieu, misérable larve ! » dit-il avant de disparaître dans un panache de fumée noire.