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Chapitre 4

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Ivaldir



Véritable divinité


Les trois jours dans cet appartement minable nous ont permis de mieux nous connaître, et de préparer au mieux l'opération. Mis à part Ned, qui juché sur son canapé, faisait preuve d'une insolente suffisance, les autres avaient l'air d'être de vrais pros.
Finclay n'était pas bavard, mais il se révéla être un très bon tacticien. Et dans ce coup foireux, il valait mieux se fier à lui. Notre appartement avait vue sur le quai, nous avions donc vu arriver le cargo, qui dès son arrimage s'était délesté de ses marchandises.
Nous avions tout sur place : un bon poste d'observation des alentours, des armes à feu pour le jour J, des plans. C'est Dimitar, le plus jeune des frères Kantchev qui prit les jumelles et nota précisément le nombres de gardes, leurs rondes. Visiblement, ils étaient armés.
Lorsque l'intermédiaire revint, nous étions prêts, nous savions tous quelle place nous devrions tenir lors de l'assaut. Il ne restait qu'à connaître le moment. Entre nous, nous nous demandions quelle pouvait être l'identité de notre Mr X, mais il s'avéra vite que nous battions du vent, nous ne le saurions probablement jamais.
L'intermédiaire nous demanda de nous préparer pour une heure du matin. Il nous montra la voiture qui nous servirait de moyen de transport et les différents moyens de replis que nous aurions lorsque nous nous serions séparé. Nous devions tous avoir quitté le pays avant l'aube.
En réalité, personne ne l'aura quitté...

_ Commissaire, je viens d'avoir le QG en ligne, nous venons de vérifier l'identité des suspects. Ils sont tous fichés. Nous avons retrouvé la trace de Gary Finclay qui a un casier gros comme un dictionnaire, recherché pour meurtres et braquages, c'est un expert de l'explosif de premier ordre. Les frères Kantchev sont de dangereux mercenaires exilés de Serbie, ils exécutent des contrats dans tout le pays. Ned Carlory, dit Ned le tireur fou a fait son premier carton à dix-sept ans, les braquages dont il s'est mêlé ont toujours fini en massacres. Nous entamons des recherches pour les localiser.
_ Hum... toute une équipe de mercenaires, notre Mr X a soigneusement choisi ces hommes. Continuez, Crawford.

Nous étions dans la voiture proche du quai de déchargement du cargo. On avait compté une vingtaine d'hommes à neutraliser. Finclay et les frères Kantchev avaient fait un détour, pour surprendre les sentinelles.
Moi j'étais dans la voiture avec Ned, qui s'impatientait. Il touchait d'une manière frénétique le canon de son arme. J'étais nerveux et savoir que la réussite de l'opération tenait aussi à Ned rajoutait à ma crainte.
Nous vîmes des formes se mouvoir autour des sentinelles, avec une bonne synchronisation, elles furent réduites au silence sans un bruit. Finclay fit le signal, nous sortîmes tous deux du véhicule.
Vanlev et Ned commencèrent à s'agripper au bateau et à monter silencieusement, arrivé en haut, le yougoslave nous fit un signe, Finclay et moi commençâmes à monter à notre tour, silencieusement.
J'étais au milieu de mon parcours quand j'entendis le cri d'un des gardes, qui s'était aperçu de la disparition des sentinelles sur le quai. Une grêle de balles lui répondit. Les choses allèrent très vite. Des combats alimentés par un feu nourri virent s'opposer les nôtres avec les gardes péruviens. Je finis ma montée et me blottis derrière une caisse pour faire le point. L'arme au poing, je glissai un oeil aux alentours. Je ne voyais plus ni Ned, ni Vanlev, ni Finclay, quelques gardes gisaient dans leur bain de sang sur le pont mais à part moi, il n'y avait personne d'autre.
On n'entendait plus rien non plus sur le quai, tout était silencieux. Dimitar, qui était resté en bas, devait nous avertir d'une arrivée inopportune. Il s'était mis en position, sur une énorme caisse, couché, tel un fauve attendant sa proie.
Le silence se brisa de nouveau et de nouveaux affrontements étaient en train de se dérouler au niveau inférieur.
Le terrain dégagé, il était temps d'agir. Je me remémorai le plan en tête et l'arme au point, je me rapprocha de la porte qui me mènerait à la caisse convoitée.
Le bateau semblait désert, mais le peu de lumière rendait l'atmosphère très pesante. Je me rapprochais en prenant soin de ne pas faire de bruit. Les coups de feu avaient repris derrière moi, et je devais me dépêcher, car Finclay avait prévu un délai de cinq minutes pour la mise à feu des explosifs.
Les cris lointains et les tirs continuaient, quand tout à coup j'entendis un souffle étouffé comme je me rapprochais de la salle de la caisse. Des corps jonchaient le sol, et ce souffle. Puis plus rien, on avait repéré certainement repéré ma présence.
Prenant mon inspiration, je me collais à la paroi et d'un coup de pied la porte s'ouvrit en battant contre la paroi adjacente, je vis l'homme qui affalé par terre trouva la force de lever son arme. Il n'eut pas le temps de m'ajuster que trois coups étaient déjà partis.
Je retombais sur l'autre paroi, essoufflé par l'effort et la tension qui régnait.
Comme je regardais mon adversaire gisant face contre terre, je m'aperçus de mon erreur. Je venais de faire feu sur Vanlev. Celui-ci avait déjà reçu une balle dans la cuisse et semblait m'attendre ici.
Tout alla très vite dans ma tête, il fallait retrouver rapidement cette caisse, et mettre les voiles avant que ce rafiot n'explose pour de bon. Tant pis pour ce Vanlev. Celle-ci était dans un tiroir, un meuble qui devait servir à ranger des papiers. Elle n'était pas mise en évidence mais pas non plus cachée, les péruviens avaient certainement cru que la mettre dans un lieu sûr n'aurait fait qu'accroître la curiosité à son égard. Peut-être même qu'ils n'étaient pas au courant qu'ils transportaient une marchandise précieuse. Quoi qu'il en soit, il ne fallait pas moisir ici. Regardant une dernière fois le yougoslave, j'ouvris la porte et entrepris de refaire le chemin inverse avec la caisse sur le dos. Heureusement que celle-ci n'était pas trop volumineuse.
Progressant de portes en portes, je finis par arriver sur le pont et l'air libre. Nulle trace de Finclay et de Ned, les tirs avaient depuis longtemps cessés. Ce fut Dimitar qui lorsqu'il m'aperçut vint à ma rencontre. Je le rejoignit à l'entrée du ponton. Nous étions à la fois émoussés par l'effort, et surpris de ne pas avoir de nouvelles de nos compagnons.
Mais il ne fallait pas traîner devant cette bombe à retardement, Nous avons rapidement traversé le quai par le chemin le plus court, le ponton. Une fois la caisse à l'abri, Dimitar me demanda des nouvelles de son frère, et je ne pu lui dire la vérité. Je n'avais vu personne de notre groupe, ça resterait la version officielle.
Puis Finclay finit par reparaître, tout essoufflé. Il nous appris la mort de Ned, qui avait tenté la chance une fois de plus, lorsque Finclay l'avait croisé, il gisait par terre à coté de ses victimes.
Puis vint l'explosion. L'avant du bateau se mit à cracher des flammes alors que l'arrière était totalement détruit. Ce fut à ce moment que Dimitar s'effondra, touché par une balle venue de nulle part. Il y avait au moins un survivant parmi les gardes, il fallait se mettre à l'abri.
Finclay me prit le bras, et nous nous repliâmes sur la voiture. Les flics allaient certainement arriver d'un instant à l'autre, et si nous voulions notre liberté il fallait déguerpir.
Comme je fermais le coffre après y avoir déposé mon précieux mais encombrant colis, je fut violemment frappé par l'arrière. Mes souvenirs s'arrêtent là.

Crawford regarda les deux hommes qui l'écoutaient parler depuis près de deux heures, ceux-ci ne disaient mot.
Davies fut le plus prompt à prendre la parole.
_ Ca laisse supposer que le criminel est Gary Finclay. C'est probablement lui qui vous a assommé...
_ Nous avons retrouvé deux corps brûlés à côté de vous, Crawford. Et nous pouvons présumer que le premier est Dimitar, mais qui est le deuxième ?
_ Le tireur probablement, vous n'allez pas supposer que Finclay est lui aussi mort là-bas ?
_ Imaginez que Mr X soit le tireur, qu'il ait observé les opérations et éliminé les survivants...
_ Mmm... Un peu tiré par les cheveux votre histoire, Commissaire.
_ Je ne sais pas. Finalement, nous n'avons pas avancé.
Ce fut à ce moment qu'un homme entra dans la salle et se rapprocha du groupe.
_ humm... Excusez-moi de vous interrompre. Commissaire, des nouvelles importantes de notre QG.
_ Qui y a t-il ?
_ En privé, Commissaire.
_ Très bien, j'arrive.
Se faisant, ils laissèrent le blessé à ses soigneurs et rejoignirent la salle d'attente.

_ Alors, qui y a t-il ?
_ Mr Bennet des services secrets, je tenais à vous communiquer une nouvelle concernant notre affaire.
_ Je vous écoute.
_ Bien, je suis détaché au bureau de Londres pour tout ce qui concerne la sécurité nationale, nous venons d'intercepter un courrier électronique crypté en provenance de Guateal en Amérique Centrale. Nous sommes pratiquement certains qu'une organisation terroriste va tenter de faire passer un gaz mortel ici en Angleterre.
_ Vous pensez au cargo péruvien ?
_ Oui, avez-vous une piste ?
_ A vrai dire, nous progressons, nous sommes à la recherche de Garry Finclay, qui est la dernière personne a avoir été vue en possession du colis que cherchaient ceux qui ont détruit le cargo. Nous venons de disposer des barrages sur toutes les routes dans un rayon de cent kilomètres autour de la ville. Nous allons faire venir un dessinateur pour prendre le portrait de notre suspect.
Un autre homme entra dans la salle d'attente et Davies alla à sa rencontre.
_ Inspecteur Smills, quelles nouvelles ?
_ La police vient de retrouver le corps d'un des suspects que vous cherchez. Dans un appartement au nord de l'Angleterre.
_ Qui est-ce ? C'est Finclay ?
_ Non. Ned Carlory, et il est mort il y a plus de trois semaines.

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