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Chapitre 3

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Ivaldir



Véritable divinité


_ Je ne me souviens que de quelques bribes, je ne revois pas distinctement toutes les scènes...
_ Ceci est tout à fait normal, commissaire, coupa le docteur, son amnésie se dissipe peu à peu, mais il faudra certainement attendre plusieurs semaines avant que toute sa mémoire lui revienne complètement et que ses souvenirs soient ordonnés.
_ Ok, commençons par le début. Si vous nous aidez, ou livrez un témoignage qui nous permet d'identifier les coupables, nous en tiendrons compte dans notre dossier, et vous aurez certainement une remise de peine.
Davies continua.
_ Tout d'abord, savez-vous qui vous a tiré dessus, la nuit dernière ?
_ Je gardais la voiture mais je ne me souviens plus des instants qui ont précédés ma blessure.
_ Vous avez tout d'abord reçu un coup au niveau du cou, enchaîna le docteur. Certainement une crosse de pistolet d'après les marques, il semble que lors de votre chute, vous ayez touché quelque chose à la tête. L'homme qui vous a assommé a certainement tiré sur vous quand vous étiez par terre... Vous êtes un miraculé, finit par dire le docteur Jenning. Vous ne devez votre survie qu'à l'intervention rapide de la Police, qui a certainement fait fuir votre agresseur, qui n'a pas pris le temps de vérifier votre mort.
_ Vous voyez, continua Davies, vous n'avez aucun intérêt à couvrir ceux qui vous ont fait ça, parlez maintenant, racontez nous comment vous vous êtes retrouvé dans cette galère.
_ Vous ne perdez pas de temps, vous... Mais vous avez raison, je vais parler, je n'ai aucune envie de couvrir ces ordures.

Je me souviens qu'un de mes contacts, Jeffrey m'avait parlé d'un gros coup il y a quelques semaines. Ils recrutaient des personnes sachant manier le flingue, le pactole qu'ils promettaient pour cette opération ne m'a pas fait réfléchir longtemps, je cherchais des moyens de quitter l'Angleterre après le casse loupé de la Banque Europa. Je me suis donc présenté à eux. Je n'étais pas le seul ce jour-là, j'ai eu l'impression que toute la bande avait été constituée pour cette occasion.
Je me rappelle distinctement de cette scène, nous étions cinq présents dans la pièce, faiblement éclairée par une lampe vacillante. C'était dans un bâtiment minable de la banlieue de Red Circle. Nous étions tous aussi louches les uns que les autres, je crois. Nous avons fait connaissance avant que la personne qui nous avait rassemblée se montre. Il y avait deux frères, des yougoslaves je crois, Vanlev et Dimitar, qui parlaient très mal notre langue, sans doute des exilés de la guerre qui avaient mis leurs talents pour la gâchette à leur propre compte. Le troisième restait au fond, il nous observait mais n'était pas très bavard, il arborait une belle cicatrice sur sa joue gauche. Le quatrième avait des allures de golden boy, avec ses chaînes plaquées or qu'il se plaisait à montrer, c'est certainement lui qui était le plus causant. Il commença à nous raconter quelques unes de ses affaires minables jusqu'au moment ou le balafré lui dit de la fermer.
C'est à partir de ce moment que le silence nous fit nous regarder. Nous ne savions pas pourquoi nous étions ici, tout ce que nous voulions, c'était empocher le magot et oublier ce lieu, et cette rencontre.
Un homme arriva peu après, par la même porte que nous. Il nous regarda à peine. La première chose à laquelle j'ai pensé quand je l'ai vu, c'était que nous avions affaire à un puissant, qui ne voulait pas sans doute pas se salir les mains. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, et généralement, ces gens-là paient bien. Il était très chic dans son costume à trois mille livres. Il posa la valise qu'il tenait sur la table du milieu. Il ne nous avait toujours pas regardé.
_ Je ne suis pas le commanditaire de l'opération qui m'a fait vous rassembler messieurs, je suis comme vous. L'argent qu'il y a dans cette valise n'est pas le mien. Je ne suis qu'un contact de la personne que nous appellerons Mr X.
_ Quoi ?! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Si vous croyez que Ned Carlory va s'amuser à marcher dans vos combines farfelues, vous vous trompez. Je suis un pro, moi. Je ne suis pas là pour jouer aux devinettes. L'homme à la chaîne s'était levé et s'apprêtait à quitter la pièce.
_ Asseyez-vous, Mr Carlory, l'argent que vous toucherez justifie l'anonymat de notre employeur. Et je crois savoir que votre situation est plutôt précaire, non ? Si vous ne vous rasseyez pas, nous nous arrangerons pour que la Mafia retrouve votre trace dès ce soir.
L'homme était stupéfait. En l'espace d'une phrase, il avait été joué.
_ Vous êtes tous dans la même situation, messieurs. Notre employeur vous tient d'une manière ou d'une autre. C'est une manière pour lui de s'assurer votre loyauté. Mais la compensation financière suffira à ne pas vous faire regretter l'opération.
Tout autour de la table, tout le monde se regarda, ébahi. Étant moi-même en cavale, je devinais aisément ce à quoi voulait en venir l'intermédiaire. Celui-ci ne laissa pas le silence s'installer.
_ Vous êtes tous plus ou moins renommés pour vos talents dans le domaine du crime, l'opération pour laquelle je vous ai réuni consiste à prendre possession d'un objet qui se trouve dans un bateau, qui devrait probablement arriver d'ici peu dans nos eaux territoriales.
Le navire sera certainement protégé, il s'agira tout d'abord de se débarrasser de cette possible résistance. Les frères Kantchev et vous Ned, prendrez d'assaut le navire et maîtriserez toute opposition. Rien qui ne soit pas dans vos cordes. Finclay, il désigna le balafré, vous vous occuperez de la garniture, notre opération ne doit laisser aucune trace. Vous Crawford, vous récupérerez l'objet, il s'agit d'une caisse qui devrait se trouver dans cette salle. Il désigna par là même l'endroit sur le plan du bateau.
_ Bien, messieurs, voici une provision financière qui montre la confiance que met en vous notre employeur. Je reprendrais contact avec vous dans trois jours. D'ici là, ne vous séparez pas. Vous pourrez dormir dans cet appartement, il contient des vivres pour deux semaines, mais ne sortez pas et ne parlez à personne de l'opération. Il en va de votre vie à tous, alors surveillez-vous.
_ Un instant, commença Ned, qu'est-ce qu'il y a dans cette caisse qui nécessite une opération et un secret pareil ?
_ Je n'en sais rien, et cela ne vous regarde pas non plus. Messieurs, à dans trois jours.

_ Ca alors, ça confirme votre théorie Davies, mais ça montre aussi que notre client est prudent. Continuez, Crawford.
_ Un instant, Commissaire, je vais nous chercher un petit remontant, je commence à avoir la gorge sèche et le ventre vide.
_ Ok, Davies, mais faites vite. Profitez-en pour demander au Central d'émettre un avis de recherche sur toute l'équipe. Mais attendez Crawford, l'homme que vous décrivez comme l'intermédiaire de Mr X est-il un homme d'une quarantaine d'années, les cheveux châtains, un teint très pale.
_ Oui, commissaire, vous le connaissez ?
_ Non, mais une patrouille l'a détaché ce matin de la corde sur laquelle il se balançait dans une chambre d'un motel de banlieue minable. Votre Mr X ne fait pas les choses à moitié.
_ Bon, Je vous laisse moi aussi, finit par dire le docteur. Commissaire, sur ces bonnes paroles. Faites tout de même attention à ne pas trop fatiguer notre malade, il est encore dans un état précaire. Je vais voir mes autres patients.

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