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Chapitre 7

Depuis peu, les mondes Humains recouvrant une grande partie de la galaxie ont découvert une peuplade extraterrestre hostile qu'ils nommèrent Cetfans. Pourtant, les Humains restent très occupés par leurs propres querelles et après s'être fait décimer sa flotte par la Cosmoguarde, l'Union survit en s'approvisionnant chez les contrebandiers. Quelques individus vont être contraint de faire un saut hyperspatial au hasard, les plongeant vers l'inconnu...

En bref

  • Auteur : Le Bashar
  • Titre : Feydahd (Tome1) - L'étincelle
  • Nombre de signes : 393289
  • Genre : Science Fiction
  • Date de publication : mercredi 10 juin 2009

...
Les " Cerveaux " ou intelligence artificielle :
_ Je sais bien que les administrocerveaux sont partout mais il n’a pas dû être toujours ainsi... D’un point de vue strictement neurologique, ils sont plusieurs milliers de fois plus intelligents que nous, mais ils ne sont malgré tout que des machines !
_ Mmh, je ne sais pas, si des humains ont un jour conçu les premiers cerveaux, ils ont dû se débrouiller tous seuls ? Aujourd’hui ces circuits équipent tous nos appareils, de la centrale de traitement au robot-ménager en passant par l’echotraduct et le diagnoskit ! Tu imagines le travail que cela représenterait de concevoir même un cerveau très simple sans l’aide d’un autre cerveau ?
_ Bien sûr, mais l’humanité n’est quand même pas apparue en même temps que les cerveaux électroniques !?
_ Aha ! Mais là tu te places dans la thèse strictement évolutionniste, or nous ne savons rien des origines de l’humanité. Tu vas peut-être aussi me soutenir que nous sommes apparus sur un monde unique ?
_ Mais oui, et pourquoi pas ? C’est quand même fascinant de penser que tous ce que nous avon...
Fin de l’enregistrement, confirmez pour passer au suivant.
...

Extrait d'une discussion,
Centre de recherche d'Asyl - 9381 GS

Les cahotements du véhicule blindé qui fonçait à travers la forêt naine remuaient inconfortablement les membres de l’équipage. Tout le monde se tenait à sa position et surveillait ses écrans. Le conducteur du véhicule de tête ne voyait qu’un mur permanent de végétaux par son cockpit et une droite imaginaire qui montrait la progression des engins à une plus grande échelle sur ses écrans de scanners. Le conducteur du second blindé ne voyait rien : tout était masqué par les débris d’arbres et de terre mélangés qui étaient éjectés par les chenilles du précédent véhicule ; sa navigation se nourrissait exclusivement des données de ses instruments.
Depuis plusieurs heures les deux engins foraient un passage dans la jungle, droit devant eux, ne contournant que les obstacles infranchissables. Bientôt ils ralentirent l’allure comme les premiers rayons du soleil embrasaient le ciel. Un message du chef de section résonna dans les compartiments arrières des véhicules qui contenaient chacun huit hommes bien serrés :
_ Messieurs, nous sommes arrivés, l’objectif est à deux cents mètres derrière la ligne de crête. Les bioscans n’ont révélé aucune présence humaine. Vous progressez en tirailleurs par deux en couverture croisée. Je veux un silence total. Si aucune menace n’est repérée quand vous aurez les épaves en visuel, nous avancerons les V.A.B. pour décrypter les données des centrales si elles sont lisibles. OK ? Allez-y !
Les portes à l’arrière des blindés s’ouvrirent rapidement et des patrolers en sortirent. Ils se faufilèrent à travers la végétation et disparurent bientôt dans les fourrés. Les équipages des engins suivaient leur progression sur leurs écrans et traitaient les données des caméras de casque de chacun de leurs soldats.
À la lisière de la forêt quelques feuilles rondes s’écartèrent pour laisser apparaître une forme diffuse qui se confondait avec le sol. Un objet lisse et rond émit un bref éclat de lumière alors que les feuilles reprenaient leur place originelle. Des grondements sourds effrayèrent des petits animaux qui plongèrent des berges dans le fleuve juste au moment où la lisière de la jungle était déchiquetée par les deux monstres de platzacier. Les chenilles et les roues des blindés traçaient un vaste sillon dans la terre molle du terrain. Ils étaient suivi par les seize soldats à pied qui progressaient en restant si possible à couvert. Les deux blindés s’immobilisèrent chacun près d’un engin : L’un était ruiné et à demi-enfoncé dans un cratère et l’autre, en meilleur état, était échoué sur la berge. Les soldats à pieds fouillèrent la tente de survie qui était dressée là mais ne trouvèrent rien à l’intérieur. Un émetteur de barrière était posé non loin de la tente mais ses batteries avaient été endommagées et l’énergie n’était plus suffisante pour émettre une ceinture énergétique de protection.
Les portes des blindés s’ouvrirent et un officier sortit du véhicule arrêté près de la berge.
_ Y’a rien ici, c’est abandonné depuis plusieurs jours...
Il regarda ce qui semblait être la carcasse d’une radio hyperspatiale à demi démontée.
_ Les gars qui étaient ici ont eu quelques petits problèmes on dirait. Bon, vous deux, trouvez-moi un orifice de communication en état de marche sur cet engin.
Il prit un émetteur branché dans sa cabine et entreprit de joindre la base en construction.
_ Base alpha, ici reco tango, base alpha répondez...
_ Oui, nous sommes sur l’objectif, aucune présence hostile, les lieux ont été désertés depuis plusieurs jours et il...
Il fut interrompu par un bruit suraigu accompagné d’une bouffée de chaleur. Les tuyères du Courok échoué sur la berge crachaient une faible lumière qui gagnait en intensité rapidement.
_ Nom de...
Un des deux soldats qui fouillaient le cockpit du vaisseau en sortit et cria :
_ Il est commandé à distance ! Ils ont enclenché la fusion spatio-temporelle ! Tirez-vous, on va tous y passer !
Les soldats couraient tous pour s’éloigner le plus vite possible. L’officier remonta dans son blindé qui démarra sur les chapeaux de roue...

L’explosion transforma tout de matière en chaleur sur un rayon de quatre cents mètres. Le cratère qui se forma dégagea une masse de terre et d’eau qui partit en tourbillonnant sous l’effet de la dépression énergétique. La tornade de boue enflammée décrivit une large spirale autour du point d’impact avant de se disloquer dans le fleuve perturbé. Quelques minutes plus tard, l’eau avait englouti le cratère encore fumant et s’évaporait par endroit sous l’action des radiations. Il ne restait plus de l’escouade de la Cosmoguarde qu’une masse métallique en fusion aplatie à une centaine de mètres du cratère dont la forme ressemblait au dessin d’un œuf éclaté sur un mur.

_ Reco tango, ici base alpha, répondez...
_ Reco tango, ici base alpha nous avons été coupés, que se passe-t-il ?
_ Je répète, Reco tango ici base alpha, répondez...
La jeune femme qui était chargée des transmissions enleva son casque et fit un signe de tête négatif.
_ Je suis désolée mon capitaine mais l’escouade de reconnaissance ne répond plus, j’ai essayé sur toutes les fréquences.
L’officier arborait sans cesse un air contrarié et rien ne différait à ce moment sauf le menu détail que pour une fois il était vraiment contrarié. Un appel prioritaire en provenance de l’aviso en orbite interrompit ses pensées et résonna dans les hauts parleurs du système télécom :
_ Ici le capitaine Gortion du “ Vengeur ”, n’essayez plus de contacter vos hommes, la troupe a été détruite par une explosion de magnitude 6 que nous avons pu observer de l’orbite où nous sommes... Il ne fait aucun doute que ces rebelles nous attendaient. Finissez la construction de l’avant-poste, mon état-major va organiser la suite des opérations. Terminé.

Kérian se massait les cervicales dans la petite pièce d’où il communiquait avec Daryl. Plusieurs Feydars attendaient qu’il parle.
_ Ça y est, tout a sauté... Il n’y a plus d’issue de secours désormais, c’est eux ou nous. Je me demande comment tout ça va se terminer...
Il se tourna vers son équipier.
_ Daryl a capté la fin d’un message de l’ennemi, par chance il n’était pas crypté.
La pièce se mit à résonner d’un grésillement puis une voix inconnue continua ce qu’elle disait :
_ crzzgt... erver de l’orbite où nous sommes... Il ne fait aucun doute que ces rebelles nous attendaient. Finissez la construction de l’avant-poste, mon état-major va organiser la suite des opérations. Terminé.
Les regards des deux hommes étaient lourds de sens. Tous les Feydars semblaient près à combattre mais quelle chance avaient-ils face à un assaut de grande envergure ? Kérian réfléchit rapidement à la situation et émit les hypothèses suivantes :
_ Maintenant nous en sommes sûr, c'est bien la cosmoguarde. Ils ne se sont pas manifesté jusqu'à maintenant, je pense que la seule explication logique c'est qu'ils nous on suivit avec un navire de ligne et qu'il a été avarié en se réintégrant dans l'atmosphère comme nous. Ils ont lancé la construction d'un avant-poste au sol, ce qui signifie pour nous au moins une centaine de soldats adverses, sans compter les engins de soutien.
Massad acquiesçait de le tête tout en pensant « on est mal ! ».
_ Je ne vois pas pourquoi ils ont lancé la construction d'un avant-poste si leur mission était juste de nous rattraper. Ils doivent supposer que nous n'avons pas fait un saut au hasard et que nous avons rejoins ici une base de l'Union. Et que la proximité de l'atmosphère à la sortie de notre saut n'était qu'une tentative pour détruire nos éventuels poursuivants. Maintenant ils savent qu'on sait qu'ils sont là, et ils ont du capter l'émission de l'ordre de fusion des réacteurs que j'ai dit à Daryl de lancer. Donc, en admettant qu'ils n'avaient pas déjà repéré cette installation, ce qui me paraît peu probable, ils doivent maintenant supposer que c'est ici la base de l'Union. Ils attaqueront donc ici. La question qui reste c'est : quel est l'engin qui se trouve là-haut en orbite, et de quelles forces dispose-t-il pour nous attaquer ? Je ne pense pas que ce soit un gros navire, mais peut-être que c'est mon espérance que me fait le penser. En outre, nous ne pouvons pas exclure que la cosmoguarde ai plusieurs engins en orbite car cela fait maintenant plus d'une semaine que nous sommes arrivés ici. C'est beaucoup plus de temps qu'il n'en faut pour qu'ils aient reçu des renforts.
Massad continuait d'acquiesçait et pensait maintenant « on est vraiment très mal ! ».

Au moins les dernières heures de la nuit avaient-elles été mises à profit pour palier l’inculture technique des Feydars. Massad leur avait expliqué les méthodes de combat moderne, la progression par couverture, les tirs croisés, les positions stratégiques. Il leur avait montré le fonctionnement des armes à énergie, la manière de viser avec et les méthodes pour se protéger des tirs meurtriers. Il leur avait aussi parlé du bouclier, qui empêche le déplacement d’énergie supérieure à une certaine intensité, environ dix mètres à la seconde pour un projectile. Le bouclier protège des armes modernes, mais comme l’avait justement fait remarquer une guerrière assez âgée, le bouclier était inutile contre les armes blanches et les Feydars n’avaient que ça. Kérian et Massad avaient décidé de préparer une sorte de guet-apens avec des pièges antipersonnels et des techniques de guérilla. Il n’avait pas été très long de leur en expliquer les principes, car les Feydars se battaient instinctivement de cette manière.
A la fin du briefing, les deux hommes furent surpris d’apprendre que la cité était avertie et que le peuple venait de partir en masse vers le Bûne-Kher. Ils utilisaient des messages portés par des volatiles comme celui qu’ils avaient aperçu chez La Brulite. Le moyen était archaïque mais c’était peut-être leur meilleure chance de rester dans la confidentialité, qui chez leurs ennemis aurait songé à intercepter des animaux pour capter leurs communications ? Kérian se demandait ce que pourraient penser les gens de la cosmoguarde là-haut en orbite de l'absence d'émission électromagnétique ou de bouclier de protection ? Mais ils n'avaient toujours pas été bombardés depuis l'espace, il supposait donc que leurs adversaires étaient indécis et craignaient une riposte inconnue. De toute façon, s'ils avaient voulu les bombarder, ils n'auraient pas attendus aussi longtemps.
Et puis les événements s’étaient bousculés... Des messages arrivaient de partout, l’armée en route qui restait en communication permanente, le labo de La Brulite qui n’était pas en reste et promettait d’apporter son aide sous la forme d’explosif. Mais surtout, un message des guetteurs du Bûne-Kher : une tempête Sahr était en approche.
Kérian et Massad avaient demandé des explications. Les tempêtes Sahr étaient un phénomène courant, peut-être le plus grand des dangers que recelait Feyd. Le cœur de la tempête était constitué d’un énorme typhon qui emportait tout sur son passage, la vitesse des vents était fantastique et les dépressions créaient des tornades de violences diverses dans le sillage du cyclone. Une tempête Sahr durait au total plusieurs semaines du début des premiers vents aux dernières inondations. Elles se succédaient à un rythme aléatoire, parfois elle passaient plus au sud, mais toujours le Sahr obligeait les Feydars à se barricader. C’était donc là l’explication de l’architecture curieuse de la ville : les immenses remparts de pleine masse qui enserraient entre eux les petites maisons de l’intérieur, ainsi protégées des vents violents. Il en était de même pour les portes qui étaient toutes massives et petites, accrochées solidement aux constructions.
Selon les guetteurs le Sahr serait là dans une journée et sur Horak Tunefel le jour suivant. La tempête leur semblait moins violente que la précédente, qui était passée il y a plus de trois mois. Malgré tout, le bleu profond et mouvant des masses nuageuses qui commençaient à cacher au loin l’horizon ne laissait rien augurer de bon.
Tout cela faisait un peu beaucoup d’inconnues au goût de Kérian et il restait toujours le problème des engins blindés de leurs ennemis. Ils ne disposaient d’aucune arme capable d’occasionner le moindre dommage à ces machines. Les explosifs de La Brulite étaient bien trop faibles pour ne serait-ce que traverser leur bouclier. Et que dire de leurs appareils volants ? Ils auraient probablement des hélicoptères de combat et aussi des chasseurs atmosphériques... Et tous ces hommes venaient d’un vaisseau de ligne en orbite, qui sait de quelle taille il était et s’il était seul ?
La tempête aurait au moins cet avantage : elle empêcherait les bâtiments en orbite de communiquer avec leurs forces au sol mais surtout de tirer des salves depuis une orbite basse. Ces salves n’étaient jamais très précises mais leur puissance démesurée laissait toujours des traces. Leurs adversaires n'avaient plus qu'un temps limité pour décider de les bombarder. D'ici quelques heures, les nébulosités deviendraient telles que toute action orbitale serait impossible.

Le soleil montait maintenant sur la région d’Horak Tunefel mais les soldats de la Cosmoguarde ne voyaient pas la douce journée qui s’annonçait. L’effervescence régnait dans l’avant-poste fraîchement établi. La piste accueillait un transport toutes les vingt minutes. La suite des opérations décidées par l’état-major de l’aviso n’était pas surprenante : ils avaient programmé un débarquement avec toutes les forces opérationnelles. Elles seraient appuyées par les batteries lourdes du bâtiment en orbite ainsi que par une escadrille de quinze chasseurs, dix léger TKS-A et cinq TKS-L d’assaut lourd. Et pour ne vraiment rien négliger, trois des six dévastateurs embarqués de l’aviso fourniraient leur appui en première ligne. Il avait été décide que la préparation de tirs orbitaux se ferait au dernier moment, car le Capitaine n'arrivait pas à trouver d'explication à l'absence de bouclier autour de la base de l'Union, et avait préféré faire un assaut massif unique pour ne laisser aucune chance aux rebelles d'utiliser une éventuelle riposte non identifiée.
Le bruit caractéristique des propulseurs des dévastateurs assourdissait les soldats qui déchargeaient le matériel du transport. Ces engins avaient été conçus pour “ assurer la victoire par la terreur ” et effectivement, malgré leur taille modeste pour des engins spatiaux, ils étaient dotés des systèmes d’armes les plus violents disponibles dans les armureries de la Cosmoguarde. Plus d’une fois l’un d’eux avait défié et vaincu un petit bâtiment de ligne ennemi. Leur seul véritable défaut résidait dans l'autonomie : en cadence de tir maximum, un dévastateur pouvait décharger toutes ses munitions en moins de 6 minutes. Il laissait certes derrière lui une région entière de désolation, mais ce genre de machine ne pouvait guère soutenir un combat s'étalant dans la durée.
On sentait une nouvelle ferveur dans le moral des troupes, les nouveaux débarqués n’avaient pas subi les catastrophes du jour précédent et les autres étaient bien à l’abri dans leur avant-poste enterré. La faune se montrait plus rarement maintenant qu’elle se faisait décimer à vue par des tourelles robotisées automatiques. Les ingénieurs résolvaient peu à peu les problèmes de propulsion des hélicos qui seraient utilisables pour les prochaines manoeuvres.
Les véhicules blindés de surface s’alignaient sur le bord de la piste des massifs transport au fur et à mesure de leur débarquement. Les nouveaux hélicoptères de combat et de transport étaient directement descendus par monte-charge dans les ateliers préfabriqués pour recevoir les modifications qui leur permettaient de voler sans être inquiétés par les spores des algues en suspension dans l’atmosphère.
Au bout de deux heures, les rotations de transport se sont arrêtées, toutes les troupes ayant été débarquées. Au total, vingt-huit blindés toutes sortes confondues : des transports de troupes du même type que les deux engins perdus quelques heures plus tôt, des chars d’assauts et des chars lourds de destruction massive. Dix hélicoptères dont quatre de transport et six de combat constituaient l’appui tactique. Environ cent cinquante patrolers en plus des conducteurs des engins se serraient dans le petit avant-poste en attendant la suite des événements dont ils seraient les acteurs principaux.

Kérian et Massad profitaient de la pause du petit déjeuner pour observer les Feydars qui fabriquaient des pièges. L’homme avec qui ils discutaient tout en mangeant leur expliquait que les pièges étaient utilisés la plupart pour la chasse passive mais que certains modèles ne servaient que contre les gorgues parce qu’ils rendaient la proie impropre à la consommation. Celui qu’il fabriquait était de ceux-là. Le piège s’articulait autour d’une poche à venin récupérée sur une créature de la forêt. Elle était enserrée dans une pince affûtée en bois qui viendrait crever la poche si le fil qui la retenait était sectionné. D’après l’homme, ce piège était un des plus redoutables et des plus dangereux à construire parce que si la poche venait à exploser, le gaz acide tuait le manipulateur. De plus, il était très difficile de chasser les grands reptiles volants sans abîmer la fragile paroi de leur poche vénéneuse...
Sur les conseils des deux hommes, les pièges avaient été placés dans la lisière de la forêt non loin du bâtiment pour qu’ils soient efficaces contre les hommes à pied sans être détruits par les véhicules blindés. Ils avaient aussi abandonné l’usage des pièges à flèches ou projectiles qui seraient inefficaces contre les boucliers de leurs assaillants. Ils avaient rendu instables d’énormes morceaux des porches du Bûne-Kher qui pourraient être laissés tombé en obstruant l’ouverture. Le tout était de réussir à bloquer les engins blindés à l’extérieur du bâtiment. Il fallait à tout prix provoquer un affrontement au corps à corps dans les couloirs pour reprendre l’avantage sur les armes à énergie. D’après Daryl, les murs en platzbéton pouvaient résister à toutes les armes transportables au sol, mais Daryl était vieux de plusieurs millénaires et les sciences militaires ne semblaient pas vraiment être son point fort...

Kérian était assis au bord du porche d’entrée dans le Bûne-Kher du côté qui n’était pas fragilisé. Le soleil ne tarderait plus à se coucher. L’armée de la cité était arrivée en fin d’après-midi et les Feydars étaient plusieurs milliers maintenant. Les nouveaux arrivants étaient venus en chars à volants mais aussi en chevauchant les “ togres ”. Ces animaux malgré leur calme apparent semblaient cacher une extrême férocité. Il suffisait de regarder la taille suggestive de leurs crocs et de leurs griffes pour s’en convaincre. Un conseil avait été tenu et puis finalement, il avait semblé que la cavalerie de togre serait plus efficace si elle restait cachée en-dehors des abords immédiats du Bûne-Kher. Kérian avait fourni un comlink au Balshir du groupe pour réagir rapidement. Ils étaient donc repartis en utilisant la jungle et son foisonnement de vie pour se dissimuler. Kérian espérait que les détecteurs biologiques de leurs assaillants seraient leurrés par les togres et les confondraient avec la faune sauvage. Après tout, aucune armée moderne n'utilisait de monture animale. Ceux qui étaient venus en char achevaient de les transformer. Une femme avait dit :
_ De toute façon, le Sahr sera sur nous trop tôt pour que nous puissions rentrer à la cité. Les chariots seront détruits par la violence des éléments s’ils ne le sont pas par nos ennemis et les matériaux des chars seront bien plus utiles en luttant à nos côtés.
C’était vrai, alors les chars avaient été recyclés en toutes sortes de pièges, abris, matériels de premiers secours et autres choses utiles.
Daryl avait détecté les premiers mouvements hostiles au nord-est mais les patrolers s’approchaient lentement, peut-être dans un souci de discrétion ? La Cosmoguarde n'échappait pas à ses contradictions : d’après Daryl, ils avaient au moins vingt engins au sol et autant en l’air. Comment pouvait-on espérer une quelconque discrétion avec un tel attirail ? Quand le vent soufflait dans la bonne direction, on entendait le vrombissement strident des dévastateurs. Kérian fut parcouru d’un frisson : quel que soit la tournure que les événements prendraient au sol, ces faucheurs les guetteraient toujours dans leur ronde meurtrière. Tant qu'ils seraient là, toute sortie en dehors des murs du sanctuaire serait impossible. Ces vaisseaux étaient les seuls de la Cosmoguarde à avoir un nom spécifique et ils le portaient bien.
Kérian se leva. Le vrombissement se faisait plus fort, Daryl lui souffla par son comlink qu’ils étaient à dix kilomètres. Il avait prévenu la cavalerie de se tenir prête et avait intimé un silence radio que leurs ennemis n’observaient pas mais leurs messages étaient désormais cryptés. Il rentra après avoir jeté un dernier coup d’œil : vue d’ici la lisière de la forêt ne semblait pas différente du jour où ils étaient arrivés, et pourtant il savait la quantité d’engins de mort qu’elle dissimulait. Les derniers Feydars qui prenaient leurs positions effaçaient soigneusement leurs traces avant de se dissimuler eux-mêmes.

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