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Millenium

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Ivaldir



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Millenium : Terme désignant le passage à un nouveau millénaire. Depuis toujours considéré comme une date importante, associé au malheur pour les annonceurs d'une apocalypse, heureuse pour les religieux qui annoncent l'arrivée de leur nouveau prophète... Cette date aura fait l'objet de nombreuses prédictions depuis la nuit des temps.
L'heure est venue de savoir qui aura deviné la vérité.

***

Ding ! Dong ! Ding ! Dong ! ...
La place était à cette heure de la journée noire des badauds et commerçants, qui bruyants s'affairaient autour de la bonne affaire. Ils étaient rassemblés en cet espace concentrique, les uns sous des abris de toile, les autres naviguaient de place en place. Les cagettes exposées étaient encore représentatives de cette diversité de mets, ou produits qui étaient vendus en ce lieu unique qu'était la ville de Jerbah. Et moi j'habitais là, au dessus de tout ce vacarme. Les gens qui se rassemblaient, se mouvaient autour de cet endroit ouvert, rien de très original en cela, les villages moyen-âgeux étaient tous très semblables en soi. Pourtant, de cette place, on percevait telle une colline une immense bâtisse, qui différenciait tout de suite cette ville de n'importe quel autre patelin. Construite peu de temps auparavent par ceux que l'on appellait les compagnons de l'Ordre, la Cathédrale avait été terminée dans les délais, elle qui notifiait au badaud la puissance et la force d'esprit de l'homme, qui en ce jour particulier, construisait pour célébrer.
Célébrer, oui ! Car les jours décomptaient à une vitesse folle, et selon les calendriers de l'Ordre, nous atteindrions bientôt le premier millier d'années comptées depuis l'Avènement du Premier. Réjouissances intéressées et respect emprunt de croyances anciennes se mélangeaient assez facilement et la bonne humeur régnait dans un ensemble hétéroclite. Les gens étaient à la fois crédules et craintifs. Crédules, pas au point de gober en entier les préceptes que leur inculquaient les Clercs, craintifs car la repression imposée par leurs soldats était un motif bien plus terre à terre mais au combien plus véritable. En fait, les représentants de l'Ordre n'étaient pas toujours bien percus par tous. Mais personne n'osait s'attaquer à eux, ni seulement infirmer leurs déclarations. Ils n'avaient pas toujours été aussi puissants qu'aujourd'hui, il y avait à l'origine un pouvoir plus terre à terre, de type seigneurial. Mais les emissaires de ce lointain pouvoir perdaient leur influence avec les années. L'Ordre religieux existait depuis toujours, semblait-il. Mais il se faisait discret, aussi personne ne les considérait comme une menace. Le transfert de pouvoir ne s'était effectué que recement, il y avait d'abord eu cette construction, qui avait été commencée, et puis la multiplication d'agents de l'Ordre, qui répondaient à une inquiétude croissante du peuple. Les gens sont ignorants, et donc craintifs. Le pouvoir Seigneurial avait toujours apporté sa protection en échange des impots qu'il prélevait. Mais ce Millenium qui arrivait posait des questions auquel il ne pouvait répondre. Il inquiétait, comme le passage d'une porte qui menait vers un obscur inconnu. L'Ordre était la bougie qui guidait, les gens avaient tout naturellement transmis leur bienveillance à la Religion. Désormais, même le pouvoir seigneurial paraît-il était à la botte des textes religieux... Et ce n'était pas plus mal.
Il se trouvait toutefois des paiens, qui ne s'inquiétaient pas le moins du monde de cet avenir sombre qui se profilait. Les gens ont tous une sensibilité particulière, une crainte reportée qui les fait croire, parce qu'ils n'ont rien d'autre, ou justement d'autres qui reportent dans la foi l'idée de la protection de ce qu'ils ont.
Dans cette ambiance nacrée d'un vernis festif qui traduisait mal les attentes de chacun, un groupe de personnes commençait à se rassembler, à la venue d'un gamin lancinant quelques cris de détresse. Comme la foule commençait à se presser autour de lui, il commençait son oraison accompagnée de mille mouvements, sans doute exagérés par la panique que l'on devinait en lui. Mais il n'était pas besoin de lire sur les lèvres pour comprendre quel message le bonhomme voulait délivrer car déjà des fumées s'élevaient à quelques pâtés de la place. Le feu !
Les incendies étaient après la colère du Ciel le danger que redoutaient le plus nos citadins. Englués dans un espace réduit et tassés les uns sur les autres, les maisons qui se dandinaient sur plusieurs étages offraient un théâtre de jeu plutôt propice au développement des flammes, et c'était pourquoi la dextérité dans la gestion de cet événement particulier était de mise. Comme sonnait une nouvelle volée de cloches, des hommes en uniforme, qui n'appartenaient pas à la garde de l'Ordre étaient en train de se diriger à toute enjambée vers le lieu de l'incendie. Des pompiers. Sans doute les personnes les plus respectées au sein de la cité. Si les soldats devaient leur autorité aux ustensiles contondants variés dont ils n'hésitaient pas à user abondamment, il en était tout autre pour les pompiers. Rêve de carrière des gamins, ces hommes qui affrontaient les flammes étaient considérés comme le bien incarné luttant contre les flammes de l'enfer. Même si bien souvent, le mal leur livrait bataille d'une manière si acharnée qu'il emportait dans sa défaite le pâté de maisons... Quoi qu'il en soit, la dizaine de pompiers réunis autour des prémices d'incendie observait l'étage, qui leur faisait parvenir quelques fumées presque noires. Il fallut peu de temps pour que le feu propage sa flamme au deuxième étage, et déjà la fumée l'évacuait par les ardoises du toit. De nouveaux pompiers arrivèrent avec une citerne, remplie avec peine à la rivière jouxtant la ville. Comme les premiers sortaient leur hache et enfonçaient la porte qui leur faisait barrage, les badauds s'attroupaient et attentifs, suivaient les événements tout en se gardant bien d'intervenir.

Ding ! DONG ! Ding ! DONG !
Déjà une heure que nos amis luttaient avec ce feu. Comme celui-ci était pratiquement sur le point de rendre les armes, le désespoir des badauds s'était transformé en un encouragement de tous les instants. Soudain, comme résonnait le dernier coup de semonce de cette cloche, juchée inaccessible au sommet de cette tour, une déflagration résonna dans toute la ville. Comme les gens se retournaient et se consultaient entre eux, apeurés par cet inconnu, ils ne virent pas cette maison qui assommée par le feu, rendit grâce et rompit, s'affaissant d'un coup sur elle même. Les cloches finirent leur couplet. Le silence régnait...

***

Silence... silence...
Comme la nuit vainc le jour, il est des batailles qui ne figurent pas dans les parchemins mais qui demeurent malgré tout des luttes acharnées mémorables. Celle que livrait à l'instant Bruce avait peu de chance d'être posée un jour sur papier, quoique... En effet, sa paupière montrait tous les signes d'un affaissement définitif, la sérénité qui se lisait sur le visage de notre compagnon reflétait mal ce combat sans merci, car notre homme tentait de se réveiller.
Si Bruce était reconnu pour ses talents athlétiques, il ne l'était pas moins pour sa propension à un sommeil exagéré, qui l'emportait loin, et longtemps ! Déjà treize heures que notre ami avait posé sa couche sur cette botte de paille qui lui servait de sommier, et presque douze heures trente sept qu'il s'était affaissé immobile, et seuls ses ronflements caractérisés permettaient de le distinguer d'un mort. Bruce était un personnage particulier, la trentaine presque atteinte, il vivait dans un appartement sous la boulangerie du quartier, qui lui offrait dès les premières heures du jour une savante et irrésistible odeur de pâte dorée, accompagnée du bruit de celui qui la produisait. Pourtant, même si il avait placé son sommeil parmi ses priorités, on ne pouvait le supposer fainéant. Son labeur, tout particulier, faisait surgir en lui des forces insoupçonnées de prime abord, il était...
Ding ! Dong ! ...
Les cloches retentirent une fois de plus. Ce fut le glas de cette maudite paupière, qui daigna enfin laisser la lumière paraître vers l'orifice de l'oeil. Celui-ci, rapidement immergé de lumière laissa entrevoir pour la première fois de la journée une vision floue. Se précisant au fur et à mesure que le brouillard se dissipait. Il finit par distinguer les poutrelles du plafond, et ce qui paraissait être sa chambre. Puis le bruit vint à ses oreilles, les cloches tintaient la dixième heure, dehors les passants rugissaient, leur bruit amplifié par la forme étroite des maisons lui retranscrivait la vie de la ville, malgré ses volets qui l'isolait. Puis vint l'odeur. Cette délicieuse odeur de pain cuit qui transperçait les planches de bois de son plancher. Il se rendit soudainement compte qu'il avait très faim. Cherchant ses vêtements, il se rapprocha de cet accoutrement pendu à un clou sur le mur mitoyen de la pièce. Cet habit bleu sombre ne pouvait laisser aucun doute dans l'esprit de n'importe quel citadin : il était pompier.

Attablé devant un impressionnant couplet de plats, Bruce finissait de remplir son insatiable estomac, rongé par la faim. Maintenant qu'il avait terminé de remplir à ses besoins vitaux, il repensait à ce rêve, qui l'avait tracassé cette nuit. Depuis qu'il était pompier, c'est à dire depuis ses quatorze ans, il n'avait jamais rêvé de feu, d'incendie et de malheur comme il venait de le vivre. Oui, il avait connu des moments difficiles, voire douloureux dans sa carrière, mais rien de ce genre. Jamais.
Il se trouvait attablé seul, dans cette auberge ou il prenait souvent ses repas. L'heure du déjeuner approchant, les passants commençaient à remplir cette salle, et la bonne humeur générale confiait à ce lieu une atmosphère très pittoresque. Lui était au fond, il aimait observer, pour anticiper disait-il toujours. Les bras en croix et les pieds sous la table, il laissait paraître une impression de rassasiement, de satisfaction. Mais l'observateur attentif ne pouvait remarquer son front plissé, et ce regard hagard, lointain. Ce rêve le tourmentait.
Comme la salle faisait le plein, un uniforme comme le sien entra et se dirigea vers lui. Tout d'abord joyeux, il se renfrogna devant l'air ailleurs de son camarade.
« Et, compagnon ! Mal réveillé ce matin ? » Commença t-il à lui dire, tout en prenant la chaise en face.
« Boni ! Excuse-moi, je suis un peu tracassé par un rêve que j'ai fait cette nuit, mais ca va mieux maintenant. »
« Toi, tracassé ? Houla, le ciel va nous tomber sur la tête ! »
Sur cette phrase, les traits de Bruce finirent de se détirer, et oubliant ce désagréable moment, il plaisanta avec son compagnon, comme chaque jour. Celui que toute la garnison appelait Boni était un fier pompier, plus expérimenté encore que Bruce, son vrai nom était Boniface mais lui comme les autres avaient adoptés ce diminutif. Ils travaillaient ensemble depuis toujours, quand il était arrivé à se présenter pour devenir pompier, Boni était déjà la. C'est même lui qui l'avait formé au métier. Alors une amitié de quinze ans, ça veut aussi dire que chacun connaît l'autre par coeur. La complicité entre tous les compagnons du devoir était quelque chose de fondamental, une bonne équipe se devait de bien se connaître, afin de se mettre en sécurité.
L'auberge avait fait le plein, une fois de plus, Gus, le cuisto/serveur avait bourlingué des cuisines aux tables jusqu'en suer des gouttelettes. Mais les clients repus, il pouvait commencer à souffler un peu. Son repaire, comme il se plaisait à l'appeler était un peu en contre-bas de la place de la cathédrale, ce qui fatalement lui apportait son lot de badauds, attirés après une folle négociation sur le marché qui évidement creusait l'appétit. C'était ça, la vie de citadin en ces temps modernes. Les dessins des villes gardaient leur aspect pratique, bien que biscornu et les vieilles enceintes fortifiées avaient leur charme, bien que leur aspect défensif n'était plus utilisé. La ville, c'est la vie, c'est des tas de personnes qui ont choisi un même lieu pour faire leur vie. Chacun s'entraide, il y en a qui profitent bien évidement, et les voleurs existent aussi ici mais l'ambiance, la chaleur et l'envie que chacun a d'avancer...

Comme les cloches sonnaient de nouveau, un cri s'éleva dans la foule. Bruce était en train de tester ses charmes sur une ravissante vendeuse de laine, usant de superlatifs totalement excessifs, il montait, se pavanait presque, faisait le beau. Boni qui l'observait se demandait d'où lui venait cet intérêt subi pour la couture, la charmante fille s'apercevait du manège évidement, mais s'enchantait de cet intérêt pour sa personne, et de l'aspect burlesque de son interlocuteur. Mais ce cri l'arracha à sa besogne.
Comme il se rapprochait de l'épicentre du cri, il distingua un jeune homme, pas plus d'un mètre vingt, mais fier gaillard sans peur ni reproche. Sa gestuelle laissait apparaître sa crainte. Comme il montrait du doigt un pâté de maison, son compagnon Boniface l'agrippait.
« J'espère que tu as digéré, mon vieux, du boulot pour nous. »
Et sans attendre de réponse, il s'extirpait de la foule. Bruce ne le rejoint pas tout de suite. Interloqué quand à l'aspect déjà vu de cette scène, il finit par se faire une raison et rejoignit son camarade au pas de course. La foule, elle se dirigeait vers l'endroit désigné, précédée par l'enfant qui tentait de maintenir l'attention sur lui en ajoutant nombre de détails sur sa découverte.
Mais les badauds, s'ils étaient intrigués, étaient surtout inquiets. Le feu était le danger numéro un des villes.

***

Près d'une heure avait passé. Finalement, la crainte d'une propagation avait peu à peu fait place à une maîtrise plus rationnelle de l'événement. Les clercs avaient du de leur coté sermonner quelques verbes dans leur patois particulier, les pompiers eux, avaient des seaux, et une citerne, le courage sans le verbe en quelque sorte. Nul doute que leur efficacité couplée avait du faire peur au Diable. Bruce était à l'extérieur. Écopant sa citerne pour lui extirper des filets d'eau, il profitait de sa place pour renseigner ses compagnons sur une possible nouvelle propagation. Il était à l'affût. Boni était taillé comme un bûcheron, il menait ses hommes à l'intérieur. Pas question en effet de laisser le feu faire son oeuvre sur la structure des bâtis. La ville était comme ses habitants, solidaire. Aussi l'anéantissement d'une maison signifiait le déplacement du feu, qui malin, sautait, se déplaçait. Couplé au vent, ils formaient un couple redoutable, dont la lutte était sans commune mesure avec ce à quoi ils avaient affaire ici.
Les cloches commencèrent une nouvelle oraison pour une heure de moins avant le millénaire. Mais ces retentissements avaient un bruit particulier pour une oreille particulière. Bruce s'était stoppé dès la première annonce. Ce lieu, cette scène, se pouvait-il que...
Un bruit sourd retentit jusqu'à couvrir le son des cloches. Une déflagration, un souffle de vent. Comme il se retourna pour contempler horrifié l'ouvrage affaibli par la chaleur de l'incendie, il perçut la charge de la maison qui descendait, en droite ligne, les poteaux titubant. Puis un nouveau bruit sourd : l'immeuble était à terre.

La fumée commençait à se dissiper, tout le monde s'était tu, avait tenté de se protéger des gravats et de la poussière. Tout le monde sauf une personne. Bruce se tenait debout. Il en était plus que certain désormais, son rêve n'en était pas un, c'était une prémonition. Furetant du regard le tas de ruine qui un instant auparavant était le lieu de travail de son équipe, il soulevait les gravats, ces tombes improvisées...
Comme il cherchait du regard un espoir, sa prémonition le rappela à lui. Il y avait quelqu'un, il en était à présent certain qui était à l'origine de ça. Un visage qu'il l'avait interpellé, déjà dans son rêve, et qui...
Ce visage... Un homme se rapprochait à toute enjambée du lieu de l'accident. Comme il se retournait pour distinguer ce visage qu'il se sentait connaître, comme si cette action, ce lieu lui était déjà connu, il finit par voir dans ce vieil homme, habillé en haillons, à la barbe de trois jours, gouttelant d'une sueur putride. Ils étaient espacés d'au moins une cinquantaine de mètres, mais lorsque leurs regards se croisèrent, la même crainte se lut sur les deux personnages.
Comme s'ils s'étaient déjà croisés dans un rêve...
Mais Bruce n'eut le temps de rien faire, que déjà notre homme avait pris la poudre d'escampette. Sa vue semblait l'avoir pétrifié un moment lui aussi, et il retourna d'où il vint, tout aussi vite qu'il avait d'abord fait son apparition. Bruce savait que cet homme était la clé de quelque mystérieuse affaire aussi il ne le laissa pas disparaître sans tenter de lui arracher ses secrets. Il s'élança dans la foule qui abasourdie par le drame voyait l'un des seuls pompiers rescapés partir d'un coup de folie.
Entre l'accident et la poursuite, il ne s'était passé que quelques secondes.

Bruce s'arrêta, se contracta pour mieux récupérer. Il venait de voir défiler la ville en accéléré. Son bougre de vieil homme devait bien connaître la ville, lui aussi, et après quelques passages houleux, il avait profité de son avance pour définitivement distancer son poursuiteur. Faisant quelques pas dans ce quartier qu'il connaissait peu, et qui était désert à cette heure, il se ressassa les événements de la journée, et ceux qu'il avait vécu dans son rêve. Tout concordait magistralement, il avait vu défiler cette nuit là sa journée présente, mais malgré ces visions, il n'avait rien pu empêcher. Il y avait des choses qu'il ne s'expliquait pas, comme cette déflagration et ce vent. Il ne comprenait pas, il s'était passé quelque chose à ce moment. Le vieil homme qui s'était eclipsé savait quelque chose lui aussi. Peut-être était-il lui aussi responsable de ce tourment.
Comme il revenait sur ces pas, ces pensées revinrent sur ses compagnons du feu, qu'il savaient passés dans l'autre monde, et qu'il ne reverrait probablement jamais plus désormais. Il y avait Boni, qui était plus qu'un compagnon, l'un de ses seuls vrais amis peut-être. Et il avait trouvé ici une mort digne, la mort qu'il cherchait et qu'il souhaitait. Sacré Boni, va.
Il arrivait sur les lieux de l'accident, les prêtres de l'Ordre avaient investi le lieu, et questionnaient tout le monde. Comme il s'avançait, la foule s'ouvrit. Son uniforme avait aujourd'hui une dimension particulière. Il y avait un curieux bonhomme, dont la cape blanche cachait son visage qui l'observait, au sein de la foule. Mais il n'eut le temps de l'apercevoir que déjà les clers entamèrent leur série de questions.

Les clercs de l'Ordre étaient inquiets. Tout le monde le savait, la venue d'un nouveau millénaire était un symbole d'une puissance particulière. La fièvre avait gagné progressivement la populace, qui gonflée par les sermons orchestrés par nos troupes, savait pourquoi elle devait avoir peur de cet inconnu. Les clercs eux-aussi étaient nerveux depuis quelque temps. C'était un signe.
La religion professée par l'Ordre se devait maintenant de juguler ce flot d'incompréhension. Les hommes avaient toujours été paiens, en tous temps. Les plus paiens étaient ceux qui s'en défendaient. L'Ordre existait depuis toujours pour eux, il avait apporté des réponses, des réponses à des questions qu'autrement tout ce beau monde ne se serait jamais posé. Et maintenant ils étaient la, occupant une position de force au sein des administrations. Le pays était immense, et ses frontières innaccessibles, mais à chaque communauté humaine, il y avait l'Ordre. L'Ordre soutenait les hommes et leur apportaient la foi en un quelque chose après la mort, ils étaient écoutés. Ici, dans ce que l'on considérait être la capitale, ils n'avaient qu'un pouvoir consultatif, auprès du Conseil et de sa police. Mais depuis près d'un siècle, les choses s'étaient emballées. Tout ce que l'Ordre avait prédit s'était réalisé. Et le Millenium annoncait de grands bouleversements. Les gens étaient inquiets. L'Ordre vacillait, mais il s'était étendu. Il avait tout d'abord réussi à convaincre le Conseil de la construction d'un édifice de commemoration : la Cathédrale. Ils avaient étendu le nombre de leurs clercs et prospectaient d'une manière plus intensive, rigoureuse. Ils jugulaient le flot d'incomprehension, ils s'étaient substitués à la police, obligeant le peuple à pratiquer. Ils apprehendaient ceux qui disaient le contraire, et les reduisaient au silence.
Mais cet événement n'était pas prévu. Depuis le temps que les annonciateurs prophétisaient la venue ou le retour de leur Dieu, que les pourfendeurs d'apocalypse en tous genre se faisaient des vérités d'actes anodins, il fallait être vigilant et apporter des réponses. La période était propice à la folie. Cette folie était en soit nécessaire, la croyance était un jugulateur de fanatisme, devait servir pour accompagner la montée en puissance de l'Ordre et... cet événement était un signe. A vrai dire, peut importe qu'il en soit un, il en serait un, si nous le décidions.

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