Note :
suite à une erreur de ma part, je suis dépité en ayant constaté que j'ai perdu les images pour tout ce qui concerne Eudes. Je fais donc un peu de mémoire mais le récit manque de détails qui apporteraient de la couleur à l'histoire. Dommage.
En 867, Eudes est comte de Berry, comte de Blois et comte de Bourbon. Avec ces trois terres, cela fait de lui l'équivalent en puissance d'un duc, ce qui n'est pas négligeable pour un royaume qui ne comprend que cinq ou six duchés. Il part donc sur de bonnes bases.
Malgré tout, veuf, âgé de 46 ans et sans enfant vivant (sa seule fille est morte sept ans plus tôt à 22 ans), ayant comme seul allié son cousin Eudes de Chartres qui est encore un bébé, Eudes de Berry ne peut compter que sur lui-même. Et il décide d'abord de se marier afin d'avoir une descendance et de perpétuer sa dynastie. En espérant ne pas mourir avant.
Le Roi Charles le Chauve.
Il trouve un excellent parti en se mariant à l'une des cinq filles du Roi de Francie Charles le Chauve, Hildegard, âgée de 18 ans (et qui aura donc tout le temps de faire des enfants, malgré la différence d'âge de 30 ans). Le Roi a tout intérêt à conserver de bonnes relations avec son puissant vassal, et le mariage permet une alliance intéressante entre les deux hommes.
Ce mariage donnera lieu à une fille et un fils. Malheureusement, ce dernier sera assassiné à seulement quatre ans, un meurtre commandité par l'un des barons ambitieux d'Eudes. Ledit baron, démasqué, sera emprisonné et torturé d'une violence inouïe, et il ne restera plus que sa fille Almodis pour hériter. Mais qu'importe. Les lois de succession du Berry sont formelles : en l'absence d'héritier mâle, une femme peut diriger. En général, c'est un frein dans les relations avec les vassaux, mais celles-ci sont au beau fixe avec tous pour le moment (sauf, bien sûr, avec le prisonnier).
Afin d'accroître son pouvoir, Eudes tente d'abord par tous les moyens d'obtenir le titre prestigieux de duc. Et pour cela, il le lui faut ravir à quelqu'un. Il s'en prendra d'abord à son voisin, qui n'a que deux comtés : le duc de Bourgogne Ekkehard de Dijon. Le prétexte est tout trouvé : Eudes, neveu d'un ancien duc de Bourgogne, revendique le titre pour lui. La guerre sera rapide : les armées du comte, plus nombreuses que celles du duc, ne fera qu'une bouchée de celui-ci. Et après un conflit qui aura duré un an, après avoir assiégé et investi plusieurs places fortes, Ekkehard de Dijon finit par abdiquer en faveur de son ennemi.
Eudes est alors le nouveau Duc de Bourgogne. L'acquisition de ce titre, qui lui ramène deux comtes vassaux supplémentaires (pour un total de cinq comtés), accroît tout à coup considérablement sa puissance et fait de lui le troisième personnage de la Francie occidentale, après le Roi et le duc d'Anjou, qui tient six comtés sous ses ordres.
Le Roi de Francie, Charles le Chauve, inquiet de voir ses ducs de plus en plus puissants, intrigue avec l'aide de son chancelier, ainsi que plusieurs autres de ses vassaux, afin de revendiquer formellement le comté de Blois, à l'aide de papiers montés de toutes pièces. Il envoie une lettre d'ultimatum à Eudes : céder le comté ou la guerre. Impuissant, le nouveau duc de Bourgogne cède. Il gardera une grande rancœur de la manœuvre perfide de son ancien allié.
En 875, le Roi d'Aquitaine Louis le Bègue, fils aîné du Roi de Francie occidentale Charles le Chauve, finit par se brouiller avec son père. C'est la guerre. Le conflit dure plus de deux ans, jusqu'à ce que Charles soit horriblement mutilé pendant une bataille près de Tours, et ne meure quelques jours plus tard, le 15 juin 877. Selon les lois du partage salique, le fils aîné obtient donc le titre de Roi de Francie également. Seul le duc de Gascogne se rebelle et lutte encore pour instaurer une monarchie élective, où le Roi serait désigné par ses ducs, plutôt que par le partage salique. Cette révolte sera rapidement écrasée et le duc mis en prison.
Eudes finit par mourir le 6 juillet 893, à l'âge vénérable de 72 ans. Il lègue à sa seule fille Almodis une fortune considérable, 600 pièces d'or (le triple que le plus riche des ducs de France), la totalité de ses terres et de ses titres (parce que fille unique, les terres ne sont pas divisées entre plusieurs descendants), et donc une puissance qui lui sera utile pour la suite des évènements. Elle n'est alors âgée que de 23 ans.
Une seule tâche viendra assombrir le tableau : la Francie occidentale, unifiée, diminue la puissance de tous ses vassaux, et les ducs de Toulouse, d'Auvergne et de Gascogne, nouveaux venus depuis l'intégration du Royaume d'Aquitaine, sont de puissance équivalente ou supérieure.