Chapitre 1
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Episode 1 :
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-Chérie, je viens de croiser notre fils dans le salon.
-Oui ? Et alors ?
-Il sort, il m’a dit qu’il allait acheter des balles de tennis pour sauver la ville de la destruction.
-Je pense que tu as raison, cette séance chez le psy s’impose de plus en plus.
Le mari défit sa cravate et alla aux toilettes.
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Episode 2 : Suite
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Le premier cadavre fut retrouvé sur le sol d’une église, dessinée par un architecte allemand, marqué par un voyage au château D’Aix-la-Chapelle dans sa jeunesse, son premier baiser, ce qui donnait à l’endroit un aspect « vieux de plus de cinq cent ans », même si elle tenait plutôt dans les huit mois d’existence. La victime était allongée dans un coin, la main coupée et ses traces de boues témoignaient d’une grande partie de cache-cache avec son assassin avant le meurtre. Par contre, l’assassin avait témoigné de la plus grande prudence, aucune trace pouvant témoigner de son passage, hormis une statue ancienne décapitée, qui était là bien avant la construction de l’édifice. Une sale affaire, comme l’avait dit le commissaire Joseph Lechangé.
Le commissaire Joseph Lechangé fut baptisé par son père, certes blagueur, José Lechangé. L’enfant, traumatisé par les innombrables jeux de mots faits par son paternel sur son prénom, en changea dès sa majorité, par Joseph, qui ne contrariait son père seulement par l’accent qu’il devait prendre pour se moquer de lui. Mais le fils ressentit le changement, se sentant mieux dans une société qui ne s’esclaffait pas à chaque fois qu’il se présentait. Dès qu’on lui parla de cette affaire, il insista beaucoup pour qu’on lui en charge. En fait, le petit nom de la victime était Paul Airme.
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Episode 3 :
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Les dernières personnes à avoir vu Monsieur Airme, c’est ainsi que nous le nommerons, furent les agents de sécurité d’une usine Frutti de confiserie. Il fut pris la main dans le sac en train de s’introduire dans la salle des mélangeurs, et on le questionna plus de deux heures, pour écarter la thèse de l’espion industriel. L’entreprise Frutti fut vite mise en cause, ayant un mobile assez solide, et sous mandat, la police a obtenu la liste de tout les ingrédients tenus secret au public, pour une raison que nous verrons plus tard. La personne qui a prévenu en premier la police de sa disparition se prénommait Justin Delarose, vendeur de d’instrument de musique, spécialiste des instruments à cordes. Il déclara que Monsieur Airme était un passionné de guitare, et tout les jours depuis cinq ans, il passait le voir, ou téléphonait dans les cas de plus extrême occupation, pour parler avec lui de ukulélé, guitare sèche ou électrique et se renseigner sur les prix pour agrandir encore sa collection, de guitare bien sûr. C’était un passionné, et Julien s’inquiétait beaucoup pour son ami, surtout parce que lors de leur dernier rendez-vous post-mortem, il avait paru très bizarre, selon lui parce qu’une partie de sa collection avait disparu lors d’un cambriolage, mais Mr Delarose savait que ce n’était pas ça, car cela était arrivé plusieurs fois, et cela ne lui donnait pas tant de souci.
Le cadavre avait une main coupée, qui n’a pas était retrouvée. On découvrit sur le moignon des éclaboussures d’un composé encore non identifié et sur la victime un portefeuille qui a permit de l’identifier.
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Episode 4 :
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-Monsieur Lechangé ?
-Oui Suzy, qu’y a-t-il ?
-Deux personnes désirent vous voir.
-Et de qui s’agit t-il ?
-De l’Agent Détart et d’un parfait inconnu.
-Fait entrer Détart
-Agent Détart, entrez.
L’Agent Détart entra, et posa un papier sur le bureau.
-C’est quoi, votre liste de course ?
-Non, ce sont les résultats du chromatographe à propos du l’élément retrouvé sur le corps. C’est un mélange d’3-Methoxy-4-hydroxybenzaldéhyde, d’Acétate d’éthyle, d'éthoxyéthane et d’autres composés avec des noms moins remarquables.
-Le Chromato-Quoi ?
-Graphe. Chromatographe.
-Et vous avez comparé avec la liste des produits de chez Frutti ?
- Sois la victime s’est lavée avec un mélange de chamallow fondu et de vinaigre, soit il a reçu des éclaboussures de verni à ongle parfumé.
-Et dans notre cas c’est à la vanille qu’il est parfumé.
-Bien sûr monsieur.
-Veuillez ajouter au dossier que le tueur est suspecté être une femme, et dites à Suzy de faire rentrer le second visiteur.
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Episode 5 :
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La lumière tamisée éclairait la table. L’occupant de la chaise de gauche, un barbu, baissa la tête et se mit à pleurer. Il répétait sans cesse entre deux sanglots « ça recommence… ça recommence… ça recommence… ». Celui assis au milieu, une femme petite qui se trémoussait sur sa chaise, regarda ses deux comparses et leur demanda pourquoi ils chialaient comme des enfants. Celui de droite leva la tête et lui dit :
-On en a trouvé d’autres.
Le commissaire regarda longtemps la personne qui venait de rentrer. C’était un homme qui approchait les soixante-dix ans. Il avait l’air d’avoir tout fait, et de s’être arrêter à la case « Pas un copeck ». Il avait un chapeau haut de forme écrasé, noir de crasse avec un trou dans la toiture. Sa barbe datait de plusieurs mois, et si il ne se grattait pas de temps en temps l’amas de croûtes et de saleté sur son visage, on aurait cru qu’il était noir de peau. Ses habits respiraient les poubelles, et sa chemise blanche était parsemée de grandes tâches de vomi, disons les choses comme elles le sont. Lorsqu’il commença à parler, le commissaire reçut en pleine figure une haleine de poivrot, dans l’espèce qu’on ne sent qu’une fois dans sa vie.
-Venez avec moi, Joseph Lechangé.
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Episode 6 :
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Le commissaire jeta un oeil à son agenda terriblement vide et regarda le parfait inconnu. Après tout, un vieux chnoc pouilleux doit avoir une bonne pour sortir de ses cartons et venir se présenter devant un inspecteur de police.
-C’est en rapport avec l’enquête en cours ?
-Oui
-Je vous suis, mais sachez que vous bousculez tout mon planning.
Ensemble, ils sortirent dans la rue et entamèrent le trajet. Le dialogue suivant se déroule dans une rue prénommée Spont, totalement dénudée d’intérêt, hormis le foisonnement de place de parkings disponibles tout le long de la journée. Le commissaire entama la discussion.
-Ce ne serait pas impoli de me dire où vous me menez ?
-Tutoyez moi s’il vous plaît, question de principe.
-Volontiers ! Tu peux me dire où on va ?
-A l’aéroport.
-Mais, c’est à l’autre bout de la ville, c’est trop loin pour y aller à pied !
-Vous avez une voiture, non ?
-Oui, aux dernières nouvelles.
-Et qui est garée où ?
-Rue Spont, j’ai compris.
- Ben voilà, ce n’est pas si loin l’aéroport finalement.
Joseph, n’osant pas se plaindre de l’effet que le pantalon, sans doute de couleur blanche à l’origine, de son interlocuteur fera sur ses beaux sièges de cuir fin, s’aventura tout de même à poser cette question :
-Et qu’allons nous faire à l’aéroport ? On ne va pas prendre l’avion tout de même ?
-Non, sûrement pas, on y va pour leurs toilettes.
Le commissaire esquissa un sourire et démarra.
Episode 7 :
Nos deux comparses arrivèrent à destination. Après avoir garé la voiture, ils rentrèrent. Ils prirent l’ascenseur pour rejoindre le niveau deux, où ils tournèrent dans couloir de droite, qui se terminait par un escalator pour passer au Hall des départs. Près de cet escalier, une porte, surplombée d’un petit panneau, marqué de deux lettres, un W et un C. Notez l’originalité de cette disposition, qui est étrange pour un aéroport français. En effet, dans ce type d’aéroport, en plus d’avoir des toilettes généralement insalubres, il est écrit sur les panneaux indiquant les latrines « Toilettes », éventuellement accompagné d’un petit encadré bleu avec les deux lettres citées ci-dessus. Mais, dans le cas présent, il y a exception car le petit panneau surplombant la porte avait été remplacé pour le tournage d’un film, exportable à l’étranger donc obligé de rester neutre sur le point de vu linguistique, et l’original n’a pas été remis à la sortie en salle, qui fut d’ailleurs qualifié de ’’Flop’’ par les médias. Le parfait inconnu entra en premier, suivi de Lechangé.
L’intérieur était de ce qu’il y a de plus commun. Les lavabos à gauche, les cabines à droite, et les urinoirs au fond. Devant ces derniers, deux personnes en costume noir mettaient en pratique l’installation. Un des deux était grand, blanc et large d’épaule mais néanmoins peu épais ce qui lui donnait, effet renforcé par un costar très serré et un crâne vierge de toute pilosité, un stature d’armoire à glace. L’autre, petit, noir et large d’épaule, était tout aussi mince et chauve, donnait plutôt dans le buffet à tasses. Lorsqu’ils entendirent nos héros rentrer, ils se retournèrent d’un même geste, et s’avancèrent d’un pas. Le parfait inconnu leur adressa la parole :
-Repos ! Commissaire, voici Geoffrey, pour faire court G, ancien surveillant de superette. Dit-il en montrant l’armoire à glace.
-Bonjour.
-Honoré monsieur Lechangé.
-Merci
-Et voici Alfred, ancien propriétaire de laverie automatique, on l’appelle Alfi.
-Bonjour.
-Hono’é monsieu’ I’changé.
-Euh…Me’ci.
-Ce n’est pas nécessaire de faire l’accent, c’est moi qui lui ai demandé de parler comme ça.
Puis il regarda le plafond et cria :
-Et voici Wilfried !
Une voie grave et sourde, appartenant sans doute à une personne âgée monta de la seule cabine occupée.
-Ferme-la Joël !