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Le blog de Cathaseris

Réflexion sur le jeu de rôle

Y'a-t-il vraiment une bonne et une mauvaise manière de pratiquer le jeu de rôle ?

Le jeu de rôle, cet espèce de bâtard.

Le jeu de rôle est une activité ludique unique qui se situe à la frontière de deux ludismes définit par la classification ESAR* : Le jeu symbolique et le jeu de règles.

Le jeu symbolique est l'art de se raconter des histoires. Il se divise en deux jeux enfantins, le faire semblant (jouer au cowboy, au docteur, au policier...) et la mise en scène (avec poupées et figurines...).

Le jeu de règle englobe toutes les activités ludiques encadrées par des règles préétablies créant des contraintes en vue d'atteindre un objectif. Le groupe de jeu de règle le plus représenté est sans doute le jeu de société.

Dans le jeu symbolique, les règles sont présentes mais floues, changeantes, flexibles notamment lorsque l'on joue à plusieurs. Il faut distribuer les rôles (''toi tu seras la fille et moi la maman''icon_wink et déterminer les possibles. Tandis que dans le jeu de règle, le jeu est défini par des règles préexistantes. Elles constituent le jeu indépendamment de toute intervention, ce dernier acquiert une identité sans avoir besoin de joueur. On conçoit bien le jeu du monopoly mais pas le jeu du cowboy (alors qu'on y joue bien).

Précisions

Le jeu de rôle est donc une forme de ludisme mixte située entre ces deux types de jeu.

Il propose d'incarner un personnage à la manière du théâtre d'improvisation et comme tout jeu symbolique, l'enjeu compétitif n'est pas l'essence de l'activité. L'objectif est avant tout de créer une histoire en commun. Aucun gagnant ou perdant n'est clairement déterminé à la fin de la partie. Néanmoins, comme le jeu de règle, il comporte des règles préétablies et en emprunte même du matériel comme les dés afin de simuler l'aléa.

Le jeu de rôle est une activité qui profite pleinement de son métissage afin de s'adapter aux envies des joueurs. L'usage de chaque ''table'' (groupement de joueurs) oscille entre différents degrés allant d'une pratique très proche du jeu de règle avec l'ajout de règles précises et parfois même de matériels ludiques supplémentaires comme des pions, figurines et plateaux à une pratique utilisant des règles de mise en scène sans générateur d'aléa (dès ou cartes). Cela le rapproche alors de la pratique du conte où chacun raconte son histoire afin de susciter une émotion chez les autres participants.

Un seul jeu, mille façons de jouer.

Il existe donc bien des manières diverses de pratiquer le jeu de rôle. Pour autant, il ne me paraît pas pertinent de procéder à une hiérarchie de ces pratiques ou de chercher à les séparer. D'une part parce que c'est peine perdue. Comment, en effet, établir une frontière claire face à une pratique si diverse. L'utilisation de règles simulatrices n'empêche pas nécessairement l'apparition de  roleplay , cet art d'interpréter son personnage en respectant sa personnalité et ses aspirations.

Il me semble que l'objectif essentiel d'une partie de jeu de rôle est de concevoir une histoire en commun. Le jeu de rôle est un acte de création intellectuelle et en juger de sa qualité en fonction du matériel utilisé ou des décisions préalables des joueurs est nécessairement voué à l'échec.

Selon moi, l'histoire doit être créée à parts égales par les joueurs, le conteur (ou meneur de jeu) et le hasard. D'autres ne verront pas les choses de la même manière. Certaines tables accorderont plus d'importance au hasard tandis d'autres la limiteront totalement. D'autres encore donneront plus d'importance aux meneurs de jeu en lui permettant de tricher ou d'aiguiller les joueurs vers la piste qu'il avait conçue pour eux. Même si j'aurais sans doute du mal à jouer avec des personnes n'ayant pas une vision du jeu de rôle à peu près similaire à la mienne, ce n'est pas pour cette raison que je dénigrerais leur manière de jouer.

Tout comme il paraîtrait invraisemblable qu'un amateur de sport collectif refuse la dénomination de sportif à un tennisman, à un coureur de 100m ou à un nageur ou qu'un joueur de jeu de société de gestion ne considère pas comme joueur un amateur de wargame, il me paraît aberrant de ne pas voir un joueur comme un roliste sous prétexte qu'il utilise des figurines au cours de ces parties.

*ESAR (ou Exercice, Symbolique, Assemblage et Règle) est un outil de classification ludique mis au point par Denise GARON. Il aide les ludothécaires à classer et à déterminer les compétences physiques, cognitives et affectives mise en avant par chaque jeu.

Court essai sur l'intuition

Pour ceux qui s'interrogent, oui c'est bien de la philo. Pour ceux que ça inquiète, non c'est pas compliqué.

 Nous avons tous fait l'expérience de notre propre intuition comme, lorsque dans une discussion nous nous opposons à la pensée de notre interlocuteur sans avoir d'arguments, sans même savoir pourquoi cette pensée nous semble fausse. Nous la vivons également au travers de toutes ces petites difficultés qui parsèment nos vies. Un choix à faire, un casse-tête... parfois l'instinct nous guide vers telle ou telle solution sans que nous en sachions vraiment la raison.

 L'intuition est universelle, immanente à notre humanité. Pourtant, elle est peu comprise (comme souvent). Les premiers à s'y être penchés sont les philosophes. L'intuition a fait couler beaucoup d'encre et les réflexions sur ce point sont loins d'être achevées. On peut douter qu'avec les progrès de la neurologie et de l'imagerie médicale notamment, elles ne restent pas en l'état encore longtemps.

 Si certains détails divergent, les philosophes de Platon à Bergson en passant par Descartes s'accordent à définir l'intuition comme  un mode connaissance immédiat, une pensée préconsciente opposée à la pensée logique.  C'est donc, pour ces penseurs classiques, une manière d'atteindre la vérité, d'avoir un contact avec la réalité objective. Descartes dira même dans ses règles pour la direction de l'esprit qu' i l n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire . Pour Sartre, ce serait même la seule, la déduction et le discours ne serait que des ''instruments qui mènent à l'intuition''.

  Certains semblent même lui prêter des pouvoirs quasi-divin. Ainsi Le Roy (dans la pensée intuitive) dira d'elle que «  toute vraie intuition est une intuition vraie. Le seul problème consiste à discerner dans quels cas on se trouve bien en face d’une intuition authentique, non d’un simulacre  » .

INTUITION ET VÉRITE

 Qui dit connaissance, dit moyen de toucher à la vérité. Il est vrai que nous prêtons souvent foi à nos intuitions, plus même qu'aux réflexions et aux théories extérieures même étaillées d'arguments pertinents ou de preuves scientifiques. Néanmoins, faire coïncider vérité et intuition serait une erreur. Si l'intuition est un mode de connaissance, tout comme l'est la logique ou l'expérimentation, elle peut être trompeuse. Si elle était vraiment un moyen infaillible de toucher à la vérité, elle ne serait plus humaine mais divine. Or l'homme n'est qu'homme et il est faillible.

  De plus, elle serait, dans son contenu, universelle et tomberait sous le sens. L'intuition d'un homme se confondrait avec celle des autres. Il ne pourrait exister d'intuition contradictoire ce qui pourtant est le cas. Enfin, si l'intuition était infaillible, nous n'en douterions pas. Nous ne réclamerions pas plus de preuves ou d'arguments à l'intuition d'un autre.

   A la différence de Sartre, je verrais plutôt l'intuition comme l'un des instruments de la connaissance humaine. Elle a sa place dans un processus scientifique ou philosophique inductif comme hypothèse de départ attendant d'être confrontée au réel. Une intuition n'est pas une conclusion mais le début d'une piste qui nécessite le soutien de preuves ou d'arguments pour être valable. Il est vrai que dans tous les domaines, l'intuition est souvent associée à l'innovation, à la découverte, aux bonds de géant dans l'explication du monde mais pour tant de coups de génie combien de fausses-routes scientiques et de culs-de-sac philosophiques sont tombés dans l'oubli après avoir pourtant été à l'origine une intuition. La théorie selon laquelle, il y aurait une vraie et une fausse intuition n'est qu'une pirouette dialectique. Tout comme le bon et le mauvais chasseur d'un sketch célèbre, lorsque rien ne nous permet de distinguer une chose d'une autre, c'est que, sans doute, il s'agit d'une seule et même chose.

L'ORIGINE DE L'INTUITION

 Dans l'antiquité déjà la question de son origine se posait. Les idéalistes situaient son origine dans l'âme indépendamment du corps tandis que les matérialistes affirmaient le contraire.

  Comme toute pensée, la pensée intuitive a pour point de départ la mécanique inconsciente. Ces archives d'innombrables représentations qui forment la personnalité d'un individu, sa manière d'appréhender et de comprendre le monde. Une pensée est comme un iceberg. Elle est en grande partie immergée, inconsciente. La différence entre une pensée intuitive et une pensée logique est sans doute l'importance de la partie situé hors de l'eau. Si la logique est un principe conscient, l'intuition est issue d'une pré-logique inconsciente influencée par la conception du monde de l'individu.

 Pour un auteur comme Bergson, l'intuition est une pensée pure, débarassée des idées préçues. Elle permettrait de  se transporter à l'intérieur d'une chose pour coïncider avec ce qu'elle a d'unique et d'inexplicable.  A mon sens, l'intuition est avant tout l'expression de la structure mentale de son géniteur. Comme le pensait Freud, l'intuition en dit plus sur celui qui l'exprime que sur la réalité mais après tout ce n'est qu'une intuition qui m'a mené à cette conclusion. Une idée brute que j'ai ensuite cherchée à affiner afin de la rendre moins sensible à la critique.

 Il est étonnant de voir que des philosophes, usant pourtant sans cesse de l'outil logique pour créer des concepts et interpréter le monde accordent autant d'importance à l'intuition. J'en conclus qu'il n'est jamais inutile d'exposer ses idées à un esprit vierge de toute réflexion sur le sujet afin de voir si des failles ou de nouvelles pistes peuvent apparaître d'une intuition.  

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