La Méthode est un film hispano-argentino-italien de Marcelo Piñeyro.
Synopsis
Dans une Madrid assiégée par des manifestations violentes anti-FMI et anti-Banque mondiale, symboles du capitalisme, sept candidats, cinq hommes et deux femmes, se rendent à un entretien d'embauche car ils postulent pour le même poste. L'entreprise, pour se décider qui parmi ces sept personnes occupera ce poste à très haute responsabilité, fait appel à ce qui s'appelle la "méthode Grönholm" : les candidats comprennent que personne ne les recevra, en revanche on leur fait jouer des jeux, on leur dit que parmi eux se trouve un psychologue, on les espionne avec des caméras et des micros... Et un seul pourra avoir le poste, au bout d'une lutte acharnée où il faudra éliminer les autres candidats étape par étape.
L'avis de Dragoris
Un excellent film j'ai trouvé, un peu à huit clos. Beaucoup de discussions et d'intrigues créent des situations et des scènes d'une grande violence verbale. Le synopsis ne m'avait que peu attiré, mais dès que j'ai commencé à visionner le film j'ai compris que c'était un film vraiment excellent, et cette façon de filmer est vraiment très bonne.
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Le point de vue d'Ivaldir
Je trouve que c'est un film étonnant, très réussi. Au départ, c'est pas forcément évident de se dire que l'on fait un film qui consiste à montrer un entretien d'embauche, et de ne filmer qu'une seule pièce, et les mêmes personnes pendant 1h30. Pourtant, c'est un film au final trépidant, très intriguant, jusqu'à la dernière scène.
Contient peut être des spoliers !!!
Ce qui m'a le plus troublé dans ce film, c'est qu'au départ, on voit les personnages qui sont franchement un peu tous antipatiques, dans le même modèle social et certainement tous formés à la même école du management. Ils sont tous très bien habillés, propres sur eux et dans leur tête, et cette méthode, qu'aucun ne connaissait, va les mettre en situation et cela permet de mettre à jour les susceptibilités de chacun, l'égoisme et la trahison. Au dela de l'exellent jeu des acteurs, je me demande si ce que souhaitais le réalisateur tenait dans la dénonciation de ce modèle qui tient beaucoup de "loft story", ou si au contraire, il le plébiscite ?
Car à la reflexion, si l'on se base sur les personnages tels qu'ils apparaissent au début de la journée, il est très difficile pour le recruteur de détecter qui se cache derrière le masque de chacun, ni s'il sera loyal envers l'entreprise, saura gérer des conflits, etc. Si il n'y avait eu qu'une selection classique par entretien+cv, les sept étaient potentiellement recrutables.
Même les débats qu'ils vont avoir, sur comment untel aurait du réagir dans telle situation, sont très argumentés mais véritablement sans consession. Donner le privilège à un adversaire de commenter l'action de l'autre n'est pas très délicat, mais permet de pousser dans ses retranchements la personne interrogée. La société ne serait jamais arrivée à cela dans un entretien classique.
L'idée du "il ne peut en rester qu'un" renvoie à tous ses jeux-réalité que l'on voit à la télé, ou cette situation conduit aux pires bassesses pour rester en course et éliminer la concurrence. C'est une vision du monde et de la société qui fait que cette méthode va récompenser des comportements et attitudes tout sauf honorables. L'utiliser pour recruter son personnel, c'est montrer que ce que l'on attend de lui tient plus de la docilité que l'intelligence ou l'altruisme. Cela participe à rendre la vie dans cette société impossible.
Tout cela sur fond de manifestation anticapitaliste... Cela renvoie à l'idée d'une bulle, que ces gens sont déconnectés de la réalité, et pendant que la société bouge, eux cherchent à passer entre les gouttes et décrocher cet emploi, et méprisent finalement complètement ce conflit qui ne les touche pas.
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