Pour moi, en tout cas, clairement, c'est non. Mais je mets la charrue avant l'invention de la domestication des bovins.
Ah, vas, t'as repiqué le scénario de Pocahontas
Je ne mets même pas d'alerte spoil vu le peu qu'il y a à spolier.
Ça, c'est fait. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'auteur surtout sur la fin, mais comme c'est le seul élément qui n'est pas identique au scénario de Pocahontas.
D'autre part, cette comparaison est dégradante pour le dessin animé Pocahontas, de bonne facture générale, parce que si le dessin animé produit par Disney se paye le luxe d'avoir une petite crédibilité historique en se basant sur des personnages ayant réellement existés (non, Meiko n'existe pas, non), Avatar s'en dispense allègrement, et sans rougir.
Et puis ? Et puis, niveau scénario, c'est tout. Rien à en tirer. Ou en tout cas, rien de nouveau. Avatar, ce sont surtout des graphismes.
Avatar ta gueule à la récré
Visuellement, c'est vrai, Avatar envoit du lourd. Du très lourd. Sorte de film animé, ou d'animation réaliste, Avatar met une certaine distance à ses poursuivants dans la course au réalisme à tel point qu'on se surprend régulièrement à se demander où s'arrêtent vraiment les images filmées, et où commence le travail numérique de post-production.
Que ce soit dans la finesse des détails ou la fluidité des mouvements ou le bête respect de la physique, Avatar enfonce tous les critères d'évaluation connus. L'animation des créatures fantastiques, notamment, relègue Jurassic Park à la préhistoire du cinéma. Un gros travail a également été effectué sur les couleurs et la lumière, avec notamment toutes ces plantes extra-terrestres s'illuminant diversement pendant la nuit.
D'autre part, c'est le premier film grand public que je vois tirer correctement parti de l'effet stéréoscopique "3D". Au contraire de "Là-Haut", pour lequel l'effet 3D diminuait l'intérêt du film, ici il ne change strictement rien aux émotions ni aux sensations ressenties, ce qui est déjà pas mal. On sent un début de volonté d'exploiter des profondeurs de champ exotiques, mais ça ne fonctionne pas vraiment en-dehors des scènes d'action.
Le problème principal est le suivant : La mise au point est faite sur un sujet proche (respectivement éloigné) net. Dans le champ apparaissent également d'autres éléments éloignés (resp. proches) qui apparaissent flous du fait de la profondeur de champ réduite. L'effet est classique au cinéma et en photographie, mais avec les lunettes stéréoscopiques il prend une nouvelle dimension, on "voit" les éléments flous physiquement éloignés (resp. proches) de nous.
De fait, le cerveau va penser qu'il peut faire le point sur ces objets éloignés qui lui apparaissent flous. Malheureusement la netteté ne vient jamais, parce que cette netteté ne dépend pas de notre oeil, mais de celui de la caméra par l'intermédiaire du bon vouloir du réalisateur. Il faut donc se demander consciemment quel est le détail que le réalisateur veut, non pas nous montrer, mais qu'on regarde, et même qu'on regarde fixement, sous peine de tenter de faire la mise au point sur des éléments qui resteront flous.
Mais cela reste un épiphénomène, tant l'action est soutenue.
Un scénario bateau, des graphismes époustouflants mais jamais émouvants, est-ce que cela suffit à en faire, sinon un succès mondial, au moins un bon film ?
Mieux Avatar que jamais
Je me suis évidemment interrogé sur le message du film. Je dois avouer que je suis allé le voir avec un à priori négatif, j'avais lu
cet article
et
cet article
auparavant, avant même de savoir que j'allais voir le film. Je peux donc répondre à la fameuse question cruciale maintenant que je l'ai vu : Avatar est-il un film raciste ?
La réponse à cette question cruciale est heureusement non. Non, Avatar n'est pas un film raciste. Le propos en serait trop simpliste, trop naïf, trop dépouillé pour pouvoir signifier quoi que ce soit. Les théories soulevées dans les articles sus-cités ne sont pas recevables concernant ce film. Les humains ne sont pas particulièrement racistes, les extra-terrestres non plus, ils ne sont pas non plus accueillants et conciliant. La fin n'est pas non plus remarquable, ni dans un sens, ni dans un autre.
Ce constat est également valable pour, dans le désordre, les considérations écologiques, avec l'idée sous-jacente que couper des arbres c'est mal mais c'est spectaculaire, les considérations liées au handicap, d'accord le héros est handicapé (avec une vraisemblance rare) mais ça n'a aucune incidence sur l'histoire à proprement parler. Même sans ça il aurait préféré le monde des Na'vis.
Alors, si ce film n'est pas raciste ni beatnik, ni écolo ni pour l'accessibilité des bases militaires spatiales, qu'est-il ?
Avatar talacrème
Pour moi, ce film n'est rien. Mais du joli rien, hein ! Une coquille vide finement ouvragée et rehaussée à l'or fin. Une carrosserie de Ferrari avec un moteur en carton peint. Le film est très joli, mais il ne va nulle part. Et c'est ça mon principal reproche à ce film. Autant il ne génère pas d'empathie pour des personnages trop stéréotypés pour être crédibles, il ne génère pas d'émotion pour une histoire mâchée et remâchée et servie encore, autant il ne parvient pas non plus à provoquer des sentiments négatifs inverses.
Impossible de haïr ce film au nom de quelque idéologie qu'il porterait en étendard, impossible de pointer du doigt ses incohérences en ricanant, il n'en possède pas, en tout cas pas d'assez grosse pour être relevable, je n'ai pour ma part rien vu de choquant dans la construction du monde et la mise en oeuvre technique science-fictionnelle.
Ce film est donc finalement une sorte de chef-d'oeuvre de vacuité admirablement présentée. Le scénario n'est ni original, ni abracadabrant, c'est un conte classique qui sonne un peu creux, mais ne dit-on pas que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes ? Les personnages sont inattachants sans être des marionnettes, les décors sont psychédéliques mais généralement sans âme, mention spéciale aux montagnes volantes, dont la présence pourrait passer pour de la basse récupération de la mode ambiante mais trouvant leur justification dans la possibilité de montrer des scènes drôlement jolies. Et par-dessus tout la 3D qui n'apporte rien mais n'enlève rien non plus.
Avatar tine beurre de cacahuète confiture
En conclusion, même si j'ai personnellement adoré les scènes de combat impliquant les différents véhicules humains par goût pour la puissance mécanique brute, je me suis juste ennuyé pendant le reste du film en attendant ces fameuses scènes. Et je ne comprends pas le succès populaire qui continue de propulser les ventes en tête des box office même après la quatrième semaine de projection.
Remarque, je n'avais pas compris non plus le succès de Bienvenue chez les Ch'tis.