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Le blog de Dragoris

[Voyage] L'Espagne

Je veux vous présenter l'Espagne, ce pays qui signifie tant pour moi et que l'on ne connaît pas si bien que ça en France.

Avertissement

Ceci est un témoignage personnel qui n'engage que moi. De même qu'un Français ne peut annoncer connaître la France dans sa totalité, je ne connais de l'Espagne que par ce que j'ai pu y voir et toucher. Je ne suis pas un spécialiste de ce pays, et cette présentation est tout ce qu'il y a de plus subjective.

Je ne connais l'Espagne que l'été principalement. J'y ai vécu chaque été jusqu'à mes 19 ans pendant deux mois, et à présent pendant deux semaines, dans un petit village près de Ségovie. On peut dire donc que je connais plutôt bien.

Ségovie, c'est là. À une heure de route de Madrid tout de même, Ségovie ne fait pas partie de la région de Madrid mais de celle de Castille-et-León.
Ségovie est très connue pour son aqueduc romain, très bien conservé avant d'être rénové, et ses pavés sans fins. En bas à droite, on y distingue le restaurant où nombre d'acteurs Hollywoodiens ou le Roi d'Espagne lui-même viennent y déguster les spécialités.

Les paysages

Selon moi, ce qui définit le mieux l'Espagne, ce sont avant tout ses champs... jaunes.

Les paysages de l'Espagne, ce sont avant tout des plateaux d'herbes jaunes en été, et ses montagnes et collines en fond.

C'est un pays assez montagneux et rocailleux, où l'herbe pousse partout et où les arbres sont maigres et rares. Rien n'est vraiment plat, l'Espagne c'est surtout beaucoup de collines, des plateaux, et partout autour les montagnes.

C'est ce qui donne une immense sensation de liberté, et dans le même temps les distances s'allongent : puisque rien n'est plat, pour aller d'un point vers un autre, toutes les routes s'entortillent, soit pour monter les collines et montagnes, soit pour les contourner.

Histoire & Politique

Comme vous le savez certainement, l'Espagne est entrée dans le club des pays démocratiques depuis très récemment : 1975, la date de la mort de Franco.

C'est une longue histoire. En 1936, Franco part avec une grande armée depuis le Maroc (alors espagnol) pour envahir la péninsule. C'est la guerre civile. En 1939, elle s'achève et Franco, vainqueur, devient le souverain d'Espagne. De 1939 à 1975, il va asseoir sa dictature et diriger son pays comme il l'entend : d'une main de fer, très catholique, fermée sur elle-même, sans liberté pour chacun.

Pour organiser sa succession, il demande à ce qu'après sa mort l'Espagne redevienne un royaume, avec à sa tête le successeur de la couronne espagnole, dont la famille était alors en exil à Rome depuis la deuxième République, soit depuis 1931. Ce futur roi présumé, c'est Juan Carlos. Franco le tiendra toujours auprès de lui et lui inculquera ses valeurs afin que celles-ci puissent se perpétuer après sa mort.

Juan Carlos aujourd'hui.

Pourtant, en 1975, lorsque Franco décède et que Juan Carlos devient officiellement le nouveau souverain d'Espagne, il fait ce que plus personne n'attendait. Il réforme en profondeur le pays et la constitution afin de le démocratiser, au grand dam des conservateurs qui s'attendaient à la continuité. Les partis politiques sont à nouveau autorisés, les élections organisées...

En 1981, des généraux tentent un ultime coup d'État, prenant possession par les armes du parlement. Ils demandent le rétablissement des valeurs du franquisme. Juan Carlos Ier, qui a la possibilité de revenir en arrière sur ces réformes, n'en fait rien et gère la situation avec poigne, jusqu'à ce que les instigateurs soient finalement arrêtés. C'est sans doute le moment où le Roi devint extrêmement populaire auprès des Espagnols. Aujourd'hui, le Roi n'a aucun réel pouvoir politique, mais il représente l'Espagne en terme de diplomatie et de symbole.

Alors que les générations ayant aujourd'hui la quarantaine voient encore avec bienveillance la monarchie et surtout son Roi, il n'en va pas de même pour les plus récentes générations. Celles-ci estiment qu'il est indécent que le Roi vive confortablement grâce à l'argent public alors qu'il ne fait pas grand chose. D'autant que des scandales récents ont entaché son image et donc celle de la monarchie : que ce soit pour sa passion pour la chasse (aux éléphants, pour des coûts de l'ordre de 35 000 ou 40 000 € par éléphant tué) ou pour son gendre poursuivi par la justice pour corruption et détournements de fond (mais dont Juan Carlos s'est détaché). Mais il est très peu probable que la situation monarchique change en Espagne avant sa mort.

En politique, deux grands partis politiques espagnols se disputent le pouvoir aujourd'hui. D'un côté, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), la gauche, s'est faite battre aux législatives il y a un an ; et de l'autre le PP (parti populaire), la droite, au pouvoir depuis un an.

En dix ans, la politique espagnole a sérieusement été entachée dans sa réputation. En France, on n'aime pas beaucoup les politiciens. En Espagne, ils les haïssent carrément, les insulte chaque jour avec hargne. Plusieurs raisons à cela. D'abord, en 2004, alors que le PP (à droite) jouait sa réélection, des attentats ont eu lieu (attentats du 11 mars) à peine trois jours avant les législatives. Alors qu'il devenait de plus en plus évident qu'il s'agissait d'Al Qaida, le PP a tout fait pour essayer de faire croire jusqu'aux législatives qu'il s'agissait de l'ETA, alors que les méthodes ne correspondaient pas du tout, et que l'enquête démontrait le contraire. C'est en effet le PP qui avait décidé d'envoyer des troupes en Afghanistan. Du coup, le mensonge étant rapidement décelé, le PSOE est élu. Puis réélu en 2008. Mais en 2012, la crise a largement marqué la population espagnole qui, exaspérée de Zapatero et de sa politique très austère, vote sans illusion pour le PP à la fin de l'année. Ce qui n'arrange rien.

En Espagne aujourd'hui, plus personne n'attend rien des politiciens ni de la politique, l'heure est à la colère, et l'Espagne est secoué par les manifestations comme par les poussées indépendantistes de la Catalogne. Il faut savoir qu'en Espagne, on laisse beaucoup de pouvoir à ce qui est l'équivalent des régions, et que l'on appelle "Communautés autonomes". Les régions ont même leur propre parlement et ont pouvoir d'appliquer des lois régionales, comme par exemple la Catalogne ayant interdit sur son sol les corridas. Cette même Catalogne a toujours eu des volontés indépendantistes, si vous avez déjà été à Barcelone, vous aurez sûrement remarqué à quel point parfois leurs habitants ont fortement tendance à tout écrire en Catalan au lieu du Castillan (le Castillan est la langue officiel de l'Espagne), et parfois même ne répondent pas lorsqu'on leur parle en Castillan, ou alors le font en Catalan.

Actuellement, le parlement de Catalogne abrite une majorité favorable à l'indépendance, et son principal parti, dirigé par le président du gouvernement catalan Artur Mas, engage en ce moment un bras de fer avec Madrid pour l'indépendance totale. Artur Mas s'appuie sur le referendum qu'il a lancé dès son élection et qui a dit oui à l'indépendance (pas très étonnant). L'heure est donc à l'affrontement. Madrid accepte de faire quelques concessions s'il le faut, mais refuse évidemment que Barcelone et sa région ne se détachent complètement du reste. Tout cela a l'air bien parti pour être une succession de batailles juridiques et judiciaires.

La crise économique

La crise économique, contrairement à la France, a été brutale et elle est très visible, plus que chez nous. Là-bas, il est impressionnant de voir déjà le nombre de chômeurs : 25 % de la population en général, 50 % chez les jeunes. J'ai vu un centre commercial en plein cœur de Madrid complètement vidé de ses magasins, seuls deux étaient ouverts sur la quarantaine qu'elle abritait quelques années auparavant. C'est assez stupéfiant de voir un pays ressemblant beaucoup à la France touchée de plein fouet par un violent revirement.

Le discours de fin d'année de Mariano Rajoy, premier ministre aujourd'hui, est sans appel : 2013 sera pire. Difficile de savoir ce que vont faire les Espagnols cette année. Apparemment, la compétitivité du pays revient peu à peu, mais l'évolution est trop lente et la souffrance de la population demeure. L'égo est touché, les jeunes larvent, bref le facteur psychologique est aussi là.

Religion

L’Espagne la Catholique ne l'est pas autant que l'on le croit. En fait, il y a une nette différence entre les anciennes générations, très pieuses et allant régulièrement à la messe, et les jeunes générations qui n'y croient pas du tout ou ne sont pas pratiquant. Et de fait, les politiques espagnoles sont plus progressistes qu'en France, puisque le cannabis est dépénalisé, ou encore que le mariage gay est autorisé depuis de nombreuses années. Nous sommes loin de la rigueur morale que l'on connaît chez les Catholiques, et qui a été en vigueur pendant tant d'années sous Franco.

La crise économique n'a pas provoqué d'élan religieux particulier, à part cela, et elle n'est pas non plus la cible du mécontentement populaire, comme c'est le cas en Grèce avec la richesse et l'absence d'impôts de l'Église orthodoxe.

L'influence arabe

L'Espagne est sans doute le pays d'Europe occidental le plus influencé par la culture arabe. Comme vous le savez sans doute, les musulmans ont conquis la péninsule à partir du début du VIIIe siècle et y sont resté jusqu'à la fin du XVe, et il y a eu beaucoup de conséquences.

Tout d'abord la langue. Le son 'J' est celui du raclement de gorge si caractéristique de la façon de parler arabe. L'architecture a également été très influencée puisque notamment les châteaux mêlent les deux styles occidentaux et orientaux, comme bien sûr l' Alhambra (merci Aka !), et que l'on retrouve à peu près partout en Espagne. D'ailleurs, l'Espagne regorge de châteaux médiévaux comme la Loire regorge de châteaux de la Renaissance, c'est assez impressionnant.

Mais d'une façon générale, ne vous attendez pas à voir des Espagnols ouverts d'esprit de par leurs origines : ils sont soit très nationalistes, soit très régionalistes, ils n'hésitent pas à afficher le drapeau espagnol sur leurs vêtements, ou à dire simplement qu'il vaut mieux privilégier un Espagnol blanc qu'un Espagnol d'origine étrangère.

Gastronomie et habitudes alimentaires

Vous le savez peut-être déjà, mais en Espagne, on a l'habitude de manger à 14h et de dîner à 21h. Le journal télévisé est d'ailleurs à 21h, et lorsqu'ils donnent l'heure ils ne disent pas "huit heure du soir" mais "huit heure de l'après-midi". Le soir, ça commence à 21h chez eux.

Et le week-end ou en vacances, parfois aussi au travail, les Espagnols vont en général au bar, une heure avant manger ou dîner. Ils y boivent alors un coup en mangeant systématiquement des tapas. Un bar se doit de proposer gratuitement des tapas lorsque l'on commande quelque chose, et il faut un minimum de deux ou trois bouchées, sinon ça grogne. Souvent, les Espagnols choisissent leurs bars en fonction des tapas proposées. Ces tapas sont de toutes sortes : des calamars, des poulpes, du chorizo, du jambon, des olives avec une sauce, du melon, bref pas de la simple cacahuète.

L'Espagne a d'ailleurs une épatante gastronomie. Déjà, les Espagnols sont très friands des fruits de mer (même à Madrid pourtant loin de toute mer), surtout des calamars frits, mais ce qu'ils aiment surtout, c'est le gras. Ils font frire souvent et abondamment. Pour cuire un œuf sur le plat, ce n'est pas quelques gouttes d'huile qu'ils mettent pour empêcher que ça adhère à la poile, non. Ils mettent carrément la saucée. Et non content que ça baigne dedans, pour cuire plus rapidement le dessus ils utilisent l'huile très chaude au fond et la mettent dessus. Puis quand le plat est fini, ils remettent l'huile dans une petite bouteille pour la réutiliser plus tard.

La fameuse paella est l'équivalent de notre pot-au-feu, c'est-à-dire qu'avant c'était le plat du pauvre, tandis qu'aujourd'hui on en fait surtout quand il y a du monde qui vient. On y retrouve là aussi des fruits de mer, comme du poisson, des crevettes, des coquillages, des calamars, mais aussi de la viande, des poivrons, etc.

Le sport

Alors le sport, c'est quelque chose de très important en Espagne. On le retrouve partout, dans les publicités, dans les journaux, dans les conversations, c'est vraiment partout. Ils sont, j'ai l'impression, encore plus amoureux du sport que nous les Français. Ils ont de quoi être fier, il est vrai, au football ou dans le cyclisme par exemple.

Parlons-en du cyclisme. Très étonnamment, le vélo est un sport très pratiqué par les Espagnols. Avec un relief pareil, on aurait pu penser qu'ils éviteraient, mais c'est tout le contraire. Ils font régulièrement des excursions à vélo le week-end ou en vacances, ils partent à la campagne et gravissent ou descendent des pentes raides, qu'ils soient athlétiques ou bedonnant (ça c'est vraiment bizarre). En fait, je pense qu'ils sont amoureux de leurs paysages. Ils font également pas mal de randonnées, et le chemin de Saint Jacques de Compostelle est assez populaire.

La télévision

Comment vous dire, les programmes de la télévisions sont... Vraiment navrant. Je voulais au moins vous en parler rapidement, on y trouve facilement beaucoup de déchets, comme des émissions de télé-réalité comme on en voit souvent sur MTV, c'est-à-dire très à l'Américaine. D'ailleurs, ils ont fait beaucoup d'adaptations. Ça c'est pour les générations plutôt récentes, jusqu'à 25 ans disons. Les plus anciennes, eux, ont tendance à regarder soit des "telenovelas", c'est-à-dire des séries romantiques sud-américaines (ça s'exporte très bien en Espagne d'ailleurs), soit des émissions entièrement basées sur la vie des personnalités en général.

Très en vogue aujourd'hui également, les émissions basées sur le principe du Jerry Springer Show , mais dans un contexte plus large, c'est-à-dire que des "invités" (moi je pense que ce sont des acteurs, mais les gens ont comme un doute) exposent leurs problèmes devant la caméra et débattent, avec des invités qui interviennent et même un avocat qui présente ce que dis la loi. On y trouve des sujets plutôt d'actualités et très larges, que ce soit pour des relations extra-conjugales, une mère qui ne peut et ne veut plus abriter son fils de 30 ans, une épouse chef d'entreprise qui ne souhaite pas travailler le 31 décembre par peur de braquage alors que son mari veut, bref les situations sont très complexes et les sujets larges. Ceci étant dit, ce n'est pas du vulgaire, et même si le ton est parfois haussé, il n'y a jamais de huées générales du public (mais beaucoup d'applaudissements) et jamais ça ne tombe dans cette espèce de violence à la "retenez-moi, retenez-moi", l'ensemble est plutôt correct. Mais ça reste quand même des émissions à ras le sol.

D'ailleurs, les Espagnols ont une télé publique mais entièrement financée par la publicité, il ne payent pas une contribution audiovisuelle comme nous, et ces chaînes n'ont pas les exigences qu'ont les nôtres en terme de qualité d'émissions. Et quelle que soit la chaîne, il y a souvent cinq ou six interruptions de publicité par film, trois pour les épisodes de série. C'est énorme et exaspérant lorsque l'on n'est pas habitué.

Les fêtes

Les fêtes, c'est un moment très particulier. En été, il faut savoir que toute l'Espagne, villes et villages compris, fête ses saints, mais pas tous en même temps.

Cela commence par une semaine culturelle. On passe un film gratuitement et pour tout le monde dans la place du village ou de la ville ; les enfants font du théâtre ou des marionnettes ; des compagnies de théâtre passent de ville en ville et de village en village pour jouer ; il y a des expositions, etc. Chaque soir, une activité différente est proposée. Une fois la semaine culturelle terminée, quelques jours passent, puis à partir du jeudi ou vendredi soir peuvent commencer les vraies fêtes.

À cette occasion, les gens s'associent en "peñas" (prononcer "pegnasse"icon_wink, par affinités, c'est-à-dire que des amis vont se mettre ensemble et chercher un endroit où passer les fêtes, un endroit gentiment prêté par quelqu'un ou par la mairie, ce peut être une maison abandonnée, un garage, bref quelque part où tout le monde peut rentrer et capable d'abriter suffisamment de monde, de vieux fauteuils pourris et un frigo. Évidemment, on essaie de s'y prendre pour cela avec quelques semaines d'avance.

Puis les membres de la peña mettent de l'argent en commun et achètent tout ce qu'ils ont décidé d'acheter : de l'alcool, de l'alcool, mais surtout de l'alcool. Et tout ce qui l'accompagne, évidemment, comme les boissons et les verres. Ainsi que les glaçons. En Espagne, tout le monde achète des sachets de glaçons, ce que je ne connais pas en France mais que l'on peut voir partout là-bas.

Exemple de sachets de glaçons tels qu'on peut en voir dans les supermarchés en Espagne.

Les peñas existent également en dehors des fêtes d'été, mais elles n'ont pas la même vocation : cette fois, il s'agit de louer toute l'année un endroit, comme un garage par exemple, pour y être confortable avec ses amis et regarder la télé ensemble, jouer, dîner de temps en temps ou discuter. On peut y passer le samedi soir pour picoler également. Le but, c'est de passer du temps avec les amis et être confortable.

Bref, lorsque les fêtes commencent, les membres de la peña mettent leur argent en commun pour acheter et enfilent leur "peto" qu'ils ont en commun, qui est une salopette aux couleurs criardes (mais souvent délavées par le temps) mais dont on ne met pas les bretelles. Les membres d'une même peña affichent les mêmes couleurs, tandis qu'une autre peña en afficheront d'autres. Puis tout le monde écrit dessus avec un stylo indélébile, des petits mots gentils, mignons, ou des phrases longues, ou des signatures, bref ce qui passe par la tête de tout le monde.

Exemples de petos aux couleurs différentes.

Certains mettent également des accessoires vestimentaires comme des chapeaux ou des lunettes ridicules (comme celui en rouge et vert).

Les soirs de fêtes, les peñas proposent à tous ceux qui le demandent des boissons. Aux membres des autres peñas, aux parents, frères, amis, aux personnes d'autres villages ou villes, etc. Bien sûr, ceux qui viennent ne doivent pas trop en demander, sinon on finit par refuser.

Au cours de ces soirées, qui sont trois ou quatre soirs en tout, la mairie, ou un pot commun des habitants qui souhaitent participer, engage un groupe de musiciens, et/ou un DJ pour animer la soirée et la nuit. Dans mon village par exemple, il y a un groupe qui vient une nuit, un deuxième qui vient la suivante, puis un DJ pour la dernière. Ils s'installent sur la place et jouent à l'air libre, dans la rue . La soirée musicale commence vers minuit, et s'achève vers 4h du matin. Pendant ce temps, l'alcool bat son plein, les gens de tous les âges et venus de partout dansent dans la rue et dans les peñas, discutent et rient ensemble.

Lorsqu'un groupe joue sur la place, il y a du monde devant. Ça, c'est dans mon village qui comprend en temps normal (en hiver) 170 habitants.
La même photo que juste au-dessus et au même moment, mais en décalant mon objectif vers la droite. Pour vous montrer le monde qu'il y a pour un si petit village. C'est très caractéristique de ces fêtes.

Comme je vous disais, les villes et villages ne fêtent pas leurs saints ensemble. Mon village, par exemple, commencent ses fêtes le dernier week-end d'août. Les villages alentours les font un ou deux week-end avant ou après. Ainsi, les habitants des villages voisins viennent également profiter des autres fêtes. Et à Ségovie, une ville comprenant 57 000 habitants, il y a deux ou trois fêtes à des moments différents, une fête par grand quartier.

Pour les plus jeunes et les plus courageux qui parviennent à rester éveillé jusqu'à 8h du matin, une récompense les attend. Un petit orchestre, de quatre personnes les attend. Et là, ils commencent à faire la ronde : à grands renforts de musique (tambour, clarinette, trompette et chants paillards), de cris et d'invectives, les fêtards et les musiciens font le tour des maisons pour réveiller les habitants (voire les amis moins courageux partis se coucher) et leur demander à manger. Les gens qui jouent le jeu (une écrasante majorité) sortent et proposent toutes sortes de choses, des biscuits secs, du chocolat chaud, des churros, du jambon, du chorizo, parfois une liqueur, des gaufres, des crêpes, bref de quoi bien se remplir la panse.

Puis c'est reparti le lendemain pour un tour.

Pendant la journée, il y a diverses activités et concours pour tout le monde et tous les âges, organisés et arbitrés par différentes peñas. Pour chaque activité à laquelle on souhaite participer, il faut s'inscrire pour quelques euros. Il y a des chasses aux trésor, des concours de raquette, de bowling, de football, d'échecs, de dames, de petits chevaux, de tout un tas de jeux de cartes (poker + jeux typiquement espagnols s'appelant brisca, tute, etc. et dont les Espagnols sont très friands), jeux pour enfants et pour adultes, et j'en passe. Pour dîner, un repas est organisé une seule fois pendant les fêtes par la mairie, qui propose un barbecue bien gras accompagné de sa tortilla, etc.

Ça ce sont les fêtes d'été. En hiver, les fêtes de fin d'année sont plus modérées. Il y a principalement la traditionnelle course à pied. Chaque ville en fait une, Ségovie par exemple propose un parcours de 5 Km, et beaucoup de professionnels de la course participent. Pour ceux qui participent financièrement (10 €), on leur offre un T-shirt, une collation à la fin (une tortilla, des clémentines et une ou deux boissons) et on leur donne leur classement par rapport aux autres inscrits. 5Km, ça peut sembler peu et facile, mais souvenez-vous du relief : le parcours n'est que de la montée et de la descente (parfois abrupte), il n'y a pratiquement pas de plat.

Les Espagnols ne fêtent pas Noël en lui-même, le 24 décembre rien de particulier ne se passe. Pour eux, il faut fêter les Rois mages, et donc on s'offre les cadeaux le 6 janvier. D'ailleurs, ils disent moins "Papa Noël" que "Santa Claus" (qui est en fait Saint Nicolas).

Lorsque le 31 décembre, minuit est sur le point de sonner, chaque personne se tient avec du raisin devant soi et la télévision pour les douze coups. En fait, pour porter chance pour l'année prochaine, chaque personne doit manger un raisin par coup de minuit, jusqu'au douzième coup où tout le monde avalera son douzième raisin. Puis on embrasse tout le monde pour la bonne année.

Conclusion

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, je voulais vous parler de ce pays que j'aime et qui me tient tant à coeur malgré ses quelques minces défauts.

Bonne année !

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