Version d'archive
Dallas version Osamu Tezuka.
Pour ses 25 ans les Éditions Delcourt re-publient les trois tomes de cette saga familiale d'Osamu Tezuka en un seul -gros- volume de plus de 600 pages.
Revenons donc en 1949 période d'après-guerre tumultueuse pour le Japon. La famille Tengé, riche propriétaire terrien, se voit dépossédée de ses terres petit à petit suite aux réformes agraire voulues par McArthur . Néanmoins c'est de l'intérieur que viendra la ruine de cette tumultueuse famille...
Comme toute bonne saga, la famille Tengé regorge de personnages aux motivations diverses mais qui tournent tous autour d'un personnage : Ayako.
L'un des protagonistes de l'histoire. Parti à la guerre et fait prisonnier, il revient au pays cinq ans plus tard (et un œil en moins...). Peu apprécié par son père -qui pense qu'il aurait dû faire l'ultime sacrifice pour son pays- et son frère -qui voit en lui un héritier supplémentaire des terres de la famille-, il remarque tout de suite que quelque chose cloche avec sa nouvelle "sœur" Ayako et ne tardera pas à lever ses doutes.
Néanmoins Jiro n'est pas un enfant de cœur non plus, il s'est vendu à l'ennemi américain pour assurer sa propre survie et continue de faire le sale boulot des occupants pendant un temps avant de prendre la tête d'une bande de Yakuza bien des années plus tard.
Ichiro est l’aîné des Tengé. Tout comme son père il ne supporte pas de voir ses terres données aux petits paysans à cause de la réforme agraire et le rend d'autant plus avide de succéder à son père avec l'intégralité des terres et de la fortune des Tengé.
En ce sens il prostitue sa propre femme à son lubrique de père, de peur d'être déshérité ou de voir les terres divisées, et n'hésitera à prendre des décisions cruelles pour éliminer ses concurrents, jusqu'au meurtre...
Sué, sa femme, est l'exemple même de la femme dominée. Incapable de se rebeller face à son mari, elle tente plusieurs fois de se suicider, en vain. Mais ce qui lui fait le plus de mal c'est sa position de "tante" auprès d'Ayako.
Le patriarche de la famille Tengé. Il dirige sa famille comme aux temps féodaux, faisant lui-même justice et bourreau auprès de sa famille et de ses employés. Il abhorre les américains qui à cause de la réforme agraire ont morcelé les grandes terres familiales pour ne laisser presque rien au clan. Il a en horreur également les jeunes du PPT (Parti Populaire des Travailleurs) les "cocos révolutionnaires".
C'est un grand pervers qui abuse de la femme d'Ichiro et se voyait déjà faire pareil avec la future femme (qu'il avait lui-même choisi) de Jiro. Il est étonnement très "papa-gâteau" avec Ayako.
Le benjamin des fils Tengé, à 12 ans il possède une intelligence rare et un esprit de déduction lui permettant de percer à jour la mascarade de Jiro. Malheureusement son jeune âge ne lui permettra pas de s'opposer aux adultes en particulier pour sauver sa sœur Ayako de son horrible sort.
Vertueux (naïf ?) au possible durant les premières années, sa vie au sein du "dépotoir Tengé" comme il surnomme sa famille aura raison de ses ailes, développant chez lui une obsession pour sa jeune sœur.
Aînée des filles Tengé, elle est surnommée la réussite des Tengé par sa beauté et sa brillance. Du moins jusqu'à ce que son père découvre qu'elle fait partie du PPT et décide de la chasser séance tenante.
Peu développée dans l'histoire, sa relation avec le secrétaire du PPT ainsi que son meurtre -dans lequel Jiro sera impliqué- sert de démarrage à l'intrigue.
Simple d'esprit, et fille illégitime de Sakuémon, elle a le malheur de découvrir, avec Ayako, un secret très gênant pour Jiro qui tentera d'abord de l'intimider mais les circonstances feront qu'il devra se résoudre à la supprimer.
L'un des personnages les plus attachant par son innocence et qui sera battue et traînée dans la boue pour finir noyée. Une bien triste fin montrant combien les gens peuvent se montrer insensibles envers ceux qui ne sont pas au même "niveau" qu'eux.
Collègues et amis, ces deux flics intègres et d'une ténacité à toute épreuve n'auront de cesse de poursuivre la vérité sur les sombres affaires entourant la famille Tengé.
Vers la fin de la saga, le fils de Géta aura une aventure avec Ayako, pour son plus grand malheur...
Celle par qui tout arriva sans pour autant que cela soit sa faute.
Enfant né de Sakuémon et de sa belle-fille Sué, elle ressemble trait pour trait à sa vraie mère. Avec Oryo, elle est le témoin d'une preuve accablant Jiro qui est mouillé dans l'assassinat du secrétaire du PPT et manque de peu d'échapper à la mort. La famille qui a vent de toute l'affaire décide, en conseil, que Ayako doit mourir au yeux de l'état civil pour éviter que le nom des Tengé ne soit disgracié par la faute qu'a commise Jiro et qu'elle pourrait révéler. Pour se faire il est décidé de falsifier sa mort et de confiner Ayako dans une resserre sous la maison avec pour seul éclairage une lucarne.
Enfermement qui durera 23 ans avant que les circonstances ne la poussent à s'enfuir vers Tokyo où elle retrouvera un mystérieux bienfaiteur.
Outre le destin particulièrement cruel d'Ayako et de sa tumultueuse "famille", le manga rejoint la réalité en entrecoupant des faits et personnages historiques de l'époque avec son récit.
Ainsi l'histoire commence lors de la période trouble d'après-guerre au Japon où la réforme agraire souhaitée par les Américains ruine tous les propriétaires terriens, des familles avec plusieurs siècles d'histoire derrière elles.
Le manga fait également mention de répressions envers la jeunesse communiste notamment les membres du PPT.
Mais là où la réalité rejoint la fiction c'est avec le personnage de Shimokawa, le premier président de la nouvellement créée Société des Chemins de Fer Japonais et dont la première tâche sera d'annoncer le licenciement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, tâche qu'il aura le plus grand mal à effectuer. Au lendemain de l'annonce on retrouvera Shimokawa mort, écrasé sur les rails par un train.
Ce passage fait écho à l'affaire Sadanori Shimoyama qui occupa les mêmes fonctions, dut annoncer le même plan de licenciement et trouva la mort dans les mêmes circonstances sans qu'elle ne soit élucidée pour autant. Outre le suicide, la piste du meurtre commandité par l'occupant fut également envisagée. Piste que Tezuka décida de suivre en offrant sa propre théorie à travers le meurtre du secrétaire du PPT -et petit ami de Naoko- qui devait servir de répétition pour le meurtre de Shimokawa.
Ce meurtre, auquel Jiro participa, investigué par le commissaire Tanuma sera le point de jonction avec le commissaire Géta qui lui enquêtait sur le meurtre de Shimokawa.
Tout le monde connaît le trait particulièrement reconnaissable de Tezuka et ce manga ne déroge pas à son style graphique.
On aurait tôt fait de cantonner l'auteur avec son dessin enfantin et ses histoires comme Astro Boy dans le registre "pour enfant". Belle erreur car on pourrait typiquement citer ce manga (et d'autres) pour briser un tel argument. Ici Tezuka ne se prive pas : viol par-ci, inceste par-là, meurtre, passage à tabac, humiliations... la saga de l'été a soudain une connotation bien glauque.
D'un point de vue composition j'ai été bluffé par certaines planches : ainsi, confronté à Oryo, Jiro déclara que la simple d'esprit l'avait séduit pour lui faire l'amour (ce qui est faux), à ce moment là le graphisme accentue le côté sexy et séduisant de la jeune fille alors que jusqu'à présent Tezuka en avait fait le personnage le plus laid de tout le récit. Ce changement graphique délibéré est là pour nous montrer comment Jiro déforme la vérité.
Les pages 563 à 574 sont également très notables offrant des cases et un décor (une chambre) quasi-toutes identiques, les personnages entrant et sortant tel une pièce de théâtre. C'est d'ailleurs l'effet produit par ces pages, le lecteur a alors l'impression de regarder une pièce de théâtre dans la salle, les personnages allant de droite et de gauche sans pour autant que le décors ne bouge.
Tezuka prend le temps également de développer le psyché d'Ayako suite à son enfermement prolongé et les déviances que cela entraîne. Elle a très peur des endroits ouverts et ne trouve réconfort qu'entre quatre murs : une caisse, une chambre, une grotte, une voiture, etc... et bien sûr elle a une peur panique de sortir de la resserre qui est synonyme de mort certaine comme on le lui a enseigné.
On notera également une certaine déviance sexuelle, confondant complètement acte sexuel et affection ce qui la pousse a vouloir coucher avec tous ceux qui sont gentils avec elle : son frère bienveillant (ce qui le perdra), son "bienfaiteur", un passant sympathique, etc... Tout ceci démontre une déformation sévère des valeurs de la société avec ses valeurs qu'elle s'est forgée via les bribes du monde extérieur qu'elle a reçut.
posté par Aka Guymelef il y a plus de 12 ans , édité par Aka Guymelef il y a plus de 12 ans
De rien
De toute façon je pense que par définition la culture de chacun est toujours incomplète
Sbirematqui il y a plus de 12 ans
Oh ! Je ne connaissais pas !
Merci de combler ma culture incomplète.
Aka Guymelef il y a plus de 12 ans
Mais qui n'en reste pas moins très intéressante
Ertaï il y a plus de 12 ans
Jolie présentation (merci pour les portraits) d'une saga effectivement réservée aux adultes.
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Aka Guymelef il y a plus de 12 ans