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Mi-Décembre, le chiffre lâché par le Pôle Emploi tombe : 1 000 000 de chômeurs arriveront en fin de droits. C'est-èà-dire qu'ils ne toucheront plus les indémnités chômage, ni le RSA si leur foyer atteint un seuil de ressources. Pourquoi un tel tollé ? Pourquoi une telle hallali ?
Déjà, intéressons-nous au chiffre. 1 000 000 sur l'année, ce n'est pas 1 000 000 demain. D'autre part, toujours selon le Pôle Emploi, ce ne sont pas moins de 850 000 chômeurs qui sont arrivés en fin de droit en 2009. Le chiffre du millions impressionne donc, mais n'est finalement pas si éloigné du chiffre de l'année dernière, qui n'avait pourtant pas suscité autant de réactions indignées.
En France, le thème du chômage est classiquement un terrain de discorde habituel, entre ceux qui considèrent que les inactifs qui touchent les aides de l'état sont tous des profiteurs, et ceux qui voudraient que l'État les entretienne indéfiniment. Mais est-ce que ce faux débat ne résulterait pas d'un rapport biaisé au travail qui serait encore une exception culturelle bien française ?
Je ne suis certes pas un sociologue reconnu, mais dans les quelques pays que nous avons traversés ma compagne et moi, le rapport au travail nous a semblé bien différent, en particulier le rapport à l'inactivité. Dans les pays anglo-saxons, surtout, l'inactivité est mal considérée, c'en est presque une honte de ne pas travailler, pour des raisons différentes, soit parce que tu ne participes pas à la communauté qui t'a pourtant tant donné, soit parce que le travail permet d'assurer son indépendance.
Mais cet état d'esprit est également rendu possible par la considération vis-à-vis des emplois à salaire minimum (minimum wage job). En effet, il n'est pas dégradant d'accepter un travail moins gratifiant que les éventuels diplômes obtenus. Beaucoup de jeunes sont ainsi dans des situations qui en France seraient qualifiées de "précaires" mais ils ne le vivent pas mal. On fustige souvent le système anglo-saxon qui permet de licencier plus facilement un employé, mais cela permet également aux patrons d'embaucher plus facilement, et ainsi de faire tourner la main d'oeuvre, qui se retrouve rarement longtemps sans emploi.
Les relations avec la hiérarchie sont également abordées très différemment par rapport à la France. La première chose qui me frappe en France c'est qu'il y a régulièrement un rapport d'opposition entre les "chefs" et les "subordonnés". Les patrons ne font pas confiance à leurs employés au sujet de leur efficacité au travail, et inversement, les employés ne font pas confiance aux patrons sur la justesse de leur salaire.
A propos de salaire d'ailleurs, là encore la France révèle une particularité très bizarre. Il est en effet rare qu'un français vous dise tout de go son salaire. Peur de gagner moins ? Peur de gagner plus ? Il y a là un véritable malaise vis-à-vis du salaire. Surtout que son montant dépend moins du mérite que de la capacité de négociation de l'employé. C'est aussi le cas en Anglo-Saxonnie, mais certaines initiatives ne seraient tout bonnement pas envisageable en France.
On a donc d'un côté un système globalement généreux, par rapport à ce qui se fait outre-Manche/Atlantique/Pacifique, et dont la durée fixe des indemnisations encourage parfois à l'inactivité, avec l'idée que retrouver du travail avant la fin des versements ASSEDIC, c'est "perdre de l'argent", et de l'autre on a une indignation générale quand le Pôle Emploi publie des chiffres certes moins bon que l'année dernière, mais pas de quoi faire une révolution.
posté par Ertaï il y a plus de 14 ans
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