Une série comme les autres ?
Ne vous fiez pas aux apparences,
Breaking Bad
n’est pas une série comme les autres. Vous avez l’impression, comme ça, qu’il s’agit d’une série sympathique, avec ce bon acteur qui jouait le père de Malcolm (dans la série éponyme). Une petite comédie qui se laisse voir avec le sourire aux lèvres, grâce aux situations cocasses et aux mimiques de ce fameux interprète. Hé bien vous aurez raison. Tout du moins, aux premiers épisodes.
De quoi parle-t-on ?
Walter White, les 50 ans fraîchement accomplis, jongle entre son travail de professeur de chimie, d’homme à tout faire dans une entreprise de laverie de voitures, et sa famille (sa femme et son fils légèrement handicapé moteur, devant marcher avec des béquilles et s’exprimant difficilement). Cet homme sympathique, à la vie triste et morne, ne se plaint pas de grand-chose. Pourtant, un jour on lui diagnostique un cancer du poumon. Et c’est là que tout bascule.
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Walter White, soudain, prend conscience qu’il ne va pas laisser grand-chose derrière lui. Surtout financièrement. Lui qui doit travailler du matin au soir, sans relâche, pour subvenir aux besoins de sa famille (alors que la mère ne travaille pas), comment feront-ils sans lui pour s’en sortir ?
Son beau-frère, agent des stups (DEA aux États-Unis), raconte sans cesse des anecdotes sur les trafiquants de drogue, pleins aux as, pouvant gagner une somme monstrueuse d’argent avec peu d’efforts. C’est là qu’une idée germe dans son esprit : vendre de la drogue. Plus précisément, de la méthamphétamine. Pour cela, il va s’associer avec l’un de ses anciens élèves, dealer de drogue qu’il a surpris par hasard. Évidemment, entre l’un, plus habitué à se défoncer qu’à vendre, et l’autre, complètement inexpérimenté et ne connaissant rien du tout au milieu, ce magnifique duo va enchaîner les bourdes et les situations impossibles, chacun en attribuant à l’autre la responsabilité.
Et ensuite ?
Partant d’un point de départ qui aurait pu en rester là, le ton absurde et comique glisse progressivement vers quelque chose de plus… profond. Nous n’avons pas simplement affaire à un homme qui joue les aventuriers dans le domaine de la drogue. Nous voyons un homme, pour qui la famille est au-dessus de tout, plein de colère et de peur dû à son cancer. Un homme attiré par ce côté interdit de l’illégalité, qui se sent finalement peu à peu lié à cet adolescent qui lui sert de compagnon.
Et comment vous dire… La façon dont est réalisée cette série est tout simplement exceptionnelle. En ce qui me concerne, je n’ai jamais fait attention à ce genre de chose auparavant, mais le travail de la mise en scène est si flagrant qu’on ne peut que le souligner. Cette qualité fait partie de la grande force de
Breaking Bad
. Cette mise en scène, c’est le jeu de l’ombre et de la lumière. C’est un geste qui prend son temps, comme mettre son chapeau, et qui change d’un seul coup l’atmosphère. Ce sont les silences qui, sans être du tout ennuyant (et croyez-moi, je peux m’ennuyer vite), alourdissent l’atmosphère. Ce sont des expressions du visage qui peuvent nous faire comprendre en un éclair ce qui se passe. Ce sont des miroirs qui nous montrent une conversation tendue entre deux individus.
D’ailleurs, j’ai appris avec cette série à quel point un monologue pouvait nous faire passer d’un état de détente à un état de vive tension, nous tenant finalement en haleine sur ce qui va se passer ensuite. Avec un simple monologue. Un autre épisode nous montre une bataille féroce entre Walter White et une mouche, qui en réalité fait ressurgir des sentiments refoulés. Mémorable épisode où, juste après, une conversation s’engage, où les personnages principaux parlent calmement, tandis que le téléspectateur se crispe dans la crainte que Walter ne révèle quelque chose qu’il ne devrait pas.
Avec
Breaking Bad
, vous aurez absolument envie de voir la suite. Et vous ne serez pas déçu.
Dragoris il y a plus de 10 ans