Auteur polymorphe Neil Gaiman sait tout faire. Du comic à l'américaine aux scénarios de films en passant par le livre (bien sûr) et la série télévisée.
Digne représentant du mouvement fantastique, il aime partir du réel pour s'évader vers un univers barré et dépaysant proche d'un Tim Burton à ses débuts. Même avec des postulats de départ classiques (comme dans stardust), il arrive à nous surprendre. Souvent, la qualité de ses histoires ne se trouve pas dans les péripéties mais dans les personnages qu'il arrive à présenter de façon particulièrement vivante et dans des univers riches et vivants. Qu'ils soient homme du commun ou être extraordinaire, ce ne sont jamais des héros que nous décrit Gaiman mais des individus dans toute leur complexité. J'en viendrais presque à regretter sa trop grande polyvalence et espérer, comme il l'a fait avec la série Sandman, qu'il s'arrête sur un personnage (ou un univers) pour lui donner toute la profondeur et la richesse dont il est capable.
Je vous laisse me suivre dans quelques-unes des oeuvres d'un grand bonhomme du fantastique.
Sandman
Sandman est certainement son oeuvre la plus aboutie. Ce comic-book datant de 1989, détone des publications américaines habituelles. Nous suivons dans plusieurs histoires courtes un personnage énigmatique, Hypnos, le maître des rêves. Ce n'est pas un de ces héros ultra-manichéens, ni même un anti-héros au sens classique du terme mais un immortel, un être quasi-divin avec ses propres problèmes, sa propre conception inhumaine des choses.
On retrouve dans cette oeuvre des influences de Lovecraft, de Poe, de la saga des Princes d'Ambre de Zelasny dans lesquels Gaiman a su puiser tout en y apportant sa touche personnelle. Une véritable réussite.
De bons présages
Je parlais de Tim Burton mais il y a un autre grand nom du fantastique auquel on peut le rapprocher. C'est Terry Pratchett. M. Gaiman a beau vivre aux Etats-Unis, il a conservé cet humour entre flegme et délire propre aux anglais.
D'ailleurs, c'est grâce à un livre coécrit par lui et M. Pratchett et publié en 1990 que Neil Gaiman a commencé à se faire connaître du public européen.
Good Omens
(
De bons présages
en français) raconte avec beaucoup d'humour la naissance du fils de Satan et l'approche de la fin du monde. Une fin que vont tenter d'empêcher un ange et un démon qui ont pris leurs petites habitudes sur terre et qui, malgré les désirs de leur hiérarchie respective, aimeraient bien que ça continue.
La lecture de ce livre est jubilatoire. On retrouve la qualité et les trouvailles d'un livre de la série des annales du disque-monde reprenant dans une parodie très réussie les mythes chrétiens de notre époque.
Neverwhere
Neverwhere est au départ le scénario d'une série télévisée de six épisodes diffusée sur la BBC en 1996. Dans la même année sort le livre puis, dix ans plus tard, celui-ci se retrouve adapté en BD par Mike Cary et Glenn Fabry.
C'est l'histoire d'un pur homo banalicus de notre époque qui découvre totalement par hasard un monde de parias caché sous Londres. Cette découverte va bouleverser sa bien morne existence et va lui donner un sens. Si l'amorce est assez classique, elle met en lumière un univers atypique qui fait bien vite oublier son absurdité apparente.
Le livre reste le meilleur des trois, les acteurs et les effets spéciaux du film laissant parfois à désirer.
MirrorMask
Un film méconnu des studios Henson. Production a petit budget, tout n'y est pas parfait mais possède un charme indéfinissable qui attire tout de suite l'affection. Ce conte de fée moderne dans la lignée des précédentes créations Henson tel que Dark Crystal et Labyrinthe possède un univers graphique original mais parfois maladroit.
Gaiman fut plus récemment l'auteur et le scénariste des livres puis films Stardust et Coraline que je trouve moins bons.
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