Isaac Asimov
Isaac Asimov, vous en aurez sûrement entendu parler. Né en Russie, à Petrovitchi, il y a un peu moins d'un siècle – le 2 Janvier 1920 – et mort à New York, aux États-Unis -et oui, le succès l'a bien aidé, surtout quand on voit à quoi ressemble son village natal- en 1992, notre bon monsieur était écrivain -américain, précisons- fortement connu pour ses œuvres littéraires et ses livres scientifiques -qui se veulent être vulgarisant, soit accessibles au plus grand nombre.
Étant ce que certains appelleraient un enfant prodige, Asimov apprit l'anglais en demandant de l'aide à son voisinage, et savait déjà lire en entrant à l'école. Travaillant dans le magasin familial durant sa jeunesse, il lut bon nombre de livres de science-fiction, et commença à écrire ses propres nouvelles à l'âge de onze ans.
Ses études furent brillantes, à tel point qu'il intégra l'université Colombiana ( université privée située à New-York faisant partie des huit prestigieuses universités de l'Ivy League, elle a à son actif plus de 80 lauréats d'anciens étudiants). Il obtient une licence en sciences, puis une maîtrise en chimie , et enfin un doctorat en biochimie. Il participa à la seconde guerre mondiale, passa caporal, mais refusa de participer aux essais de la bombe nucléaire.
Il écrivit bon nombre de romans et de nouvelles, la plus grande partie formant une longue, longue histoire -s'étalant pour vous dire sur plusieurs millénaires. Toutes les nouvelles ayant attrait aux robots ont été rassemblées en deux grands recueils,
Le Grand Livre des Robots
. Et c'est ce qui nous intéresse.
Robots
La série commence au tout début de l'histoire robotique, soit l'invention et la mise en place des cerveaux positroniques. Les nouvelles s'étendant sur un nombre incommensurable d'années, je vais devoir me refuser de référencer les personnages, même les plus importants -car le monde d'Asimov est particulièrement riche. Je vais en revanche vous parler des principes les plus importants.
Les nouvelles qui sont rassemblées dans les deux énormes bouquins qui forment
Le Grand Livre des robots
ont pour but de briser le mythe robotique s'installant à l'époque. Asimov en dépeint ainsi une image totalement différente, en faisant notamment des êtres positroniques, terme qu'il a inventé et qui désigne en quelque sorte l'unité centrale de ses robots. Au passage,
IRobot
, que vous connaissez peut-être, va totalement à l'encontre des idées d'Asimov, car ils propagent l'idée du retournement de la machine contre l'Homme.
Cerveaux positroniques
Un cerveau positronique, pour faire simple, est un appareil qui tient lieu au robot d'unité centrale. C'est ce qui lui donne une certaine « conscience », un simulacre d'âme étant compréhensible et globalement accepté par l'Homme. L'un de ces cerveaux ne peut-être conçu sans avoir été auparavant « greffé » des Trois Lois, qui sont ici la base des nouvelles, et bien plus importantes que le support dans lesquelles elle sont implémentées. Asimov est donc plutôt vague par rapport à la conception de ces petits bijoux, mais précise malgré tout qu'ils sont formés de platine et d'iridium (qui est on ne peux plus simplement un métal de transition de la famille des métaux du groupe du platine, très dur, lourd, cassant et d'aspect blanc argenté. Oui, merci Wikipédia. Il a sûrement été rajouté de par sa très grande résistance, ce qui serait expliqué par les conditions extrêmes dans lesquels peuvent se trouver les robots, et le fait qu'il soit agent durcissant du platine. Notre Isaac ne laisse rien au hasard.)
Les Trois Lois
Le véritable intérêt de l’œuvre magistrale du scientifique, ce sont ces trois éléments :
Première Loi :
« Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ;
Deuxième Loi :
« Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ;
Troisième Loi :
« Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »
Ces trois lois permettant un nombre incroyable de possibilités, Asimov va recenser tous les problèmes, les déréglages, les alternatives et les paradoxes qu'engendreront ces trois lois, surtout avec l'évolution incroyablement rapide des cerveaux positroniques. Petit exemple qui ne sera pas un énorme spoil, étant donné que je n'expliquerais rien. L'exemple est une double contrainte, soit deux contraintes opposées : chacune des obligations contient une interdiction de l'autre, ce qui rend la situation impossible. Le robot, ayant reçu l'ordre de mettre fin à ses jours, fait griller ses circuits et devient incontrôlable. Normalement, le robot devrait obéir, étant donné que la Seconde loi est placée avant la Troisième, l'ordre d'un humain étant donc plus important que l'existence de la machine. Mais ce sont les subtilités qui s'attachent à chaque situation proposée qui rendent tout son intérêt à chaque scène.
La Loi Zero
La Loi Zero est apparue dans
Les Robots et l'empire,
grâce à deux robots d'exception, R. Giskard Reventlov, robot d'
allure
plutôt banale (carcasse métallique, yeux rouges, etc.), et R. Daneel Olivaw, conçu pour ressembler en tout point à un humain.
«
Un robot ne peut ni nuire à l'humanité ni, restant passif, permettre que l'humanité souffre d'un mal
. »
Pour plus de précisions, lisez ces merveilles de littérature, ça en vaut la peine.
Anti-racisme
Le Cycle des Robots est aussi une sorte de « mini-révolution contre le racisme ». En effet, les robots ne sont là que pour aider l'être humain, et ce dernier, suivant la loi du complexe de Frankenstein, en vient à en avoir peur. La peur étant l'une des choses auquel l'homme est le plus sensible, une sorte de haine ressort des contacts Homme/Robots. Cette idée d'anti-racisme ressort particulièrement dans la nouvelle
L'Homme bicentenaire
, qui relate l'histoire d'un robot qui, ayant une particularité artistique qui s'est glissée dans les logiciels de son cerveau positronique, en vient à lutter pour acheter sa liberté auprès de son maître, le Mr Martin.
The End
Le cycle des robots est l'une des plus grandes œuvres de littérature de science fiction qui puisse exister (Asimov a d'ailleurs écrit le
Cycle de Fondation
, qui reçu le prix Hugo de la meilleure série de science-fiction de tous les temps). Isaac se base sur une écriture simplifiée, trouvant que la complexification littéraire ne peut qu'embrouiller le lecteur -et c'est loin d'être son but, car il faut rappeler que c'est un humaniste, visant donc la diffusion du savoir (comme Rabelais ou Voltaire), comme le montre ses livres de vulgarisation scientifique. Malgré tout, son style, et surtout les procédés intellectuels, sont tout simplement ébahissant. Car si vous aimez un tant soit peu la réflexion et les aléas scientifiques et mathématiques, vous tomberez sous le charme.