Il est navrant de relever que, dans un soucis de droits d'auteur, tous les groupes doivent avoir un nom différent. Ce qui fait que les nouveaux groupes (qui fleurissent en masse*) doivent trouver des mots qu'aucun autre groupe n'a utilisé. Alors dans ce cas me diriez-vous, pourquoi n'y a-t-il pas de groupes avec des noms du genre "acrimonie psychotrope" ou encore "prolixity sternutatory" ? Parce que le marché de la musique requiert dans les noms de groupes ce que l'on pourrait appeler de l'
aérodynamisme interpellant
: il faut que les noms des groupes aient du style, et que leur simple prononciation suffise à donner l'envie d'écouter la musique. Il faut de plus que le nom du groupe soit compréhensible pour le plus grand nombre...ou, le cas échéant, que ce nom soit dans une autre langue que celle du pays d'origine. Il est d'ailleurs intéressant de constater que le mélomane moderne est plus attiré vers des artistes dont il ne comprend strictement rien. C'est pourquoi beaucoup de français apprécient Lady Gaga, Rihanna, Black Eyed Peas, David Guetta, et j'en passe. Comme personne ne comprend les paroles des chansons, et que la musique est entrainante, elles ont du succès. En réalité, leurs discours ne valent pas mieux que ceux de ZAZ ou encore Lara Fabian, simplement là où dans une chanson française, on peut se rendre compte de la pauvreté du texte -parce que nous
comprenons
-, dans une chanson anglaise (par exemple), la voix ne devient qu'un simple instrument de musique, imputant son rôle d'intermédiaire aux paroles.
Ensuite intervient le fabuleux processus de la mondialisation: l'anglais inonde le monde, et donc tout le monde parle un peu anglais. C'est alors que les groupes de musique multinationaux, sous le joug d'entreprises multinationales, doivent avoir un nom en anglais ET compréhensible par le plus grand nombre, afin de faire travailler la suggestion des consommateurs. De même que l'inconscient est utilisé comme un instrument musical par les producteurs, en mettant des titres simples aux chansons. Prenons par exemple une daube musicale actuelle: Inna. Outre le fait que la musique est entrainante (j'en écoute), si l'on s'intéresse un tant soit peu à la signification des paroles, on se rend compte de leur nullité. Oui mais voilà, très peu s'intéressent à la signification des paroles, et il suffit donc de mettre comme titre "Love", pour que nous nous imaginions qu'il s'agit d'une chanson d'amour (et que des images en rapport avec l'amour surgissent dans notre esprit. Inna joue à fond sur ça, en se mettant à moitié dénudée** dans ses clips). Il faut donc plusieurs conditions pour qu'un groupe fonctionne: un nom de groupe et des noms de chansons aérodynamiquement interpellants, une musique entrainante, et une voix strictement instrumentalisée, si l'on a pas de belles paroles sous la main.
Cependant tout n'est pas mauvais dans le paysage musical moderne, que ce soit en français ou dans une autre langue, certains groupes arrivent à faire à la fois de bonnes musiques, et des paroles qui sont dignes d'intérêt. Et ce sont généralement les groupes qui tiennent le plus de temps, car le pays d'origine du groupe en redemande, et à terme cela arrive jusqu'à nos oreilles. Les groupes qui font juste de bonnes musiques, on les sert aux pays étrangers, et tombent au final dans l'oubli, et vont rejoindre le cimetière déjà bien rempli de la face daubesque de l'industrie musicale.
*
A cause d'une tendance généralisée à sortir des groupes de daubes qui durent 2 semaines
**
Inna est à moitié dénudée dans ses clips parce qu'elle présente une certaine facette de l'amour. Mais c'est une autre histoire.
PS:
j'aime bien le chanteur français Tété, injustement méconnu, avec un nom qui n'augure pas de son talent.
PS2
: mais j'écoute aussi Avenged Sevenfold, Pink Floyd et Iron Maiden, desquels je ne comprends que partiellement les chansons.
PS3
: je pourrai continuer à critiquer la musique, en expliquant de quelle manière celle-ci est utilisée par certains membres de la gente masculine pour "ouvrir des possibilités" avec la gente féminine, mais ceci s'applique à toutes les formes d'art et on en arriverait à se demander si le féminisme est compatible avec les rapports sexuels et la procréation.