C'est comme enfiler le fil dans le chas d'une aiguille
Introduction
Durant des années j'ai fait partie de ceux qui ont fantasmés sur une hypothétique suite pour Elite (le 3eme volet FFE étant de 1995). A l'époque (entre 2001 et 2003) lorsque l'on demandait sur les forums : «Quand est ce que Elite 4 va sortir ?», on nous répondait ironiquement : «Après Duke Nukem Forever !».
Cela a malheureusement fait le jeu des éditeurs peu scrupuleux prétendant que le jeu qu'ils sortaient était « le digne successeur de Elite » ou encore «la simulation spéciale la plus réaliste jamais vu», bref dans le langage courant cela s'appelle une belle arnaque publicitaire.
OK
, il y a eu tout de même de bon jeux, la saga
Wings Commander
et les excellents
Starlancer
et
Freelancer
de Chris Roberts, la série des
X
de Egosoft, les
Battlecruiser
de Derek Smart (3000AD), pour peu que vous y avez réussi à capter quelque chose … Oui mais attention de quoi parle-t-on au juste ? D'un simulateur de combat ? D'un simulateur commercial ? D'un
shoot'em'up
2.5D ou 3D ?
Petit tour dans la banlieue pauvre de l'Empire
Le concept même de Elite se situe a des années lumières des jeux précédemment cités, aussi excellents soient-ils. Frontier est simplement hors norme, il a crée à lui seul un genre qui n'a jamais été complètement imité depuis. Bouclez la ceinture de votre siège en Silastoplaston et engager la commande hyper-spatiale, la grande aventure vous attend !
Quelques chiffres bruts
- une galaxie de plus de 60.000 systèmes planétaires (16 bits oblige)
- 6 types de systèmes planétaires différant (stable ou instable)
- 12 types d'étoiles, de la naine blanche à la géante rouge
- 17 types de corps planétaires, de l'astéroïde à la géante gazeuse
- 4 types de stations spatiales, de l'avant poste à la cité orbitale
- 28 vaisseaux à piloter (je ne compte pas la navette inter-planétaire)
- 46 équipements et améliorations disponible
- tout ceci contenu dans moins de 700 ko de données
La structure de la galaxie a été généré aléatoirement à partir d'équations mathématiques et d'une
graine
, seules les quelques planètes du systèmes
Sol
et des systèmes environnants connus ont été ajouté
à la main
. De plus les graphismes sont très rudimentaires, Frontier introduit les textures pleines à la
3D fil de fer
avec un effet limité d'éclairage impactant la couleur unique de la texture. Idem pour les musiques et sons (utilisant la technologie du module), il n'y a pas de miracles puisque l'on reste limité à l'espace d'une disquette. Mais l'attrait du jeu ne se situe pas ici, si tout ce que vous recherchez dans un jeu ce sont de beaux graphismes, passez votre chemin.
Démarrer avec un Cobra Marks 3 c'est la classe ! Hum, ou est le pilote automatique ?
Une mécanique bien huilé
Tout l'univers du jeu est basé sur la physique Newtonienne, même si elle n'est pas exacte à 100%, elle donne un réalisme particulièrement prononcé à cette simulation. Le moteur du jeu permet à tous les astres de se mouvoir en temps réel autour de leurs orbites stables et il en est de même pour votre vaisseau les moteurs coupés. Si vous approchez d'une planète, son attraction va soit maintenir votre vaisseau en orbite, soit l'attirer dans son atmosphère, soit le propulser ! De plus on peu atterrir n'importe où sur n'importe quelle planète, pour peu que sa police ou que sa pression atmosphérique et sa température le permette.
Un jour, tu sera mien ...
Du coté des vaisseaux il n'y a aucune limitation de vitesse. Oui, il n'y a rien de pire qui m'énerve de voir un jeu prétendument
simulation spéciale
qui m'interdis d'aller au delà d'une vitesse de 300km/h … Par contre c'est la puissance en
G
(un G correspond à 9,80665 m/s
2
soit à l’accélération de la pesanteur terrestre) des propulseurs qui a toute son importance, car plus l'accélération est puissante, plus le temps du trajet est réduit.
Un jeu qui prend les tripes
Frontier n'a aucune campagne scripté à part les quatre ou cinq type de missions qui sont générés aléatoirement sur le
Bulletin Board System
des stations. Pourtant dès la première minute on est happé par la soif de découverte et la recherche du meilleur profits pour armer un vaisseau plus gros et plus puissant. Le jeu est très accessible aux débutants moyennant une lecture rapide
des huit pages illustrés du manuel sur le voyage d'introduction
. Les menus sont très épurés et efficaces, donc très simple à prendre en main. Une fois ces bases acquises, vous pouvez vous lancer à l'aventure sans tarder.
Normal, normal, il y en a pour 1000cr quand même !
A mesure que les crédits affluent, c'est la soif d'adrénaline qui vous pousse à prendre des décisions de plus en plus risqué, mais surtout avec un pilotage plus technique. Le
robocruise
qui prend en charge le pilote automatique est certes bien pratique, mais si il est endommagé durant une bataille il faudra bien vous arrimer à une station par vos propres moyens. C'est là que vous allez pleurer si vous n'avez aucune expérience de pilotage ! A ce niveau c'est très sérieux puisque cela revient a devoir charger une sauvegarde. Le jeu permet au joueur énormément de possibilités, au point qu'il existe même une liste des
100 actions les plus stupides
, c'est dire.
Un point également très important, il n'y a pas de vaisseau ou d'équipement meilleur qu'un autre. Tout dépend de la carrière que vous voulez suivre et des crédits à votre disposition, il faut simplement trouver les bons compromis. La limitation la plus importante des vaisseaux et la capacité d'emport car chaque tonne de matériel supplémentaire sera autant de cargaison et de profit en moins pour chaque voyage réalisé.
Voyage voyage …
La plupart des jeux de vaisseaux spatiaux intègre la notion de
route commerciales
et de
portail de saut
. Dans
Frontier
, vous pouvez aller partout du moment que vous avez le carburant nécessaire (cela ne pose pas tellement de problème vu que l'univers en est plein) et votre hyper-transmission en bon état (vous devez l'entretenir au moins une fois par an). L'hyper-transmission permet de faire un
bond
plus rapide que la lumière dans un système à porté de saut, mais une fois arrivé vous vous trouvez au beau milieu du système planétaire à bonne distance de ou des étoiles. Il reste donc a atteindre une base qui se situe souvent à plusieurs unités astronomique. Heureusement il n'est pas nécessaire de faire tout le voyage en temps réel cockpit, il existe le
Stardreamer
. Cet appareil diffuse des ondes cérébrales et diminue la perception du temps du pilote, les quelques jours de voyages ne paraissent plus que durer quelques secondes. C'est une phase très dangereuse car c'est durant ce trajet que vous êtes attaqué par tous les pirates qui ont détectés votre nuage hyper-spatial. Heureusement, le
Stardreamer
se désactive au moindre danger.
Pour ajouter un peu de piment, il peut survenir certains événements aléatoires. Si par malchance il y a un problème de moteur durant le bond, vous pouvez vous retrouvez à des milliers d'années lumières de toute civilisation avec vos soutes pleine de déchets. Eh oui, il ne faut pas plaisanter avec l'entretien de l'hyper-transmission, car vous ne verrez pas la dépanneuse de sitôt ! C'est un cas extrême bien entendu, la plupart du temps il est possible de refaire un bond, encore faut-il avoir prévu du carburant en rab. On peut même pousser le vice en forçant un bond raté. Cette manœuvre désespéré peut être un moyen efficace d'échapper à des poursuivants … Dans tous les cas il faudra faire attention à la montre, car un bond hyper-spatiale à porté optimale dure une semaine en temps réel.
Tôt ou tard il faudra bien faire parler les armes, ne serai-ce que pour vous défendre. Vous avez à votre disposition des armes à rayons pulsées ou à rayons continus qui nécessite de s'approcher très très près du danger (la porté n'est que de 8 km !), sinon il y a des mines ou des missiles mais leurs nombres sont très limités.
Le plus difficile commence
Il ne faudra pas compter sur des boucliers en début de partie, d'autant que ce matériel est plutôt inefficace sur des petits chasseurs. Il faudra plutôt opter pour des tactiques évasives, puisque un petit chasseur est plus maniable qu'un gros transporteur, on peut donc facilement se faufiler entre les laser et les tirs de missiles.
La phase de combat en lui même ressemble beaucoup à une joute entre chevaliers du Moyen Age. C'est logique, une fois la phase d'accélération terminé vous foncez sans problèmes à plus de 14.000km/s relativement à l'étoile du système. Quand des ennemis déboulent sur votre câble d'interception, ils ont dû acquérir une vitesse relative plus importante pour vous rattraper, donc là encore, c'est uniquement la puissance en G des propulseurs de chaque vaisseau qui va déterminer la vitesse relative entre les deux vaisseaux. Pour la même raison, il est impossible que plusieurs vaisseaux vous attaque en même temps, sauf si ils sont en formation avec leurs navigations synchronisés. Chez les pirates c'est plutôt rare, mais attention aux détachements militaires !
Situation délicate : ratrapper la station avec le réservoir presque à sec
Le temps c'est de l'argent
Inutile de préciser que la durée de vie est énorme, renforcé par le coté RPG du jeu mais aussi par un apprentissage assez long qui vous attend si vous souhaitez vraiment tout faire. Si en début de partie les crédits manquent et relègue le joueur à un simple livreur de messagerie ou taxi entre stations commerciales, les choses évolue plus rapidement dès qu'il est possible d'investir dans un vaisseau plus performant. Le transport de marchandise est une valeur très sûre, couplé à de la prospection et de l'exploitation minière c'est la fortune assuré. Avec suffisamment de crédits, il est possible de démarrer une carrière militaire ou de chasseur de primes grâce à l'acquisition d'un vaisseau idéal pour le combat équipé de tous les gadgets hi-tech possible. Plus risqué encore, faire de l'exploration de systèmes lointains. Dans ce cas il n'y pas d'entrées de revenu, il faut bien maitriser le pilotage et savoir se débrouiller avec peu de carburant. Mais surtout, se débrouiller pour revenir à la civilisation avant que l'hyper-transmission ne lâche, mine de rien une année ça passe vite lorsque l'on fait des bonds à répétition.
Ouf, plus que la phase d'approche
Malheureusement, après tout ceci il n'y a plus rien pour relancer l'intérêt du jeu. Atteindre le niveau de réputation
Elite
est juste très long et ennuyeux car uniquement basé sur un nombre de vaisseaux à détruire (pas moins de 6000 en l'occurrence). L'acquisition et l'installation de nouvelles station spatiales aurait été un plus considérable, bien que cela aurait nécessité une évolution dynamique des factions, or ce n'est pas le cas. D'ailleurs quelques soit les carrières choisis, aucune de vos actions ne pourront influencer d'une manière ou d'une autre les systèmes politiques ou économiques, tout reste figé. Dans Elite 3 on sent que Braben à tenter de palier ce problème avec l'
Argent Quest
, mais au final l'impact sur l'environnement du jeu reste négligeable.
Conclusion
Frontier se défini comme une simulation d'environnement spatial avant toute chose même si elle n'est pas fidèle à 100%. Le fait de piloter des vaisseaux et faire du commerce n'est au fond qu'un prétexte pour inciter le joueur a se familiariser avec cet univers méconnu qui nous entoure et qui est pour le moment réservé à une toute petite élite de scientifique.
Mais c'est surtout une preuve de plus que la qualité d'un jeu ne viens pas de ces médias en haute définition, mais de la qualité de son concept et du génie déployé dans sa réalisation. Malgré quelques lacunes, Frontier propose un univers suffisamment riche pour mériter de s'y pencher. Je ne saurai trop vous conseiller de consulter le site
Frontierverse
, qui en plus d'être entièrement traduit en français, propose un détail exhaustif de tout le contenu du jeu.
Oui je sais, j'étais un peu juste en carburant ... Aller, je suis dans un bon jour, je reste poli et je donne son bakchiche
Faites le bond !