J'ai un aveu à faire. Sous cet air de jeune homme cultivé, adepte de films d'auteur et de philosophie, se cache aussi un mâle primaire fou de film d'action décérébré et de violence gratuite. Faut bien se défouler un peu de temps en temps. Eh bien, c'est un peu ça qui a déterminé l'achat de Battleship Galaxies.
Car Battleship Galaxies est typiquement le jeu sur lequel j'aurais bavé adolescent sans jamais pouvoir me l'offrir (la boite coûte quand même dans les 65 euros). Des gentils, des méchants, des combats, des lancers de dès, de belles figurines et un thème space opera bien senti (développé dans un comic book fourni dans la boite et totalement oubliable). Disant d'ignorer les appels répétés de ma banquière, j'ai laissé parler le geek en moi et j'ai craqué. Me suis-je encore fait leurer par un wonderbra attrayant mais ne cachant en vérité que du vide ?
Avant de vous dire ce qu'est BG (oui, depuis nous sommes devenu intimes), je vais vous dire ce qu'il n'est pas. BG n'est pas, contrairement à ce que son nom (et ses initiales) veut nous faire croire, un ''Big Game'' à l'américaine. Pas d'usines à gaz d'une autre époque qui nécessiterait pour y jouer une nuit entière de lecture et de relecture des règles et une bande de coloc' au chomâge avec une solide réserve de café.
BG donc, n'est pas comme ça. C'est, avouons-le, un pur produit commercial pensé à l'origine par les mecs du département marketing d'Hasbro (qui n'ont plus joué depuis l'invention de la cravate et du téléphone portable). Le même Hasbro qui nous gave depuis des années de nouvelles versions du Monopoly, de Cluedo et du trivial poursuit. BG se présente d'ailleurs comme un renouvellement de la licence du jeu ''bataille navale'' mais à destination d'un public préado/ado.
La vénérable bataille navale, ici version années 50 avec une bonne dose de machisme dedans
Énoncé comme ça, c'est sûr ça ne fait pas rêver. Pourtant, le géant de l'édition a eu du nez en réunissant pour l'occasion les créateurs d'Heroscape et de Summoner Wars. Ces deux titres ne vous disent sans doute rien pourtant ce sont deux énormes cartons outre-atlantique et de pures bombes dans l'univers platéoludique (j'invente des mots si j'veux) américain.
Les trois compères ont été malin en détournant le cahier des charges à leur avantage pour produire un jeu certes court (le jeu annonce 30 minutes, vous pouvez compter deux à trois fois plus) mais dense, certe abordable mais d'une richesse tactique tout à fait honnête. Le mécanisme de l'antique jeu de la bataille navale qui devait servir de modèle n'apparaît plus que comme un clin d'oeil lors de la résolution des dégâts. Sans être un coup de génie, le jeu est donc plaisant alliant déplacement de vaisseaux, utilisation de cartes et gestion de points d'action. On regrettera juste la sensation qu'on aurait pu allez plus loin sans pour autant allourdir le jeu (dans la localisation des dégâts notamment et dans l'effet des cartes, plutôt basiques). Des concessions ont été faites, c'est évident mais le jeu s'en sort plutôt bien.
Le jeu en cours de partie
L'impression de jeu (l'élément essentiel de toute production ludique à mon sens) est plutôt bonne. On ressent bien le sentiment de puissance lorsque l'on joue un
capital starship
sans pour autant effacer l'intérêt des vaisseaux plus modestes dans la partie. J'ai eu à certains moments la nostalgie des pelletés de dès à lancer, héritage de mes brèves années Warhammer 40.000. Ici, on ne lance que deux dès à la fois pour savoir si ça passe ou pas, les dégâts sont fixes et dépendent de l'arme employée, comme pour la portée.
Moralité, le jeu fait son office et apaise en moi mes envies de devenir capitaine-corsaire de l'espace le temps d'une partie. Reste un regret, les scénarios proposées sont déséquilibrés. (On a cru au départ, mes amis joueurs et moi, que le problème était entre les factions. Ce qui aurait été bien pire). Rien de grave néanmoins car après 5 ou 6 parties, je commence à peine à me lasser du basique mais salvateur ''on-se-fout-tous-les-deux/trois/quatre-sur-la-tronche''. J'espère pour bientôt des extensions, toujours pas annoncées par l'éditeur. Dernière chose, le jeu n'est distribué officiellement qu'aux Etats-Unis. Vous ne le trouverez donc qu'en version originale (non sous-titrée).