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Projet Z

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Dragoris



Cerbère des Portes de la Fiction


Projet Z

Lorsque Paul Newman décrocha son téléphone ce jour-là, il ne s'attendait pas à ce que tout bascula dans sa vie par ce simple geste.
Il était militaire. Un capitaine, pour être plus exact, et qui avait fait ses preuves lors de la bataille de New Gettysburg. En effet, il avait brillamment organisé la défense d'un côté exposé de sa base. Alors que les Zergs ne cessaient d'envoyer des troupes dans son secteur, il fut l'auteur de la géniale " stratégie de Tantale ", qui consiste à placer des dépôts de ravitaillement devant les bunkers, empêchant ainsi les Zerglings ou les Ultralisks (ces derniers étant les plus redoutés car beaucoup plus dangereux) d'accéder aux défenses.
Mais ce fut bien des mois plus tard, alors que la Terre perdit définitivement le contact avec la totalité des troupes qu'elle avait envoyé pour contrôler l'Overmind, que le téléphone retentit. La sonnerie stridente et insistante chez Paul ne réussit pas à avertir celui-ci du danger. Il décrocha…

Zarote était la lune la plus éloignée des combats Protoss/Zergs/Terrans, et dont l'atmosphère était proche de celle de la planète mère de l'humanité. En la voyant à travers la grande vitre de la navette, Paul ne put s'empêcher d'avoir peur de ce qui l'attendait. Il n'avait entendu parler de Zarote que dans les rumeurs, lorsqu'il buvait une ou deux bières entre copains et qu'ils s'amusaient entre eux à parler de choses folles et complètement insensées, pour le plaisir de satisfaire un public restreint, le soir dans un de ces bars paumés.
Le vaisseau de transport, beaucoup plus luxueux que ceux des militaires, offrait une vue splendide sur l'espace et les étoiles. Et s'approchant de plus en plus de sa destination, il fit découvrir à son passager une lune d'aspect utopique. Tel le jardin d'Eden, des animaux paisibles broutaient les herbes d'un vert pur. Rien ne bougeait trop vite, c'était une paix qui faisait oublier pendant quelques secondes la guerre sanglante qui avait lieu quelques systèmes solaires plus loin. Sans la moindre secousse, le vaisseau enclencha ses freins au maximum et se posa avec une étonnante douceur sur un petit terrain recouvert d'une épaisse tôle de fer.
Lorsque Paul descendit par la passerelle, la première chose qu'il remarqua était l'absence totale de construction humaine. Lui qui avait l'habitude du combat dans les rues et les immeubles, le petit site d'atterrissage lui semblait vraiment ridicule, au milieu de cette végétation luxuriante l'entourant de partout. C'était comme un défi lancé à la lune tout entière.
Une personne attendait Paul devant la passerelle de débarquement. C'était visiblement un scientifique, car il portait une longue blouse blanche, tachée à plusieurs endroits par des marques rouges et bleues. Paul dut réprimer un cri de surprise lorsqu'il le reconnut : ce n'était autre que Andreïev Stoyanovich, célèbrissime pour ses travaux sur la génétique. Il avait une réputation d'homme excentrique mais l'on disait que ses travaux étaient exceptionnels. Paul lui serra la main vigoureusement, n'arrivant pas à croire qu'un simple capitaine comme lui pouvait ne serait-ce que se trouver devant un homme si connu.
- Vous êtes Paul Newman ? demanda Andreïev, affichant un sourire épanouit. Je me présente : je suis le docteur Stoyanovich. Vous avez sûrement entendu parler de moi.
- Et comment, répondit Paul, commençant à se remettre de l'émotion. Je suis enchanté de pouvoir vous serrer la main.
- Balivernes ! Venez avec moi, Monsieur Newman.
Il le prit par l'épaule et commença à l'entraîner vers une étroite clairière, située non loin du site d'atterrissage. Une fois arrivés au milieu de cinq grosses pierres rouges positionnées en cercle, une faible lumière jaune jaillit du sol, les recouvrit tous deux, puis, d'un seul coup, ils se retrouvèrent dans une petite pièce bien éclairée, en forme de pentagone. Il n'y avait qu'une porte sur l'un des côtés, et Andreïev la franchit tout naturellement. Paul en revanche était complètement abasourdi, et pour cause : le phénomène de téléportation lui était tout à fait nouveau. Mais quand il vit que le scientifique ne l'attendait pas, il se précipita pour le rattraper.
- J'espère que nos bâtiments souterrains vous plaisent, Monsieur Newman. Certes, on ne peut avoir de vue donnant sur l'extérieur, mais il n'y a que de cela dont nous pouvons nous plaindre. Sinon, tout est confortable et plaisant à vivre.
- Que faites-vous de si spécial pour devoir vivre sous la terre ? demanda Paul.
- Justement, nous arrivons au vif du sujet, répondit Andreïev en s'arrêtant devant une porte fermée. Je préfère vous montrer dès le début de quoi il s'agit. A partir de maintenant, tout ce que vous allez voir ou entendre sera classé top secret. D'ailleurs, on vous a déjà prévenu que vous ne pourrez pas quitter la lune avant d'avoir atteint l'objectif visé par le gouvernement. Je vous présente donc le projet Z.
Il plaça son œil droit sur un scanner, puis fit un pas en direction de la porte, qui s'ouvrit alors. C'est là qu'elle offrit à Paul une vision spectaculaire. Derrière se trouvait une salle de taille moyenne, contenant au centre un haut monolithe noir, apparemment lisse, entouré de trois grands cylindres contenant chacun une sorte d'être humain bizarre et qui flottait dans un liquide rougeâtre. Ces cylindres étaient eux-mêmes disposés en triangle équilatéral, avec en son centre le monolithe.
- Je vous présente les trois Érinyes, continua Andreïev en entrant dans la salle, accompagné de Paul. Ensemble, on les nomme la Triade Suprême.
Paul regarda avec une grande attention les êtres nus plongés dans le liquide inconnu. Leur corps semblait normal, à part le fait que leur peau était craquelée et portait les mêmes motifs que les vêtements militaires, et qu'ils possédaient des muscles apparemment énormes. Il tourna autour d'eux, s'intéressa particulièrement au monolithe, puis demanda :
- Qui sont ces hommes ?
- Ce sont des super soldats. Des êtres humains améliorés génétiquement. Ils ont des pouvoirs psychiques hors du commun et une musculature très développée. Ils ne sont sortis que deux fois du bocal, et déjà ils se sont aussi montrés très intelligents.
- Et en quoi consistera mon travail ?
- Vous devrez les diriger. Le but final est bien entendu de combattre des Zergs. Ils devront exécuter des missions spéciales d'infiltration dans leurs bases.
- Comment ? Vous voulez dire qu'ils devront se faire passer pour des Zergs au milieu des ennemis ? Mais c'est impossible !
Andreïev ne put s'empêcher de sourire.
- Vous ne savez pas de quoi ils sont capables, dit-il tout bas, comme s'il s'agissait d'un secret. Bon ! Je vais charger un soldat de vous accompagner à vos quartiers. Votre travail commence dès demain matin.
Ils sortirent de la salle et un marine, portant uniquement les vêtements militaires d'intérieur et attendant devant l'entrée, prit ses valises et le conduisit effectivement à une chambre. Elle était très luxueuse et confortable. Il allait sûrement se plaire ici, se dit-il. Si l'on ajoutait le salaire qu'on allait lui verser chaque mois, il pouvait s'estimer aux anges.
Mais lorsque vint la nuit et que, après avoir profité des avantages de la chambre, il se coucha sur le lit, il ne s'endormit pas tout de suite. Il aimait bien récapituler les évènements de la journée avant de plonger dans le sommeil. La vision des Érinyes lui traversait l'esprit. Elles avaient l'air lugubre, et une sombre peur serrait son cœur. Cependant, il devait absolument la surmonter. Après tout, n'était-il pas là pour les diriger ? Il ne fallait pas se tracasser pour le mal qu'il pourrait faire. Il y avait des soldats partout, si jamais il arrivait malheur. Tout ce qu'il avait à faire à présent, c'était dormir, pour être dispos le lendemain. Une dure journée en perspective…

* * *

Andreïev était tendu. Il ne voyait rien de la salle où il se trouvait. La seule lumière qu'il y avait, c'était le projecteur au-dessus de lui qui l'aveuglait et l'empêchait de voir son supérieur : le commandant. Celui-ci, amusé de la tension qui rongeait le scientifique, parlait d'une voix grave, calme et posée, mais toujours avec une certaine étincelle qui montrait qu'il aimait le respect conséquent de la terreur qu'il inspirait.
- Alors Andreïev, commença-t-il, sa voix s'élevant des ténèbres. Comment se porte notre nouvelle recrue ?
- Bien commandant, répondit le scientifique peu rassuré. Aucune question n'a été posée sur le projet Z ou même sur les Érinyes en particulier. Et ce malgré la nature curieuse de tacticien qu'il devrait avoir.
- En effet, c'est peut-être bizarre, mais attendons un peu. Les trois créatures ne se sont pas encore réveillées psychiquement, et même physiquement elles ne sont pas achevées. Lorsque leur croissance arrivera à terme, je suis sûr qu'il commencera à chercher la nature et l'origine des Érinyes.
- Et que fait-on s'il commence à poser des questions au reste du personnel ?
- Rien. Ils feront tous semblant de ne rien savoir, nous n'avons pas à nous inquiéter pour cela.

* * *

Le lendemain matin, Paul avait déjà fini de prendre sa douche lorsque le même soldat qu'hier frappa à sa porte.
- Monsieur Newman ? Je dois vous conduire à la salle de contrôle. Votre nouveau travail va commencer.
Cinq minutes plus tard, Paul se retrouva dans ladite salle, et en y entrant pour la toute première fois il fut très impressionné. Il y avait quatre écrans géants sur le mur principal et une vingtaine sur chaque côté. Une dizaine de personnes s'afférait autour de consoles comportant des chiffres et des lettres qui ne lui évoquaient rien. On pouvait sentir qu'il y avait une activité intense, comme si quelque chose d'important se préparait.
Un homme dans la salle remarqua Paul à la porte d'entrée et s'avança vers lui.
- C'est toi le nouveau ? fit l'inconnu en tendant la main. Je me présente : je suis Philipe Coyle, bio-généticien.
Paul lui serra la main.
- Je suis Paul Newman, le nouveau tacticien. Enchanté de vous connaître.
- Ha non, pas de politesse s'il te plaît. Ici, tout le monde se connaît et se tutoie. Appelle-moi Phil.
- Ha ! s'écria une voix que Paul connaissait depuis peu. Bien dormi, Paul ?
L'interpellé se retourna pour faire face à Andreïev.
- Je me permets de t'appeler par ton prénom, continua celui-ci, puisque apparemment tu viens de faire la connaisse de Phil. Il adore tout expliquer aux nouveaux. Phil, où en sommes-nous avec les Érinyes ?
- Nous sommes en train de les monter à l'extérieur, répondit Phil. Elles ne vont pas tarder à sortir.
- Contact visuel dans cinq secondes ! s'écria quelqu'un afféré à un ordinateur. Quatre. Trois. Deux. Un. Contact !
D'un seul coup, les quatre écrans géants, jusqu'alors éteints, fusionnèrent leur image pour n'en faire qu'une seule. On pouvait voir les trois Érinyes apparaître d'un seul coup, nus comme des vers sur une petite clairière, différente de celle par où Paul et Andreïev étaient entrés dans la base la veille. Cependant, il y avait toujours les mêmes cinq pierres disposées en cercle.
- On ne leur a jamais rien appris, dit Andreïev à Paul sans pour autant quitter les écrans des yeux. Elles ne sont sorties dehors que deux fois. Je veux que vous les regardiez et que vous me disiez ensuite ce que vous en pensez. Ne répondez pas tout de suite.
Paul étudia attentivement le comportement des trois créatures. Elles regardaient autour, reniflaient l'air puis prirent tous trois la même direction. Cependant, deux continuèrent tout droit tandis que le dernier monta sur un arbre puis avança sur les branches plus vite que les autres.
- Mouvement vers l'Est, dit l'un des scientifiques. Ils ont sans doute repéré la proie n°4 à l'odorat.
L'écran se divisa à nouveau en quatre. L'image précédente fut rapetissé sur l'écran en haut à droite. Une deuxième image apparut, en haut à gauche. Cette fois, c'était une vue aérienne du site. Trois petits points rouges clignotants bougeaient vers l'est, tandis qu'un point bleu restait immobile à droite de l'écran. Les trois points rouges se dirigeaient vers le bleu.
- Les points rouges désignent les Érinyes et le point bleu la proie, dit Phil à Paul.
- Je l'ai deviné.
- La cible ne bouge pas, commenta le même scientifique que tout à l'heure. La troisième Érinye contourne la proie et la dépasse.
- Ils cherchent à l'entourer ? demanda Paul à Andreïev.
- Je ne pense pas, non. Regardez plutôt.
- La proie a repéré le troisième soldat, dit à nouveau le commentateur. Réaction normale, il s'est mis dos au vent. Son odeur a avertit la cible.
Mais quelque chose se passait. Le point bleu sur l'écran se dirigeait tout droit vers les deux autres points rouges. Quelques instants plus tard, tout était fini : le point bleu cessa d'émettre lorsque le troisième point rouge rejoignit les autres.
- Très intelligents, fit remarquer Paul à Andreïev. Tactique simple mais efficace face aux herbivores. Et ils ne sont sortis que deux fois ?
- Oui, ils n'ont appris cette stratégie qu'en une heure, après maints échecs.
- Cependant, les Zergs sont différents, dit Paul. Ils sont loin d'être herbivores et, de plus, ils bénéficient d'armes et d'outils naturels avec lesquels on ne peut rien, sauf avec l'aide de ce que nous pouvons construire : les armures, les machines… Sans compter qu'ils communiquent entre eux.
- Certes, mais pour l'instant nous débutons, répondit Phil. Nous verrons plus tard comment nous débrouiller face à des Zergs. A présent, nous allons procéder à la deuxième partie du projet.
Il se retourna et cria le nom de Tony. C'est alors que l'un des scientifiques dans la salle se leva de son fauteuil. C'était celui qui avait commenté le déroulement des évènements pendant le test.

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