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Attention c'est rapide ; un temps sourire3
À marc, un certain didier le croque-notes (si tu passes par là, par le plus grand des hasards qui n'existe pas), à "on n'est pas des machos" damien, paul, hl...


Je connais une maison, une maison pas comme les autres, érigée sur un mont au beau milieu du vent. Son nom est « la casa de la tierra ». Souvent, avant que la lune ne se lève, on l’entend grincer. Des grincements sourds, mécaniques, comme si, lentement, on ouvrait une porte, immense.
De jour, elle est de pierres, couverte d’un dôme en métal où se reflète le soleil ; de nuit, elle est une ombre passée ouverte vers le ciel.

Parmi un fatras de métal et d’objets se tient un enfant, debout et attentif, l’oeil collé à une lunette astrale. Ce soir est un soir spécial, il veille et regarde les étoiles. Un vieil homme est allongé sur un lit dans un coin de la salle.
Au-dehors du dôme de l'observatoire s'étendent l’air transparent de la montagne, la nuit de la terre et encore plus loin, l'univers et son espace.
Tout, autour d’eux, a subi les assauts inévitables du temps : le matelas déformé où dort le grand-père ; les pages jaunies des livres et des carnets d'observation ouverts sur les tables ; la carcasse fissurée du dôme, vestige d’une civilisation effondrée.
« Grand-père ! Grand-père Diego, réveille-toi ! »
Les exclamations du jeune garçon résonnent dans l'observatoire. Il dégage son oeil de la lunette, se tourne vers le vieil homme et, à travers la lumière des lampes à huile éclairant faiblement le grand-père, tente de distinguer un mouvement.
Le vieil homme a ouvert les yeux, il est en train de s’étirer. Il se redresse et passe la main dans ses cheveux ébouriffés ; ils lui donnent un air un peu fou.
« Oh Manuel…pourquoi m’as-tu laissé m’assoupir, dit en soupirant grand-père Diego.
Le jeune garçon sourit tendrement en voyant la tête hirsute de son grand-père, un sourire complice et moqueur.
- C’est grand-mère Cristina qui m’a dit que tu avais besoin de repos.
- Qu’est-ce qu’elle va te raconter, ta grand-mère, dit en riant grand-père Diego.
Il se lève et tout en faisant quelques mouvements de bras, ajoute : mes vieux os ont besoin de la poussière des étoiles de la nuit !
Le vieil homme rejoint son petit-fils. Il pose la main dans les cheveux de Manuel et lui demande :
- Alors ? Tu as trouvé quelque chose ?
- Il y a une étoile qui est très lumineuse, regarde grand-père !
Grand-père Diego ferme un œil, place l’autre sur le viseur de la lunette astrale et la réajuste.
- Mmmh, oui oui oui, je la vois, fait-il, la figure légèrement déformée par la grimace.
- C’est dû à quoi grand-père ? Demande Manuel, les yeux brillants d’excitation.
- Mmmh... Attends…Attends voir une seconde…C’est…
Le vieil homme lève la tête, il est très heureux de voir cette étoile, de la partager avec son petit-fils.
- C’est une explosion ! s’exclame-t-il. Je vais te montrer ça en photos !
Il lâche la lunette et se précipite vers une pile de livres posés sur une table de travail. Il saisit un des livres, l’ouvre à la première page et fait défiler le sommaire du bout du doigt, puis il se rend à la page désignée.
- Ha voilà ! Manuel !
Il retourne auprès de son petit-fils. Manuel saisit le livre que lui tend son grand-père. Sur la page, dans le noir profond de l’espace, il voit un nuage rouge et bleu au cœur de feu.
- C’est le dernier soupir de la belle, son dernier tango, dit grand-père Diego.
- Comme grand-mère et toi, lorsque vous dansez ?
- Comme quand on danse grand-mère et moi…Un jour, à des années lumière d’ici, une étoile danse une dernière fois avec la nuit, avant de se fondre dans l’espace.
Manuel sourit, referme le livre et le met de côté. Il se rapproche de son grand-père, se met dans ses grands bras ; et lui demande, simplement :
- Comment tu l’as rencontrée grand-mère ?
A ces mots, le grand-père, quand même un peu surpris par la question, a le cœur qui bat. Il sourit de fierté et murmure :
- Grand-mère et moi, c’est une drôle d’histoire tu sais…
Manuel rit et court s’allonger sur le lit, celui qui est dans un coin de la salle. Grand-père Diego s’asseoit à côté de lui, il réfléchit un court instant puis se lance :
- Alors le jour où je l’ai rencontrée je descendais à cheval, de l’observatoire au village del viento, j’allais me ravitailler en nourriture. Ce jour-là, ta grand-mère était sur la grand-place et discutait avec d’autres femmes. Ce jour-là, il y avait beaucoup de vent et de poussière de sable dans le village, et c’est le vent qui me l’a présentée…
Manuel sourit.
- Oui, c’est le vent, dit grand-père Diego répondant au sourire du jeune garçon. Une fleur est arrivée avec le vent jusqu’à moi, et je l’ai rattrapée, dans ma main. Cette fleur de tissu, ta grand-mère la mettait dans ses cheveux…C’est comme ça que j’ai fait sa connaissance. Et puis je suis remonté dans la montagne travailler sur les étoiles…Mais elle me trottait dans la tête grand-mère Cristina ! Ajoute-t-il en riant.
Manuel se met à rire et s’enroule dans une couverture. Grand-père Diego continue :
- Quelques temps plus tard, alors que j’étais au village, on y annonçait un grand bal de tango. En me disant que grand-mère y serait peut-être, j’ai couru acheter un beau costume.
Le soir arrivé, je me suis rendu au village à cheval, dans mon beau costume noir. Et ta grand-mère était là elle aussi, éclatante comme une étoile, habillée de rouge, devant la salle de bal. Elle riait, parmi d’autres femmes. Des jeunes hommes leur tournaient autour, se garaient, en roulant des mécaniques dans leur voiture de métal. J’ai accroché mon cheval, j’ai salué les femmes d’un coup de chapeau et je suis entré dans la salle.
Manuel regarde son grand-père avec fierté.
- La salle était pleine, et dans un premier temps, je n’ai pas osé l’inviter. Je la regardais danser dans les bras d’autres hommes. Quand j’ai senti que le moment était venu, je lui ai lancé un regard discret, ta grand-mère m’a regardé et nous nous sommes placés sur la piste avec les autres couples. Moi en cavalier noir, elle dans sa belle robe rouge, et sa fleur dans les cheveux…Nous nous sommes enlacés et nous avons danser une longue étreinte, dit grand-père Diego avec émotion. C’est comme ça, qu’un jour et à dos de cheval, j’ai emmené ta grand-mère dans la montagne, vivre avec moi à l’observatoire.
Le vieil homme se tait et respire les derniers souvenirs qui palpitent dans son coeur, lorsque la porte de l’observatoire s’ouvre.
Une petite ombre apparaît sur le seuil. Dans la lumière vacillante, grand-mère Cristina les rejoint. Puis elle demande en souriant :
- Vous avez vu de belles étoiles ce soir ?
Avant de se lever Grand-père Diego et Manuel échangent un clin d’œil et rient.
- Je vois que oui, dit-elle.
Manuel saute du lit et prend la main de sa grand-mère, tandis que grand-père Diego dit :
- Je vais tarder un peu, j’ai des observations à mettre par écrit…


« Six Août 2062, explosion d’une étoile massive … »

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