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Le marin

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Le marin

« Soyez les bienvenus, amis voyageurs. Veuillez embarquer à bord de mon navire. Prenez place, installez-vous le plus confortablement possible : notre voyage sera long. Que dites-vous ? Une histoire ? Ma foi, je n'ai pas l'habitude d'en raconter, et vous êtes mon premier passager à me faire une telle demande, petite, mais j'en connais une qui pourrait bien vous intéresser... »

Shivër pouvait sentir l'air marin pénétrer toute son âme. Il ne se sentait vraiment bien que sur l'eau, et trépignait d'impatience quand il devait attendre que le bateau soit réapprovisionné. Mais là, les craquements du bois sur l' eau le rassuraient, lui donnaient une force inimaginable. Il sourit : cette traversée, comme toutes les autres, se passerait sans encombre. Tous les prêtres étaient d'accord : la mer serait calme et les vents favorables. Cela valait mieux : aujourd' hui, il avait à son bord des passagers de marque. Son second approcha, une carte marine à la main. « Capitan, quel sera l'itinéraire jusqu'au port de Ghuvlän ? ». Ils étaient tout juste sortis de l'enclave portuaire et devaient choisir le cap à adopter. « Bonne question. Je vais demander à nos passagers s'ils se considèrent comme étant dans l'urgence. ».
Le capitan descendit sur le pont et se dirigea vers la proue de son bateau, là où étaient les cabines de ses hôtes. Après un moment d'hésitation, il décida de frapper à la porte de l'homme qui semblait être le plus dérangeable des passagers. La porte s'ouvrit et le visage d'un homme bien nourri, peut-être trop, apparut. « Plaît-il ?
- Monseigneur, je viens pour vous demander quel itinéraire nous devons emprunter.
- ...
- Monseigneur ?
- Ah ! Oui. Voyez donc cela avec la dame Yendell. » Il referma la porte, manifestement agacé qu'un sale marin vienne lui demander quelque chose qui ne le regardait pas. Shivër lutta pour garder son calme et ne pas enfoncer la porte dans l'intention de lui faire cracher son excédent de poids. Puisqu'il fallait voir la dame, il devait rester calme. Il alla frapper à la porte de l'une des trois autres cabines. Une voix à peine audible dit : « Oui ?
- C'est le capitaine Shivër. » Un silence se fit, tandis que la voix discutait avec une autre. « Que voulez-vous ?
- Connaître l'itinéraire que vous souhaitez emprunter. » La porte s'ouvrit en grinçant un peu. Shivër entra tandis que la servante refermait derrière lui. La dame Yendell était assise à une table, en train d'écrire quelque chose. Elle s'interrompit et se retourna pour regarder le marin dans les yeux. « Alors, Capitan ?
- Dame Yendell, je viens pour l'itinéraire.
- Bien. Iunä, veuillez donner la carte au Capitan. » La servante s' éxécuta et tendit une carte en peau animale à Shivër en baissant les yeux. Le marin la déroula en partie, afin d'avoir une idée de la route à suivre. « Elle a été dessinée par l'un des cartographes marins du palais royal.
- C'est une carte très précise. Sans aucun doute, elle nous facilitera la traversée. Ma dame, je vous remercie mille fois pour cela.
- Ne me remerciez donc pas. Après tout, ce voyage me concerne tout autant que vous.
- Oui, ma dame. Si vous me le permettez, je vais me retirer.
- Bien. ». Shivër s'apprêtait à sortir, quand la dame lui dit : « Capitan, j'aimerais m'entretenir avec vous après le souper...
- Oui, ma dame. ». Il sortit, la servante referma la porte derrière lui.
Shivër avait un peu de mal à croire ce qui lui arrivait. Les intentions de la dame étaient claires comme l'eau des Monts Purs : elle voulait qu'il passe la nuit avec elle. Pratique courante entre les nobles, qui n’étaient pas très portés sur la fidélité. Mais il était assez rare qu'un ou une noble jette son dévolu sur quelqu' un d'une caste inférieure. C' était alors un privilège pour l' intéressé(e). De plus, se dit le Capitan, la dame Yendell était une belle femme. Tous les avantages, aucun problème. Ca semblait trop beau pour être vrai. Shivër n'était pas rééllement attiré par la gloire qui en retomberait, mais plutôt par la possibilité d'obtenir plus facilement des autorisations de naviguer. En effet, le départ de bateaux et de navires était scrupuleusement réglementé par la capitainerie des ports. Pourquoi ne pas mélanger les affaires et le plaisir?
Lorsqu'il sentit le vent frapper son visage, il se remémora qu'il était le commandant de ce bateau. Il monta sur le château arrière et vit son second. On aurait dit qu'il n'avait pas esquissé le moindre mouvement pendant l'absence de son supérieur. « Tomyhn ? » Le second, imperturbable, répondit sans lever les yeux du rapport des prêtres de la mer. « Moui ?
- J'ai l'itinéraire.
- Montre le moi, alors. » Shivër s' éxécuta et recouvrit le parchemin noir de symboles indéchiffrables pour le commun des mortels : les prêtres écrivaient en langage commun, mais étaient incapables de respecter les règles les plus élémentaires de lisibilité. Tomyhn ne prenait son apparence d'ours mal léché que parce qu'il avait une image à entretenir auprès de l'équipage. Il poussa un sifflement d'admiration en examinant la carte. « Eh bien ! Service de cartographie royal de la cité de Trajen ! Qui t'a donné ça ?
- La dame Yendell.
- J'aurais dû m'en douter. Le gros n'avait pas l'air apte à pouvoir décider de quoi que ce soit...
- Tomyhn !
- Quoi ?
- C'est quand même un membre de l'entourage de la dame. Nous devons lui montrer du respect.
- Si tu le dis... En tout cas, cette carte est un bijou. Il y a même des récifs que je ne connaissais pas ! Tu dois être né sous une bonne étoile, Capitan...
- Et plus que tu ne le crois.
- Comment ça ?
- La dame veut me « parler » après le souper...
- Non ?
- Si.
- Bon. Je te crois sur parole, Capitan : tu n'es pas le genre d'homme à mentir. Mais laisse moi te dire que je suis jaloux. De plus, d' après les filles d'Ogjern, je suis meilleur amant que toi...
- Les filles du port disent cela ?
- Oui.
- Lesquelles ?
- Glinü, d'abord, puis Kihfiù, Fubsa, Jum...
- Ca va ! J'ai compris ! N'empêche que c'est mon allure élégante qu'elle a remarquée, pas tes manières de soudard.
- Moui, bien sûr...
- Mais oui !... Et efface ce sourire narquois de ton visage !
- A vos ordres, Capitan ! »

La table de la cabine principale regorgeait de victuailles. Du porc braisé aux mirabelles de Jychä, du cerf en croûte, de la terrine de canard, des fruits d'horizons lointains, des pâtisseries, du vin de l'Orient... La salle était emplie de la senteur des épices, des sauces, des viandes... Les convives de cet impressionnant étalement de presque toute la nourriture du continent étaient quatre : la dame Yendell, Shivël, Tomyhn et l'homme fat qui acompagnait la dame et se nommait Horpigiëhs. Ce dernier était le plus bruyant des dîneurs, et son ventre se soulevait et retombait chaque fois qu'il riait au moindre mot d'esprit de la dame, d'un rire gras, qui semblait à peine forcé tant il l'utilisait.
Tomyhn, comme à son habitude, restait muet tant qu'on ne lui posait pas de question. Même alors, il utilisait le moins de mots possibles, en évitant toutefois d'être grossier, de quelque façon que ce fût. Il avait jeté son dévolu sur une poule farcie aux tomates et aux olives, et découpait l'animal mort avec son couteau de Ghibèn, souvenir d'une rixe dans une taverne mal famée.
Cinq assiettes étaient posées devant Horpigiëhs, débordant de mets divers et variés. Le courtisan piochait dans chacune d'entre elles selon un ordre bien précis, et chaque tournée était ponctuée d'une bonne gorgée de vin. Il avait manifestement l'habitude de manger des livres et des livres de nourriture de toute sorte, probablement une habitude acquise à la cour, où le moindre serviteur mangeait plus qu'un homme du peuple.
La dame Yendell, avec toute la retenue que l'on pouvait attendre d'une souveraine, dégustait un filet d'espadon aux châtaignes. Elle veillait à ne manger que les plus petits morceaux qu'elle pouvait découper, afin que sa bouche ne soit pas trop déformée par la mastication. De plus, elle portait un maquillage particulièrement délicat, qu'une secousse un peu trop forte aurait fait voler dans toute la pièce.
Shivër, un peu intimidé par la présence de la dame, avait des difficultés à découper sa tranche de porc. Tant qu'il se tenait sur un pont de bateau, le vent dans les cheveux et le regard fixé sur le lointain, il se sentait prêt à tout. Mais là, coincé entre quatre murs et un toit, le Capitan disparaissait pour laisser la place à l'humble Shivër, simple sujet. Pour lui, la noblesse avait toujours représenté l'élite du peuple humain. Elle était versée dans les beaux-arts, ne voulait que le bien des autres. D'ailleurs, depuis qu'il était né, jamais il n'avait vu d' être humain sans travail, logement ou nourriture. De plus il n'y avait pas de... De quoi, déjà ? Shivër savait que quelque chose était absent du monde, quelque chose qui avait une importance réélle. Mais quoi ?
La dame Yendell le tira de ses pensées. « Capitan, risquons-nous quelque chose durant ce trajet ?
- Non, ma dame. Ces eaux n'abritent aucun monstre marin, et les prêtres ont annoncé que le temps serait favorable à la navigation. Il n'y a donc aucun danger, et nous arriverons à temps, voire plus tôt que prévu.
- Voilà une nouvelle qui me réjouit. »

Le repas fini, les passagers rejoignirent leurs cabines tandis que les tours de garde des marins étaient répartis par Tohmyn. Shivër profita un moment de la brise marine, et s'abîmait dans la contemplation des flots sous la Lune. Puis il entendit quelqu'un approcher de lui et se retourna pour voir la servante de la dame Yendell. Avec un ton neutre, elle lui annonça que la dame l'attendait. Elle devait avoir l'habitude de voir des hommes passer la nuit avec sa maîtresse, et cela devait lui indifférer au plus haut point. « Je te suis. » C'était l'usage, pour donner un peu plus d'importance aux serviteurs, même si cela n'était pas nécessaire.
La servante frappa à la porte et annonça le Capitan Shivër. « Entrez. » La servante ouvrit la porte, laissa Shivër passer et referma derrière lui. Le Capitan se retrouva donc seul face à la dame Yendell, qui était simplement vêtue d'une chemise de nuit. Elle l'embrassa. « Venez, Capitan. Nous serons plus à l'aise dans le lit » Shivër la suivit.

Tomyhn regarda son Capitan sortir de la partie du bateau réservé aux passagers peu avant l'aube. Il lui fit un signe de la main avant de reprendre sa lunette et d'observer les flots. Shivër le rejoignit. « Nous sommes seuls sur la mer ?
- Oui.
- Bien. Au moins, nous ne risquons pas d'avoir un navire royal aux trousses pour la simple raison que nous naviguons.
- Tu as passé une bonne nuit, Capitan ?
- La dame Yendell est experte. Et je crois qu'elle a apprécié mes compétences.
- Tant mieux. Nous pourrons bientôt narguer les autorités portuaires avec des laissez-passer authentiques… » Shivër, à ces mots, se retourna brusquement et fixa longtemps le regard de son second et ami. Puis il sourit. Tomyhn avait su comprendre ses pensées, il réfléchissait de la même façon que lui. Pour une seule chose, une image, une idée, une odeur, un goût, un son… Pour toutes ces choses qui, réunies, ne faisaient qu’un ensemble, plus soudé, plus ordonné que tout ce que les deux hommes avaient vu toute leur vie… La mer… Cette mer qui hantaient leurs journées comme leurs nuits, qui les animait… Les deux hommes restèrent là, silencieux. Ils n’étaient pas unis par le sang, mais par l’eau. Et en ce moment, en ce lieu, l’eau unissait plus fermement que le liquide qui coulait dans les veines animales.
La dame Yendell, depuis la fenêtre de sa cabine, observait les deux marins. « Ma dame, voulez-vous que je vous apporte quelque nourriture ? » La dame se retourna. Iunä n’était à son service que depuis peu de temps, mais elle s’occupait de sa maîtresse comme si elle était son enfant. « Oui, Iunä, je le veux bien…
- J’y vais de ce pas, ma dame. » Elle sortit, la laissant seule avec ses pensées. Elle ne savait toujours pas pour quelle raison on l’avait conviée chez le seigneur Chibnaïr, et cela l’intriguait au plus haut point. Le message ne parlait que de « l’accomplissement d’une tâche capitale pour l’univers » Cela lui demeurait incompréhensible. Epuisée par la nuit qu’elle avait passé dans les bras du Capitan, elle se recoucha. Elle mangerait au lit, telle la noble qu’elle était.

« Le temps vire à l’orage » dit Tomyhn d’un ton résigné. Il soupira. « Moi qui croyais que les prêtres étaient infaillibles, je me suis trompé. » Le Capitan le rejoignit. « Non, ça n’est pas un orage qui se prépare… Mais une tempête.
- Raison de plus pour pester contre les prêtres. La nuit va être effroyable.
- Pire. Bien pire que cela. Donne l’ordre de se préparer à un ouragan.
- A ce point !?
Je ne sais pas exactement ce qui va arriver, mais je tiens à ne pas être pris au dépourvu. Mieux vaut prévoir le pire.
- D’accord. J’y vais. » Shivër resta un moment sur le château arrière à observer les nuages lourds de menaces, puis alla prévenir ses passagers.

La tempête balançait le bateau sur d’énormes vagues tandis que la nuit avait recouvert les flots de son manteau noir. Les marins avaient réduit toutes les voiles au maximum pour que le vent ne les déchire pas, et tous ceux dont la présence n’était pas absolument nécessaire restaient à l’intérieur. La pluie battait le pont, et très vite des grêlons martelèrent le bois du bateau. Seuls restaient dehors Shivër, Tomyhn et deux autres membres de l’équipage, chargés de réduire les éventuels dégâts très importants qui seraient infligés au bateau.
Shivër scrutait les alentours du bateau pour parer à la brusque apparition de récifs lorsqu’il vit une forme indéniablement humaine sur le pont. Il se retourna pour s’apercevoir que ses trois compagnons étaient bel et bien là. Donc le fou qui se promenait sur un bateau secoué par la tempête était soit l’un des autres membres de l’équipage, ce qui était impossible au vu de leur expérience, soit l’un des passagers, qui aurait pourtant dû comprendre qu’une telle sortie était insensée. Le Capitan descendit les escaliers du château et s’élança vers la silhouette. Tomyhn cria pour l’en empêcher, mais sa voix fut emportée par le vent. Il le vit rattraper la silhouette au bord du bastingage.
Shivër prit le bras du fou, le fit tourner sur lui-même et s’aperçut que c’était une folle. Iunä, la servante de la dame. Avant qu’il n’eût le temps d’esquisser un geste, elle le plaqua contre le bastingage et l’embrassa à pleine bouche. Puis, d’une force incroyable pour une telle jeune fille, elle le poussa, l’envoyant par-dessus bord, sans desceller son étreinte.
Tomyhn vit les deux corps basculer dans les flots déchaînés. Ce fut là la derniére image qu’il eût de son Capitan, de son ami.

Shivër était assis dans un confortable fauteuil. Lorsqu’il s’éveilla, il se demanda comment il était arrivé là, puis ce qu’était « là » Soudain, il se rappela la tempête, le bateau, la servante, le froid de l’eau. Ce dernier souvenir le fit frissonner. C’est à ce moment qu’une porte sur sa gauche s’ouvrit. Une femme entra. Le Capitan reconnut Iunä, la servante de la dame Yendell. Cependant, elle avait l’air différente, comme si ça n’était plus une servante, mais une noble, une reine. De plus, elle était maintenant habillée d’une longue robe noire, le genre de robe que portaient les altesses. « Alors, Capitan, comment vous sentez-vous ?
- Bizarre.
- Cela pourrait être pire.
- Ah ?
- Oui. Savez-vous qui je suis ?
- Probablement pas Iunä.
- Sur ce point, je répondrai par oui et non. Mais laissons cela. Je me présente : je suis La Mort. Non, ne dites rien, je vais vous expliquer. Inconsciemment, vous savez ce que je suis, mais vous êtes incapable de l’exprimer. C’est normal : vous ne savez pas ce que « mourir » signifie. Vous ne voyez pas la mort des animaux, de votre nourriture, comme leur mort. Vous la voyez comme la perpétuation de votre vie. Je suis venue apporter un changement à ce monde. Cela fait quelque temps que j’attends. Quoi ? Laissez moi vous présenter le royaume des morts, en quelques mots. C’est une immense plaine grise. L’ennui y est la seule activité. C’est là que devront se rendre les humains morts… Dès qu’ils commenceront à mourir. Mais il y a un obstacle entre l’endroit où nous sommes actuellement et cette plaine infinie. Un océan. Un océan calme en apparence, que pourtant seul un marin expérimenté saurait franchir. J’avais besoin de ce marin pour mener le navire qui repose près de l’embarcadère que vous voyez là-bas. Je l’ai trouvé en votre personne. Vous êtes le seul, Shivër, je le sens, à pouvoir passer cet océan. Que dites-vous ?
- Ai-je un quelconque choix ?
- Non.
- Alors disons que j’accepte. Mais, qu’adviendra-t-il de mes amis ?
- Votre monde va disparaître. Un nouveau sera créé, avec des modifications profondes. Ce sont ses morts que vous devrez convoyer. » Shivër ne répondit pas. Il n’y avait rien à répondre. Il suivit sa nouvelle maîtresse et prit possession du navire.

Lorsqu’arrivèrent les premiers humains morts, Shivër vit qu’ils étaient décomposés, et s’enveloppa dans une cape pour qu’ils ne voient pas qu’il n’était ni vivant ni mort, et qu’au séjour des trépassés il était comme en vie. Il passa l’océan et vit la plaine infinie. Elle était grise, vraiment grise, et sa vue empêchait toute joie d’être. Il revint à son point de départ, et là d’autres morts attendaient. Il les prit et les emmena. Il fit ce voyage de nombreuses fois. Une infinité de fois. Jamais il n’oublia ce qu’il tenait pour être sa vie. Mais les larmes ne coulaient pas. Il n’y avait pas de larmes dans le royaume des morts. Seulement les souvenirs éternels.

« Alors, cette histoire vous a-t-elle plu, petite ? Oui ? Bien. Comment je m’appelle ? Voyons, vous le savez bien. Même si les hommes m’ont donné tous les noms possibles et imaginables, même s’ils m’ont revêtu de toutes formes, je suis toujours le même. Je suis un marin, un fils de l’eau, et rien d’autre. Maintenant prenez place, petite. Ce voyage, s’il est court, est en même temps long. Ca n’est qu’une question de point de vue. Moi j’ai l’éternité, vous aussi, mais ce ne sont pas les mêmes. Aucun de nos sorts n’est enviable. N’écoutez pas les paroles d’un fou, elles n’ont pas de sens. Même après une éternité. »

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