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Le Lacet et le destin

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Le Lacet et le destin

Paul se lève tout les jours à 6h53. Il prend son petit déjeuner seul de 7h04 à 7h15 environ. Il prépare ses affaires pour sa journée de dur labeur. Il s'habille toujours de la même façon. Il fait exactement les mêmes gestes, comme une mécanique bien rôdée. Il finit toujours par lacer ses chaussures, la droite, puis la gauche sur son palier, ensuite il ferme la porte à 7h22 précisément. Il dit bonjour au voisin qui part en voiture, une grosse berline très brillante, même un peu trop, à 7h24. Le quartier est paisible. Le vent siffle dans les arbres. Il passe devant la boulangerie il est 7h29.

Mais ce jeudi matin ce n'est pas pareil. Même si tout jusqu'à maintenant se déroule, comme d'habitude, l'instinct de Paul lui signale quelque chose. Il ne sait pas ce que c'est, mais la seule chose qu'il sait, c'est que quelque chose va arriver. Sa raison tempère cette déviance infondée de son instinct avec facilité.
Il continue son chemin. Croise les mêmes voitures, comme n'importe quel jour. Il baisse son regard devant les mêmes. Sourit à la vue des mêmes.

Il continue son chemin jusqu'à croiser Mathieu, un collègue du bureau. Il marche avec son collègue tout en abordant du sujet de discussions anodins, comme le championnat de basket ou des nouveaux aménagements du centre ville. Arrivés au feu, rouge pour les automobiles, Paul se rend compte que son lacet est défait. Il se baisse pour le refaire, il ne comprend pas comment il a pu se défaire, il ne s'est jamais défait auparavant et il se rappelle bien avoir un double noeud ce matin. Pendant ce court instant, Mathieu marche au milieu de la route sur le passage piéton.

Au moment où Paul se relève une voiture renverse violement l'homme sur la route. Il se retrouve projeté une dizaine de mètres plus loin. C'est le choc. Le conducteur, Paul et toutes les personnes des alentours accourent pour aider le malheureux. Les secours sont appelés. Il est 7h34. Mathieu est un corps inerte qui se désempli de son sang et de toute vie. Le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule, ses freins ont lâché en parallèle du régulateur de vitesse qui s'est coincé pendant 7 secondes à la vitesse maximale. Fait extrêmement rare.

Après ce léger retard, la matinée se déroule bien. Il commence à faire la queue à la cantine de son bureau vers 12h36. Au moment de se faire servir son plat principale, il manque de tomber à cause de son maudit... lacet ! Il se baisse pour le refaire immédiatement et afin d'éviter la catastrophe, à savoir une majestueuse chute avec son plateau devant tout ses collègues et la direction. Pendant ce court instant un collègue impatient prend l'assiette qui contient la blanquette de veau avec les haricots verts qui devait être destinée à Paul. Celui-ci se relève et en saisi une autre. Il va à sa table habituelle avec les mêmes personnes. Il discute et le repas se déroule normalement comme tout les jours. La journée continue sans problème.

Vers 16h04, Paul un peu fatigué se dirige vers la machine à café. Il voit plusieurs personnes courir dans tout les sens. Les gens sont agités. Nerveux. Fou. Un brancard arrive. Un médecin court. Paul boit son café et attend que la situation se calme. Il observe ses collègue répartir dans leur bureau tristes... Il aperçoit Claude, qui prend le train le soir avec lui, et il lui demande l'origine de cet attroupement. Claude lui explique que un collègue de la comptabilité a eu un empoissonnement alimentaire et qu'il est mort dans son bureau. Paul reste bouche bée. Cela fait beaucoup de morts depuis ce matin. "Quelle effroyable journée" lance Paul. Son collègue acquiesce de la tête avec beaucoup de détachement. Mais cela est beaucoup plus effroyable quand il voit quelle est la personne morte dans son bureau, c'est celle qui lui a pris son assiette à la cantine. La raison de Paul s'affole. Le quelque chose se produit. L'instinct a t’il raison ? Paul se calme, difficilement en se répétant que ce ne sont que des coïncidences. Il reprend le travail. Il sort du bureau à 18h30 comme tout les jours.


Il marche tranquillement dans une des avenues principales de la ville en direction de la gare. La nuit commence à tomber. La ville s'agite et s'illumine. Il passe devant les mêmes magasins. Il voit des visages familiers et rassurants. Il est 18h43. Il se trouve devant la banque qui est située à un croisement. Il s'arrête car le feu est rouge pour les piétons. Il attend deux minutes qu'il passe au vert. Il y a cinq policiers devant lui et trois jeunes d'une vingtaine d'année. A côté de lui une jeune mère emmène deux enfants de six et huit ans. Il jette un coup d'oeil à sa montre. Il se rend compte alors que son lacet est défait. Il a peur et il devient très anxieux à la vue de ce fait commun et sans importance pour tous. Il balaie du regard les alentours. Il se baisse. C'est à ce moment que deux hommes sortent de la banque. Ils sont cagoulés et équipés d'armes automatiques. A la vue des policiers ils tirent plusieurs rafales dans leur direction sans viser. Les balles fusent au dessus de la tête de Paul. Un policier s'effondre. La femme à côté de Paul est jetée par les tirs sur le boulevard. Des filets de sang jaillissent de sa poitrine et de sa tête. Les policiers ripostent. Paul profite de cela pour se mettre à l'abri. Finalement Trois policiers et six personnes sont étalées sur le sol. Paul terrifié s'enfuit vers la gare. Il rentre dans le train à 19h13.

Il refait chez lui les gestes et activités quotidiennes, pour essayer d'oublier ce jour un peu irréel. Il regarde les nouvelles à la télévision. Il survole le journal. Il se fait à manger. Il rattrape le travail qu'il n’a pu faire la journée. A 22h environ, il commence à faire des recherches sur des faits similaires à ceux qui lui sont arrivés. Durant plusieurs heures, ses investigations s'avèrent infructueuses... Vers minuit moins cinq il trouve quelques cas similaires aux siens. Certain sont en asile psychiatrique à cause de grave folie, d'autres sont morts dans des accidents peu commun et un petit nombre d'entre eux ont tout simplement disparus. Il notent les noms de ces personnes et impriment quelques informations les concernant. Il met tout cela dans sa mallette. Il se couche à minuit et demi.

Il est 4h13 Paul sursaute et se lève. Il a sentit une présence dans sa chambre. Il court dans toute sa maison et vérifie fenêtres et portes. Tout est parfaitement fermé. Il a sentit une présence mais il n'a rien vu, ni entendu. Paul retourne au lit, en se disant que sa fatigue lui joue des mauvais tours.

6h53 Paul se lève. Il finit son petit déjeuner à 7h15, comme tout les jours d'ailleurs. Il prend sa mallette et son manteau. Il sort de sa maison. Il est sur le palier. Il fait ses lacets, celui de la chaussure droite d'abord, puis celui de la gauche. Il ferme sa porte il est 7h23 exactement. La voiture et le voisin ne sont pas la. Le quartier est calme. Il n'y a pas de vents ce matin. Il fait encore assez sombre. Il marche seul vers la gare. Son lacet est défait. Paul devient très nerveux. Personne à l'horizon. Il se courbe avec lenteur vers sa chaussure en restant sur ses gardes. Il fait son lacet. Il passe devant la boulangerie il est 7h30. Devant lui, marche un homme d'environ un mètre soixante. Il est blond et mince. Il porte un long manteau noir et il tient une mallette noir un peu disproportionnée en taille par rapport à sa personne. Il penche d'ailleurs vers le côté de la mallette. D'habitude cette personne est derrière Paul d'environ quarante mètres. Aujourd'hui, ce vendredi matin, elle le devance de vingt mètre environ. Paul a l'impression que ce matin les lampadaires éclairent beaucoup moins que les autres jours. Ils arrivent au croisement ou Mathieu est décédé hier.

L'homme au long manteau disparaît d'un coup du champ de vision de Paul. Il avance vers le passage piéton. Et là stupéfaction ! Une bouche d'égout est ouverte. Avec la nuit et le faible éclairage elle est peu visible. Un homme est étalé au fond de ce trou. Paul se rend compte que il est arrivé en retard au croisement. Il était en retard. Cela à cause d’une chose ! Son lacet !

Il court jusqu'à la gare et arrive à avoir son train à l'heure. Il est profondément terrifié. Il reste pétrifié sur son siège en pensant à ce début de matinée et à hier. Ca ne peut pas être réel ! Il rêve ? C'est impossible ! Il essaie de se calmer. Il se demande, quel sens il doit donner à cette suite d'événements, plus que déroutante... A t’il échappé à un destin prédéfini ? A t’il évité une mort programmée ? Il n'a pas les réponses à cela. Seul la mort pourrait les donner et encore ! Son train est enfin parvenu à la gare ou il doit descendre.

Il atteint son bureau à l'heure habituelle. Il va voir son directeur, pour lui demander si il peut s'absenter à partir de 10h30. Il doit aller chercher sa femme à la gare. Il ne l'a pas vu depuis deux mois. Elle a fait un déplacement à l'étranger pour redresser une filiale de son entreprise. Son supérieur hiérarchique accepte car Paul est le plus ponctuel et le plus travailleur de son service. Il répare travailler tout en essayant d'oublier les dernières affaires.

10h30, Paul part de son lieu de travail pour la gare. Il marche dans une des grandes artères de la ville. Il est dans la gare à 11h00. C'est l'heure à laquelle elle doit arriver. Il la voit. Il s'avance vers elle l'embrasse. Ils discutent un peu. Le seul fait de la voir, cette personne qu'il aime tant, lui a fait entièrement oublié les derniers événements tragiques. L'être angoissé et torturé se transforme en joyeux jeune homme qui aime la vie. Sa femme lui dit soudain une phrase qui l'épouvante terriblement :"Chéri ton lacet est défait.". A ce moment la, le visage de Paul devient blême. Il penche sa tête lentement vers ses chaussures.

Il constate que en effet un lacet est défait. Il scrute du regard toute la gare. Pas de policiers en vue. Ni de banque. Aucun danger à priori. Il se baisse pour faire son lacet. Une vingtaine d'hommes avec lunettes, oreillettes et tout l'attirail se mettent à converger vers les deux tourtereaux. Ils sont tous massifs et très bien habillés. Ils mesurent tous au minimum 1m90. Ils se déplacent vers Paul en bousculant toutes les personnes sur leurs passages. Ils arrivent des deux côtés. Au moment ou Paul se baisse un des hommes sort une arme et tir en direction de Paul. Ces balles passent au dessus de la tête de Paul mais atteignent sa femme. Elle ne pousse aucun cri. Elle s'effondre lentement devant les yeux remplis de colère, de tristesse et de peur de Paul. Il l'attrape et la serre contre lui en laissant couler quelques larmes.

A ce moment précis son téléphone portable se met à sonner. Il se lève. Il voit que les hommes s'approchent de lui. La seule issue possible et le métro dont l'entrée est en face de lui. Mais Paul n'a jamais de ticket de métro sur lui car il l'utilise que très rarement. C'est la panique ! Son téléphone sonne toujours ! Les balles fusent autour de lui. Des inconnus s'éffrondrent comme sa femme. Il attrape enfin son téléphone. Il ne sonne plus. Les hommes sont tous près de lui, il ne leur reste que vingt mètres à faire. Il trouve sur la housse du téléphone un ticket de métro.

Il se rue instantanément sur les portiques d'entrée du métro. Il pousse violement toutes les personnes faisant la queue. Il renverse une personne âgée, fait tomber des enfants en les frappant... Comme si la grande faucheuse en personne vient le poursuivre. Il continue à courir. Ils sont toujours à ses trousses. Il prend le premier métro à quai. Il les voit arriver dans la station en pleine course. La sonnerie de fermeture des portes résonne dans toute la station. Les portes se ferment trois secondes après.

Malheureusement environ cinq des hommes qui en ont après lui sont aussi dans le même métro. Il ne veut pas savoir qui sont ces personnes. Ils ne peuvent pas être policiers ou militaires. Il faut à tout prix qu'il les évite. Le métro est bondé. Il aperçoit des deux côtés ses poursuivants progressés vers lui. Il ne sait plus quoi faire. Il n'y a rien à faire. Il sent quelque chose tiré son pantalon. C'est un enfant d'environ sept ans. Il a l'air joyeux. Il montre à Paul ses chaussures. Un lacet est défait.





Il s'abaisse difficilement. Il est 11h15. Il n'y a presque aucun espace entre chaque personne. Les hommes mystérieux se rapprochent dangereusement de sa voiture. Le métro s'arrête. Les portes s'ouvrent. Des policiers rentrent dans le wagon précédent le sien. Deux de ses poursuivants se tiennent à cinq mètres de lui, l'un est blond et l'autre est brun. Ils ne le voient pas car, étant baissé, il est caché par la foule. Il les observe soigneusement en essayant de ne pas se faire remarquer. Les lèvres du grand blond s'agitent nerveusement. Celles du brun remuent lentement mais sans aucun arrêt. Ils font de grandes mimiques, leurs fronts se plissent et leurs yeux sont colériques. Ils ont l'air très déterminés et assez mécontents. Il essaie de se concentrer sur leur parole. Il comprend quelques bouts de phrases comme quoi il faut absolument le retrouver. Et cela avant un "pnr." défini selon des "premières estimations" tombant le samedi de la semaine suivante à 12 heures 53 minutes et 4 secondes. Le brun demande ensuite de combien de temps est en retard "le colis". Il lui répond que cela fait un peu plus de 27 heures et 40 minutes. Paul ne bouge plus. Il est pétrifié. Son souffle s'arrête. Son visage se fige.

Le métro s'arrête. Les portes s'ouvrent. Paul se dissimule au milieu de la foule sortant. Il passe inaperçu. Il choisit de retourner sur son lieu de travail pour récupérer sa mallette et quelques affaires utiles. Après une longue marche il atteint son lieu de travail. Il est dans son bureau. Il est 13h30 Il ouvre sa mallette. Il est très angoissé et très nerveux. Il ne se sent pas bien. Ses forces commencent à quitter son corps peu à peu. Les objets lui paraissent de plus en plus flous. Sa tête lui fait affreusement mal. Il s'effondre sur le sol.

Il se relève. L'horloge du bureau indique 13h35. Il part du bureau avec sa mallette. Il marche dans la rue en direction d'un grand centre commercial. Il appelle un ami avec son téléphone portable. Il lui donne rendez vous au centre commercial à 14h00 en lui disant que c'est extrêmement important. Il continue sa progression dans le centre ville. Son téléphone sonne. Il décroche. Il n'entend rien. Il attend. Il écoute attentivement une voix douce et envoûtante lui disant "vous êtes en retard Paul...". Il raccroche à l'instant même ou son prénom est prononcé. Il panique. Il tourne sa tête dans tout les sens. Ils sont la ! Mais ou ? Il se met à courir. Il bouscule tout le monde. Il vient d'en voir un dans une rue coupant l'avenue en train de marcher. Il accélère la course. Il en remarque un autre sur le trottoir opposé. Son coeur bat de plus en plus vite. Ils sont partout. Le piège se referme ! Il s'arrête net.

Il y en a un à 10 mètres devant lui. Sur son visage se dessine un sourire moqueur. Il adresse à Paul quelques phrases : "Le destin est ce à quoi nous travaillons. L'illusion des mortels est de croire qu'avec intelligence et prudence on peut échapper à son destin. On ne lutte pas contre la force du destin.". Il sort en un éclair une arme. Sans que Paul ne puisse réagir quatre balles viennent explorer son corps. Deux choisissent le coeur comme lieu de passage. Les deux autres préfèrent prospecter le cerveau en fracassant l'os frontal et l'os maxillaire du crâne.



N.B. : pnr = point de non retour ( souvent utilisé dans le domaine de l'aéronautique )







Douleur atroce. Cri. Souffrance. Il ouvre ses yeux lentement et difficilement. Sa vision est trouble. Il est perdu. Où est-il ? Il n’entend rien. Il a mal à son crâne, il a envie de se frapper contre des objets. Ses yeux commencent à discerner plus clairement l’environnement où il est. Il voit une femme, habillée en blanc. Elle lui fait un grand sourire. Il veut lui parler, lui demander où il est, qu’est-ce qui s’est passé… Puis il sent une douleur dans son bras. Les contours s’évaporent, les objets se disloquent, la réalité disparaît aussi vite qu’elle ne s’est crée et le visage gai qu’il fixe part au loin dans la brume de la rêverie de son esprit.

Tout est noir. Rien ne se passe. Encore perdu. Ca commence à devenir une habitude. Aucun repère. Que se passe-t-il ? Que s’était-il passé ? Où mène ce voyage ?

Il est couché sur le ventre. Il ouvre ses yeux. Sa vision n’est pas trouble. Il n’arrive pas à bouger normalement. Il se situe dans une pièce peu éclairée toute blanc. Le sol est mou, tout comme les murs selon ses premières observations. Il n’a plus ses vêtements habituels. Il a une camisole… de force ! Il en est tout ébahi et horrifié. Il essaie de se lever et il n’y arrive pas. Il se tortille dans tout les sens, il se débat. Il s’énerve et il se dit que c’est une situation irrationnelle. Il se met à hurler et à taper le sol de toutes ses forces. Il ne se passe rien, personne ne répond.

Il se rend compte que sa vision, est au ralenti. Il n’est pas dans son état normal. Il a du être drogué. Sa tête lui fait mal et il n’arrive pas à se concentrer.

Il sent tout à coup une présence à ses côtés. Il n’a jamais ressenti cela, sauf une nuit il y a peu de jours… Il se retourne vers l’endroit où il a cru sentir la présence et le fixe avec son regard vitreux. Une lueur blanche et puissante attaque ses yeux violement. Il se tortille dans tout les sens en vain. L’intensité lumineuse régresse soudain. Il voit une femme avec une espèce de drap ou de manteau blanc qui lui fait un sourire. Il est totalement surpris de voir une personne dans cette pièce close, surtout qu’il ne l’a pas entendu arriver.

« Bonjour, vous êtes assez coriaces comme mortel. J’en ai rarement vu des comme vous. Enfin toute histoire à sa fin et votre fil sera bientôt couper comme tant d’autres. »

Paul croit qu’il rêve et que les drogues le font délirer. Il n’arrive pas à prendre conscience de la situation. Il fixe ce personnage surnaturel. C’est une femme, grande et mince. Elle a des magnifiques yeux bleus et des lèvres pulpeuses. Sa peau est blanche et resplendissante. Ses cheveux blonds ondulés voguent autour de sa tête d’une étrange manière.

« Mais qui êtes vous ? Ce n’est pas possible ! Rien de tout cela n’est réel ! C’est totalement irrationnel ! »
A cette phrase la femme se met à rire à grand éclat.
« Vous ne vous êtes pas dit, par le plus grand des hasards, que des événements singuliers vous étiez arrivé ces derniers temps ? Non ? »
Il bégaye, il comprend rien et il a peur.
« -Mais qui êtes vous ? Qui ? Oui il m’arrive plein de trucs bizarres je ne sais pas si c’est mon imagination qui me joue des tours ou…
- Ou quoi ? Si c’est la réalité ? Mais quelles différences vous faites entre les deux ? Le réel c’est ce que vous voyez au réveil ? C’est ce que vous ressentez ? C’est ce qui vous opprime ? La réalité n’est qu’un point de vue. C’est ce qui reste quand vous cessez d’y croire. La réalité rejoint la fatalité car vous ne pouvez pas y échapper. Il n’y a aucune issue sauf une seule connue par tous et choisie par certain. Ils sont traités de lâches ou de courageux selon les individus. Vous y voyez plus clair Paul ?
-Qui êtes vous ? Qui ? Répondez ? Et où voulez vous en venir ?
-Je suis Atropos. Vous allez mourir dans une heure cinquante minutes et quatre secondes. C’est la réalité, donc la fatalité qui le veut. Vous allez mourir un point c’est tout. Personne ne peut vous sauver. Même votre lacet et l’entité derrière cela.
-Comment çà ? C’est quoi cette histoire de Parque et de destin ? Rien de tout cela n’existe ! On ne meurt pas comme çà !
-Je vais attendre votre heure avec vous, ne vous inquiétez pas pour cela.
-Non, je ne vais pas mourir ! Je vais vivre ! Je veux vivre ! Je veux voir ma femme ! Courir librement !
-Je me permets de vous rappeler que de votre faute, elle est morte.
-Non c’est faux ! Elle est vivante je le sais ! Je le sens !
-Les Sans-Âmes ont coupé le fil de sa vie au lieu du votre, c’est de votre faute.
-Non ! »
Paul réussit à se lever, et il fonce vers cette chose. Il tente de la percuter de plein fouet mais il la traverse. Il subit un choc brutal avec le mur qui le projette violement au milieu de la pièce. Il est totalement sonné et souffre horriblement. C’est un cauchemar irrationnel ! Ce personnage ne peut pas exister, il ne l’a pas touché ! Et pourtant il n’a pas pu le rater ! Il se dit dans ses pensées troubles et évasives que cela n’est que le produit de son imaginaire résultant des effets des drogues et tranquillisants.

Non il a bien vu sa femme mourir dans ses bras, une multitude d’hommes, de femmes et d’enfants décédé devant lui ces derniers jours. Ce n’est pas un rêve. Même si c’est un rêve, il faut y mettre fin !

« Mais je compte bien y mettre fin à toute réalité tout comme à vos rêves et espoirs ». La femme a lu dans ses pensées et sa voix résonne lugubrement dans sa boite crânienne comme un chant abominable. Il court dans tout les sens et se jette contre les murs. Il veut arrêter cela. Il faut y mettre fin. Non ! Il ne veut pas mourir ! Il veut vivre. Il est fou ! Il hurle sa haine, son espoir et sa rage !

Les infirmiers l’ont entendu et ils rentrent dans la pièce à trois avec un chariot rempli de flacon de différentes couleurs. Ils sont deux à l’attraper pour le maîtriser. Il continue de crier de toutes ses forces. L’un des infirmiers tenant Paul ordonne au troisième, un jeune en apprentissage apparemment, de lui administrer trois doses du mélange « six ». Il prend une longue seringue et la remplie d’un liquide transparent. Il s’approche lentement de Paul. Il se débat toujours avec plus de vivacité.

Il voit en face de lui le jeune infirmier et la femme somptueuse.
Elle lui souffle d’une petite voix mélodieuse et poétique :
«-Le moment est venu Paul.
-Arrêtez, je vais mourir sinon ! Vous ne voyez pas ! La mort est ici ! Elle veut mon âme ! Aidez moi je vous en supplie ! Lâchez moi ! »
La seringue percute son bras et se vide de son contenu dans son sang. Les effets sont immédiats, il perd toute sa vivacité et force. Les infirmiers le relâche, après lui avoir enlever la camisole de force, puis ils quittent de la pièce. Il est étendu sur le sol et ne remue que très peu. Sa tête devient folle. La salle bouge dans tout les sens comme un bateau pris dans la tempête du siècle. Il a le mal de mer, se sent mal et vomi. Ses yeux se remplissent de sang. Un voile rouge recouvre la réalité déformée qu’il perçoit péniblement. Il ne peut plus parler, juste grogner comme une bête sans raison ni âme. Du sang mêlé à de la bave sortent de ses narines enflammées et de sa bouche meurtri pour immaculé l’innocent sol. Son corps est recouvert d’une transpiration fétide et macabre. Tout devient folie et trouble. Il entend la voix éthérée et douce de la femme létale. Il n’entend plus rien, perd ensuite le goût. Il ne sent plus le sol ni les objets.

La porte de la pièce s’ouvre les trois infirmiers et un médecin rentrent avec grand fracas. Le médecin crie après les infirmiers. Ils se penchent vers Paul. L’un deux dit aux autres qu’il est trop tard et qu’il n’y a rien à faire. Apparemment le jeune infirmier s’est trompé entre les flacons « six » et « neuf » qui sont des drogues servant à calmer les plus dangereux malades. Le mélange « neuf » est non dilué et la dose est cent fois plus élevée que le seuil toléré par les patients. Il a reçu une dose létale de cette substance. Les fioles « six » et « neuf » sont toutes à l’envers d’où la confusion du jeune homme… Paul dans son dernier soupir réussit à pointer son bras en direction du médecin.

Un des trois infirmiers le fait remarquer au médecin :
« On dirait que le patient pointe son bras vers votre chaussure où votre lacet est défait d’ailleurs. »

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