Chapitre 3 : un hiatus et des poussières plus tard, on change de storyline.

Ertaï regardait la souris droit dans les yeux.
« C’était vraiment une mauvaise idée, Cat.
- Je sais.
- Une TRES mauvaise idée.
- Je sais.
- Je veux dire, une idée tellement stupide que même les freeposters l’ont approuvée. Tu pouvais te douter du résultat. Y’avait un gros panneau « Idée débile » avec des néons de la taille d’Ivaldir et de son caleçon.
- …Je sais.
- Tu as beaucoup de chance d’avoir des modos avec toi. Et nous aussi on a eu de la chance. A un doigt et on y restait.
- Je sais.
- Alors tu sais ce qu’il te restes à faire ?
- Je sais.
- C’est bien. Vas-y.
- Je sais. »

Une fois le dialogue terminé, Ertaï débrancha la souris mécanique qu’il avait utilisé comme substitut relationnel. On ne s’adresse pas au démiurge de cette manière-là après tout, même quand il a perdu tous ses pouvoirs sauf son titre honorifique. Et même quand on est le nouvel architecte du refuge qu’il dirige. Après tout, une souris de trois cent kilos reste une souris de trois sent kilos. Sans compter les dents de sabre. Et l’idée de voir son corps mou déchiré entre les crocs d’un rongeur n’égaille certainement personne.

Ca n’empêche aucunement le modo-en-chef de vouloir le remettre à sa place de temps en temps. Et puis, techniquement, il en serait capable. Techniquement. Du moins, c’est possible. Enfin… mieux vaut pas tenter le destin.

L'idée en question, celle qui avait damné le refuge, avait été de prendre Nachalm comme bras droit. Le nouveau venu rappelait beaucoup trop Sbirematqui aux modérateurs, mais un démiurge fait généralement ce qu'il veut, d'autant plus avec la foudre divine qui lui appartient. Et qu'il a un jour laissée traîner. Et que Nachalm n'a pas chômé avec - étant bien évidemment le Sbirematqui soupçonné. Il ne s'en cachait pas vraiment d'ailleurs, clamant à tue-tête ne pas l'être, d'une manière dont seuls les coupables nient leurs criment. D'où le besoin constant pour Ertaï de remettre Cathaséris à sa place - même si ce n'est que virtuellement.

Ces derniers mois, il répétait ce dialogue à peu près une fois par jour. La destruction de l’ancien refuge – pour cause de révolution (ENCORE !) les avaient forcés à revenir aux ruines de l’Aerie’s Guard d’avant les mille Dream. Mais l’endroit était tellement dévasté qu’il avait fallu un travail énorme de la part des modos pour en reconstruire ne serait-ce qu’une partie. La plupart des sujets avaient étés abandonnés aussi, et c’est avec une minutie et une préparation extrême qu’étaient lancés les raids pour récupérer de minces bribes d’archives qui laissaient les membres de l’expédition épuisés pour une semaine.

Par chance aucun membre n’avait disparu pendant la fuite du refuge – à part les insurgés. Au contraire, quelques-uns qui semblaient l’avoir quitté pour ne plus jamais revenir réapparurent, sentant la communauté en danger. Une de ces réapparitions les plus miraculeuses fut celle de l’archange lui-même – bien qu’il avait perdu la plupart de ses pouvoirs, il était toujours capable de lancer une ou deux étincelles, voire une châtaigne, s’il se concentrait bien (et s’il ne lançait ni l’un ni l’autre il vous filait un marron). Sa connaissance des lieux et son expérience aidèrent beaucoup le refuge à se reconstruire, et sans lui la situation aurait été plus que catastrophique – ce qu’elle était déjà.

Pour le sorcier de la côte, c’était même la pire situation qu’il ait jamais vécu.

Il était responsable !

Quel cauchemar !
***

Dans les ruines de l’ancien refuge, les insurgés eux aussi se préparaient, sous la vaillante domination de feu-nachalm Sbirematqui anciennement feu-sbirematqui Nachalm, et Luminox qui n’est feu que de corps parce que c’est un séraphin, et qu’il aime rappeler à tout le monde que les séraphins sont faits de feu et de lumière divine, et qui se prenait, à ce moment précis, pour l’équivalent d’Ivaldir dans la révolution.

Le manque d’organisation inhérente à tout groupe chaotique au pouvoir avait mené les révolutionnaires à être encerclés d’une barricade impénétrable. Barricade magique, au demeurant, qui permettait aux modos de souffler un peu tandis qu’ils reconstruisaient le refuge – mais qui pompait leurs ressources et qui les ralentissait dans leurs travaux. De même, leurs raids nécessitaient l’ouverture temporaire de la barricade, et à ces moments-là tout pouvait arriver. Cette barricade empêchait théoriquement les freeposteurs (et les flooders en général) de sortir de la zone encerclée.

Cependant, chacun des groupes avait depuis longtemps compris que le nerf de la guerre, c’était l’information : et chacun des groupes comportait une taupe au sein même de son organisation…