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La Morte matinée d'un chômeur

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La Morte matinée d'un chômeur

Mathias était au chômage depuis deux mois parce que l’entreprise dans laquelle il occupait le poste de comptable avait fait faillite. Ce jeudi matin, 10h42, il marchait dans la rue et il était dans le centre ville. Les immeubles cachaient le Soleil et Ils étaient gris tout en béton. Il trouvait toutes ces constructions laides. Il n’y avait aucune joie dans cette architecture. Rien. On avait l’impression que tout se ressemblait. Il n’y avait aucune différence. Tout était pareil. Il continuait son chemin passant devant les magasins. Il reconnaissait tous ces visages d’inconnus qui étaient tous familiers à ces yeux mais n’en connaissant aucun. Il respirait l’odeur appétissante qui se dégageait de la boulangerie-pâtissierie. Il passait devant la banque, en évitant les personnes pressées qui le bousculait. La ville était en pleine effervescence.
Il arrivait alors devant la boite d’intérim à 10h50. Il avait un rendez vous à 11h00. Il devait voir à quels postes il pouvait prétendre et s’ils avaient quelque chose à lui proposer. Il poussa la porte d'entrée dont les gonds soufflèrent leur souffrance avec puissance.
Mathias fut gêné d’avoir provoqué tous ces bruits. Il entra lentement puis il vit en face de lui, une secrétaire derrière un grand bureau en bois. Il la trouvait jolie. Elle était grande, élancée et brune aux yeux noisette. Elle avait la peau très blanche. Elle portait des lunettes. Cela lui donnait un air sérieux, un peu autoritaire. Elle tapotait sur le clavier de son ordinateur à une vitesse effrayante. A sa droite se trouvait une salle d’attente avec deux ou trois personnes. Il s’avança vers la secrétaire et il s’annonça. Elle lui répondit qu’il était en avance de dix minutes. Il allait devoir patienter car la personne, qui devait s’occuper de lui n’était pas disponible pour le moment. Il se tourna vers la salle d’attente et marcha d’un pas pataud. Il s’assit. Les sièges étaient en bois. Ils étaient durs et peu confortables. Il y avait au milieu de ce lieu, une table en bois. Il y avait plein de revues et magazines entassés dessus, un peu n’importe comment. L'éclairage médiocre de la salle rendait la pièce obscure. Les deux petites fenêtres n'apportant guère plus de luminosité.

Il se mit à observer les deux autres personnes qui patientaient avec lui. La première se situait à deux sièges de lui, à sa droite. C’était un petit homme, très barbu, de quarante voire quarante cinq ans, brun et aux yeux marron. Il paraissait porter des vêtements usés. Cela était un signe extérieur de sa situation financière critique.
La deuxième était en face de lui. Il ne savait pas si c’était un homme ou une femme. Une impression bizarre se dégageait de cette personne. Elle avait une sorte de long manteau noir qui lui descendait jusqu’aux genoux. Ses manches étaient longues. On ne pouvait pas voir ses mains. Il avait croisé ses bras. Sa houppelande était large. Sa capuche était de la bonne taille pour cacher son visage, grâce à un jeu des ombres et des lumières environnantes. Il avait la tête penchée en avant. Il ne faisait aucun mouvement. Ce personnage mystérieux excitait la curiosité de Mathias. On pouvait croire qu’il s’agissait d’une statue ! A côté de lui se trouvait un grand objet, qui semblait être une canne, mais c’était trop grand pour en être une. Il était entouré d’un drap d’un blanc éclatant. Cette couleur faisait un contraste impressionnant avec son propriétaire tout de ténèbres vêtu. On avait l’impression que c’était irréel. Il présumait que son imagination lui jouait des tours cependant ce n’était pas fictif.

Alors la curiosité vainquit sa peur, il demanda à cette personne si elle était sans emploi depuis longtemps. Elle ne dit rien. Aucun mouvement. Un lourd silence pesait dans cette salle. Puis d’un coup, elle hocha lentement la tête. Elle ne prononça aucun mot. Elle avait répondu positivement. Elle était vraiment très impressionnante. Ses vêtements ne paraissaient pas sorti d’une autre époque… mais plutôt d’un autre univers !
Il lui demanda son nom. Elle ne bougeait pas. On n’entendait pas son souffle. D’une voix glaçante et résonnante elle répondit que jadis certain l’avait surnommée Atropos ou Morta. Malgré l’effroi provoqué par cette réponse, il l’interrogea à propos de sa condition de sans emploi. Elle resta paisible. Elle tarda un peu à répondre. Elle affirma que la découverte et l’application de l’immortalité vingt années plus tôt l’avait mis au chômage. Surpris, il l’interpella ainsi « vous travailliez dans les pompes funèbres ? ». Elle lui rétorqua d’une voix insensible et rocailleuse : « Plus précisément, je suis la Mort. »

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