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Cinq-cents quarante-cinq

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Je n'arrive toujours pas à dépasser les deux pages, mais j'ai toujours autant de plaisir à le faire  ! 

J'espère que ça vous plaira, dites moi donc ce que vous en pensez Smile

Moins d'émotions que dans d'autres textes je pense... j'y ai plus réfléchi aussi... donc pas sûr que ça soit mieux au final DoubleAccentCirconflexe

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545, c'est peu. Bien trop peu pour ceux qui nous attendent. Un face à face qui dure depuis des heures... passées à nous jauger, à nous tester. Essayant de repérer leurs points faibles et de masquer les nôtres. Nous ne nous sommes pas vraiment donné rendez-vous. Nous avons largement dépassé ce stade dans notre relation. Les bruits des moteurs et des ferrailles qui claquent emplissent l'atmosphère. Les banderoles et les drapeaux la colorent. Bientôt, ceux-ci seront sur le sol, relevés d'un rouge vif, de la couleur de ceux qui sont tombés. Nous avons peur de ce que nous savons arriver, mais les hommes en armures qui nous regardent ressentent la même chose. L'appréhension déforme chaque visage. Nous doutons d'y arriver, eux d'avoir fait le bon choix. Nous sommes là pour notre avenir, ils se battent pour défendre un présent qui ne leur appartient pourtant pas. 
545, c'est le nombre d'hommes et de femmes autours de moi, et avec qui nous nous sommes organisés pour lutter. La confiance est notre atout. Une confiance en notre vision, mais surtout envers nos pairs. Chacun de nous se sent responsable de son voisin, de gauche, comme de droite. Là n'est plus la question, et ce depuis longtemps. Nous passons cette longue attente à nous rassurer mutuellement. Nous en avons besoin tant la situation reste inconfortable. C'était pourtant inévitable. Voir lentement mais surement notre vie disparaître sans rien faire, ou réagir et prendre le risque de toute perdre. Ils nous ont sous-estimé. Nous n'avons déjà plus rien. Seul la vie nous reste, et nous ne la passerons pas à s'imaginer un monde meilleur. Ce monde, nous le voulons maintenant. C'est pourquoi ces casques de moto sont sur nos têtes et que les drapeaux sont devenus nos lances. Dans les caisses en cartons, les tracts ont laissé place aux bouteilles remplies d'essence. Notre matériel politique est devenu militaire.

Ils ne le savent pas encore, mais nous sommes devenus plus qu'une foule et nous retenons notre colère. Nous la retenons pour mieux la faire éclater, car une fois révélée, notre rage ne nous quittera plus ; et rien ni personne, ami, famille, ou ennemi, ne pourra plus la contrôler. Dans l'attente, les rangs doivent rester serrés et la patience devenir cette arme dont nous avons appris à faire preuve. Sur leurs vélos, deux cents des nôtres ont entamé le contournement qui les feront vaciller, apportant confusion, peur et haine dans les rangs ennemis. Ils arriveront bientôt, nous avons un plan, et eux ne s'en doutent toujours pas.

Un nuage de peinture et de poivre noir commence à s'élever au dessus de leur troupe. Cachés derrières leurs masques, ils n'aiment pas ça. La douleur ne les a pas encore touché que déjà ils la sentent. Leur énervement devient si fort que l'on croirait pouvoir le sentir au dessus de nos têtes. Mais celui-ci pourtant nous apaise, car nous savons que c'est ce qui les mènera à leur perte. Ils se réorganisent et nous sentons qu'ils ne vont plus tarder à charger. Inconsciemment, et alors que nous ressemblons déjà au contenu d'une conserve, nous resserrons encore nos rangs. Comme pour mieux sentir le soutien de ceux qui nous entourent. Nous crions de toutes nos forces pour les intimider, mais c'est pour mieux cacher nos propres craintes. Ce jour sera difficile.

Le bruit des auto-pompes sonne le départ, transformant le pouvoir apaisant de l'eau en un torrent de violence. Sa douceur est devenue douleur. Sans le vouloir, ils nous ont changé, et l'Histoire future nous rappellera ce jour comme une vaine insurrection, ou comme une noble résistance. L'issue de cette bataille déterminera ce que les générations futures apprendront de nous.

Le son d'une corne de brume s'élève alors d'entre les immeubles et nous informe de la retraite de nos cyclistes. L'écho fait vibrer chacune de nos cellules et certains d'entre nous se mettent à trembler. Nous savons que le moment approche. Lentement, les gardiens de nos oppresseurs s'avancent, habitués qu'ils sont de leurs victoires rapides et éclatantes. Les gaz lacrymogènes sont lancés mais notre peau s'est habituée, et ce qui les premières fois nous rendaient fous n'est plus devenu qu'un léger picotement. C'est le moment qu'ils ont chois pour lancer leur course vers la défaite. Nos drapeaux se baissent et deviennent rempart de fer et de bois, les cocktails incendiaires sont lancés et mettent feu aux peintures de couleurs dont certains sont recouvert. Ils se roulent sur le sol, et leurs hurlements étouffés par les flammes nous procurent le plaisir nécessaire à renforcer notre courage malgré tout vacillant. Nous n'avons pourtant pas le temps d'en profiter car déjà le contact est établi. Ils frappent fort et dur, car ils sont plein de haine. Mais la haine, si impressionnante soit-elle, rend l'Homme imprudent. C'était partie du plan... et nous reculons, lentement... Obligé d'abandonner certains d'entre nous : menottés, inconscients, blessés, morts...

Les auto-pompes, bloquées derrières leurs barrières de barbelés, sont devenues minuscules. C'est le moment choisis pour refermer notre colère sur la haine qui nous affronte. Par centaines, des Klowns en armes sortent des immeubles de bureaux vides qui bordent l'avenue où nous sommes. Les Klowns, au départ activistes festifs et pacifistes, se sont radicalisés après que plusieurs d'entre eux se soient retrouvés durablement emprisonnés. La mort de l'en d'eux a sonné le début d'un entrainement physique intensif pour la majorité d'entre eux, et c'est en grande partie sous leurs impulsions que nous en sommes là. Le clown, ce personnage qui du rire à la tristesse rempli les coeurs d'une chaleur humaine nécessaire à rêver l'avenir. Des larmes et des sourires de couleur maquillent leur visage. Ils semblent amusés et innocents, mais le démon s'est emparé d'eux, et leur mode opératoire est plutôt trash. Nous n'en avons pas encore fini que certains d'entre eux arrachent déjà à coup de bouclier les têtes de miliciens désoeuvrés. Elles roulent sur le sol, et la peur restera à jamais marquée sur ces visages devenus solitaire. Le sang recouvre peu à peu toute la route et, suivant le même chemin que la pluie, termine son lent et subtil trajet vers les égouts. La plupart d'entre nous ne soutenons pas ces actes extrêmes, mais leur violence est à l'image de ce que nous avons subis. 545, c'est aussi l'article de Loi que nous avions invoqué pour que les choses changent sans aller si loin. Car si nul ne peut être contraint de céder sa propriété, l'utilité publique est pleinement rencontrée lorsqu'il s'agit de sortir de la misère les trois-quart de nos frères humains. Mais ils ne nous ont pas écouté, ne nous ont pas prit au sérieux... Leur égoïsme et leur avidité fut plus forte que leur éthique, et notre morale n'a pas pu les arrêter... Et voilà où nous en sommes... Mais lorsque tout sera fini, et que la paix retrouvée nous rentrerons dans nos immeubles, nous aurons la force de changer à nouveau pour devenir ce que nous avions toujours voulu être : des êtres d'amour et de paix.

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Dragoris



Cerbère des Portes de la Fiction

C'est assez bien écrit je trouve, bravo Smile

Je ne dirais pas qu'il y a une tension, mais ton texte crée un écho, pour ceux qui aiment l'idée de la révolte (pour un monde meilleur), pour cette sorte de rébellion en passe d'être une révolution.

J'ai trois remarques :

- D'abord, je trouve qu'il y a quelques petites longueurs, comme si tu cherchais à grossir artificiellement le texte. Rien de bien dramatique, mais pour que ton texte soit plus pur, mon avis est que la nouvelle ne doit pas être plus longue que ce qu'elle devrait.

- Ensuite, petit point de détail mais je pense que tu devrais à chaque fois écrire 545 au long (cinq cent quarante-cinq). La règle dans l'édition c'est qu'un chiffre en début de phrase doit toujours s'écrire au long, et en plus ainsi tu l'anoblis quelque part en l'allongeant, plutôt que te contenter de trois caractères. Sauf quand tu parles d'article de loi normalement, mais là encore c'est en début de phrase donc tu laisses au long.

- Enfin, je trouve qu'il y a un peu d'incohérence dans le texte. Au départ, on découvre peu à peu que si les armes sont rudimentaires du côté des manifestants, elles sont mortelles : les cocktails Molotov. Ok, mais pourquoi alors du côté des forces "mercenaires", comme tu l'écris, c'est encore plus basique ? Surtout que tu parles des Klowns qui se sont radicalisés, donc j'imagine que ce n'est pas le première fois qu'il y a du sang, ce qui signifie que les forces de l'ordre doivent se préparer également à verser le sang.

Tu peux d'ailleurs jouer dessus. Pour améliorer ton texte, je te conseillerais bien un crescendo : d'abord, l'affrontement se fait par le plus basique, ce que l'on connaît aujourd'hui, à savoir jets de cailloux côté manifestants, pendant que les forces de l'ordre ou CRS attendent, puis c'est la charge avec les fumigènes, puis le contact avec matraques + boucliers contre bâtons + casques de moto. À ce moment-là, repli des manifestants pour refermer le piège avec les Klowns qui débarquent (je n'irais pas jusqu'à la décapitation personnellement, mais des couteaux ça peut être bien). Lorsque le sang est versé, c'est le moment où tout bascule : les CRS tirent à balle réelles, les manifestants se dispersent pour ne pas se faire toucher, les cocktails Molotov pleuvent, et tu termines sur une ambiance de fin du monde, avec le sang dans les rues et les flammes partout en fond, les cadavres des martyrs et des ennemis mêlés, la fuite à pied des forces de l'ordre qui n'ont plus de véhicules, les manifestants qui les rattrapent pour en faire un massacre pur et simple...

Comme toujours, merci de tes commentaires éclairés et plein de sens Smile

Pour la première remarque, peux-tu être plus précis ? Il y a quelques endroits où j'ai changé l'ordre des paragraphes à un moment pour que ça colle mieux mais c'est fort possible que ça ait créé des lourdeurs... malheureusement je ne les vois plus, j'ai lu le texte trop de fois pour ça DoubleAccentCirconflexe

Pour la seconde remarque, j'ai hésité, et tu as raison, je changerai ça.

Pour la troisième par contre, je suis plus mitigé. Voilà ce que j'ai eu en tête pour écrire:
* Dans un premier temps, les forces de l'ordre ne peuvent pas employer d'armes létales au risque de s'attirer les foudre de l'opinion publique, et les manifestants n'usent d'aucune violence pour les mêmes raisons (situation actuelle).
* Le texte est sensé représenter ce moment où les manifestants s'organisent secrètement et deviennent résistance. C'est la raison de leur petit nombre, et du fait que les forces de l'ordre ne se méfie pas et n'usent pas encore d'armes létales à leur tour. D'où la raison de la surprise due à la confiance héritée des victoires passées et à la haine qui monte lorsque peinture et poivre leur tombe dessus. L'idée derrière est aussi le fait que ces "résistants", même si ils crèvent de trouilles, ont accepté l'idée que le changement ne pourra se faire sans une certaine violence, et sans un certain "sacrifice" de leur part... qu'il n'y plus de retour en arrière possible. Et que si ils en viennent là, c'est parce que toutes les voies démocratiques et pacifistes ont déjà échoué.

Les Klowns activistes existent vraiment (en Belgique en tout cas) et ne sont pas du tout violent mais s'en prennent par contre plein la tronche lors des manifestations. C'est un peu cette idée aussi derrière le "ils nous ont changé". C'est par la violence de l'Etat qui résiste via les forces de l'ordre aux changement voulu par la population que cette population devient elle même violente, mais pas de gaieté de cœur. Leur violence est une caricature j'en conviens. C'était pour accentuer encore l'idée: "c'est horrible, mais il faut passer par là".

Par contre tu as raisons. La police doit utiliser les armes à partir du moment où ça part en sucette. Je vais essayer d'allonger la fin du texte pour rajouter cette ambiance de fin du monde... mais j'aimai bien cette enchaînement entre la violence exacerbée des Klowns et le pacifisme réaffirmé des manifestants qui s'ils avaient pu n'en seraient pas arriver là. Comme un clin d'oeil aux puissants: "Regarder ce qui vous attend si vous ne mettez pas un peu d'eau dans votre vin"

Dragoris



Cerbère des Portes de la Fiction

Pour ce qui concerne les légères lourdeurs (haha, faudra que je la ressorte celle-là sourire3), j'ai eu un peu de mal à retrouver parce que c'est assez diffus (et ça ne saute pas non plus aux yeux). J'ai juste relevé ça :

Citation :

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Le bruit des auto-pompes sonne le départ, transformant le pouvoir apaisant de l'eau en un torrent de violence. Sa douceur est devenue douleur. Sans le vouloir, ils nous ont changé, et l'Histoire future nous rappellera ce jour comme une vaine insurrection, ou comme une noble résistance. L'issue de cette bataille déterminera ce que les générations futures apprendront de nous.

"

Dans ce paragraphe, tu décris d'abord l'instant présent et l'affrontement, mais dans un deuxième temps tu reparles de l'insurrection en général. Il faudrait mettre cette deuxième partie un peu avant, la rattacher aux moments de la nouvelle où tu parlais de généralité. Tout juste avant ou tu juste après le paragraphe "Ils ne le savent pas encore, mais nous sommes devenus plus qu'une foule et nous retenons notre colère..."

Citation :

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Nos drapeaux se baissent et deviennent rempart de fer et de bois, les cocktails incendiaires sont lancés et mettent feu aux peintures de couleurs dont certains sont recouvert.

"

Il y a cette phrase aussi qui me pose problème. N'oublie pas que depuis le début de la nouvelle on reste dans un flou artistique, on apprend seulement par indice ce qu'il se passe, à quelle époque, dans quel pays, est-ce qu'on est dans le réel ou l'imaginaire, etc. Par exemple on ne fait que deviner qu'il s'agit de forces de l'ordre, mais rien ne l'indique vraiment clairement, sauf peut-être lorsque tu parles de lois, tout à la fin. Je n'ai aucun souci, mais du coup il faut faire attention, je pense, à ne pas être trop subtil comme c'est le cas ici. Moi en tout cas je n'avais pas compris cette phrase avant que tu ne me dises, dans ta réponse, qu'on leur avait en fait envoyé de la peinture au préalable. 

Cette subtilité était trop grande pour moi lorsque tu m'expliques le message que tu as voulu faire passer mais que je n'ai pas totalement compris, en ce qui concerne la trop grande confiance des CRS par exemple, que la scène racontée est un tournant dans les manifestations, et non une scène de révolte habituelle du pays, etc.

Enfin ça reste du l'ordre du détail icon_wink

Je ne connaissait pas les Klowns, mais dans ton texte je trouve simplement qu'il y a une trop grande disproportion entre la scène au début assez pacifique (peinture + poivre + charge, c'est pas grand chose), et d'un seul coup d'un seul, les Klowns débarquent et, parce qu'un jour, l'un d'entre eux est mort (bon il y a aussi les nombreux emprisonnements, mais c'est moins que la mort non ?), ils se mettent à décapiter à tour de bras.

Si tu veux conserver la dualité "pacifisme des manifestants" contre "extrême violence des Klowns", je peux sinon te proposer, à toi de voir, une réflexion du personnage qui espère de tout cœur parvenir à repousser, sans trop de violence, la charge des CRS, et l'intervention des Klowns ne se ferait que si les manifestants étaient débordés. Donc le personnage espère vraiment qu'une solution sans trop de violence (peinture et poivre), sans trop de sang, est encore possible, mais ils se font déborder, et là le personnage doit se rendre à l'évidence, la sauvagerie des Klowns sera nécessaire pour gagner la bataille, et ça lui déchire le cœur de le reconnaître.

Le Bashar



Source de sable intarissable

Au tout début tu commence par dire que les deux côtés doutent, et juste après que l'atout des 545, c'est leur confiance : c'est contradictoire.

Moi je ne suis pas surpris par la montée de la violence, et en fait je trouverais ça vraiment étrange que les manifestants n'aient pas l'intention d'être violent s'ils ont au préalable organisé leur insurrection avec plan de bataille et "armement". Si on n'a rien préparé, la seule chose qu'on trouve à lancer c'est les trucs qu'on trouve par terre.

Mais je trouve ça également curieux d'avoir des CRS sans armes contre ce qui ressemble plus à des francs-tireurs qu'à des manifestants. Car si l'état sait que les manifestants se sont radicalisés, et il le sait forcément, parce que les CRS ne sont pas représentatifs des forces de police : on a des enquêteurs aussi sweat2
Donc si l'était sait, alors il a forcément organisé sa défense en conséquence. S'il ne sait pas, alors c'est du côté des manifestants qu'il y a quelque chose qui cloche : l'objectif d'une insurrection, ce n'est pas de tuer des CRS. ça ne sert à rien. L'objectif, c'est de renverser le pouvoir (non ? ) et dans ce cas le plan de bataille ne devrait pas se concentrer sur une rue, mais sur la diversion dans cette rue, pour masquer le putch ailleurs, et qui est le véritable objectif.

ps : bizarre de faire une sorte de cavalerie avec des vélos. moi j'aurai pris des voitures icon_lol ou des tracteurs.

pps: sur le détail de la peinture, contrairement à drago j'avais vu le passage, mais j'ai trouvé ça un peu bizarre quand même, car les peintures ne sont pas toutes très inflammables, ça ne se disperse pas bien, et ça coûte cher. à la place des manifestant, j'aurai lancé de l'alcool à bruler.

 
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