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A Tea 2 - ça va rafraîchir sec

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Sbirematqui



Expert en Cachalots

Poursuivi par les évènements, le commissaire Lechangé tente de résoudre une enquête qui dépasse largement la simple notion de meurtre...

Version rafraîchie, réécrite en partie avec un bon chapitre de plus !


Première pièce :

Face

 

Chapitre 1 :

 

1 :

 

-Chérie, je viens de croiser notre fils dans le salon.

-Oui ? Et alors ?

-Il sort, il m’a dit qu’il allait acheter des balles de tennis pour sauver la ville de la destruction.

-Je pense que tu as raison, cette séance chez le psy s’impose de plus en plus.

Le mari défit sa cravate et alla aux toilettes.

 

 

2 :

 

 Le premier cadavre fut retrouvé sur le sol d’une église, dessinée par un architecte allemand, marqué par un voyage au château D’Aix-la-Chapelle dans sa jeunesse, son premier baiser, ce qui donnait à l’endroit un aspect « vieux de plus de cinq cent ans », même si elle tenait plutôt dans les huit mois d’existence. La victime était allongée dans un coin, la main coupée et ses traces de boues témoignaient d’une grande partie de cache-cache avec son assassin avant le meurtre. Par contre, l’assassin avait témoigné de la plus grande prudence, aucune trace pouvant témoigner de son passage, hormis une statue ancienne décapitée, qui était là bien avant la construction de l’édifice. Une sale affaire, comme l’avait dit le commissaire Joseph Lechangé.

 Le commissaire Joseph Lechangé fut baptisé par son père, certes blagueur, José Lechangé. L’enfant, traumatisé par les innombrables jeux de mots faits par son paternel sur son prénom, en changea dès sa majorité, par Joseph, qui ne contrariait son père seulement par l’accent qu’il devait prendre pour se moquer de lui. Mais le fils ressentit le changement, se sentant mieux dans une société qui ne s’esclaffait pas à chaque fois qu’il se présentait. Dès qu’on lui parla de cette affaire, il insista beaucoup pour qu’on lui en charge. En fait, le petit nom de la victime était Paul Airme.

 

 

3 :

 

 Les dernières personnes à avoir vu Monsieur Airme, c’est ainsi que nous le nommerons, furent les agents de sécurité d’une usine Frutti de confiserie. Il fut pris la main dans le sac en train de s’introduire dans la salle des mélangeurs, et on le questionna plus de deux heures, pour écarter la thèse de l’espion industriel. L’entreprise Frutti fut vite mise en cause, ayant un mobile assez solide, et sous mandat, la police a obtenu la liste de tous les ingrédients tenus secret au public, pour une raison que nous verrons plus tard. La personne qui a prévenu en premier la police de sa disparition se prénommait Justin Delarose, vendeur de d’instrument de musique, spécialiste des instruments à cordes. Il déclara que Monsieur Airme était un passionné de guitare, et tout les jours depuis cinq ans, il passait le voir, ou téléphonait dans les cas de plus extrême occupation, pour parler avec lui de ukulélé, guitare sèche ou électrique et se renseigner sur les prix pour agrandir encore sa collection, de guitare bien sûr. C’était un passionné, et Julien s’inquiétait beaucoup pour son ami, surtout parce que lors de leur dernier rendez-vous pré-mortem, il avait paru très bizarre, selon lui parce qu’une partie de sa collection avait disparu lors d’un cambriolage, mais Mr Delarose savait que ce n’était pas ça, car cela était arrivé plusieurs fois, et cela ne lui donnait pas tant de souci.

 Le cadavre avait une main coupée, qui n’a pas était retrouvée. Il a été rapidement identifié grâce à son portefeuille, et il a été retrouvé sur le moignon des éclaboussures d’un composé non-identifié.

 

 

 

4 :

 

-Monsieur Lechangé ?

-Oui Suzy, qu’y a-t-il ?

-Deux personnes désirent vous voir.

-Et de qui s’agit t-il ?

-De l’Agent Détart et d’un parfait inconnu.

-Fait entrer Détart

-Agent Détart, entrez.

 L’Agent Détart entra, et posa un papier sur le bureau.

-C’est quoi, votre liste de course ?

-Non, ce sont les résultats du chromatographe à propos du l’élément retrouvé sur le corps. C’est un mélange d’3-Methoxy-4-hydroxybenzaldéhyde, d’Acétate d’éthyle, d'éthoxyéthane et d’autres composés avec des noms moins remarquables.

-Le Chromato-Quoi ?

-Graphe. Chromatographe.

-Et vous avez comparé avec la liste des produits de chez Frutti ?

- Sois la victime s’est lavée avec un mélange de chamallow fondu et de vinaigre, soit il a reçu des éclaboussures de verni à ongle parfumé.

-Et dans notre cas c’est à la vanille qu’il est parfumé.

-Bien sûr monsieur.

-Veuillez ajouter au dossier que le tueur est suspecté être une femme, et dites à Suzy de faire rentrer le second visiteur.

 

 

5 :

 

 La lumière tamisée éclairait la table. L’occupant de la chaise de gauche, un barbu, baissa la tête et se mit à pleurer. Il répétait sans cesse entre deux sanglots « ça recommence… ça recommence… ça recommence… ». Celui assis au milieu, une femme petite qui se trémoussait sur sa chaise, regarda ses deux comparses et leur demanda pourquoi ils chialaient comme des enfants. Celui de droite leva la tête et lui dit :

-On en a trouvé d’autres.

 Le commissaire regarda longtemps la personne qui venait de rentrer. C’était un homme qui approchait les soixante-dix ans. Il avait l’air d’avoir tout fait, et de s’être arrêter à la case « Pas un copeck ». Il avait un chapeau haut de forme écrasé, noir de crasse avec un trou dans la toiture. Sa barbe datait de plusieurs mois, et s’il ne se grattait pas de temps en temps l’amas de croûtes et de saleté sur son visage, on aurait cru qu’il était noir de peau. Ses habits respiraient les poubelles, et sa chemise blanche était parsemée de grandes tâches de vomi, disons les choses comme elles le sont. Lorsqu’il commença à parler, le commissaire reçut en pleine figure une haleine de poivrot, dans l’espèce qu’on ne sent qu’une fois dans sa vie.

-Venez avec moi, Joseph Lechangé.

 

6 :

 

 Le commissaire jeta un oeil à son agenda terriblement vide et regarda le parfait inconnu. Après tout, un vieux chnoc pouilleux doit avoir une bonne pour sortir de ses cartons et venir se présenter devant un inspecteur de police.

-C’est en rapport avec l’enquête en cours ?

-Oui

-Je vous suis, mais sachez que vous bousculez tout mon planning.

Ensemble, ils sortirent dans la rue et entamèrent le trajet. Le dialogue suivant se déroule dans une rue prénommée Spont, totalement dénudée d’intérêt, hormis le foisonnement de place de parkings disponibles tout le long de la journée. Le commissaire entama la discussion.

-Ce ne serait pas impoli de me dire où vous me menez ?

- Tutoyez-moi s’il vous plaît, question de principe.

-Volontiers ! Tu peux me dire où on va ?

-A l’aéroport.

-Mais, c’est à l’autre bout de la ville, c’est trop loin pour y aller à pied !

-Vous avez une voiture, non ?

-Oui, aux dernières nouvelles.

-Et qui est garée où ?

-Rue Spont, j’ai compris.

- Ben voilà, ce n’est pas si loin l’aéroport finalement.

 Joseph, n’osant pas se plaindre de l’effet que le pantalon, sans doute de couleur blanche à l’origine, de son interlocuteur fera sur ses beaux sièges de cuir fin, s’aventura tout de même à poser cette question :

-Et qu’allons nous faire à l’aéroport ? On ne va pas prendre l’avion tout de même ?

-Non, sûrement pas, on y va pour leurs toilettes.

 Le commissaire esquissa un sourire et démarra.

7 :

       Nos deux comparses arrivèrent à destination. Après avoir garé la voiture, ils rentrèrent. Ils prirent l’ascenseur pour rejoindre le niveau deux, où ils tournèrent dans couloir de droite, qui se terminait par un escalator pour passer au Hall des départs. Près de cet escalier, une porte, surplombée d’un petit panneau, marqué de deux lettres, un W et un C. Notez l’originalité de cette disposition, qui est étrange pour un aéroport français. En effet, dans ce type d’aéroport, en plus d’avoir des toilettes généralement insalubres, il est écrit sur les panneaux indiquant les latrines « Toilettes », éventuellement accompagné d’un petit encadré bleu avec les deux lettres citées ci-dessus. Mais, dans le cas présent, il y a exception car le petit panneau surplombant la porte avait été remplacé pour le tournage d’un film, exportable à l’étranger donc obligé de rester neutre sur le point de vu linguistique, et l’original n’a pas été remis à la sortie en salle, qui fut d’ailleurs qualifié de ’’Flop’’ par les médias. Le parfait inconnu entra en premier, suivi de Lechangé.

       L’intérieur était de ce qu’il y a de plus commun. Les lavabos à gauche, les cabines à droite, et les urinoirs au fond. Devant ces derniers, deux personnes en costume noir mettaient en pratique l’installation. Un des deux était grand, blanc et large d’épaule mais néanmoins peu épais ce qui lui donnait, effet renforcé par un costar très serré et un crâne vierge de toute pilosité, une stature d’armoire à glace. L’autre, petit, noir et large d’épaule, était tout aussi mince et chauve, donnait plutôt dans le buffet à tasses. Lorsqu’ils entendirent nos héros rentrer, ils se retournèrent d’un même geste, et s’avancèrent d’un pas. Le parfait inconnu leur adressa la parole :

-Repos ! Commissaire, voici Geoffrey, pour faire court G, ancien surveillant de superette. Dit-il en montrant l’armoire à glace.

-Bonjour.

-Honoré monsieur Lechangé.

-Merci

-Et voici Alfred, ancien propriétaire de laverie automatique, on l’appelle Alfi.

-Bonjour.

-Hono’é monsieu’ I’changé.

-Euh…Me’ci.

-Ce n’est pas nécessaire de faire l’accent, c’est moi qui lui ai demandé de parler comme ça.

       Puis il regarda le plafond et cria :

-Et voici Wilfried !

       Une voie grave et sourde, appartenant sans doute à une personne âgée monta de la seule cabine occupée.

-Ferme-la Joël !

Chapitre 2 :

 

 

8 :

-Cet endroit sera notre quartier général pour l’enquête !

-Comment ça pour l’enquête ? Tu es enquêteur ?

-Oui, et je suis même votre supérieur direct ! C’est ici que nous centraliserons toutes les informations nécessaires, et que nous trouverons la solution à cette énigme !

-Et je peux voir ta plaque ?

-Bien sûr, la voilà.

       Joël sortit un objet de sa poche, il était poisseux, parsemé de centaines de bouts blancs issus d’un vieux mouchoir en papier utilisé à plusieurs reprises. Le commissaire la regarda, regarda son supérieur, et fis les gros yeux. Joël poussa une exclamation en lançant un doigt en l’air, se retourna, et se jeta sur un lavabo. Une minute plus tard, la figure toute trempée, il était un autre homme.

-Je dois bien l’admettre, je ne vous connais pas, mais, vous êtes mon chef. Et qu’est ce que vous voulez de moi ?

-Je ne vous ai pas déjà dit de me tutoyer ?

-Pardon. Pourtant, vous me vouvoyez ?

-Question de principe, et arrêter immédiatement de le faire.

-D’accord. Et, juste une question, si on fait l’enquête ici, il ne faudrait pas que Wilfried sorte, pour éviter de divulguer des données confidentielles ?

-Impossible. Wilfried Croford lit son journal, enfermé de l’intérieur. J’ai déjà essayé d’arriver avant lui, mais même à quatre heures du matin il est là. Je commence à croire qu’il dort là.

-S' il ne sort pas, comment fait il pour manger ?

-Aucune idée.

-Et vous n’avez pas essayé de forcer la porte ?

-Bien sûr, mais c’est du triple blindage totalement hermétique avec caisson de gel durcissant. Ces cabinets sont mieux protégés que la banque de France. -il haussa le ton- Pas vrai Wilfried ?

-Va t’faire voir.

-Il n’y a pas de bouche d’aération ?

-Si, mais il est trop petit pour un homme, en plus, il est vertical sur au moins trente mètres. Impraticable par un engin mécanisé.

-Ce n’est pas Wilfried qui a installé tout ça, quand même !

-Oh ! Sûrement un délire de l’architecte, il était un peu fou, il écoutait du Clayderman et roulait en Lada.

9 :

 

-Parlons maintenant de l’organisation du QG. Commença Joël. Ici, tout le monde sera tenu d’utiliser ces noms de code : Je serais Bravo, G sera Charlie, Alfi sera Delta et vous serez Echo. Le QG sera nommé Fox-trot.

-Et Alpha ?

       Bravo jeta un regard noir à Echo, puis continua :

-Vous, si vous voulez prendre ma place et devenir Bêta, demandez.

-Reçu Bravo.

-Bien, passons aux dossiers.

-Aux ? Il y en a plusieurs ? Monsieur Airme n’est pas le seul.

-Non, malheureusement il y a eu une suite Paul Airme.

       Bravo, alias Joël, marqua une pause.

-Et ?

-Vous ne riez pas aux éclats ? Vous avez compris au moins ?

-Euh… Non.

-Un Sweet Paul-Airme, quand il fait froid.

-Ah ! Sinon, il y a eu d’autres victimes ?

-Prenez les dossiers dans cette cabine, lisez.

-Premier, Paul Airme, trouvé dans une église mort suite à de multiples hémorragies causées par incision de l’épiderme en divers endroits avec une arme non identifiée. A noter, résidu de vanilline et de dissolvant trouvés sur le corps et une main, la droite, signalée manquante. La victime était un collectionneur de guitare et c’est son revendeur d’instrument qui a prévenu la police. Principale suspect, une usine Frutti dans laquelle Monsieur Airme est allée avant de mourir, pour une raison encore inconnue. Le tueur est suspecté être une femme.

- Deux choses sur ce dossier. Procurez moi tous les effets personnels de la victime et rajoutez que la supposition sur le sexe de la victime est infondé.

-Pourquoi ? On a trouvé du verni à ongle sur la victime.

-Négatif, des composés entrant dans le verni à ongle. Et aussi, c’est peut être un homme qui a mis du verni, ou le verni était sur l’arme du crime. Même, ce n’est peut-être pas du verni à ongle parfumé vanille.

-Bon, deuxième, Eric Dupont, personne âgée décédée de la même façon que la première victime, à ce-ci près que la main était intacte. Mort dans sa chambre, il a été trouvé par l’infirmière. Sa fenêtre était ouverte.

-J’aimerais aussi ses effets personnels.

-Troisième, Yvan Happai, gérant d’un supermarché, mort écrasé par un rayon rempli de boîtes de thon. Une grande partie du magasin a été saccagé et aucune trace du tueur, car la thèse de l’accident a été écartée par le fait que deux milles boîtes de thon ne peuvent pas tomber sans intervention extérieure. Ce meurtre a été relié à notre affaire par l’inspecteur Joël par le fait que le même composé a été trouvé sur les lieux du crime.

-Je me demande si le tueur a poussé le rayon Yvan ou Happai la fermeture du magasin…

10 :

-Allô ?

-Chef, ici l’agent Détart, nous avons de nouveaux éléments sur l’enquête.

-Sur quel thésaurus ?

-Celui de Paul Airme.

-Qu’a-t-on trouvé ?

-La main de la victime, le prêtre l’a trouvée. Elle était en dessous de l’autel. On a relevé des poils d’origine animale et des polymères encore en analyse.

-Merci, ma commande est prête ?

-Bien sûr, elle vous attend au lieu de rendez-vous habituel.

11 :

 

- Ah ! J’oubliais le mot de passe pour rentrer. -Il s’adressa au commissaire- Faites semblant de discuter avec quelqu’un à travers votre téléphone portable, et glissez dans la discussion « J’espère peindre un œuf ».

-Reçu, Bravo.

-Super, Echo, retournez au bureau maintenant, histoire que vous récupériez les quelques affaires que j’ai demandées.

-A tes ordres.

       Cher lecteur, il est maintenant temps que je revienne sur les circonstances de la mort de Monsieur Airme. A quinze heures, il sortit de chez lui, et se dirigea vers le supermarché au bout de la route. Il le quitta une trentaine de minutes plus tard, avec dans sa main gauche une balle de tennis. Ensuite, il prit le bus pour se rendre dans la zone industrielle à l’est de la ville. Il resta près de trois heures sur un banc, jusqu’à que les employés de l’usine Frutti aient fini leurs journées. Peu après, il sauta la grille de l’usine et se dirigea vers les locaux de production. Vers vingt et une heure, il en ressortit accompagné de deux gardes de sécurité et entreprit de rentrer à pied chez lui, tous les bus ayant fini leurs services. A vingt deux heures et huit minutes, il passa devant une église. Neuf heures plus tard, il était emballé dans un grand sachet noir et se dirigeait vers son ultime destination, la morgue.

       Le commissaire arriva devant les toilettes les bras chargés. Il sortit son portable et commença à parler tout seul.

-Allô, oui ?

-Et toi, comment tu vas ?

-Bien ! Ah ! Comme cela me fait plaisir !

-Qu’est-ce que tu dis ?

-Moi aussi, j’espère peindre un œuf !

       Il regarda la porte fixement.

-Je disais que j’espère peindre un œuf.

       Ne voyant aucune réaction, il haussa le ton.

-Tu es sourd ! J’espère peindre un œuf !

       Rien.

-J’ESPERE PEINDRE UN ŒUF !

       Absolument rien. Voyant que les passants commençaient à se retourner, il se résolut à rentrer de force aux toilettes.

12 :

 

       Il y avait au milieu de la pièce une chaise, sur laquelle était assis Charlie. Il souriait bêtement tandis que Bravo s’appliquait à enlever soigneusement la mousse à raser qui couvrait le menton de G. Le commissaire resta quelques instants pétrifié par l’inattendu de la scène, puis s’avança.

-Ah ! C’est vous ! Je n’ai pas pu vous ouvrir, j’étais occupé. Posez les cartons ici, je vais les examiner. Après, vous m’apporterez un thé bien fort.

-Eh ! Je ne suis pas votre bonne ! J’en ai marre de faire les corvées !

       Delta, c'est-à-dire Alfi, se leva, s’approcha de Echo et le regarda de haut.

-Tou as I’ntendu le Monsieu’ ? Un thé bi’n fo’t.

-Euh… D’accord… Si vous insistez…

-J’i t’accompagne.

       Tandis que Joseph sortait en souriant au buffet à tasse, Joël s’approcha des cartons.

-Mmh… Eric Dupont, fauteuil roulant, une pièce d’un demi franc, deux pièces de vingt centimes, quatre de un euro, un paquet de bonbon vide, six seringues d’insuline dont deux vides, une rose flétrie, une carte d’abonnement au « bar du Cabanon » et enfin, une photo de famille. Paul Airme, un portefeuille, une pomme, un veston de couleur noir, seize cures dents, quatre dépliants présentant la collection de guitare 2009, une paire de lunettes noire, une carte de bus et des semelles orthopédiques.

13 :

Le silence était complet. Une goutte d’eau le troublait de temps en temps. Charlie/G s’avança, posa la main sur la poignée et ouvrit la porte. Le commissaire entra, suivit de Delta/Alphi, et posa une tasse avec deux sachets de thé à coté du lavabo. Bravo/Joël tendit le bras, attrapa la tasse et la porta à ses lèvres.

-Vous appelez ça du thé ? Un jus de chaussette, oui ! Pensez à le faire plus fort la prochaine fois, et énormément de sucre. Espèce d’incapable ! Allez plutôt interroger les parents de la victime.

       Joseph, qui était devenu rouge de colère, décida de prendre sur soi.

-Monsieur, la victime est orpheline depuis ses six ans !

-Négatif, regardez son portefeuille.

       Joël donna l’objet à Echo.

-La première chose qu’on remarque en le regardant est qu’il a été passé à la machine à laver. On croirait par accident, mais c’est un bon moyen de faire une falsification bon marché. La photographie, si on la mouille, s’enlève sans problème et le A de Airme a été fait après-lavage. De plus, il possède une carte de bus standardisée qui ne nous informe en rien sur son identité à part qu’il était étudiant, ce qui ne correspond pas au profil de Paul Airme. Vos analystes on cru que les incohérences venaient de la lessive, ben non, notre victime s’appelle Freud Irme, fils de Paul Irme. Ce qui signifie que Justin Delarose  est complice.

-Euh…

-L’adresse est marqué sur ce papier.

       Le commissaire prit ce papier, se retourna et quitta la pièce, le tout sans perdre son air ébahis.

Chapitre 3 :

 

 

14 :

      

       Le doigt s’avança, et dans une ultime conviction appuya sur le bouton blanc. Deux notes retentirent, Joseph sonna une deuxième fois. Une femme d’une quarantaine d’année ouvrit.

-Bonjour.

-Bonjour.

-Que puis-je pour vous ?

-Police judiciaire, je voudrais vous interroger.

-Ah ! Qu’est-ce qui se passe ? Un problème ?

       Elle se retourna et cria :

-Chérie ! Viens voir ! Il y a la police !- Elle ajouta à l’adresse du commissaire.- Entrez, je vous en prie !

       Ils étaient dans le salon, assis sur le canapé.

-Monsieur, madame, connaissez-vous Freud Irme ?

-Oui, c’est notre fils.

-Et vous, monsieur, vous êtes Paul Irme ?

-C’est moi-même.

-Avez-vous perdu votre portefeuille récemment ?

-Oui, vous l’avez retrouvé ?

-Oui, dans le cadre d’une affaire de meurtre.

-Je suis suspecté ?

-Non, mais votre portefeuille a été utilisé pour constituer une fausse identité.

-Par qui ?

-Votre fils.

       Sa femme intervint.

- Il ne nous avait pas encore fait ce coup celui-là ! Il n’a pas tué quelqu’un au moins !

-Non, votre fils, il a été retrouvé assassiné sur le sol d’une église, nous cherchons encore le tueur.

       Une minute passa, puis une autre. Les parents étaient devenus blancs, et regardaient fixement le commissaire comme si ils attendaient la chute d’une mauvaise blague.

-Je suis désolé. Toutes mes condoléances.

-On avait cru qu’il avait fugué encore une fois, et qu’il allait revenir.

-Il ne reviendra pas.

-Pourquoi on n’a pas été avertis plus tôt ?

-Il avait identifié sous le nom de Paul Airme, et la falsification était passée inaperçue. Il collectionnait bien des guitares ?

-Tout son argent passait dedans, tout les jours il rendait visite à un vendeur de guitare, il en a au moins cinquante. Il y tenait beaucoup.

-Il ne revendra pas. Et, que pensez vous qu’il irait faire dans une usine de confiserie ?

-Aucune idée, on ne l’a jamais vraiment compris.

-Merci, je vais vous laisser, on vous tiendra au courant.

15 :

-Je me demande pourquoi Freud a demandé à Justin de révéler qu’il était un collectionneur de guitare… Est-ce que c’est un moyen qu’il a laissé à sa famille pour l’identifier, ou simplement un indice…

-Dis moi Joël, il va bientôt faire nuit, je pourrais rentrer chez moi ?

-Echo, dans Fox-trot appelez moi Bravo, par mon nom de code.

-D’accord, mais pour ma question ?

-Bien sûr, je ne suis pas esclavagiste, à condition que vous reveniez demain.

-Et, si je ne suis pas indiscret, tu vas dormir où ? Avec Wilfried ?

-Nan, j’ai un petit coin dans la salle d’embarquement cinq.

-Tu es vraiment un sans-abri ? La direction de l’aéroport ne va pas t’expulser ?

-Sûrement pas, elle adhère totalement. L’aéroport m’appartient.

       Le commissaire le regarda bouche bée.

-Tu es en train de me dire que tu es un S.D.F. travaillant commissaire divisionnaire, qui plus est non rémunéré, qui a en sa possession un aéroport.

-Oui

-Tu blagues ?

-Non

-Tu es vraiment sérieux ?

-Oui.

       Juste après que le choc soit passé, il commença :

-Mais pourquoi tu ne revends pas l’aéroport pour mener une meilleure vie ?

-Je suis très bien là où je suis, et c’est aussi un héritage ! Vous revendrez, vous, vos bijoux de famille ?

-Je n’en ai pas.

-Pas ceux là ! Je vous parle de ceux que vos grands-parents vous ont laissés !

       Un gros blanc passa, Joël sourit et dit :

-Bonne nuit.

16 :

       Joël s’avança, prit une inspiration et lâcha un énorme rot à la figure du commissaire. Celui-ci plissa les yeux, bascula en arrière et il commença à tomber du haut de la falaise. Il s’écrasa une poignée de seconde plus tard au milieu de pâquerettes à côté d’un superbe lavabo. Joseph se pencha sur le côté, et vit une énorme cabine, mais pas n’importe laquelle, celle de Wilfried. La porte s’ouvrit lentement, une grande lumière s’en échappa, et une grande voix s’éleva : « Si seulement José Lechangé, ce téléphone ». Une sonnerie retentit. Le commissaire ouvra les yeux, et prit son portable à la main.

-Je suis bien chez Monsieur Joseph Lechangé.

-Moui, qui est à l’appareil ?

-Le poste de police, je suis l’agent Jax.

-Vous avez une bonne raison de me réveiller ?

-Un indice supplémentaire vient d’être trouvé, la main droite de Paul Airme.

-Freud Irme, il s’appelle Freud Irme.

-Euh, oui, je vous laisse nous rejoindre, il est quand même quatre heures du matin, c’est tôt.

       Notre héros se leva, bailla un coup et posa un baiser sur la joue de sa femme, qui poussa un petit grognement. Il se glissa hors du lit, mit une chemise, une ceinture, un pantalon, une cravate, sauta dans une veille paire de baskets posées à côté de ses chaussures en cuir et prit sa voiture. Peu après, il arriva au bureau.

-Bon, qu’avez-vous ?

-La main a été trouvée par le prêtre sous l’autel lorsqu’il cherchait la clé du tabernacle.

-Et qu’a-t-on sur cette main ?

-Elle est dans un état de décomposition avancée, déchiquetée plusieurs fois et on a trouvé des poils étrangers dessus.

-Des poils du tueur ?

-Si le tueur est un animal, oui, mais les blessures sont trop fines. Peut-être un sadique qui tue avec une corde à piano.

-Non, un sadique n’aurait aucune raison de dévaster un magasin.

-Monsieur ? Vous vous sentez bien ?

-J’irais aux toilettes demain pour en parler à Joël.

-Je pense que vous devrez allez vous recoucher.

17 :

 

       -J’espère peindre un œuf !

Aucune réponse.

-J’ESPERE PEINDRE UN ŒUF !

Une voix étouffée sortit par la serrure des W.C.

-Joseph ?

-Wilfried ? Je peux entrer ?

-Oui, bien sûr, Joël est absent.

       Intrigué, le commissaire entra. Une personne urinait au fond. Elle se retourna, regarda d’un air étrange le nouvel arrivant, se lava les mains et sortit.

-Ils sont bêtes les gens, ils se lavent les mains puis appuient sur une poignée plus sale que leur quéquette.

-Tu l’as vu à travers la porte ?

-Vouvoyez moi s’il t’eu plaît. Dites pas de sottise, je n’ai pas les rayons X. Au fait Joël est allé sur le lieu d’un crime, l’adresse est dans la cabine où on range les dossiers, vous avez la clé, non ?

-Euh, non.

-Pas grave, je vais la lire à haute voix alors. C’est au 29 rue des Pantins.

-Je dois y aller ?

-Bien sûr ! Il n’attend que vous !

-Ah bon, à plus tard.

Le commissaire ressortit et laissa la place à une vielle dame toute souriante.

       Le commissaire entra dans la maison, monta l’escalier, se planta devant la porte de l’appartement, pris une grande inspiration et l’ouvrit. Joël était au milieu de la pièce avec un vieil appareil photographique, G était assis sur le sofa et fumait un havane arraché sur le porte trophée posé sur la table de nuit, et Alfi faisait les cents pas pour mesurer la pièce. Alfi s’arrêta et Joël se tourna vers le commissaire. Un instantané sortit de l’appareil. C’était un gros plan sur le visage de la victime. Joseph devint blanc comme un linge.

18 :

 

       L’agent Détart était allongé sur le ventre, le visage et la chemise strié de grandes coupures rouges, mort, avec une dizaine de mètre plus loin, son chat mort. Joël annonça :

-Monsieur Détart, mort il y a une demi-heure, j’ai entendu ses cris en allant acheter des cacahuètes.

-C’était un collègue du bureau…

-D’ailleurs, elles sont où mes cacahuètes ?

-Je le voyais tous les jours, je lui serrais la main…

-Ah ! Je les avais posées sur la table !

Le commissaire jeta un regard d’incompréhension vers Joël.

-Au fait, toutes mes condoléances, ce devait être un bon collègue. Mais sûrement pas un bon policier.

-Quoi ? C’est parce qu’il est mort en pyjama que tu dis ça ?

-Non, la moitié des appels sortants donnent sur des grands criminels.

-Hein ?

-On était en train de reconstituer le crime. A 16 heures, L’agent Détart entre.

Il marqua une pause

-Et ?

-Il lave bien.

-Tu peux répéter ?

-L’agent détartrant, L’agent Détart Entre. Jeu de mot.

-Gné ?

-Aucun humour. Vraiment aucun humour.

-Et vous êtes les premiers à être arrivé là ?

-Oui, dans les dix minutes.

-Vous risquez d’être accusé de meurtre d’un agent de police en permission et vous faites des jeux de mots ?

-Je n’avais pas vu ça sous cet angle.

-Vous devriez, on risque tous la prison à perpétuité.

-Ils sont tous bêtes dans la police ?

-Vous croyez qu’ils vont croire les dires d’un sans-abri qu’ils n’ont jamais vu, même si c’est leur commissaire divisionnaire ?

- Tutoyez-moi, nom de nom ! Attendez, j’ai une solution.

       Il fit signe à G de se lever, avec son aide il prit le cadavre et le jeta par la fenêtre. Il tomba et atterrit dans un petit clos verdoyant.

-Mais que faites-vous malheureux !

-Je fais disparaître le corps.

-Le propriétaire d’en bas va tout de suite le retrouver ! Avant on avait une chance de s’en sortir, maintenant d’est fini !

-Ne soyez pas pessimiste ! La maison est abandonnée pour cause d’insalubrité, et la végétation cache le cadavre vu d’en haut. En plus, un célibataire qui vient de prendre deux semaines de congés, on pensera qu’il est en vacances.

-Et les empreintes ?

Joël remonta ses manches.

-On a mit des gants pour ne pas falsifier la scène du crime.

       Le commissaire cligna deux fois des yeux, et regarda avec horreur sa main encore posée sur la poignée.

Chapitre 4 :

19 :

 

       Joseph retira rapidement sa main de la poignée et scruta la scène du crime. Il s’avança, regarda une peinture à droite de la salle. Il balada son regard entre la fenêtre et la peinture. IL toucha du doigt un trou de balle fait dans la narine du portrait.

-Joël ?

-Oui ?

-Tu as vu l’impact ?

-Quel impact ?

-Deux balles tirées de l’immeuble d’en face, qui a percé le mur de part en part. Un petit calibre, balle perçante, de haute puissance pour transpercer trois briques remplie de laine de verre. Un sniper militaire sans doute. Pourtant Détart n’est pas mort par balle…

-Intéressant… Je pense que c’est une tourelle automatique, car l’arme et encore visible sur le toit.

       La porte s’ouvra violement. G sortit et pointant son pistolet. Il balaya le toit, fit signe aux autres de passer. L’arme était posée sur le rebord, avec un trépied.

-Alfi, tu peux nous dire quoi dessus ?

-Ben, li t’épied est commandé par t’ois moteu’, eux même ‘eliés à un couplage d’info’mation.

-Ancien directeur de laverie disait tu ?

-Devine pourquoi il a fait faillite ?

-Il est ‘elié à deux capteu’, un détécteu’ de mouvemint et un détécteu’ de chaleu’. Un inve’seu’ est placé sur ce câble. Un clai’, conçu pour ti’e’ su’ des cibles ti’des et mouvantes.

-C’est pourquoi le fusil ne nous as pas exécuté…

       Alfi cracha sur un papier, mit une pierre à l’intérieur et le lança par-dessus la rambarde. La tourelle pivota à une vitesse effarante et tira une balle qui fit exploser la pierre.

-Voilà li topo !

-Il est fort hein ?

-Oui, on sait G. Tu ne serais pas jaloux ?

-Ah non !

-Bon, on démonte tout ça !

20 :

       -Donc, revenons à la question. Qui a posé cette tourelle, et pourquoi ?

-L’Agent Détart, il était en mesure d’avoir la matériel nécessaire ?

-Situation précaire depuis que sa femme la quitté. Impossible.

-Li toueur ? Pit êt’e pour se couv’i’ d’un po’bème ? Ou sinon y pensé toué pa’ balle, mais y à ou un cont’etemps ?

-Nan, la suite de meurtre précédant celui-ci est contraire à cette théorie. Et pourquoi empêcher l’appareil de tirer sur les sources de chaleur si c’était pour tuer un homme ?

-Trouer le cadavre après sa mort pour faire passer un crime à l’arme blanche comme un meurtre par balle ?

-Il était en dehors de l’angle de tir. Et dans ce cas, pourquoi laisser la tourelle ?

-On leur aurait fait peur en arrivant si tôt ?

-Et si c’était intentionnel ? Pour qu’on trouve cette tourelle…

-La question devient donc que veulent-ils nous amener à penser ?

-Pour trouver la réponse il me faudrait une tasse de thé…

-Ok, j’y vais… Je reviens dans deux minutes !

-G, prend note. Ce n’est pas Détart qui a posé cette arme, il est peu probable, en tant que simple informateur de dealer que ces derniers aient payé pour sa protection. Il est étonnant que le système ignore les corps chaud. Peut-être pour falsifier les indices, le problème est que la tourelle a était laissée sur place. La distance à l’appartement écarte la théorie du fait qu’on a fait peur au tueur ce qui l’a empêché de retirer la tourelle. Donc tout porte à penser que quelqu’un veut nous mener sur une piste, sûrement fausse pour brouiller les pistes. Le fait de découvrir cette fausse piste pourrait nous permettre de nous faire avancer dans l’enquête d’un grand pas.

-Sauf si c’est une personne extérieure qui connaissait le lieu et la date du meurtre et qui voulait l’empêcher, voir tuer le tueur. Le principe de l’arroseur arrosé.

-Déjà de retour parmi nous ?

-Voici ton thé, Quatre sachet et huit morceaux de sucre.

-J’en salive d’avance !

21 :

 

-Au fait ! Comme on commence à avancer, il faudrait penser à mettre au courant vos hommes. En effet, ils vont finir par se poser des questions à propos de vos absences. G vous accompagnera.

-Mais qu’est-ce que je vais dire ? Que vous êtes une sec…

       Joël lui coupa la parole.

-Tata ! Vous improviserez !

-Mais…

-Allez ! Tout le monde dehors ! Je dois boire mon thé.

-Eh !

-Ouste !

       Même si il venait d’être mis dehors d’une manière peu courtoise, il commençait à reprendre confiance en lui. C’est vrai qu’au début, il se demandait souvent pourquoi il avait suivit un parfait inconnu, qui plus est un sans-abri. Le fait de faire les corvées et de rester spectateur d’une véritable parodie d’inspecteur de police lui déplaisait beaucoup. Après la journée d’hier, il pensait lui dire poliment d’aller se faire voir, mais finalement… Certes, il c’était mis en position d’être suspecté du meurtre d’un agent de police, mais comme il avait bien avancé, trouvé un indice et fait des hypothèses, il sentait que son flair ne l’avait, une fois de plus, pas trompé. Aussi, il savait qu’il était de nature joueur, et qu’il était intrigué par cet homme, ça façon autoritaire de parler… Bon, son sens de l’humour et ses jeux de mots douteux ne cessaient de l’énerver, mais, à quoi bon, chacun ses défauts, non ?

       Guidé par le chemin de l’habitude, il arriva en face du commissariat.  Il se gara, sortit de sa voiture, et du pas ferme du chef, il rentra à l’intérieur. Et là, il leva les yeux, dévisagea le boulanger des yeux puis mis mal à l’aise la moitié des clients. D’un air ébahis, il balbutia des excuses maladroites et sortit de la boulangerie. Mais comment avait-il put se tromper ? Il reconnaissait la rue, les maisons étaient identiques, même les voitures de ses collègues étaient là… Il était perplexe, et rentra dans sa voiture. Il fit le tour du pâté de maison, tourna deux trois fois à l’instinct, tourna en rond une bonne petite demi-heure avant d’arriver à un lieu totalement incongru, qu’il n’avait jamais même vu ni imaginé, mais qui avait l’avantage d’abriter le commissariat. Il quitta sa voiture et vérifia deux fois l’enseigne bleue avant de rentrer d’un pas incertain…

22 :

« Mesdames, Messieurs, veuillez prendre place, j’ai une communication de la plus haute importance à vous faire au niveau de l’affaire de homicide non-résolue de « L’église Airme». »

       Diverses personnes, une vingtaine au total, se répartirent dans toute la petit pièce sur d’infâmes pliants verts d’au moins vingt ans.

« Certains d’entre vous on peut-être remarqué mes absences prolongées lors de ces deux derniers jours. Sachez, qu’il y a exactement 32 heures, une organisation m’a contacté. Il s’avère que cette affaire à eu des précédents, et maintenant des suivants. On totalise maintenant quatre homicides répartis sur deux semaines, et leurs fréquences ne cesse d’augmenter. Selon la législation, encore un meurtre, on lâche l’affaire pour la police judiciaire et la gendarmerie. Depuis trente-deux heures, je vérifie la fiabilité de cette organisation externe. Elle s’intéresse à cette affaire depuis son réel commencement. Je l’ignore encore comment, mais il s’avère qu’elle possède un très bon réseau de renseignement, rapide et efficace. Elle est constituée autour d’un inspecteur central, ayant démontré des capacités extraordinaires de déduction. Je sais que cela commence à tourner au roman policier, mais j’ai la conviction la plus profonde que cette affaire nous dépasse à tous, et que ce n’est pas par les voies conventionnelles qu’on y arrivera à la résoudre… »

Tout à coup, une personne du dernier rang se leva, et remonta l’allée pour rejoindre le commissaire. Elle avait un chapeau noir qui donnait de l’ombre à son visage, un long manteau noir neuf qui lui tombait jusqu’aux chevilles. Elle avait une paire de gants rouges. Elle arriva à l’estrade, prit place près du commissaire et posa sa valise à plat sur une table. Elle leva la tête. Une rumeur courut dans les rangs. Elle était entièrement bandée, d’un bandage blanc, tel l’homme invisible des temps modernes, à ceci près qu’il avait deux ronds de métal noir bouchés par un verre teinté à la place des yeux.

« Bonjour, je me présente, je suis l’élément central, appelez moi J »

 

23 :

 

       « Maintenant que tout le monde est conscient de la situation actuelle, il est temps d’en venir aux faits. L’assassin va bientôt frapper, et nous savons où et quand. Nous avons besoin d’une intervention en force et coordonnée de la police d’état. Je résume : Premier assassina, J-14, Eric Dupont, mort dans sa chambre, retrouvé 6 heures après le décès, avait sur lui un paquet de confiserie, des chamallows. Deuxième, Alain Happai, gérant d’une supérette, son établissement a été dévasté. Sur tous les magasins, les seuls articles manquant étaient des chamallows produits par Fruitti. Troisième, Freud Irme, alias Paul Airme sous son faux nom, retrouvé mort après être sortit de la principale fabrique de chamallows du pays. Quatrième, une personne encore non-identifié morte chez elle, appartement située eu dessus d’un magasin de confiserie désaffecté. Dernière affaire, un entrepôt entier contenant les derniers stocks de chamallows a été complètement dévalisé. –Joseph se tourna. Un entrepôt ? – Un point commun, sur chaque                                           un résidu de composé contenant une douzaine de composés dont le secret de fabrication est détenu par Frutti  et qui entrent dans la composition de leurs célèbres chamalows… Le lien est celui-ci, quoi qu’ils fassent avec ces chamallows, ils en ont besoin rapidement, et ils sont prêts à tuer pour cela. Il faut les arrêter, Freud Irme avait compris tout ça, en effet, moins de 2 heure après qu’il soit sortit de l’usine Frutti, une panne généralisée de système de production s’est produite. Toutes les pièces de rechange on était rachetée par une personne anonyme. La réparation se fera au moins en quatre mois. L’entrepôt à enregistré une dernière livraison avant la destruction des stocks, chez une banque, qui organise une « chamallow party » pour l’inauguration d’un nouveau coffre. Ils frapperont avant cette fête, cette nuit. Nous devons les arrêter, et c’est ainsi que je demande une intervention de grande envergure pour protéger cette marchandise, et peut être sauvé une vie. Des questions ? »

       Un chuchotis parcouru la salle, puis une rumeur, qui gonfla en brouhaha et bientôt une volée de personnes scandalisées se levèrent. Le commissaire lui-même regardait d’un air ébahis l’élément central, Joël.

-C’est absurde ! On se paye notre tête !

-Ce type est un taré ! Allez-vous faire soigner !

-Du calme ! Messieurs ! J’admets que nos déductions prêtent aux doutes de part leurs originalité, et de-même que cette affaire est de loin la plus étrange sur laquelle j’ai travaillé, c’est notre et votre seule pist…

-La police ne s’associe pas avec des organisations criminelles ! On ne voit ça que dans les films !

-Depuis quand la télévision monte des farces aussi grossières ? Vous allez payer vos dommages et intérêt ! Et très cher !

-Messieurs, rest…

-Arrêter ! Sortez de cette pièce ! Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures !

-Dégagez ! On ne marche pas ! Vous n’êtes qu’une parodie !

-Police d’état ! Je vous prie d’obéir !

       Au fond de la pièce, une petite personne, vielle, étranglée par une écharpe rouge, gêné par son ventre proéminent qui tirait sur l’uniforme, restait d’un calme olympien. D’un effort surhumain, il se hissa debout sur sa chaise, et cria d’une voix forte et autoritaire pour sa carrure :

« Voyons ! Cet homme vient nous présenter une enquête approfondie et digne d’intérêt sur une affaire au point mort, et vous, vous huez ! Je sais par expérience qu’il est tout sauf un plaisantin ! J’ai déjà eu affaire à cette organisation, il y a huit ans, dans un autre commissariat, et en moins de cinq jours nous avions classé l’affaire ! Ces conclusions sont totalement absurdes et irréelles, mais il a une piste ! Nous tournons en rond depuis maintenant une semaine, sans indice, sans rien, dans le flou total sur tous les plans et on a enfin une piste ! La plus infime et improbable qui soit, mais c’est une piste ! Si il s’avère qu’elle est juste, en intervenant pas, on aura peut-être un, voir même deux cadavres de plus sur les bras ! Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Des faux-frais ? L’état n’est plus à un gaspillage d’argent ! Voyons ! Pensez vous que le commissaire viendrait devant nous, risquer sa carrière, de perdre son gagne pain, pour du vent ? Pour un simple idiot trouvé dans les poubelles ? Bien sûr que non ! Je suis d’accord avec son chemin déductif, et j’approuve une intervention en force de la police dans le cadre de cette affaire ! »

       Il se leva, et rejoignis Joël et Joseph sur l’estrade. Un silence complet était tombé sur la salle. Certes, on a tendance à ne pas prendre au sérieux un inconnu, mais lorsqu’il s’agit du meilleur policier encore en service et du doyen du commissariat qui vous l’affirme, on a plutôt tendance à retourner la question sous un autre angle.

24 :

       Ils avaient quitté la salle de réunion, Joël partait pour l’aéroport, mais le commissaire cru bon de rester à son bureau. Malgré l’intervention inopinée du doyen du commissariat, l’idée déplaisait toujours beaucoup, et au vote, fut désapprouvée. Non mécontent de sauver les meubles dans un débordement plus que superficiel, le commissaire était en train de couvrir soigneusement son lampion de post-it lorsque son téléphone sonna. Il reconnut immédiatement la voix de Joël.

-Dites-moi, y’a eu des changements sur l’opinion ?

-Aucun, en plus, vous avez perdu toute votre crédibilité au près de moi.

-Dramatique.

-Vous espériez vraiment les convaincre ?

-Ben, comme les retraites sont assez maigres maintenant, j’ai soudoyé le vieux. Il a bien joué, je pensais que ça allait fonctionner. Après, vous, vous ne m’avez pas aidé…

-Vous avez corrompu un agent d’état ? Après ça, vous croyez que je vous soutiens ; dans votre histoire à dormir debout ? Je n’ai jamais entendu parler de votre entrepôt dévalisé ! Comment j’aurais pu vous soutenir ?

-Arrêtez de me vouvoyez ! S’il vous plaît !

-Non mais ! J’en ai ma claque de vos pitreries ! Je vous vouvoie si je veux ! Il y a deux jours, je vous aurez vu dans la rue, je vous aurais donné une pièce ! Un mec qui fait le trottoir ! Vous n’êtes qu’un vieux taré qui a gâché sa vie je ne sais comment !

-Eh Ben, ce n’est pas trop tôt…

-Quoi ?

-Sur le tutoiement, je faisais ça juste pour donner une meilleure ambiance. Vous venez d’arrêter. Ce n’est pas trop tôt.

-Vous me sortez par les yeux !

-Bon, en attendant, le vieux qui fait le trottoir va quand même aller à la banque avec ses deux tarés.

-Vous êtes complètement fou ?

-J’espère peindre un œuf !

-Hein ?

-Je suis à Fox-trot, je raccroche.

Chapitre 5 :

 

25 :

 

       Le commissaire sauta dans sa voiture, démarra et fonça vers l’aéroport. Il se devait de les arrêter, il en était responsable. Il leur avait fournit des éléments confidentiels sur une affaire de meurtre, il devait assumer. Cette affaire commençait à mal tourner, tout ce qui y touche sent mauvais, du vieillard psychopathe aux meurtres en répétition, tout est étrange, glauque. Il enfonça la pédale de l’accélérateur et alluma sa sirène. Sa montre émit un long bip, dix-huit heures, les banques ferment. Joël va passer à l’action, il va essayer de s’y introduire pour arrêter une menace fantôme. Il quitta l’autoroute. Un grand 4x4 noir passa dans l’autre sens à toute vitesse. Dans l’espace d’un instant, le commissaire crut voir le visage mémorable de G. Sans hésitation, il prit le risque, donna un grand coup de volant et fit demi-tour. Le 4x4 fonçait droit ver le centre ville et distançait de plusieurs dizaine de mètres Joseph. Il mit le pied au plancher, sa voiture bondi et grappilla une bonne vingtaine de mètres. Il ouvrit la vitre et fit signe au 4x4 de s’arrêter. Rien, aucune réaction, la course poursuite continue. Joseph brancha le haut-parleur, et cria le grand classique du genre : « Police ! Rangez vous sur le bas côté ! ». Toujours aucune réaction. Sur ce, le commissaire tenta au bluff, et annonça qu’il n’hésiterait pas à faire feu. Une, deux, quatre seconde passèrent, le 4x4 ralentit, et se rangea sur le bord de la route. Le commissaire se gara derrière, et sortit arme au poing.

-Sortez de ce véhicule ! Les mains sur la tête !

-Oui ! Oui ! Oui ! On sort, c’est bon !

       Le visage d’Alfi sortit de la voiture, puis celui de Joël et enfin celui de G. Ils mirent leurs mains sur la tête, les lampadaires s’allumèrent pour venir prendre la suite de la lumière du jour.

-Bon, maintenant, restez calme, je vais vous passer les menottes.

-Joseph ! Mon ami ! Est-ce bien nécessaire ?

-Non, finit de jouer Joël, retour à la réalité. Il n’y a ni cambrioleurs dans cette banque, ni voleurs de chamallows.

-Enfin ! Voyons…

-Veuillez garder le silence ! Au nom de la loi, je vous arrête !

       Sur ce, le téléphone du commissaire commença à vibrer dans sa poche. Le téléphone remit ça et insista.

-Commissaire Joseph Lechangé à l’appareil.

-Oui, qu’y a-t-il ?

-Non, impossible, je viens de les interpeler. Ils n’ont rien fait.

-Envoyez une unité sur le champ, on vous rejoint d’ici dix minutes.

       Un petit sourire malicieux se dessina sur les lèvres de Joël.


Sbirematqui



Expert en Cachalots

Vous attendiez la suite ? J'ai retrouvé ça dans un tiroir... La voici ! sourire3

 
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