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Il était 7h30 et c’était à cette heure ci qu’il se levait la plupart des matins. Le bruit du réveil résonnait dans son crâne comme une musique infernale. Il se levait lentement et mettait fin au vacarme. Mathias s’habillait puis sortait de sa chambre et longeait le couloir jusqu’aux escaliers. Il descendait les marches en bois à toutes vitesse puis arrivé en bas, il tournait vers la droite afin d’aller traverser le salon. En passant dans celui-ci, il souhaitait une bonne journée à son père qui partait travailler. Celui-ci avait la cinquantaine. Son crâne était quelque peu dégarni. On voyait bien à sa carrure qu’il manquait un peu d’exercice. Il occupait un emploi de technicien dans un centre de recherche et développement appartenant à une entreprise de télécommunication. Mathias atteignait enfin la cuisine qui était grande et spacieuse. Tout était presque en blanc. Ce blanc éclatant sautait perpétuellement aux yeux de Mathias. Il était ébloui et sans relâche surpris. Sa mère était assise, en train de finir son petit déjeuner. Elle avait cinq années de moins que son père. Elle occupait un poste de secrétaire à la mairie. Ses cheveux étaient bruns et son teint pâle. L’âge avait réduit son dynamisme et sa joie de vivre puisque même si elle cherchait à le cacher pour ne pas causer de peine à ses proches, cela restait toujours visible pour ceux qui la connaissaient bien. Il s’asseyait en face d’elle puis ils discutaient de sujets anodins, comme d’habitude.
A 8h00 il prenait son sac et partait de la maison. Il marchait en direction du centre ville en traversant tout son quartier, une grande zone pavillonnaire. Les rues étaient larges et un peu vides. Les jardins des maisons étaient grands et assez fleuris. Tout était beau et de bon goût. Mathias habitait dans un quartier bien réputé dans lequel s’étaient installés bon nombre des notables de la ville. Il croisait que quelques personnes marchant lentement et quelques peu endormies. Il avançait d’un pas rapide puis au bout de dix minutes de marche il sortait de son district. Cependant il entrait dans arrondissement de la ville où les immeubles régnaient. Il y avait un contraste important entre cet endroit et le lieu où Mathias habitait. Ici le béton était roi vu qu’il y avait que très peu de verdure. Tout était d’un gris triste et il n’y avait pas de vie.
Dix minutes après, il arrivait à l’université qui était du même style que le quartier, que du béton, quelques structures métalliques et peu de verdure. Il passait le portail de l’entrée à 8h20. Ce matin, il avait cours dans le bâtiment B12. C’était la troisième construction, celle qui est juste après le gymnase et avant le bâtiment réservé aux travaux pratiques de physique et de chimie. Il avait quatre heures de cours de mathématiques en analyse. Mathias était en deuxième année de faculté de mathématiques. Il allait rejoindre certain de ses camarades de classe qui patientait dehors. A la première sonnerie ils rentraient tous dans le bâtiment. Le cours se déroulait tranquillement. Quelques élèves dormaient, d’autres prenaient tous les mots prononcés par le professeur en note et plusieurs étudiants se lançaient des boulettes de papier. Le cours semblait comme d’ordinaire, durer une éternité et cela malgré le vieux professeur gesticulant dans tout les sens devant son tableau. En dépit de son âge, il était d’un dynamisme incroyable. Il aimait enseigner et cela se voyait bien. Il écrivait sans cesse au tableau à un rythme que les jeunes étudiants avaient du mal à suivre. C’était assez amusant de voir cette personne qui paraissait si vieille et fatiguée s’activer d’un coup autant.
12h30 le cours était fini et les élèves se bousculaient pour sortir. La faim grognait dans certains estomacs tandis que quelques élèves allaient questionner le professeur sur des notions qu’ils avaient trouvé obscurs à leurs yeux. Mathias discutait avec quelques amis en attendant qu’il n’y ait plus de cohue pour quitter la salle. Il était un des derniers à quitter la pièce, le bâtiment était vide parce que tout le monde était parti manger. Il se dirigea vers les toilettes puis il poussa la porte qui grinça. Il ressentit une douleur horrible dans le cou. Il s’écroula sur le sol instantanément.

Il était perdu. Il avait horriblement mal. Il ressentait ce sentiment horrible d’être entre une réalité et la rêverie. Sa tête le faisait souffrir horriblement. Il cherchait à ouvrir ses yeux désespérément. Il ne pouvait pas. Il entendait plein de bruits métalliques et stridents d’une intensité puissante qui retentissaient dans ses oreilles. Il avait envie de crier. Il voulait crier. Il tentait d’expulser sa peur et sa douleur. Il ne le pouvait pas. Il ne voyait rien. Il subissait. Mais quoi ? Que subissait-il ? Il se demanda où il était. Que s’était-il passé ? Tout son corps le démangeait. Il voulait se gratter ! C’était intenable ! Il ne pouvait pas… Etait-ce un rêve ou la réalité ? Qui pouvait le juger ? Et comment ?
Il ouvra les yeux. Il fut instantanément ébloui. Il n’arriva pas à discerner les formes. Sa vision du monde extérieur était floue et vague. La seule chose qu’il arriva à voir c’était un blanc époustouflant et aveuglant. Il tenta de se lever, de bouger, de gesticuler… Il en était incapable. Sa douleur à la tête devînt beaucoup plus qu’une torture mentale, un enfer psychique. Son corps était immobile, inerte et sans aucune force. Sa vision devînt de plus en plus claire avec le temps. Son ouie devînt de plus en plus fine. Mais malheureusement il ne sentait toujours pas son corps et aucun de ses membres.
Il parvînt à distinguer où il était. Les mûrs de la salle était tous blanc. Il était debout et attaché sur une espèce de planche métallique verticale. Son corps était fixé en plusieurs endroits. Cela avait été fait de telle manière, qu’on ne pouvait pas s’en détacher. Les sangles étaient des fils d’acier selon Mathias. Il ne pouvait toujours pas parler. Il pensa qu’il avait été drogué et que c’était la raison pour laquelle il avait mal partout, qu’il ne pouvait pas émettre le moindre son et sentir ses membres.
Il entendit alors des bruits de pas résonnés au loin. Les bruits se rapprochaient de Mathias. Il vit alors deux personnes face à lui en blouse blanche. Il voulut leur parler mais il en était incapable. Son corps ne répondait pas. Il leur jeta des regards de pitié et plein d’espoir. Une des deux personnes était un homme grand et mince. Il tenait une espèce de calepin. Il était blond aux yeux bleus. La deuxième personne était une petite femme un peu ronde. Elle avait des cheveux bruns un peu gras et des yeux marron. Son visage était ovale et très large. Les deux fixèrent Mathias du regard. La femme s’approcha de lui et commença à parler avec son acolyte.
« -Tiens voila le dernier arrivage ! Il va être transformé quand Pierre ?
-Euh attendez je regarde le planning de cet après midi. Ah oui ! C’est dans 10 minutes, à 15h10 précise.
-Merci Pierre. Quel beau spécimen en excellent état. Les clients vont en être très content !
-Oui, à peine on l’a reçut tout était vendu. Les comme ça, ça part comme des petits pains.
-Pouvez vous me lire son dossier Pierre ? La il m’a l’air perdu et un peu peureux…
-Oui, alors code génétique 238A123O de Monsieur Emmanuel Derramo vendu à la Benazo Corporation en 2012 selon les conventions et les lois en vigueur dans notre état. Il a été implanté sur le site « R » il y a vingt années. Ce spécimen est le numéro 122 345 654 217 Il a le groupe sanguin A+. Il mesure à la réception un mètre quatre vingt pour soixante dix kilos. Les médecins ont trouvé sont état de santé extrêmement satisfaisant. Et...
-Oui merci Pierre. »

A ce moment la, la femme se tourna vers Mathias. Elle s’approcha de lui. Elle lui caressa un peu tout le corps. Elle était collée à son corps. Leurs visages se touchaient presque. Elle était à moins d’un centimètre de son visage. Elle passa ses mains lentement sur le visage de Mathias et commença à lui parler à voix basse…
« Alors comme ça ton petit nom c’est Mathias ? Oui je sais tu ne peux pas parler. Tu ne comprends pas pourquoi tu es la ? Tu ne sais pas de quoi nous parlons ? On parle d’un truc, c’est toi. Tu n’es pas un humain ? Tu n’as pas de conscience ni même de vie. Tu ne penses pas. Tu es encore moins que les animaux ! Tu n’es rien mais ce que tu contiens va sauver des humains ! Tu n’es rien, tu es un clone. Tu n’es que la copie d’un humain qui a vendu son ADN à une entreprise. Conformément aux lois en vigueur dans presque tout les pays tu es considéré comme de la marchandise. Tu n’es qu’un matière première de la médecine. Beaucoup comme toi croient être des humains, car ils nous ressemblent. Pire, certains d’entre eux prétendent penser et avoir une conscience. Rien ne vaut l’original ! Tu n’es qu’une pâle copie ! Dans moins de cinq minutes tu vas mourir. Adieu ! »
Mathias était fou. La démence l’envahit tout à coup. Il voulait pleurer et crier. Mais il ne pouvait toujours pas. Il voulait leur hurler qu’il pensait ! Il voulait protester leurs paroles. Il voulait vivre !
Une machine vînt lui transpercer le corps en divers endroits pour « l’exploiter ». Bien entendu par souci d’économie et comme ce n’était qu’un clone il n’avait pas été tué ni endormi avant cela. Les instruments avaient retiré la majorité des organes et recueilli tout son sang alors qu’il était encore « conscient ». La haine, la douleur insupportable et la peur pouvaient se voir et se lire dans ses yeux remplis de sangs, grands ouverts et exorbités vers la mort. 122 345 654 217 avait cessé d’être de ce monde à 15h12.

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