Un journaliste qui "collectionne les vies" pour sa rubrique radiophonique, recueille les confessions et les errances d'un vampire agé de 200 ans. Car peu de gens le savent, bien sombre est la face cachée du pouvoir et de l'immortalité.
Comme tout le monde j'en ai vu des films de vampire.
La plupart sont pathétiques, à commencer par le Dracula de Coppola.
Celui-ci est différent, il est théâtral et mélancolique, comme il sied à des créatures qui ne sont plus que l'ombre de la vie.
Car ici le pouvoir maléfique y est dépouillé de son glamour habituel, et l'on y mène une vie de débauche et de simulacres de plaisirs pour tenter d'oublier une éternité de damnation.
Dans la première moitié Tom Cruise, magistral en mentor de la désespérance, et Kirsten Dunst, la petite fille monstrueusement attachante, s'ingénient à plonger Brad Pitt dans des abimes de décadence et de repentir.
Puis vient une seconde partie, où le drame individuel laisse place à une condamnation plus collective.
200 ans c'est l'âge de l'Amérique.
À travers son conte du vampirisme le film fait aussi le bilan moral de deux siècles qui ont considérablement accéléré la destruction de valeur. Pour en arriver à l'ère moderne où le vampire n'est plus que la relique d'un temps innocent qui ignorait la démocratie. Un temps où le pouvoir, l'oisiveté et l'avidité étaient des privilèges réservés à une élite sociale qui ne se transmettait que par le sang.
Là où les autres films se contentent d'agiter très fort le cliché de l'incarnation du mal, Entretien avec un vampire réussi le pari d'être cruel sans être insipide, de toujours relier le mal qui ronge les êtres avec les maux qui rongent leur époque, et surtout de conserver une maitrise totale du début à la fin, sans jamais sombrer dans le ridicule qui pourrait en faire un film de monstre comme un autre.
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