Grâce à la complicité d'un collègue qui m'a refilé les deux saisons, j'ai enfin pu regarder cette série, et grand bien m'en a fait. Je suis d'ordinaire plutôt difficile quand à l'appréciation d'une série car je sais que cela prend beaucoup de temps de regarder toute une saison (à fortiori plusieurs). Du coup je suis prudent quand il s'agit pour moi de savoir si j'aimerais regarder une série, et encore plus prudent quand il s'agit de déterminer si je voudrais voir la suite après avoir vu le premier épisode.
Et en ce qui concerne Dollhouse, j'ai tout de suite accroché. Parce que les protagonistes sont classes, parce que l'intrigue est prenante, parce que le jeu d'acteur de tout le monde est impeccable et surtout parce que jamais la série n'est manichéenne.
Je m'explique.
Régulièrement dans une série, on nous montre "les gentils" auxquels on est censé s'identifier qui sont souvent les héros, qu'ils soient bons ou mauvais d'ailleurs, mais qui représentent des valeurs positives : force, honneur, courage, etc... Et on nous montre "les méchants", qui représentent des valeurs négatives comme la cupidité, l'égoïsme, voire la folie. Les gentils se retrouvent toujours à affronter les méchants, et si la confrontation tourne d'abord à l'avantage des méchants qui ont souvent plus de moyens à leur disposition, qu'ils soient matériels (mieux équipés) ou moraux (pas de scrupules à tirer pour tuer), elle finit toujours par être remportée par les gentils qui redoubleront de vertu pour faire pencher la balance en leur faveur.
Ici, les repères manichéens n'existent pas, on s'identifie autant aux dirigeants de la Dollhouse malgré l'inhumanité de leur business qu'ils exercent toutefois avec une sorte de code moral qu'à l'agent du FBI, Paul Ballard, qui tente de trouver et de mettre à bas les Dollhouse pour des raisons qui ne sont pas toutes claires. Et l'une des forces de cette série est de faire finalement redouter la confrontation entre ces deux camps auquel on souhaite paradoxalement tous les deux le succès, mais cela passe forcément par la défaite de l'autre camp, ce qu'on ne souhaite pas ni pour l'un ni pour l'autre.
Enfin, l'héroïne principale à laquelle on devrait s'identifier selon les schémas scénaristiques habituels a troqué 5 ans de sa vie pour échapper à un passé tumultueux et change de vie à chaque épisode, ce qui limite forcément l'identification au personnage dont les contours sont forcément flous. Et lorsqu'en tant qu'Active elle se met à avoir des réminiscences de ses engagements passés, on se met autant à souhaiter qu'elle devienne consciente de son sort qu'à redouter qu'elle ne mette en péril la Dollhouse.
Et puis, au-delà de ce merveilleux flou artistique qui relègue la plupart des séries policières ou d'action à la préhistoire, 24 Heures Chrono en tête, le reste du monde apparaît également nuancé. Les millionnaires qui peuvent se payer les services de la Dollhouse ne demandent pas systématiquement des esclaves sexuels, mais au contraire recherchent souvent une certaine pureté de relation que leur argent empêche ceux et celles qu'ils rencontrent d'avoir.
Les thèmes abordés sont également assez peu ordinaires, l'âme, la personnalité, les souvenirs, l'éthique de la science, la nature de l'amour, tout cela habilement distillé au fil de la série. A ce propos, je vous conseille si vous vous lancez dans le visionnage de cette série de regarder l'épisode 13, l'épisode conclusion de la première saison s'il ne devait pas en avoir une deuxième qui n'a de fait jamais été diffusé.
Bref, vous l'aurez compris, après
FlashForward
et Rubicon, Dollhouse est mon nouveau coup de coeur en matière de série télévisée