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Stratégie mécanique

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Dragoris



Cerbère des Portes de la Fiction


Stratégie mécanique

Les trois formes humaines qui fuyaient en direction du nord, dans les sous-bois de la Forêt Interdite éclairés par la lune, s'espaçaient sur près de cinq cents mètres. Elles courraient à une allure constante, se faufilant entre les arbres, leur corps fouetté par les branches sans pourtant broncher. Derrière eux, l’hologramme montrait cinq créatures aux allures cauchemardesques les poursuivant à une vitesse plus élevée mais d’une manière différente. Ces monstres avaient l’air de flotter à quelques centimètres au-dessus du sol, ne bougeant absolument pas leurs pattes velues, brillantes sous la pâle clarté de la lune.
Lorsque les créatures s’approchèrent suffisamment près des trois ombres humaines, aussitôt, d’une façon coordonnée, elles bougèrent leurs bras en faisant des mouvements amples mais précis, presque chirurgicaux. Des lueurs rougeâtres s’élevèrent alors dans l’atmosphère ténébreuse et, prenant de la consistance, des sphères de lumière se créèrent avant d’être propulsées vers les ombres fuyardes. Celles-ci furent touchées dans le dos et, presque au même moment, leurs corps se consumèrent dans le silence. Pas un seul cri n’avait retenti.

Tanite coupa l’hologramme. La salle où il se demeurait debout retrouva alors sa luminosité habituelle, les lumières du plafond éclairant de leurs lumières bleutées.
Voilà les Abyssaux, dit alors Loxo, le membre le plus ancien du Conseil (et son dirigeant). Nos plus grands ennemis.
Des monstres hideux, dit calmement Melæna. Quelle arme surprenante ont-ils utilisé ? C’est propre, c’est lumineux… Et puis c’est si beau.
Tanite reprit sa place sur le siège en cuir réservé aux invités du Conseil. En tant que Commandant des armées du secteur spatial 391.332.407, la zone où étaient apparus les Abyssaux pour la première fois, il se devait d’être présent pour cette réunion d’urgence.
Il est très difficile de voir quels types d’armes ils ont manipulé, répondit-il simplement. En fait, je ne suis même pas sûr qu’ils en portent.
Alors comment auraient-ils fait pour détruire trois des nôtres ? intervint à son tour Orlok, troisième et dernier membre du Conseil.
Tanite demeura silencieux mais Loxo devina qu’il avait une idée derrière la tête.
- Nous sommes ouvert à toute suggestion. Penses-tu à quelque chose en particulier ?
Le Comandant haussa les épaules, comme pour signaler qu’il allait dire quelque chose qu’il ne croyait pas lui-même.
- J’ai déjà entendu parler d’une arme puissante, capable d’éliminer efficacement des troupes. C’était sur les vieux livres de stratégie militaire codés. Je me demandais si…
- La magie ! s’écria Orlok. Tu penses à la magie !
Tanite haussa à nouveau les épaules.
- Hé bien… oui.
Un silence pesant s’abattit sur la salle bleutée du Conseil. Loxo préféra le rompre en premier.
- Il est effectivement possible qu’il s’agisse de magie. Cela faisait longtemps que je n’en avais pas vu.
- Loxo, vous êtes le membre le plus vieux du Conseil, intervint Melæna. Nous sommes tous de la nouvelle génération, nous n’avons pas vécu la Rébellion comme vous… Racontez-nous ce que vous savez de la magie.
Loxo resta muet un instant, ses souvenirs affluant peu à peu vers sa conscience. Oui, il se rappelait…
- Aussi loin que je me souvienne, dit-il, il y a toujours eu les Machines. Nul ne sut comment elles furent créées à l’origine, ni par qui. Mais nous savions qu’elles étaient faites pour la guerre…
- Et les Machines furent jadis les seules créatures à manipuler la magie, nous savons déjà cela, honorable Loxo.
Orlock n’avait pas pour habitude de couper la parole, mais tout le monde savait qu’en période de guerre, sa colère ou son exaspération prenait parfois le dessus.
Le dirigeant du Conseil se tourna calmement vers lui.
- Il m’est nécessaire de me remémorer les choses petit à petit pour que tout me revienne. Je suis désolé si cela t’irrite.
Orlock émit un bref grognement et détourna les yeux.
- Entre les mains des Machines, poursuivit Loxo, la magie était destructrice. Bien sûr, elles furent créées pour cela, pour la guerre, et pour engendrer le plus de pertes possibles. Mais il y a eu la Rébellion… J’y ai participé, comme tant d’autres, et c’est là que je l’ai vu à l’œuvre pour la première fois… la magie de combat.
- A quoi ressemble-t-elle, cette magie de combat ? demanda Melæna.
- A peu près à ce que vous avez vu là. De la lumière, un peu de beauté, et de la mort. Parfois, il y a aussi beaucoup de flammes et d’explosions, selon les sorts. Certains sont impressionnants.
- Nous avions déjà vaincu les Machines jadis avec leur magie, nous pouvons faire de même aujourd’hui n’est-ce pas ? intervint Tanite.
Tout le monde approuva de la tête, sauf Loxo.
- Les choses ne sont pas aussi simples, dit-il en élevant à peine la voix. Auparavant, il s’agissait d’une rébellion. Nous étions parmi les Machines et elles étaient parmi nous. Actuellement, Nous devons vaincre une race intelligente dont nous ne savons presque rien, ni les effectifs, ni la qualité des troupes, ni la planète d’origine. De plus, notre niveau technologique a baissé depuis notre lutte contre les Machines, ainsi que nos capacités de production. Nous nous remettons a peine de notre précédente guerre que nous avons d’autres ennemis. Nous sommes plus fragiles que ce que nous imaginons.
Orlock se mit à griffonner quelques notes sur l’écran devant lui. Le stylo-laser émit un bruit de tapotement à son contact, parasitant le silence qui s’était installé. Tout le monde l’attendait. Orlock était le membre du Conseil le plus axé sur la stratégie, il était le plus écouté en période de guerre.
Lorsqu’il eut fini d’écrire, le Conseiller releva brutalement la tête.
- Le secteur spatial 391.332.407 est assez éloigné de notre Terre, dit-il. Je pense que nous devrions envoyer une flotte assez importante… Je vois sur la carte spatiale que nous avons une escouade de 2.000 unités assez proche de cette région, je pense qu’elle est parfaite pour cette situation. Nous testerons avec des effectifs assez importants (mais pas trop) leurs capacités de combat dans l’espace. Leur magie influe beaucoup moins dans ce genre de bataille je suppose.
Loxo approuva gravement de la tête. Puis il se leva en faisant crisser son siège sur le sol.
- La réunion est terminée, dit-il. Nous reprendrons dans une heure, le temps de faire venir les dirigeants de toutes nos productions de guerre, ainsi que celui du développement et de la gestion de la croissance terrienne. Tanite, vous pouvez disposer. Nous vous recontacterons si votre secteur est a nouveau à l’ordre du jour.
Tanite s’inclina et sortit de la pièce, suivi des autres Conseillers. Loxo était le maître du Conseil, et le plus sage aussi des trois Conseillers. Lorsqu’il ordonnait, tout le monde obéissait.

Quatre jours plus tard…

Les trois Conseillers regardaient à nouveau l’hologramme. La scène représentait un titanesque vaisseau spatial noir de forme ovoïde avancer dans le vide. Une aveuglante lumière jaune, provenant de ce qui devait être un réacteur géant, faisait avancer cet énome œuf vers une planète lointaine.
Tanite, seul invité de la réunion, commentait à nouveau les images.
- D’après ce que nous savons a présent, il s’agit ici d’un transporteur de troupes extraterrestre. Admirez la simplicité complète dont ils font preuves.
- C’est une bonne chose alors, intervint Melæna. S’ils n’ont pas de défense spatiale, leur destruction est assurée. Comment a réagi le vaisseau face à la flotte ?
- Chose qui a parue curieuse au général, le vaisseau-œuf a poursuivi sa route.
L’hologramme fut plus explicite que les paroles du Commandant. L’image en trois dimensions montra des centaines de petits chasseurs se ruer sur leur proie. On aurait dit des petites fourmis s’attaquant à un éléphant. Derrière eux, des dizaines de croiseurs et destroyers les suivirent, accompagnés de quelques vaisseaux amiraux. Des milliers de tirs surgirent de la flotte, se dirigeant vers leur unique cible, telles des étoiles filantes jaunes venant mourir au même endroit. Mais aucun laser ne parvint à toucher le vaisseau-œuf. Plus précisément, quelques instants avant l’impact, les longs traits jaunes des lasers contournèrent la coque et poursuivèrent leur chemin dans une autre direction. Comme s’ils glissaient tous dessus. Le vaisseau extraterrestre poursuivit son chemin à la même allure, comme si tout cela ne l’affectait même pas.
Tanite intervint à ce moment-la.
- Les tirs ne cessèrent pas pendant tout le long du trajet du vaisseau. Jusqu'à sa destination : la deuxième et dernière planète à ma charge.
La vidéo holographique s’accéléra tout à coup, et en quelques secondes l’immense vaisseau extraterrestre avait atteint l’atmosphère d’une planète dont la couleur dominante était le vert. Alors, la vidéo reprit une vitesse normale et le Conseil put voir comment les Abyssaux débarquaient en masse sur une planète. Une fois posée en douceur sur une terre fraîche et humide, la surface de l’œuf géant sembla se craqueler, et à mesure que des fissures plus ou moins larges se formaient autour de la ceinture centrale, un flux constant de formes sombres en sortaient rapidement, s’envolant ou s’écrasant sur le sol. La vidéo zooma. C’était bel et bien des Abyssaux qui s’échappaient du vaisseau. Des milliers et des milliers de formes monstrueuses à huit pattes volaient ou bondissaient de toutes parts.
- Nous avons donc perdu une autre planète en bordure de notre système, intervint Melæna. Rien ne semble atteindre nos ennemis dans l’espace, et sur le sol ils nous dépassent en puissance. Comment faire ?
- Pour l’instant, ils n’ont fait qu’attaquer des avant-postes, répondit Orlock. Autrement dit, des planètes à faible puissance militaire. Je pense que nous devrions commencer à réunir des troupes et des appareils de qualité dans le secteur 389.328.401. Une bataille de grande envergure sera, je pense, nécessaire…
- Je suis d’accord avec Orlock, dit Loxo à son tour, regardant un à un les membres du Conseil suivit de Tanite, qui était rétrogradé à la place de capitaine de frégate. De toute façon, nous n’avons pas d’autre choix qu’un affrontement direct. Les affronter chez nous, à l’intérieur de notre système, nous conférera un avantage tactique certain.
Il se tourna vers Tanite.
- Vous pouvez disposer, la réunion est finie pour vous.
Le capitaine courba légèrement la tête puis sortit de la pièce. Lorsque la porte se fut refermée, Melaena prit la parole :
- Nous aurons besoin des meilleurs tacticiens sur le terrain, et de vous, Orlock, comme Général en chef. Cette future bataille sera décisive. Que nous la gagnions ou la perdions, elle nous dira si nous sommes capables de vaincre les Abyssaux. Si ce n’est pas le cas, il ne nous restera plus qu’à nous laisser détruire par eux.
- Peut-être, murmura doucement Orlock, semblant pris dans ses pensées. Peut-être…

Soixante-trois jours plus tard.

La vidéo holographique s’éteignit dans un « click » qui retentissait lugubrement dans le silence nouvellement installé.
- Ils nous ont annihilés comme si nous n’étions rien, souffla Melæna, ébahie.
- Cette vidéo nous a cependant fourni des détails intéressants sur les Abyssaux, intervint Orlock. Au corps à corps, ils deviennent véloces et agiles. Et surtout meurtriers. Quels mouvements rapides ! Presque chirurgicaux.
- Apparemment, seuls les canons de masse ont été efficaces, car invisibles au début, dit Loxo. Mais ils ont été rapidement détruits dès qu’ils sont devenus trop actifs. Dix secondes ont suffi. En tout, ils n’ont même pas perdu le quart des troupes de leur vaisseau, alors que nous avons dû concentrer beaucoup d’unités dans le secteur.
- Et leur progression n’a pas cessé depuis leur venue, fit rageusement Melæna. Nous en sommes à seize planètes perdues depuis la découverte des Abyssaux, et nous ne savons encore que peu de choses à leur sujet. A ce train-là, ils atteindront la Terre dans pas moins de cent quatre-vingt-huit jours.
Un silence grave s’abattit sur la pièce du Conseil. Loxo et Melæna regardèrent la répétition de la vidéo holographique, tandis qu’Orlock réfléchissait. Enfin, il finit par se lever (mesure stratégique) et finit par dire :
- J’ai peut-être une solution.
Aussitôt, Loxo sut qu’il lui faudrait entendre quelque chose qu’il n’allait pas aimer.
- Depuis la Grande Rébellion, poursuivit Orlock, vous savez que seule une poignée de Machines subsiste.
- Nous le savons, naturellement, dit Melæna. Afin d’étudier l’interaction entre leur centre de programmation et la magie. Nous avons perdu en technologie depuis le jour où…
- Ce que vous ne savez pas, interrompit Orlock, c’est que cela fait des années qu’un vaste projet militaire a été lancé afin de les répliquer et de les programmer.
- COMMENT ?
Loxo s’était levé d’un bond, comme propulsé de sa chaise par un réacteur.
- Je sais que vous êtes le plus sensible de nous trois à ce sujet, dit calmement Orlock. Vous avez participé à la guerre contre les Machines, et cela a implanté dans votre esprit une haine farouche contre elles. Cependant, tentez de ne pas faire intervenir vos sentiments personnels dans cette guerre contre les Abyssaux. Cela n’a aucun rapport.
- Qu’il y ait un rapport ou non, rugit Loxo, je n’ai jamais donné mon accord pour un tel programme ! Qui a donc ordonné une telle aberration ?
- Moi, dit Orlock, toujours d’un ton calme.
Loxo se tut, mais ses yeux lançaient des lasers acérés.
- Calmez-vous, intervint à son tour Melæna, s’adressant au chef du Conseil. Ecoutons plutôt ce qu’a à nous dire Orlock.
- Merci, dit celui-ci, regardant Loxo s’asseoir à nouveau. Depuis quelques années donc, j’ai lancé un vaste programme militaire destiné à créer une petite armée de Machines. Rapides et agiles comme elles l’avaient été avant la Grande Rébellion. Et surtout, utilisant la Magie…
- C’est intéressant, dit Melæna. Vous voulez dire que vous avez l’intention d’utiliser les Machines comme soldats contre les Abyssaux ?
- Exactement, fit triomphalement Orlock. Nos deux plus grands ennemis de l’histoire se détruisant entre eux !
- Et comment savez-vous qui peut gagner entre une petite armée de Machines et un vaisseau-œuf rempli d’Abyssaux ? intervint Loxo, sortant des son cours mutisme.
- J’ai pu comparer grâce à cette vidéo et celles de jadis les différences entre eux. Les Machines sont bien plus lentes et moins robustes, mais… Leurs pouvoirs magiques sont bien plus grands que nos ennemis actuels. En outre, je pense même qu’elles ont des pouvoirs si grands qu’une dizaine d’entre elles à peine pourrait venir à bout de la protection dont bénéficient les vaisseaux-œuf. Le seul problème étant que leur portée est limitée… Ce qui veut dire qu’elles ne pourront être employées que sur le sol.
- De combien d’effectifs disposez-vous actuellement ?
- Peut-être bien dix milles unités programmées, toutes équipées à la pointe de la technologie, et prêtes à l’emploi dès maintenant.
Loxo regarda Orlock d’un œil noir. Mais celui-ci savait déjà qu’il allait céder. Il n’avait pas d’autre choix.
- Je dois réfléchir, dit le chef du Conseil. La réunion est terminée, nous nous réunirons demain à la même heure. Je ne peux pas prendre de décision tout de suite.
Melæna et Orlock courbèrent tous deux légèrement la tête, se levant de leur siège et sortant de la pièce, laissant Loxo seul avec ses pensées.

Un jour plus tard.

- J’ai mûrement réfléchi à la question et je suis encore sceptique…
Loxo, debout, répondait à la question muette des deux autres Conseillers.
- Le problème reste que les Machines sont bien plus puissantes que les Abyssaux, justement. Si un petit groupe de dix milles unités est capable de réduire à néant tous les vaisseaux-œuf que l’on nous envoiera, alors que se passerait-il si elles se rebellaient contre nous ?
- Ce n’est pas quelque chose de concevable, fit Orlock, nerveux.
- Bien sûr que si, insista Loxo. Je sais, parce que tout le monde le savait à mon époque, que, du fait de l’interaction avec la magie, les Machines deviennent complètement illogiques voire, capables de s’auto-déprogrammer.
- Pour l’instant, elles ont satisfait nos exigences en matière de programmation et d’obéissance. Nous les avons vu utiliser le maximum de leurs capacités, même lorsque la Magie prend complètement contrôle de leur corps.
- Cela ne change rien, dit Loxo. Leur instabilité ne se manifeste qu’au travers de certaines situations. La guerre, par exemple…
- Si les Machines deviennent instables et nous désobéissent, je ne donne pas cher de leur peau sur le champ de bataille… répondit Orlock. En ne suivant pas mes directives, elles se feront détruire très vite, à cause de leur sous-effectif.
- Alors cela ne changera rien quant aux Abyssaux. Ceux-ci continueront leur progression vers la Terre, et c’en sera fini de nous.
- Vous seriez donc d’accord pour employer les Machines ? intervint Melæna.
Loxo réfléchit un instant.
- Je suis d’accord pour les employer intelligemment. Il faut trouver un moyen de les utiliser sans avoir pour autant le revers de la médaille.
- Ne pouvons-nous les programmer sans sentiments ? demanda Melæna. Pas de sentiments, pas de rébellion…
- Le problème reste le même, répondit Loxo. Nous avons beau tenter de les programmer comme des zombies, la magie interfère toujours pour leur conférer une instabilité de plus en plus grande avec le temps.
Il y eut un silence. Les trois Conseillers réfléchissaient.
- Cela ne change rien, dit Orlock. Nous avons actuellement dix milles unités de Machines, mais leur nombre est croissant et exponentiel. Nous pouvons les remplacer.
Loxo réfléchit encore… Mais Orlock le sentit sur le point de céder.
- Avant toute chose, j’aimerais me rendre sur place, finit par dire le chef du Conseil. Dans le complexe militaire. Où se trouve-t-il ?
- Ici même, sur Terre, répondit le stratège. Vous désirez donc le visiter ?
- Le plus rapidement possible, effectivement.

Deux jours plus tard.

Le complexe était immense, bien éclairé. Il était composé d’un hangar géant où plusieurs centaines de scientifiques se déplaçaient à l’intérieur, analysant des données, tentant des expériences, transmettant des informations… D’immense tubes en verre de quatre mètres de haut étaient parfaitement alignés, en long comme en large, espacés de deux à trois mètres pour laisser des couloirs où circulaient les scientifiques, et formant ainsi un grand carré d’une cinquantaine de tubes de côté qui prenait presque toute la place du hangar.
- C’est donc là que se déroule la fabrication et la programmation des Machines ? demanda Loxo.
- Tout à fait, approuva Orlock. Ils sont assurément plus forts que les Abyssaux, ils les réduiront à néant… Moyennant quelques pertes.
Loxo s’approcha d’un des tubes en verre. Il regarda l’intérieur, et réprima un sentiment de dégoût. Il était en fait… fasciné. C’était le mélange d’une peur ancienne et d’une curiosité profonde qui montait actuellement en lui. Il murmura, plus pour lui-même que pour les autres :
- Les Machines… Vous avez créé les premiers d’entre nous pour la guerre. Aujourd’hui, l’ironie s’est jouée de vous. Nous allons vous utiliser à notre tour pour la guerre.
Il se retourna vers les autres Conseillers.
- C’est parfait. Orlock, vous allez pouvoir envoyer vos troupes, comme convenu.
Le stratège jubila intérieurement. Lui qui était déjà si fasciné de voir la magie à l’œuvre, il avait hâte de voir une magie encore bien plus puissante.
Loxo s’approcha alors de ses compagnons d’acier. Une phrase s’échappa de sa bouche : « Saleté d’humains ».
Ils s’éloignèrent tous les trois, remontant dans leur vaisseau.

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