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Mon amie la haine

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Mon amie la haine

Mathias se leva ce jeudi matin à 7h30, lorsque son réveil vint lui chatouiller les oreilles avec violence. Il frappa le réveil avec rapidité pour mettre fin aux sons atroces émis par cet engin maléfique. Il sortit du lit pour poser ses pieds sur le parquet en chêne puis il s’étira lentement tout en baillant allégrement. Ensuite dans l’obscurité il enfila ses chaussons et il se dirigea vers la porte de sa chambre. Mathias poussa la porte qui émit un long gémissement puis il traversa le couloir fait de murs blancs pour aller dans la cuisine. Arrivé, il tira une chaise qui racla le carrelage bleu et il ouvrit la porte du frigo. Il alluma sa radio située au dessus du frigidaire, dans lequel il prit du lait. Il sortit un bol, une cuillère et tout ce dont il avait besoin pour le petit déjeuner. Mathias entendait la radio tout en dégustant ses tartines. Les informations du jour étaient les mêmes, des morts, des blessés et de la peur. Il n’avait jamais vu de morts. Il écoutait avec attention, chaque nouvelle le stressait de plus en plus. Des morts, de la violence, des voitures brûlées, tant de choses qui pouvait lui arriver à lui Mathias.
La voix grave de Patrick Dytopra résonnait dans sa cuisine comme un avertissement.
« Hier des jeunes des résidences Nord de la ville de Sertio ont terrorisé les habitants du centre ville en brûlant des voitures. Les forces de l’ordre ont interpellés et mis en maison d’arrêt une cinquantaine de personnes incriminées dans ce fait ignoble sont issus des minorités considérées étant à risques. Une personne âgée a été sauvagement agressé par… ». Mathias avait coupé le poste de radio, très énervé. Mentalement il écrasait ces immondices qui pourrissaient la vie des citoyens paisibles, ces gens qui venaient d’ailleurs, des pays de barbares aux mœurs de non civilisés. Ils ne voulaient plus les voir, plus entendre parler d’eux. Il débarrassa la table et rangea impeccablement la pièce.
Ensuite il partit dans le salon, qui était en désordre et totalement noir. Aucun des volets de son appartement n’étaient ouvert, les lampes émettaient une faible intensité lumineuse. Mathias se coucha dans le canapé en cuir et alluma la télévision. Il changeait de programme en cherchant quelque chose d’intéressant à ses yeux. Il tomba sur un documentaire historique. Il l’avait pris en cours mais il était subjugué par ce programme. C’était sur les régimes totalitaires et leurs doctrines, le régime nazi était décrit.
Les images l’hypnotisaient et les paroles l’envoûtaient. Son regard restait fixe vers cet écran et ses oreilles attentives. Son esprit était totalement accaparé par cet engin maléfique. Il restait la à ingurgiter cette émission. Deux heures après quand le documentaire fut fini, Mathias se dirigea vers son ordinateur situé dans le salon. Il commença à faire des recherches sur le thème de l’émission. Il avait trouvé une idéologie dont il rêvait, une solution à tous ses problèmes et pour ceux des honnêtes citoyens. Pendant ce temps le journal télévisé d’une chaîne privé DB-7 déversait son lot d’information.
C’était les mêmes qu’à la radio, avec des noms, des lieux différents mais avec toujours les mêmes fautifs, toujours les mêmes. Eux. Il avait réussi à trouver des documents de l’époque, la plupart interdits maintenant. Mathias imprimait alors la plupart de ces documents afin de les lire. Tous les jours il entendait les mêmes nouvelles, les mêmes victimes et les mêmes agresseurs. La solution à ses yeux était simple, il fallait éliminer physiquement les agresseurs pour que cela cesse ! Il fallait mettre hors de la société ces individus ! Il commença à lire ces textes avec intérêt. A midi il se dirigea à la cuisine pour manger. Il fit cuire des pattes avec un peu de viande. Il écouta la radio comme tout les midis, sur la même radio que le matin. La voix grave de Patrick Dytopra retentissait dans la pièce comme un appel.
« Il faut agir mes concitoyens, mettre fin à cela. Il faut mettre les agresseurs en prison ou bien ailleurs ! Hier encore, une personne âgée qui a durement travaillé toute sa vie pour notre nation s’est faite agressée par des jeunes issus de l’immigration sûrement selon nos enquêteurs. Est-ce que cela peut durer ? Non Bien sur ! Non ! » Mathias criait aussi « non » dans sa cuisine bêtement et machinalement. Il se disait que ce présentateur avait raison, il fallait en finir. Il avait peur de ces gens, inconnus mais monstrueux. Il était stressé, il pouvait à n’importe quel moment être transformé en victime aussi. Il fallait qu’ils n’existent plus. Mais comment ?

Après avoir fini de ranger et il alla se remettre à sa lecture. Il était allongé dans son canapé. Il entendait les bruits de voiture et l’agitation citadine. Le salon était orné d’une télévision à écran plat, d’une table basse en bois de chêne et d’un ordinateur. On trouvait aussi une espèce de chaise design en cuir devant l’ordinateur. Il y avait sur le sol du parquet et un tapis marocain sous la table. Les murs étaient blancs et presque totalement à nu. On pouvait trouver au dessus de l’écran de l’instrument de propagande et d’ignorance, un tableau représentant une forêt et un homme marchant sur un chemin. Mathias restait concentré sur les feuilles qu’il avait imprimées. Il avait des difficultés à lire à cause de l’obscurité.
A 17h00 il avait fini de lire un écrit qui lui avait beaucoup plu, c’était Mein Kampf. La sonnette de son appartement retentit tout à coup. Il se leva, marcha vers la porte en sortant du salon puis en traversant le couloir. Les murs du couloir étaient recouverts d’une tapisserie bleue avec des motifs en vert et jaune tout en haut. Le sol était fait de carrelage composé de dalles blanches et noires. Il se dirigeait vers la porte tel une pièce d’un jeu d’échecs vers sa proie. Il ouvrit la porte et vit quelque chose.
Un homme de grande taille et en uniforme se tenait devant sa porte. C’était un employé de ces sociétés qui délivraient des colis partout dans le monde. Il avait le visage gai et souriant. Pour Mathias qui avait assimilé les théories des écrits qu’il venait juste de finir à l’instant, c’était un être inférieur, un sous homme. L’homme se présenta, demanda une signature afin de pouvoir donner le colis. Malgré son apparence joviale, Il n’était pas trompé, c’était une des personnes qu’il entendait être décrite à la télévision, radio et partout. Il se méfiait de lui, il lui trouvait même un air sournois derrière le sourire gentillet affiché.
Mathias s’exécuta et l’homme le remercia. Il ne lui avait rien dit et il lui jetait un regard haineux. Il referma net sa porte en prenant soin de bien la verrouiller. Il posa l’objet sur la table basse du salon puis il regardait les écrits juste placés à côté du colis. Ces théories étaient bien belles, et n’avaient pas pu être mises en application à l’humanité. Pour améliorer la société, l’humanité il fallait asservir ou éliminer les sous hommes, ces races inférieurs. Il fallait épurer le monde et lui enlever tout parasite afin qu’il puisse devenir pur et parfait. A mort les juifs ! A mort les slaves ! A mort les malades mentaux ! A mort les tziganes ! A mort les noirs ! A mort les jaunes ! Les aryens devaient dominer le monde, il ne voulait plus entendre les mêmes informations quotidiennes de violences des non hommes.
Il était fatigué, sa tête se mit alors à tourner. Sa vision devint alors brumeuse, ses sensations détraquées et sa raison absente. Il avait du mal à tenir debout et il s’accrocha à un meuble. Il se dirigea vers la salle de bain lentement en se traînant. Son corps était recouvert de transpiration et il avait du mal à discerner le temps et l’espace. Quelques membres de son corps se mirent à trembler, puis il perdait ses forces. Sa respiration devenait de plus en plus forte, il avançait comme une machine à vapeur vers la pièce désirée. Son crâne devenait lourd, le poids de ses pensées était la.
Il arriva enfin dans la salle de bain et se tînt avec ses deux mains aux bords de l’évier. Il avait envie de vomir, son estomac était entièrement retourné et produisait des borborygmes énormes. Ses jambes dansaient sauvagement sur le carrelage blanc et son cœur palpitait comme un compte à rebours. Il alluma la lumière qui était au dessus de la glace. Il détourna son regard de la glace, ébloui par la lampe. Il s’habitua peu à peu à cela et se regarda dans sa glace. Sa peau était noire comme la nuit.

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