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Fiction écrite par Andaheru, publiée le 25/03/2005

Quel beau prétexte que le cinquantième anniversaire d’un tel homme !

La soirée serait bruyante, les effluves d’alcool et les nombreux mets disposés sur les grandes tables attireraient la troupe, obnubilée par le besoin de manger, attirée par la boisson, ce troupeau regroupant les hommes et les femmes les plus influents de ce monde qu’il avait créé . Il se tenait parmi ces hauts dignitaires, lui le mastodonte de cette aristocratie, qui avait révolutionné le monde, lui, l’homme déifié par ces riches bourgeois qui siégeaient aujourd’hui à sa table . Et voilà que cet homme de cinquante ans, métamorphosé par les années durant lesquelles il avait travaillé avec acharnement pour obtenir la place qu’il occupait aujourd’hui, cet homme devait mourir, cet homme devait être tué .
Lui, devait le tuer . Il l’observait, de loin, guettait ses réactions, en s’aidant du grand miroir qui recouvrait entièrement un mur de la salle rectangulaire . Oh ! Il regardait discrètement, il ne fallait pas que l’on voit ses gestes brusques, son regard que l’anxiété rendait fuyant, tous ces gestes révélateurs liés aux actions du futur mort . Personne ne devait le voir, personne ne le voyait . Le monde était là et ne remarquait rien . Il était une ombre parmi ces chefs d’Etats et ces hommes d’affaires habités par leurs problèmes . En réfléchissant, l’homme se rendit compte qu’il était ici le seul être vivant, tous les autres n’étaient que des ombres qui ne vivaient que dans la monotonie, le désespoir, la tristesse et les ténèbres . Mais bien qu’il fut vivant, lui n’était rien, l’autre était tout . Les regards vides des invités lui faisait peur, il avait l’air d’être entouré d’automates, avec lesquels il échangeait quelques mots (il était bien obligé) mais fuyait les monstres dès que possible . Le guetteur avait oublié sa victime au profit du nombre, la chercha, la retrouva, et reprit son manège ; le prédateur observait sa proie
La proie était là, semblable aux autres, avait parue absente pendant quelques minutes, mais avait repris son air de façade et discutait maintenant avec les personnes conviées à la fête, passant rapidement de l’une à l’autre . Il était fatigué de dominer le monde, fuyait les personnes de la salle, fuyait ces pontes perturbant son repos . La planète était la jungle dominée par un vieux lion . Un faible vacarme lui parvenait . Il était étranger à ce monde . Le fléau de la domination l’avait attiré, son travail était un chaos, son travail l’avait moralement tué.
Lui allait le tuer physiquement . Tout avait été méticuleusement : l’homme serait attiré à l’écart de la foule, dans le parc jouxtant la propriété, prendrait un verre qui lui serait offert, et mourrait à l’écart des personnes indifférentes à toutes choses, à la vie comme à la mort .
Savait-il qu’il allait mourir ? La victime déambulait toujours, à travers la salle, à travers les ombres . La fraîcheur glacée de la pièce l’effrayait . Qui avait refroidi la pièce ? Les fantômes des dirigeants ? Il sortit, l’air était doux et agréable pour une soirée de Novembre . Quel hasard d’être né entre la Toussaint et la fête des défunts !
Le meurtrier attendait, accoudé au balcon . Il ne pouvait voir l’homme . Il méditait . Comment serait le monde après cette mort ? Et lui ? Changerait-il ? N’était-ce pas dangereux ?
Il se décida . Il ne pouvait plus rebrousser chemin . Il regarda à l’intérieur . Les hommes malfaisants, les femmes macabres, argumentaient sur le futur du monde . Dès ce soir, leurs propositions les plus fantasques se verraient altérées par l’événement .
L’homme se préparait à commettre le crime, mais il s’arrêta . Pouvait-il le faire ? Oserait-il le faire ? Si le meurtre était une étape, la justice en ferait une autre . Bien qu’assassin, l’homme était altruiste, et plein de mansuétude envers l’homme, inconnu de lui, qui serait injustement accusé . Il arrêta son geste . Personne ne connaîtrait, personne ne supposerait son geste ? Le tueur chercha sa proie, et les deux hommes, bien qu’on en vit qu’un seul, descendant les marches dans la nuit, s’arrêtèrent .

« Je ne me suiciderai pas aujourd’hui . »

Quel beau prétexte que le soixantième anniversaire d’un tel homme !

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