Kerrigan avait toujours su. Une telle servilité, une telle condenscendance, Samir Duran lui avait toujours été insupportable. Il feignait d'une façon de plus en plus outrancière, avec l'assurance insultante de celui qui ne se croit jamais découvert. Mais les pouvoirs de Kerrigan allaient bien au delà. Elle avait toujours su la valeur du cadeau que lui offrirait la trahison de Duran. Mais aujourd'hui seulement elle en comprenait le prix.
Elle le regardait. Lui qui avait été si arrogant. Il n'était plus qu'un lambeau de chair. Agité par d'intenses convulsions.Comme si les griffes des zerglings qui avaient tranché à vif avaient su elles aussi. Bien sûr, les Zergs savaient, mais ils savaient à travers elle, et cette pensée la rassurait un peu. Qu'importe, passée la satisfaction d'avoir le dernier mot sur cet imbécile qui avait cru la doubler, la dépouille de Duran ne méritait pas davantage d'attention.
Elle devait tout concentrer sur son projet. Mais était-ce vraiment "son" projet ? La portée de la vision du sur-esprit Overmind ne cessait de la surprendre. Pas le second Overmind, non celui-là n'était qu'un jouet pour de minables comploteurs Terrans. Elle aussi avait joué avec. Il avait été l'instrument de sa victoire. Mais le premier Overmind était une authentique création Xel'Naga. Un être de cette dimension temporelle ne pouvait pas échouer. Et l'orgueil de Tassadar l'avait servi. Il avait concentré tout son champ psionique dans son attaque. Il n'avait plus de bouclier de défense. Le passé génétique de L'Overmind et les forces Xel'Naga activées par le cristal Khaydarin avaient fait le reste.
Mais pourquoi donc avoir confié le destin d'un projet aussi vaste à cette carpette de Duran ? Parce qu'il était trop visible pour qu'elle puisse manquer sa cible. Et elle n'aimait pas cette pensée. Le cadeau que lui faisait Duran ne pouvait pas lui coûter plus cher. Elle avait l'impression de pas avoir progressé depuis l'époque où elle n'était que le cobaye du "projet fantôme". Et celà donnait un goût amer à sa victoire. Ses légions allaient bientôt acquérir la robustesse des guerriers Protoss. Et elle-même bénéficier des pouvoirs psioniques du grand Tassadar, qui ajouteraient encore à ses capacités fantômes et Zergs. Ainsi l'Être Suprême l'avait-il désignée, elle et elle seule, pour incarner l'être parfait, la quintessence de toutes les espèces, le futur génétique de l'univers.
Les émanations psychiques lui indiquaient que le foetus cloné enfermé dans un des incubateurs n'était pas comme les autres hybrides zerg-protoss, il n'y avait pas de doute possible, il s'agissait bien de Tassadar.
A ce stade du récit vous êtes sensé jouer le scénario "OverTemplar.scm" dont le briefing donne de précieux éclaircissements quant à la suite de cette histoire.
Il est également recommandé de terminer ce scénario pour de nouvelles révélations.
Ce scénario est conçu pour être accessible à tous et ne présente aucune difficulté particulière.
Le scénario (1 joueur)
Le cérébrate Daggoth, lassé des tours de Kerrigan, veut renouer avec le projet historique de l'Overmind. Il libère le Tassadar-infesté et s'allie à lui pour éliminer Kerrigan. Le Directoire pense pouvoir éradiquer les Zergs à l'aide d'une toute nouvelle arme chimique. Mais ce plan échoue car les troupes Zergs bénéficient maintenant des pouvoirs psychiques des hauts Templiers. Les Commandeurs protoss perdent espoir de vaincre le Tassadar-infesté sans violer les interdits de la Khala sur l'amélioration des races. C'est alors que Zératul et Artanis atteignent à la "concorde mystique", un stade mental supérieurement inaccessible où les énergies des Hauts Templiers et des Templiers Noirs vibrent selon une même harmonique psionique. Puis Zératul et Artanis fusionnent en Zératanis, un High Archon dont les pouvoirs psioniques défient l'imagination. La violence psychique libérée par Zératanis lors de son affrontement final avec le Tassadar-infesté, tue ce dernier ainsi que toute trace des Zergs dans la galaxie.
Et les Protoss louèrent Zératanis et le premier présent.
"Louée soit ta présence."
"Car elle a delivré nos chairs."
Mais, alors que tout l'univers connu s'illuminait de sa présence psionique, l'âme de Zératanis s'assombrit et se précipita dans un gouffre qui lui fit entrevoir les profondeurs les plus noires de la malédiction des déchus. Zératanis était toujours Zératanis. Mais quelque chose était changé en lui. Il se sentait vide. Il lui semblait impossible de générer une nouvelle tempête psionique, même à échelle d'une simple planête. Mais celà était plus grave encore. Il n'était plus un Haut Templier. Comme si Artanis était mort en lui. Une moité en lui était l'âme de Zératul, plus noire que jamais, l'autre moitié était vide. Et dans ce vide béant, le cri de désespoir de l'âme noire de Zératanis résonnait à l'infini.
Alors le peuple Protoss d'Aiur fit une prière à la mémoire de l'âme haute de Zératanis.
Puisse la noiceur de l'âme de Zératanis ne pas assombrir tous les soleils de l'univers.
Alors Zératanis se recueillat avec eux et cela apaisat sa détresse.
L'orgueil des Protoss avait un prix, il le savait.
Il était maitenant prêt à affronter la dernière vision de son âme haute.
Le combat ultime des forces de l'esprit contre les forces de la matière.
Mais comment pourrait-il vaincre, maintenant qu'il était un esprit amputé?
Un vrai Protoss ne se pose pas ce genre de question.
Mais désormais la puissance de Zératanis assumait toutes ses faiblesses.
Alors que l'ennemi, il l'avait vu, n'en permettait aucune.
Cette création, les Xel'Naga lui avaient donné le pouvoir de la matière, ainsi que le nom de "Zoïds".
Dejà leurs premières sondes étaient aux portes du secteur Koprulu.
L'âme haute de Zératanis les avait sentis, juste avant de s'éteindre à jamais.
Comme il avait aussi senti ce qu'ils sont.
Ils sont dotés des immenses pouvoirs offerts par les nano-technologies.
Ils ne produisent qu'un seul type d'unité, l'uni-zoïd, un cube computronique muni de deux senseurs et d'un flagelle, qu'ils répliquent en grand nombre en consommant systématiquement toutes les ressources disponibles d'un secteur conquis.
Ensuite ils produisent des unités plus complexes par assemblage de 2,3,5,7,11,13,17 ou 19 uni-zoïds.
Ils peuvent aussi reconfigurer leurs forces en désassemblant leurs unités pour les réassembler en d'autres unités plus avantageuses.
Leurs stratégies d'attaques, en apparence chaotiques, sont en fait savamment orchestrées par une intelligence quantique redoutablement efficace.
Zératanis n'ignorait pas la signification expiatoire de ce nouveau fléau.
Les Protoss avaient commis de grands péchés d'orgueil.
N'avait-il pas lui-même consumé les corps de deux des plus grands guerriers Protoss ?
N'avait-t-il pas soummis l'univers par sa seule volonté ?
Son âme en portait encore la cicatrice.
Mais celà n'expiait pas le crime contre le corps.
La matière n'avait pas fini de réclamer ses droits.
"Car un fissionne et deux fusionnent."
Cette dernière grande menace annonçait la fin de l'époque des héros.
Plus tard, les luttes d'intérêts allaient remplacer les luttes pour la survie.
A l'abris des violences, abrutis par le confort d'une ère d'opportunistes, les populations Protoss du futur seraient indifférentes à leur passé difficile. Et les historiens Protoss minimiseraient les exploits de ceux qui ont donné leur vie pour défendre Aiur.
C'était pour construire ce futur tant attendu que Zératanis se battait.
C'était aussi pour celà qu'il était temps de mourir.
Mais avant, il restait un dernier combat à livrer.
Affronter les forces primitives de la matière n'effrayait pas Zératanis.
Depuis qu'il avait renoncé à ses deux corps physiques il avait perdu le sens de la mesure.
Les Xel'Naga avaient choisi les Protoss.
Et pour quoi, sinon pour la démesure, sinon pour s'élever au dessus de la matière?
Telle était leur malédiction.
La confrontation lui parraissait s'inscrire dans la logique évolutionniste des Xel'Naga, et il l'acceptait comme telle.
Car après tout, la matière est bien plus vide d'elle-même qu'il ne l'était lui-même.
Voilà qui pouvait constituer l'ébauche d'un avantage.
Et dans l'état où était Zératanis, tout avantage était bon à prendre.
Surtout si cet avantage était un clin d'oeil des Xel'Naga pour le remettre sur le chemin du devoir.
Les évènements semblaient se précipiter, Zératanis sentait bien que tout courrait vers sa fin.
Les Protoss des mondes extérieurs commençaient à fuir devant la progression de l'envahisseur cybernétique.
Mais déjà ils étaient rattrapés et submergés par les premières vagues d'assaut uni-zoïd.
La contre attaque organisée par Zératanis fut à la mesure de l'invasion.
La décharge psionique initiale fut si violente que, pendant un micro-instant, toutes les unités zoïds semblèrent s'immobiliser.
Sur de nombreux systèmes planétaires, chaque seconde, les Zoïds tombaient par milliards.
Le capitaine Raynor se souviendra longtemps des pluies d'unités zoïds qu'il essuyat sur la planète Braxis.
Les unités rescapées des orages psioniques étaient laminées et déchiquetées par les coups de l'infanterie Protoss.
Mais l'intelligence quantique zoïd était indifférente au montant des pertes.
Sa malléabilité était si développée que prendre l'avantage contre elle semblait impossible.
Constamment renforcées, incessamment reconfigurées, restructurées, réorganisées en de nouvelles vagues d'attaque, toujours plus aggressives, toujours plus polymorphes, les légions zoïds revenaient sans cesse à la charge.
Pendant un court moment la vaillance de la contre-offensive Protoss sembla porter ses fruits, les rangs zoïds devenaient plus clairsemés, le front ennemi ne parraissait plus un mur d'unités compact et infranchissable, mais plutôt un vague essaim d'unités de plus en plus isolées. Certaines étaient même animées d'un mouvement désemparé, flottant erratiquement, peut être à la recherche d'une tâche qui pourrait leur être assignée.
Les combattants Protoss peu aguerris se laissèrent alors à penser que le déchainement de violence psionique venait enfin à bout de la machine de guerre Zoïd.
C'est alors qu'apparurent les premières unités lourdes.
Une vague d'unités robotiques impressionnantes, composées de 23 uni-zoïds.
Pourtant ces unitées se déplacaient et attaquaient de façon plutôt maladroite comparativement aux unités composites inférieures.
Comme si l'intelligence zoïd n'avait eu pas le temps de s'approprier ce tout nouveau potentiel militaire.
Mais celà n'avait guère d'importance.
Car cette vague de composites-23 était déjà décimée par les forces Protoss et aussitôt relevée par une vague de composites-27. Puis suivirent les composites-29, 31, 37, toujours plus imposants, toujours plus précaires, toujours plus instables.
Il était clair qu'avec avoir poussé jusqu'à sa limite la reconfigurabilité de ses unités, la sur-intelligence Zoïd était entrée dans une phase ascensionnelle d'auto-reconfiguration dont nul ne savait où elle menait.
Les templiers Protoss sentaient bien que quelque chose se préparait, et chacun pressait ses troupes, toujours plus aggressif, de peur que la victoire ne s'échappe, toujours plus en avant, souvent au mépris des pertes causées par les orages psioniques qui s'abattaient sur les guerriers les plus avancés dans le front mécanique. Les plus téméraires tombaient les premiers. Car Zératanis, avec plus d'acuité que tout autre, sentait bien que le temps était compté. Et le temps gagné sur l'ennemi réclamait des vies. Celles des plus courageux. Ils n'auraient pas vraiment eu le temps de décimer l'essaim ennemi, comme ils en avait rêvé, mais Aiur se souviendrait de leur nom. D'ailleurs, son nom et son honneur, ne sont-ils pas les seuls vrais biens d'un Protoss?
Mais déjà il était trop tard.
Les mégas-unitées Zoïds avaient toutes implosées dans un déluge mécanique titanesque qui clamait suffisamment fort la toute nouvelle puissance Zoïd.
L'intelligence Zoïd avait perdu face à la détermination et à la violence des Protoss.
Mais dans ce même combat elle avait vaincu l'inertie de la matière.
La sur-intelligence Zoïd avait acquis le pouvoir de l'esprit.
Déjà Aiur était encerclé par 18446744073709551617 uni-zoïds.
Des essaims d'uni-zoïds dessinaient dans son ciel des circonvolutions incensées que même les mages les plus contemplatifs ne pouvaient déchiffrer.
Dumoins jusqu'à ce que l'explication paraisse limpide à tous.
La robosphère Zoïd qui se resserait et se refermait petit à petit sur Aiur allait plonger toute vie dans les ténèbres, avant de l'engloutir pour toujours dans l'oubli.
Et soudain, les Protoss, d'habitude si fiers même dans la défaite, semblèrent désemparés, hagards comme des enfants qui attendraient qu'on les égorgent.
Bien qu'il soit autant sensible que les siens à la gravité de la situation, Zératanis n'éprouvait pas la même angoisse à voir l'obscurité s'abattre sur Aiur. Il n'avait toujours été qu'une créature de l'ombre. Il ne pouvait pas en vouloir à ses congénères, ces créatures de la lumière lui rappellaient trop l'âme blanche qu'il avait perdue. Au fur et à mesure que la panique gagnait les plus fiers de ses templiers Protoss, il sentait son pouvoir sombre grandir en lui. Jamais il n'avait été aussi différent des Hauts Templiers. Et pourtant jamais il n'avait été aussi proche d'eux, jamais la haine pour les crimes du Conclave ne lui avait été aussi étrangère qu'à cet instant. Le dernier. Celui que les fidèles se remémoreront. Celui que la postérité s'efforcera d'oublier. Pour aller de l'avant.
Zératanis mit les deux index sur ses tempes.
Le souffle vital qui semblait dessiner sa tête devint de plus en plus intense.
Tandis que tout le reste de son corps spirituel semblait s'atrophier.
"Adun me pardonne."
Dans le ciel obscurcit par la robosphère Zoïd, sans soleil ni étoiles, un cercle de feu apparaît qui entoure Oberon, la première lune d'Aiur. L'axe de rotation d'Oberon vacille et s'incline davantage. Zératanis est à bout d'énergie psionique. Il y a trop longtemps qu'il n'est plus que l'ombre de Zératul. Il doit maintenant suspendre ses fonctions vitales. Pour rendre son contrôle mental plus pressant.
Oberon décroche finalement de son orbitre.
Sa trajectoire s'incline.
Sa vitesse s'accélère.
Sa course folle la conduit tout droit sur la robosphère Zoïd.
Le choc est cataclismique.
L'onde produite se propage sur toute l'architecture zoïd, disloquant toutes les cyber-jonctions, avant que l'énergie dégagée par la collision disperse les innombrables fragments à travers les confins du système stellaire.
Alors la lumière réapparaît.
Et comble de nouveau Aiur de ses bienfaits.
"Zératanis est mort."
Il était difficile pour les gens d'Aiur de comprendre ce qu'était devenu Zératanis.
Mais il était certain qu'il avait accomplit ce qui devait être accomplit.
Et en celà il était bien un des leurs. Il convenait donc d'honorer sa mémoire comme le meilleur d'entre eux.
Il était désormais comme le frère de Tassadar, et il eu donc l'honneur d'être rebaptisé en ce sens.
"Tu es deux fois jumeau de Tassadar, béni soit ton nom, Tarazul."
Et les Protoss louèrent Tarazul et le second présent.
"Louée soit ton absence."
"Car elle a délivré nos âmes."
Les prospections qui suivirent révélèrent qu'aucun zoïd de la robosphère n'était réchappé de la terrible collision.
Et les quelques autres qui occuppaient encore le secteur Koprulu s'étaient prudemment repliés vers leur cyber-planète Zonoc.
Quant à la lune Oberon elle gravitait toujours autour d'Aiur, même si son orbite avait changé.
Les prêtres de la Khala discutent encore aujourd'hui de la signification mystique de l'action de Zératanis et de la fin des légions Zoïds.
"Tu célèbreras le mérite du plein, tu exécreras la prétention du creux."
Tel est l'enseignement selon les prêtres d'Adun.
Mais les maîtres de la Khala contestent cette interprétation insipide, et défendent une interprétation plus dialectique:
"Moitié présence, moitié absence, telle est la forme-horizon, telle est la conscience-vitale."
Car au contraire, ajoutent-ils, la conscience-machine n'est jamais davantage que l'unique conscience d'une conscience unique.
Devant la débâcle Zoïd, les Terrans encore impliqués par Mensk dans le conflit contre les Protoss, rendirent les armes contre l'assurance d'aucunes représailles. Ils tentèrent même de livrer Mensk en témoignage de leur bonne volonté, mais celui-ci préféra se suicider avec une pillule de concentré vespene, plutôt que d'être trahi par les siens et jugé par les Protoss desquels il n'avait aucune clémence à attendre.
En témoignage de leur confiance, en récompense des nombreux services rendus à la cause Protoss, et aussi dans la perspective de garantir une paix durable dans le secteur, le capitaine Raynor fut promût chef des armées et gouverneur de toutes les provinces Terrans du secteur Koprulu.
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Cool, mais ça manque de bravoure, de sueur, de sang et de sexe.
