Ecoute ! j’entends, j’entends le grondement de la chair,
J’entends l’armée en puissance, la foule peut-être meurtrière.
Mais où sont les sons de la cervelle gris-rose ?
Atrophiée par la télé, hypnotisée par les politicards,
Alléchée par le pixel, vendue au papier monnaie,
Qui pense encore ? Qui ne se laisse plus bercer par ce qu’il veut seulement entendre ?
Je vois ceux qui pourraient agir rester écroulés,
Je sais qu’ils pourraient s’enflammer,
Si quelqu’un de fort se donnait la peine de gratter une allumette.
Ils doivent porter l’essence de la colère, en être imbibés.
Enflammer leur cœur réveillerait leur cervelle.
Regarde ! je vois les légions flamboyantes,
Quelqu’un a gratté l’allumette, quelqu’un a réveillé les neurones,
Je vois les chiffons bariolés être brûlés, souillés,
Et je ris en voyant ça, parce que j’en ai rêvé.
Je vois ceux qui ont besoin d’un symbole brandir un morceau de tissu,
Parfois rouge, parfois noir, parfois les deux, parfois avec des lettres,
S’ils se sentent mieux avec, tant mieux, moi je n’ai besoin que d’idées.
Mais j’admets que voir ces torchons,
Ces bannières me rappellent que j’en ai peut-être besoin,
Nuit écarlate qui recouvre le monde,
Fraîcheur de la vie, chaleur du sang qui tombe sur mon visage
Le tissu claque, je lui trouve une drôle de beauté
Immeubles en ruine et en flammes, ciel plein de fumées
Corps tordus déchirés dégommés perforés foutus,
Il le faut, on n’a pas le choix
Tu nous blâmes pour ces morts, mais est-ce qu’on te blâme pour
Celles que tu as causées ? Alors ta gueule, nous au moins
On a le cran de l’admettre.
Le tissu bruisse au vent, je le regarde éclairé par un rai
De lumière rouge, sol de chair et de sang
Mes vêtements sont rouges et bruns
On a gagné ? On a perdu ? Je ne sais pas je ne sais pas
Je vis
J’ai tué j’ai sommeil
Je devrais pleurer, je devrais avoir honte pourquoi ?
J’ai tué c’est tuer ou être tuer, et la révolution a soif
Soif de sang, faim de chair il faut du sang et de la chair
Pour bâtir un nouveau monde
Sans pourriture sans argent avec seulement les humains
Pitoyables mais égaux et heureux
J’emmerde Kant, on est assez doué pour progresser sans se marcher dessus
Il le faut, il faut connaître le progrès sans les guerres
Ça n’est pas la dernière il faudra se battre encore encore encore
Combattre ceux qui avaient le pouvoir et qui sont à notre place maintenant
Mais nous n’aurons pas de pitié aucun remords
Ils crèveront tous jusqu’au dernier
Capitalistes réacs fachos oligarques ploutocrates
Ils crèveront tous je les tuerai de mes mains
Œil pour œil la vengeance est bonne pour les gens immatures
Je ne suis qu’un gosse et je vous dis merde
Je veux venger l’humanité mutilée
Lui montrer que les riches saignent aussi
Leur rappeler qu’on est tous humains et qu’on meurt tous
Et les crever