La premiere fiction que je poste depuis un petit moment :

Un petit texte court écrit hier à 6h du matin, enjoy.

C'était le plus beau jour de sa vie.
Il se leva, un peu engourdi de la veille, il planait encore à moitié.
Il repensa à sa vie, faible, mais présente.
Il repensa à ce qui le tenait encore ici.
Tout cela pour aujourd'hui, le mariage, la communion.

Elle l'attendrait, de l'autre coté du jardin, dans quelques heures.
Il était si pressé.
Il ouvrit une boîte de raviolis, un repas de roi, même froid, il adorait cela, on lui avait dit qu'il pouvait avoir le repas de n'importe quel roi.
Il avait répondu qu'il se contenterait de raviolis froids.

Il mangea lentement, appréciant à chaque bouchée la fraîcheur, l'amertume au palet qu'ont en commun tous les mets qui n'ont pas été correctement préparés.
Puis il s'habilla, mit ces chaussures en cuir qu'il détestait tant, son pantalon noir, sa chemise.
Il eut du mal à mettre correctement sa cravate, il aurait pu demander de l'aide, il y avait du monde pas très loin, mais il tenait à garder cette brume de l'esprit qui ne se dissipe qu'au premier contact humain.
Il ne se coiffa pas, il trouvait que ses cheveux reflétaient tellement son âme quand il les laissait s'exprimer au réveil.

Il médita pour le temps qu'il restait, on lui adressa plusieurs fois la parole par la porte entrouverte.
On vit qu'il était prêt, c'était suffisant pour qu'on ne l'inquiète pas.
Il se promena dans un jardin, celui de son enfance, il vit son grand-père, celui qui parlait si peu, mais dont les yeux disaient tant.
Il vit l'autre, dont les paroles étaient si profondes, il vit tout le monde, même ceux qui étaient encore là.
Il vit celle qu'il aurait aimé pouvoir rejoindre.

Puis il ouvrit les yeux, c'était le moment.
On toqua à sa porte, il s'avanca sans broncher, sans parler.
On voulu le forcer à porter quelques bracelets.
Il regarda l'homme dans les yeux, "C'est mon jour, ne viens pas le gâcher avec tes apparats de sauvage.".
Un autre fit signe d'avancer.

On le prit par le bras, comme si il voulait s'echaper de ce moment de bonheur.
Il avança par lui meme jusqu'au fond du jardin, trop boueux et pas assez entretenu.
Au fond, se dressait un petit mur, qui avait mal vécu les derniers mois.
Il s'avança jusqu'à lui, et passa lentement la main sur ses blessures récentes.
« Le temps vient pour tout, rassure-toi, c'est bientôt fini, je suis le dernier. »

On lui parlait, avec autorité, il répondit en riant, et s'adossa au poteau.
Le jour était si beau, les gens étaient perdus quand il le regardaient.
« Il est defoncé chef, pourtant il a rien pu avoir ici, je comprend pas.
– C'est normal, ce mec vit dans un autre monde, on lui rend service aujourd'hui.
– Service, mais, tous ses amis ? Il pense quoi ?
– J'en sais rien, il est l'heure. »

Alors, sans plus de mots, les soldats s'alignèrent.
« Une priere peut etre ? »
Il dut prendre la parole, et la brume disparut.
« Déjà fait.
– Des derniers mots ?
– Oubliez que la vie n'a aucun sens. Et vous trouverez votre aboutissement. »

Les hommes le regardaient avec respect, il s'en rendit enfin compte, il leur adressa un signe de tête, et avant que quiconque ait pu donner l'ordre, les fusils firent feu.
Il sourit, la douleur n'était pas là, pas en ce jour.
Il sentit ses tripes s'écraser, son cœur s'arrêter, ses poumons se remplir de sang.
Il ne pouvait tenir debout, alors il s'agenouilla.
Ils tirèrent de nouveau, et le temps s'arrêta.
Une balle avançait lentement vers sa t$ete, et il vit, faiblement, au milieu de son sang et de ses larmes, entre les rayons du soleil, il vit des ailes.

Et le temps reprit.
Il entendit la balle percuter son crâne.
Et partit plus violement que lors de n'importe quel trip qu'il avait pu vivre.
"J'arrive, enfin je reverai ce jardin, mes amis, et mon ange."