Un peu d'histoire personnelle : J'ai appris en créant les domaines dans lesquelles j'étais le plus efficace. Par coïncidence, ce sont également les domaines dans lesquels je préfère créer. En-dehors de ces domaines, je peux faire un peu illusion, mais c'est un processus long et difficile qui ne donne que des résultats médiocres. La partie gameplay de Gemini Wars semble précisément avoir été créée en-dehors des domaines de prédilections de ses concepteurs.

Tout le reste se tient, les graphismes sont jolis, le design des vaisseaux est simple et crédible, il y a une histoire qui commence pas mal avec cette phrase : La conquête spatiale aurait dû nous rassembler, elle n'a fait que multiplier les champs de bataille. Le doublage des dialogues est très convaincant, les dialogues eux-mêmes sont bien écrits, la musique qui accompagne le tout est plaisante et convient bien au thème.

Mais dès qu'il s'agit de laisser le joueur prendre les commandes, patatra. Les mouvements semblent être sur un unique plan horizontal et du coup les vaisseaux se gênent jusqu'à s'arrêter en plein déplacement, il n'y a pas d'accélération ni de décélération, et une fois à portée les vaisseaux s'arrêtent et tirent.

A propos des combats, les armes sont ridicules par rapport aux boucliers et aux coques, du coup les combats s'éternisent pour rien puisque les vaisseaux n'ont pas besoin de bouger.

Le reste est très classique bien que dépouillé : on peut construire des colonies, des bases militaires, de recherche et minières, une dizaine de types de vaisseaux prédéfinis, un peu de recherche et... c'est tout. Mais cela pourrait être bien plus agréable si la navigation dans les différents écrans de l'interface n'était pas si laborieuse. Aucun raccourci clavier, que ce soit pour ouvrir les fenêtres ni les fermer, ni pour effectuer des déplacements.

Je n'ai pas pu m'empêcher de comparer Gemini Wars à Homeworld , un jeu sorti en 1999. Quelle erreur n'ai-je pas faite ! Malgré la pauvreté graphique de l'ancêtre, celui-ci surpasse allègrement cette production récente dans tous les domaines du gameplay. En plus de fournir un réel champ de bataille en 3 dimensions, les contrôles de caméra, bien que peu intuitifs de première abord, deviennent rapidement une seconde nature pour voir ce qu'on a besoin. Enfin, les batailles sont très dynamiques avec les chasseurs qui font des boucles pour revenir attaquer leur cibles, les vaisseaux plus lourds qui doivent manoeuvrer pour pouvoir aligner leur canon à ion sur leur cible, bref, à des millénaires de ce que (ne) propose (pas) Gemini Wars .

Ce jeu ne tient pas non plus la comparaison avec Homeworld 2  sorti en 2003, pourtant subjectivement moins agréable que son prédécesseur. Homeworld 2 comble le fossé graphique qui séparait Homeworld de sa concurrence, et même si la hauteur des champs de bataille est moins exploitée, les batailles sont toujours aussi dynamiques et agréables à regarder.

C'est bien simple, j'ai beau être patient, je n'ai pas réussi à tenir plus de 50 minutes de jeu, tutoriels inclus. Beaucoup d'autres jeux fournissent des visuels spatiaux d'aussi bonne facture sans infliger au joueur un tel manque d'ergonomie et d'agrément de jeu. Je retiendrai la cinématique d'introduction et le doublage des dialogues qui ne font malheureusement pas passer la pilule de l'absence de gameplay.

Paradoxalement, le manque de finition de Gemini Wars met en valeur  Endless Space , un autre jeu indépendant dont j'avais déjà brièvement parlé en mal. Celui-ci partage la même sorte de simplicité par rapport aux jeux du même genre qui ont été publiés précédemment, mais tout le reste est correctement peaufiné pour que cela soit très agréable de jouer, à quelques rares exceptions près.

Et malgré toute ma sympathie pour les studios indépendants et leurs productions, je suis convaincu qu'ils ne devraient pas tenter de refaire ce qui a déjà était fait avec un plus gros budget. Au final, je n'aurais même pas pu profiter de la seule chose pour laquelle Gemini Wars a été vantée, à savoir son histoire.

J'aurais vraiment préféré un film.