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Lumière sur : L'école

En France aujourd’hui, l’école n’est pas obligatoire pour tous (contrairement à l’instruction des enfants), mais la très grande majorité des Français y vont. Tout enfant se doit de suivre un apprentissage, depuis ses plus jeunes années jusqu’à ses 16 ans.

Pourtant, l’école essuie de très nombreuses critiques, tant au niveau de la qualité de l’apprentissage que dans l’organisation. Un petit tour d’horizon bien utile s’impose.

En France aujourd’hui, l’école n’est pas obligatoire pour tous (contrairement à l’instruction des enfants), mais la très grande majorité des Français y vont. L’école publique est culturellement ancrée comme un service public de première importance, entre 80 % et 85 % des jeunes Français y vont. Tout enfant se doit de suivre un apprentissage, depuis ses plus jeunes années jusqu’à ses 16 ans.

Pourtant, l’école publique essuie de très nombreuses critiques, tant au niveau de la qualité de l’apprentissage que dans l’organisation. Un petit tour d’horizon bien utile s’impose.

À quoi sert l’école ?

La question n’est pas si naïve. Elle sert à comprendre l’objectif de l’école, qui n’est pas si clairement défini que cela dans l’esprit des gens, d’autant que les individus n’ont pas tous la même conception de l’école.

Pour beaucoup, l’école est le moyen qui permet d’instruire les futurs citoyens , qui par cette formation seront libérés de l’obscurantisme. Les décisions de leur vie d’adulte seront les leurs, celles de la réflexion profonde et du choix, contrairement à la manipulation dont souffrirait la population dénuée de savoir.

D’autres personnes affirment que l’école est l’instrument qui sert justement à manipuler facilement le plus grand nombre. Elle inculque l’idéologie que souhaite promouvoir l’État et maintient l’esclavage de la population en la dressant à obéir au système.

Individuellement, les parents voient en l’école le moyen pour leurs enfants de gravir les échelons sociaux et ainsi de réussir dans la vie. Le but à long terme serait donc la réduction des inégalités sociales .

Enfin, la conséquence secondaire de l’apprentissage scolaire est la libération du temps pour le travail : puisque leurs enfants sont surveillés et occupent leur temps à l’école, les parents peuvent tranquillement aller travailler toute la journée sans avoir besoin d’être à la maison pour les surveiller. Elle libère donc du temps de travail.

L’inspiration du modèle de notre école vient des lois Jules Ferry, dont l’objectif était double : inculquer dans l’esprit des générations un fervent républicanisme, et combattre de l’autre côté les idées anarchistes, communistes et socialistes qui se propageaient parmi les plus basses classes. Paradoxalement, les piliers du système éducatif, c’est-à-dire les instituteurs, les « hussards noirs de la République » qui croyaient au rôle de l’école comme ascenseur social pour des millions d’agriculteurs et d’ouvriers, soutenaient les Radicaux-Socialistes de la fin du XIXe siècle.

Quelle est la situation en France ?

La France, cinquième puissance mondiale, investit près de 7% ( donnée du Ministère de l’éducation nationale ) de son PIB dans l’éducation de sa jeunesse. Pourtant, le constat est accablant. Non seulement les inégalités de se réduisent pas, mais nous les creusons davantage :

-             les enfants de cadre et de professions libérales sont 16% du total des élèves en 6e, passent à 33% des admis au bac, et sont 55% des inscrits aux classes préparatoires ; tandis que les enfants d’ouvriers, d’inactifs et d’employés forment 56% des élèves en 6e, passent à 33% des admis au bac, et sont 16% des inscrits aux classes préparatoires ;

-             20% des écoliers arrivent au collège avec des lacunes majeures ;

-             le nombre d'élèves ayant un niveau faible en lecture et en mathématiques est passé de 15% en 2000 à 20% en 2009.

Or, notre pays est l'un de ceux où le milieu social détermine le plus la réussite scolaire, bien avant l'entrée en 6 e . On le constate de façon flagrante dans les écoles de quartiers défavorisés, où les élèves accumulent les retards et arrivent en CM2 à bout de souffle. 40 % des élèves y ont des difficultés en Français, 50 % en mathématiques. Pourtant, à 7 ans, les élèves effectuent 860h de cours par an, soit 100h de plus que la moyenne européenne.

Les raisons de cet échec national sont nombreuses et diverses, et elles ont même tendance à interagir entre elles afin de créer un cercle vicieux.

Causes et conséquences

Les enfants

Les enfants peuvent-ils être désignés coupables pour manque de motivation, irresponsabilité, déni de l’autorité, bref pour « déchéance de la jeunesse » ? On entend souvent « De mon temps, ça ne se serait pas passé comme cela », pourtant les enfants n’ont moralement et juridiquement (jusqu’à un certain âge pour la loi, mais pour des raisons politiques ?) aucune responsabilité dans ce qu’ils font ou ce qu’ils sont, puisque par définition ils ne sont pas citoyens à part entière, mais des citoyens en devenir.

En revanche, ils subissent les pressions que l’on exerce sur eux. Et celles-ci créent du stress très important qui ne favorise en rien l’apprentissage. Je vais y revenir plus tard.

Les parents

Souvent montrés du doigt, les parents d’enfants en situation d’échec ne sont qu’une partie du problème. D’une part parce que ceux-ci subissent l’influence de leur environnement, à savoir la société ; d’autre part parce que beaucoup d’éléments sont indépendants de leur volonté ; de plus, un élève en difficulté ne signifie pas que ses parents sont démissionnaires ; enfin, même si l’école ne peut régler tous les maux de la société, c’est à elle de bien prendre en charge l’éducation des enfants, mais dans ce cas pourquoi rejeter la faute sur les parents ?

La plupart des parents mettent déjà la pression à leurs enfants, en les poussant à faire de longues études, à obtenir des diplômes difficile, et donc à être très bon à l’école. Parce qu'ils les aiment, les parents commencent déjà ainsi à stresser leurs enfants. Mais ils instaurent un climat de compétitivité.

Or, ces parents subissent en fait la compétitivité demandée dans la société, la volonté d'être très bon, si ce n’est le meilleur, et c’est ce qu’ils transmettent à leurs enfants (en leur demandant d'amener de bonnes notes). C’est d’autant plus flagrant qu’en France, le lien entre le nombre de diplômes et l’accès à l’emploi est très fort, et plus le chômage augmente, plus les parents seront préoccupés et mettront la pression de plus en plus précocement.

Ce paradoxe est encore plus renforcé par le fait que ces parents souhaitent parallèlement que leurs enfants puissent s’épanouir et s’exprimer, en grandissant plutôt heureux. Et d’un autre côté, les parents sont friands des jeux qui, dès le plus jeune âge, font apprendre des choses aux enfants.

L’école et le programme

À l’école, stress et mauvaise pédagogie scolaire sont en réalité le cœur du problème de l’éducation nationale.

En France, le ministère de l’éducation considère que les jeunes enfants sont de petits êtres très semblables à l’adulte dans leur façon de penser, mais vierges de savoir et nécessitant de la discipline, ce qu’il faut simplement combler. D’où l’écrasante majorité de cours magistraux, où la trentaine d’élèves est supposée restée assise sans rien dire, à écouter le professeur donner son cours et en le copiant.

Mais la réalité est plus complexe que cela. L’enfant qui grandit passe par différents stades de développement car son cerveau n’est pas complètement formé, et il a avant tout besoin de temps et de passer par certaines étapes afin de progresser. Ils ont par exemple besoin de bouger, d’avoir du temps pour appréhender, mais l’école est sourde à ces besoins. Il y a une seule façon de procéder, la même pour tous.

La consigne donnée aux enseignants est que leurs élèves doivent apprendre beaucoup de choses mentales, abstraites, alors que justement les enfants ont besoin de manipuler, de bien s’imprégner de l’enseignement, plutôt que de les absorber d’un coup sans se poser de questions. La majorité de ces élèves n’y parviennent pas car ils ont besoin de davantage de temps, tout simplement.

Du coup, on leur demande de travailler sur des fiches. Ateliers numération, lecture, écriture, les enfants passent désormais une grande partie de leurs journées à devoir les remplir, à copier des modèles. Une même activité pour tous qui laisse de moins en moins de temps à la créativité, aux activités manuelles, et à l'expression du corps. Faussement ludiques, ces fiches sont complexes, ce sont des mots croisés, des sudokus, avec toujours plus de papier, et plus aucun pion ou objets à manipuler.

Le risque est de déstabiliser les enfants et leur faire perdre la confiance qu'ils ont en eux. La confiance en soi, c'est faire quelque chose, essayer, rater, et aller au-delà, c’est-à-dire s'intéresser aux raisons qui font que l'on a raté. Rien de tout cela actuellement.

Mais y a-t-il une autre façon de procéder ? Peut-on faire mieux que ce que l’on fait actuellement ? Que sait-on des méthodes d’enseignements d’autres pays ? Hé bien justement : beaucoup de choses. Notamment la Finlande, dont je vais vous expliquer le plus concrètement possible ce qu’elle a apporté à l’éducation de ses enfants.

La Finlande

L’étude PISA

Pourquoi la Finlande comme élément de comparaison ? Parce qu’elle a été à la pointe de l’éducation (comprenez que leurs élèves ont davantage de connaissances que ceux des autres pays) pendant plus de dix ans (tous les 3 ans, les connaissances de 40 000 enfants de 15 ans sont testés dans 70 pays industrialisés, c’est l’étude PISA de l’OCDE ). Elle est aujourd’hui la troisième meilleure, après la Chine et la Corée, tandis que la France peine à atteindre la moyenne en maths et lecture, et est même en-dessous pour les sciences. Et parce que la Finlande est culturellement beaucoup plus proche de nous que la Corée ou la Chine, c’est avec elle qu’il vaut mieux comparer.

La Finlande, donc, consacre à peu près la même part du PIB que la France à son éducation (7% environ).

Il faut savoir que dans les années 70, la Finlande complètement repensé son système éducatif : la primaire et le collège ont été supprimés, les directeurs d'école ont eu la possibilité de recruter eux-mêmes leurs enseignants et bénéficient aujourd’hui d'une grande autonomie. L’objectif avoué est d’avoir un minimum de stress pour un maximum de résultats.

Pour conclure, sachez qu’il n’y a pas de lien entre population et niveau des élèves (cf rapport PISA 2007 , pages 66, 322 et 342). Et même si la méthode d’évaluation PISA n’est pas parfaite, elle reste néanmoins une référence qui reste la plus intéressante pour tout le monde.

Environnement

Pour commencer, l’élève doit se sentir à l’école comme chez lui, littéralement. Pour cela, on s’en donne les moyens : on cherche des classes plutôt grandes (les nouvelles écoles en constructions peuvent aller jusqu’à 65 m 2 par classe), et il y a des endroits confortables où les élèves peuvent se reposer s’ils le souhaitent. On cherche à ce qu’ils soient le plus détendu possible.

Les établissements sont de taille modeste (300 à 400 élèves pour un collège, 400 à 500 pour les lycées), ce qui crée une atmosphère de proximité entre les élèves et permet au directeur de mieux connaître chacun d’entre eux.

Le but est que l’élève se sente bien en toute circonstance à l’intérieur de l’école. Du coup la discipline semble plus relâchée qu’en France car les professeurs font preuve de grande tolérance : pendant les cours, à peine une remarque si un portable sonne, ou si un élève semble dissipé juste devant le prof en dessinant. Peut-être se sent-il plus concentré de cette façon ? Parce qu’on leur fait confiance, les enfants ont tendance à s’auto-discipliner. Il n’y a pas vraiment de vols ou de dégradations au sein de l’établissement.

L'apprentissage

Avant l’école, le jardin d’enfants (1 à 6 ans) et l’éducation préscolaire (6 à 7 ans) servent à éveiller la curiosité des enfants, leurs aptitudes, leur habileté. Chaque matin est consacré à  une discipline (musique, sport, langue, maths), et l’après-midi est dédié au jeu. De fait, la méthode d’enseignement le matin passe essentiellement par le jeu également, car les élèves sont davantage attentifs et motivés pour apprendre de cette façon.

L’école commence dès les 7 ans et se finit à 16 ans. On y croise donc tous les âges.

Les petits Finlandais apprennent à lire un an après les Français, à 7 ans, et commencent l’anglais à 9 ans. Les cours durent 45 min, avec des pauses de 15 min entre chaque cours, pendant lesquelles les élèves peuvent circuler librement, discuter, se reposer, ou utiliser les ordinateurs à leur disposition. Les cours ne se déroulent pas comme en France : les cours magistraux, où le professeur donne un exercice pour 30 élèves, n’existe pas. Le professeur donne plutôt huit exercices à huit groupes différents, afin que chaque groupe puisse évoluer à son rythme.

On tente d’intégrer le mieux possibles les handicapés physiques ou mentaux, détectés si possible pendant le jardin d’enfant grâce à des tests, c’est pourquoi ils apprennent dans des classes de 5, avec des professeurs formés spécialement, et quand ça leur est possible ils rejoignent d’autres classes pendant certains cours, comme la musique, le sport, les travaux manuels…).

Pour ceux qui éprouvent des difficultés dans telle ou telle matière à un moment ou un autre du cursus, des professeurs spécialisés les intègrent dans leur classe où il ne peut y avoir plus de 5 élèves par classe. Dès que possible ces élèves sont réintégrés ensuite dans leur classe normale pour continuer avec les autres. Chacun donc progresse à son rythme tout en étant bien soutenu, puisque le redoublement n’existe pas. C’est une grande différence avec la France d’ailleurs : alors qu’en Finlande on individualise dès le début, en France on ne le fait qu’à partir du moment où l’élève acquiert trop de retard (et encore, en fin d’année). C’est un problème dans la mesure où il s’agit d’une humiliation pour l’élève ou pour les parents.

La pédagogie individualisée réserve une place particulière aux étrangers. Albanais, Somaliens, Estoniens, Russes d'origine, ils bénéficient de cours dans leur langue maternelle et d'un soutien en finnois à raison de six heures par semaine. Mais ils restent finnois deuxième langue, et passeront donc leurs examens, y compris le bac, en finnois seconde langue.

En général, les classes ne doivent pas dépasser 25 élèves par classe, mais la norme est plutôt de 20 élèves par classe. Il n’y a pas vraiment de cours magistral : les élèves travaillent seuls ou en groupe dans la classe, et le professeur se déplace en sollicitant leur attention et en écoutant leurs demandes. En somme, c’est le plaisir d’apprendre qui est au cœur du programme finlandais, et l’élève est davantage acteur de son apprentissage que simple copiste devant retenir sa leçon par cœur.

Entre 7 et 13 ans, le cursus est le même pour tous, pendant lequel on apprend à cuisiner, à coudre, ou à utiliser des machines pour du travail manuel (comme le travail du bois par exemple). Pourquoi la couture ? Pour faciliter la motricité et facilité l’apprentissage de l’écriture et des travaux manuels.

Après 13 ans, les élèves ont la possibilité de s’inscrire sur des matières optionnelles, dans un large panel de choix, mais il faut qu’il y ait 16 élèves minimum, et au total, tout cours confondus, l’élève ne peut dépasser 30 cours par semaine. Le moment où l'élève est prêt pour les apprentissages, ce n'est pas le programme qui le décide mais l'enfant lui-même, et c'est à la maîtresse de s'adapter.

Les élèves sont notés une fois à 9 ans, puis ne sont notés ensuite de façon régulière qu’à partir de 13 ans. Fait très intéressant, c’est que la note va de 4 à 10. Si l’élève ne sait pas, il obtient 4 et recommence. Le but est de ne pas humilier l’élève avec l’infâme 0, et s’il connaît sa leçon, le perfectionnement de sa connaissance fait varier sa note entre 5 et 10.

Les professeurs

Les professeurs sont extrêmement bien formés, et de ce fait très valorisés. Le concours qu’ils passent est drastique : sur 1200 dossiers annuels déposé, seuls 300 sont retenus, et parmi eux 80 d’entre eux deviendront professeurs, sélectionnés au terme d’une batterie de tests finaux. L’accent est particulièrement mis sur la sélection de professeurs qui comprennent l’élève et qui aiment les enfants, tandis qu’en France la nuance porte davantage sur le plaisir de la matière enseignée.

Leur temps de travail est modéré pour environ le même salaire que dans les autres pays de l’OCDE. Ils ont 20 cours de 45 minutes à faire en moyenne (modulable si le professeur le demande, à 18 cours ou 23 cours), avec des obligations à côté comme la surveillance de couloirs ou de cours, les conseils de classe, la participation à des groupes de travail disciplinaires ou transdisciplinaires, etc.

Ces professeurs bénéficient également d’un matériel optimal, leur permettant de varier les façons de faire les cours et augmentant davantage l’intérêt des enfants. C’est d’ailleurs un autre avantage : chacun a la liberté d’entreprendre le cours comme il le souhaite, rien n’est dicté par la hiérarchie (l’école finlandaise est très décentralisée, contrairement à la nôtre, il y a une grande autonomie des école par rapport au ministère, et une grande autonomie des professeurs). Comble ultime, puisque l’on fait entièrement confiance aux professeurs pour la façon de faire le cours… Les inspecteurs n’existent pas !

Pour finir, les professeurs, en plus d’avoir de bonnes bases, suivent tout au long de leur carrière régulièrement des formations.

L’évolution en France

Revenons en France. Les politiques savent que nous avons un problème. Que proposent-ils comme solution ?

Pour eux, le remède sensé retrouver le chemin de la performance dans l’éducation française, c’est de démarrer le programme du CP dès la maternelle. À 5 ans, on ne joue plus, on travaille. Les enfants doivent rester assis 8 heures par jour sans faire de sieste, savoir compter jusqu'à 31 et connaître 3 alphabets : capital, script, cursif. Bref : il faut apprendre plus précocement.

S’il est vrai qu'en apprenant plus tôt, cela permet de former un certain nombre de réflexes, de s'habituer à un certain nombre de pratiques, il n’en reste pas moins que la forme scolaire traditionnelle ne permet pas d'apprendre plus tôt, d’apprendre à réfléchir, à penser et s'exprimer de manière exacte et rigoureuse, et à entrer dans un rapport avec les choses qui est un rapport de curiosité, d'explicitation, de compréhension. De plus, comme cité plus haut le problème est moins un problème de méthodologie qu’un souci de temps qui n’est pas assez laissé aux enfants.

Ce problème de temps qu’on ne leur accorde pas pour apprendre l’écrit crée une masse de problème. À commencer par la lisibilité : si un enfant n’a pas une écriture lisible sur les fiches qu’il rend à son maître, celui-ci ne peut pas le noter correctement. Les parents, paniqués par les mauvaises notes de leurs enfants, font de suite appel (sous l’impulsion des professeurs) à des orthophonistes, psychomotriciens et graphothérapeutes, débordés par la demande. Et cela donne l’impression à l’enfant qu’il est un mauvais élève. Certains développent même un blocage vis-à-vis de l’écriture.

Certaines inspections recommandent de placer les enfants en situation d’examen dès 5 ans. Cette évaluation se ferait par une dizaine de fiches à compléter pendant une semaine, avec les résultats inscrits sur le livre scolaire. Le problème, c’est que ces évaluations constantes durcissent davantage la compétition et stressent encore plus les enfants, au risque de leur faire perdre leurs moyens.

Ces élèves, de plus en plus traumatisés par l’environnement de l’école, développant de plus en plus de retard, sont un marché très juteux pour le soutien scolaire. Les parents, qui n’aiment pas savoir leurs enfants en difficulté, les y inscrivent en masse, ce qui fait qu’en France, nous sommes le premier marché européen du soutien scolaire privé, avec deux milliards d’euros de chiffre d’affaire.

En conclusion, l’éducation française est source de tellement de problèmes que les politiques s’efforcent de les gommer par petites touches, péniblement et souvent en prenant les mauvaises décisions, sans avoir de vraie vision d’ensemble.

Les objectifs de l’école sont tous loin d’être remplis : mis à part la républicanisme qui a gagné l’ensemble de la France, qui était l’objectif fixé au départ, tout le reste échoue. Bien qu’il soit trop difficile de savoir si les Français sont de bons citoyens, les jeunes Français ont un score médiocre dans l’évaluation de leurs connaissances, ces connaissances qui doivent normalement leur servir dans leur vie citoyenne. Et les inégalités sociales se creusent aussi bien au sein des études qu’au sein de la société.

Ces problèmes ne viennent pas, comme certains pourraient facilement l’affirmer, d’éléments particuliers comme les professeurs ou les parents, mais bel et bien de l’ensemble du système éducatif, ce qui crée un cercle vicieux et conduit vers l’inefficacité la plus absolue et à des paradoxes brutaux. Comme par exemple :

-             les enseignants persuadés de servir à préparer leurs élèves au monde des adultes, alors que rien dans le système scolaire n'est commun avec la suite, et que bien des enseignants n'ont jamais mis les pieds dans le monde économique privé ;

-             ou le fait que l’on sache que les individus sont assez différents pour mériter des moyens pédagogiques différents si l’on veut être efficace, pourtant l'objectif d'égalité nous fait continuer dans la voie du « tous dans le même moule » ;

-             les enseignants sont sélectionnés comme les autres fonctionnaires, ce qui ne présuppose en rien de leurs qualités pédagogiques réelles, et s'ils en ont le moins que l’on puisse dire c'est que ce ne sera pas grâce à leur formation ;

-             le système fonctionne quasi-exclusivement avec la sélection à la chinoise (grands concours ouverts pour tous, les meilleures notes sont considérées comme les plus aptes), alors que dans le système économique réel, seules les entreprises de taille gigantesque l'utilisent.

Face à cela, nous devrions métamorphoser l’école en ayant une vision globale et des objectifs précis. Peut-être en s’inspirant du modèle finlandais. Tout n’est pas absolument à prendre sans rien jeter, mais ce devrait être une source d’inspiration, d’autant que leur modèle existe depuis quatre décennies et qu’ils ont derrière eux une expérience dont nous devrions bénéficier. Les grands axes à retenir seraient la grande polyvalence de l’éducation, et la recherche de l’absence de stress chez les élèves, afin qu’ils puissent voir l’apprentissage non comme une corvée, mais comme un plaisir.

Voilà ce que l’école française devrait apprendre.

Ivaldir aime cet article

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